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Je suis passé de l’équerre au compas
 

Comment avez-vous été reçu Maître ?
En passant de l’équerre au compas.

L’équerre, ou plan du carré (symbole de la matière), correspond au plan d’évolution dans lequel se meut l’homme, c'est-à-dire tout ce qui se trouve condamné à disparaître à un moment ou un autre.

De fait, la connaissance de l’équerre a permis au maçon qui s’aventure sur le chemin ardu de la recherche de la vérité qu’il porte en lui, de faire en sorte que ses arguments, les bases de son raisonnement, soient parfaitement ordonnés et qu’il sache contenir en lui notamment, ce qu’il y aurait de trop aveuglément subjectif et sentimental dans sa démarche. Sans cette discipline, l’édifice que l’on construit ne serait véritablement stable et s’écroulerait tôt ou tard, de même que cette vérité recherchée en soi ne pourrait être identifiée.

Le compas sert à déterminer avec exactitude et rectitude les proportions de la stéréotomie afin de régler le plus parfaitement les dimensions de la pierre. Il symbolise l’impartialité et la perfection de l’œuvre de création du Grand Architecte. Cette exactitude nous contraint à la méditation et à l’admiration d’une construction dont l’objectif est la perfection et dont il nous appartiens de maintenir l’équilibre.
Par extension, le compas représente ce qu’il forme, c'est-à-dire un cercle et c’est pourquoi il est le symbole du principe de compréhension multiple, d’omniscience, de « pentocratie » de la manifestation divine. C’est par le compas que l’œuvre se construit dans son ensemble parce qu’il aide à construire ce que contient l’ensemble, un cercle qui ne commence ni ne finit nulle part, la conscience visible du temps.

Il symbolise aussi le dynamisme constructeur de la pensée, c'est-à-dire sa liberté créatrice, mais aussi la capacité d’invention, de conception et de réalisation de l’esprit autant que le génie de l’homme. Avec un compas on peut créer une équerre et non l’inverse : l’esprit a donc créé la matière et non l’inverse.
Mais, si le compas est complètement ouvert, il devient une droite stérile qui ne peut plus rien tracer, car il perd son point d’appui et son centre. C’est pourquoi il est important que la maître maçon ne se perde pas et trouve la mesure du compas qui correspond à la sphère de ses capacités de connaissances. Il reçoit un outil de tracé qui devient désormais son outil privilégié, qui symbolise la descente du spirituel sur la matière pour la coordonner, instruit des principes de la géométrie.

Au REAA, le récipiendaire enjambe le cercueil d’Hiram en faisant ses pas en demi cercle et en traçant un volume. L’équerre est placée à l’occident à la tête du cercueil, alors que le compas est à l’orient, au pied de la sépulture, marquant bien que le maître passe de l’équerre au compas, de la terre au ciel, de la matière à l’esprit, de l’inconscient au conscient, de l’horizontalité à la verticalité. Il renaît sous les symboles du compas, du cercle et du volume.

Il réalise cette transmutation, ce retour de la suprématie de l’esprit sur la matière en passant par une étape fusionnelle de conciliation. Peut être même une étape de réconciliation qui fait référence à l’ère gothique, transcendantale, celle où l’âme était incluse dans la matière, l’esprit dans la pierre des cathédrales ; Ere de la symbiose entre la substantialité de l’esprit et celui de la science.

La trinité maçonnique prend alors toute sa valeur symbolique. La dualité Esprit/Matière (compas/équerre) se fond dans le verbe pour se reconstituer en un seul et unique élément : « Un le tout ». L’homme debout est symboliquement rétabli dans sa totalité psychique. Il est relevé plus radieux que jamais.
 
La sagesse acquise, la lumière révélée et atteinte, le franc-maçon a le pouvoir de soumettre son corps et ses désirs charnels et matériels à la maîtrise de son esprit et, ce faisant, d’accéder à la liberté d’une dignité véritablement humaine.

Les textes nous disent : Soyez les prophètes de votre propre vie ! En effet, Hiram mort, nous sommes conviés à l’achèvement psychique de la construction du temple, de notre soi, de notre archétype, à une rencontre avec le mystère. Nous sommes conviés à nous prendre en main. Souvenons nous ici des mots de Jung : auparavant, les choses m’arrivaient ; maintenant c’est moi qui veut.

La chair (l’équerre) et l’esprit (le compas) des humains seraient ils donc deux réalités, deux principes, deux composantes d’une même unité, l’être humain qui auraient cette particularité de voir la première dominer le second dans une espèce d’état naturel (celui du sauvage ?) ou pré-initiatique (le monde profane) et, de ce fait, condamnée à se soumettre à lui pour permettre à l’humain d’accéder à … l’humanité.
Mais alors des questions jaillissent aussitôt : est ce que la finalité de l’initiation maçonnique serait de prendre conscience de cette dualité, de la considérer comme antagonique et de se révolter contre la tyrannie de la chair sur l’esprit pour la renverser et, au terme d’un long et dur labeur, instituer une domination légitime de l’esprit sur le corps ?
Tout autant troublant : est ce que cette ascension n’est pas un déracinement, un égarement quand de nombreux textes et rites estiment que la juste place du Maître, au sens d’être humain achevé, est entre terre et ciel, c'est-à-dire entre l’équerre et le compas ?

D’aucuns considèrent que la franc maçonnerie est cet art royal qui consiste à trouver le point de rencontre entre le concret et l’abstrait, l’ici et l’ailleurs, le hier et le demain, l’espace et le temps, l’unique et le multiple, le tout et l’élément, le simple et le complexe, le positif et le négatif, le soi et l’autre, l’identique et le différend…, bref à trouver en toutes choses l’harmonie dont les anciens disaient qu’elle était la fille de la géométrie.

Il n’en demeure pas moins que, parce qu’elle se veut progressive, la franc-maçonnerie demande au maçon, pour lui-même comme pour l’humanité, d’œuvrer à … s’élever, de passer de l’horizontalité à la verticalité.

Le postulat consiste à admettre que l’individu est a priori dans les ténèbres psychologiques. Toute évolution ultérieure à cette situation ne peut que le conduire hors de celle-ci. Adam symbolise l’intellect, c’est à dire la capacité propre à l’homme d’agir sur le monde extérieur, de l’adapter à ses besoins, différent en cela de l’esprit, capacité de s’orienter essentiellement dans le monde intérieur et face au sens de la vie. Le mythe de la chute symbolise la prise de pouvoir de la matière sur l’esprit :
-« Que venons nous faire en loge ? – Vaincre nos passions, soumettre nos volontés et faire de nouveaux progrès en franc-maçonnerie »
-« Quels sont les devoirs d’un franc-maçon ? – Fuir le vice et pratiquer la Vertu ».
La prédominance de la matérialité de notre siècle oblitère le vrais sens de la vie sans tenir compte de l’inter-influence constante entre les deux phénomènes existants : esprit et matière, et conduisant au renversement du rapport survalorisant la matière et rendant inutile l’approfondissement épistémologique (ou théorie de la connaissance) instituant un croyance en une matière absolue, à la place d’un esprit absolu, fondant ainsi de fausses bases à toute tentative d’explication.

L’infinitude de notre devenir commence sur le niveau, ce niveau que nous ne quitterons jamais, en ce plan, où tous, mes frères, en nos grades et qualités, nous nous retrouverons au même point en un face-à-face avec le soi et avec l’Eternel. Lorsque ce moment sera venu, nous pourrons dire avec bonheur : « je ne suis ni chrétien, ni juif, ni musulman, ni de telle ou telle religion mais de toutes à la fois. Je ne suis ni du nord, ni du midi, ni de l’orient ou de l’occident. Je sais que les trois mondes me sont désormais accessibles parce que la dualité ne me concerne plus et que la trace de mon passage se trouve dans ce qui ne doit pas laisser de trace, car rien de ce qui est visible n’en laissera ici-bas. Je cherchais l’un, il m’a éclairé.
Cette nouvelle vie libérée peut nous guider vers le lieu de la suprême sublimation, celui de la fin des formes passagères où l’Esprit devient corps et le corps redevient l’un.

Et si nous voulons savoir ce que recouvre le compas placé au dessus de l’équerre, il faut revenir à la notion de ce qu’est véritablement un maître et de la mission qu’il doit réaliser dans sa vie. S’il n’a aucune conscience de ce que représente chacun des degrés et donc des étapes dans la connaissance de l’homme et du monde, qu’il aurait dû franchir avec bonheur, il n’aura jamais aucune perception ni compréhension de quelque symbole que se soit.
En l’occurrence le compas et l’équerre lui resteront une énigme puisqu’il n’est pas digne d’en percevoir les lois ou principes qui seraient par ailleurs dangereux pour lui.
Pour un maître réalisé, la connaissance des lois et principes qui régissent la vie, l’homme et les effets de transformation liés à la mort restent clairs et éclairants.
Il assume sa mission de guider et mettre sur la voie celui ou ceux qu’il rencontre sur sa route.

Vanité des vanités, tout est vanité, dit l’ecclésiaste ; le serpent du jardin d’Eden la symbolise. Cette vanité aveugle l’homme et l’entraîne sur un chemin qui ne mène nulle part. Afin que sa vie ne reste pas un grouillement d’intentions obscures, l’être humain doit accéder à la clairvoyance de lui-même, ne pas se limiter à dire : « je pense donc je suis » mais se penser lui-même, réaliser que l’important n’est pas de savoir qu’il est, mais qui il est, et, d’étape en étape que sont les degrés successifs de l’initiation, de s’élever de façon évolutive, de construire l’édifice des valeurs, le Temple, aboutissant au niveau supérieur de l’esprit humain.

A mi chemin entre le Zénith et le nadir, dans une position équidistante des quatre points cardinaux, devant les trois grandes lumières, sous le regard muet de l’œil inséré dans le triangle, quinte partie de l’Etoile flamboyante, muni des outils symbolisés devenus ceux des bâtisseurs d’âmes, l’homme est invité à réfléchir.
Le mystère est devant soi, ad vitam eternam. Aucune équation ne démontrera jamais l’existence de Dieu, ineffable sentiment au plus profond de soi-même, vision fugitive de la pierre caché annoncée dans le cabinet de réflexion. Sans relâche : Visita Interiora Terrae, Rectificando Invenies Occultum Lapidem !

Le travail du maçon ne s’arrête jamais.
Je resterai un cherchant, qui cherche la lumière.

J’ai dit, V\M\

D
\ L\
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