De Salomon à Salomon

Dans le fonctionnement des Loges bleues, il nous est facile de constater, que les deux premiers degrés de la Maçonnerie bleue, ne font pratiquement pas référence au roi Salomon, et qu’il faut attendre le troisième degré pour commencer à entrevoir l’existence et l’importance du Roi Salomon dans notre maçonnerie. Le meurtre d’Hiram donne le départ d’une sorte de jeu de piste que le nouveau Maitre doit déchiffrer. Tout finit par l’assassinat d’un architecte nommé Hiram, mais le rituel reste vague quant à l’existence du Roi légendaire, on sait qu’il commandite la construction d’un Temple pour rendre hommage à YAVHE, mais il n’y a point d’autres explications, et le rituel s’attarde beaucoup sur les trois mauvais compagnons, ce n’est pas sans raison et sur la perte de la Parole, mais point de Salomon ou de piste conduisant au savoir de la vie de ce roi prestigieux. Le Maitre pourrait s’arrêter là, il aurait bouclé une première étape, il pourrait en être satisfait, mais disons franchement, il me marcherait que sur une jambe et son interrogation resterait forcément sans réponses satisfaisantes.

C’est une tentative pour moi, de compréhension du mythe de Salomon, mythe qui mélange la réalité historique et la légende avec en plus le symbolisme que l’on peut tirer de l’explication personnelle du mythe.

Chapitre II de la Bible.

« Avant sa mort le roi David convoque SALOMON et lui donne l’ordre suivant : Tu observeras l’observance de Yahvé ton Dieu, en marchant dans ses voies, en observant ses préceptes, ses commandements, ses sentences, ses témoignages, comme il est écrit dans le Loi de Moïse, afin que tu réussisses en tout ce que tu feras et en tout ce que tu entreprendras, afin que Yahvé accomplisse la Parole qu’il m’a dite en ces termes : si tes fils gardent leur voie en marchant devant moi en vérité, de tout leur cœur et de toute leur Ame , alors personne ne sera retranché de dessus le trône d’Israël ! »

Reprenant mon éducation scolaire, voici mon explication de texte : l’ordre de David à SALOMON, indique qu’il n’y a pas rupture entre la Loi Mosaïque et lui Roi David et que par sa transmission à son fils il assure la continuité de la Loi et de la volonté divine. De plus il donne l’assurance au futur roi Salomon, que si ce dernier suit comme il le faut ses recommandations, il réussira comme roi d’Israël pour la plus grande gloire de Yahvé.
Pour le maçon sur un plan pratique, on peut traduire cela comme suit : la continuité de la transmission du rite est une des garanties du parcours initiatique. Que l’observance des préceptes et sentences du rituel permet d’éviter tout égarement dans la recherche initiatique en particulier en évitant d’adorer les idoles, comme il est dit au 4éme degré.

Chapitre III
Voici un choix de plusieurs extraits. « Salomon devint le gendre de Pharaon, roi d’Egypte. Il prit donc la fille de Pharaon et l’amena à la cité de David jusqu’à ce qu’il eut achevé sa maison, la maison de Yahvé ». Pas difficile de comprendre que la maison royale se confondra avec le Temple destiné à honorer Yahvé, ce qui me fait dire qu’à ce moment de la vie de Salomon, tout comme le voulait la tradition égyptienne, Salomon devient détenteur du pouvoir temporel et du pouvoir spirituel.

« Salomon s’adressant à Yahvé lui dit ceci : je suis un petit garçon, je ne sais encore aller et venir ; moi cela me rappelle quelque chose ! » Toujours dans ce dialogue important avec le Dieu d’Israël, il y cette supplique : donne à ton serviteur un cœur qui comprenne pour juger ton peuple en discernant le bien du mal, car qui peut juger ton peuple qui est si considérable ?

Sur le plan initiatique, je crois que l’on passe du 3 éme degré celui de l’équerre, au 4 éme degré, celui du cœur, degré qui demande que l’on dépasse la pure raison, pour aborder les sujets profanes avec une réflexion non plus seulement basée sur la raison mais avec en complément le jugement du cœur qui donne plus de sentiment et de compréhension aux jugements que nous sommes amenés à prendre dans la vie profane. D’ailleurs dans sa réponse à la demande de Salomon, Adonaï ne s’y trompe pas sur la générosité de Salomon. Voici le texte concerné :

- Cette parole plut aux yeux d’Adonaï, parce que Salomon avait demandé cette chose. Dieu lui dit : puisque tu as demandé que tu n’as pas demandé pour toi de longs jours, que tu n’as pas demandé pour toi la richesse, que tu n’as pas demandé la vie de tes ennemis, mais puisque tu as demandé pour toi de discerner pour comprendre la jurisprudence, voici que j’agis suivant ta parole…

Que faut-il en retirer de tout ceci : surement la simplicité et l’humilité de Salomon, il vainc ses passions, comme l’orgueil, et la vanité, certes il a le pouvoir temporel, mais il n’en abuse pas du moins pour les débuts de son règne, il observe la Règle et s’y conforme, sachant que la volonté humaine n’est pas en mesure de supplanter la volonté divine. Il affine son jugement, car quelques lignes plus loin, on le voit en action dans le fameux jugement des deux mères qui se disputent le même enfant. Il fait preuve de discernement et d’une tranquille autorité. Pour le maçon c’est un témoignage de l’acquisition possible de la sagesse du GADLU.

Suit dans la Bible, une longue description de la vie, de la gestion équitable du Peuple d’Israël, sur le plan profane comme sur le plan spirituel, il met en œuvre son Savoir, qu’il tient de Yahvé, de nos jours nous dirions que c’est un bon gestionnaire, dans son royaume tout va pour le meilleur des mondes. Pour appuyer ce commentaire, la Bible le louange comme suit : la sagesse de Salomon était la plus grande que la sagesse de tous les fils de l’Orient et que toute la sagesse des Egyptiens. Il a prononcé trois mille maximes et ses chants sont au nombre de cinq mille, il a parlé des arbres, il a aussi parlé des quadrupèdes, des oiseaux, des reptiles et des poissons…

Salomon ne garde pas jalousement pour lui son savoir, sa sagesse, il transmet au plus grand nombre, et c’est ce que devrait faire le maçon, dans sa vie de tous les jours afin d’apporter non seulement la sagesse acquise, mais aussi l’harmonie dans les relations humaines. Salomon devient incontournable, je ne dirais pas qu’il est le porte-parole d’Adonaï, mais sa renommé gagne tout le moyen orient, au point qu’Hiram Habi vient lui demander conseil.Il y a un accord de collaboration entre les deux rois pour la construction du Temple de Jérusalem, Hiram va donc livrer les bois de cèdres ainsi que les bois de cyprès, en échange Salomon fournira Hiram Habi en blé pour la nourriture de son peuple. Inutile de signaler que l’on a en maçonnerie besoin des autres, pour construire notre temple intérieur, tout comme la complémentarité des savoirs et des compétences, pour progresser. Rassembler ce qui est épars ! Salomon organisa la construction du Temple en chargeant Adonhiram de coordonner l’activité des trente milles hommes chargés de réaliser les travaux. Suit une longue description des travaux que chacun peut retrouver dans la Bible. Avant de poursuivre, il y a une description pratiquement identique à notre rituel du 14éme.

Chapitre VIII

Après avoir réussit à mobiliser et à assembler autour de son projet, le Peuple d’Israël, Salomon, s’apprête à consacrer la Maison de Yahvé, passant du profane au spirituel, tout le monde est là, même les Chérubins, qui je le rappelle sont des êtres spirituels, c’est dire la réussite du travail de SALOMON, catalyseurs des énergies humaines. Ce chapitre VIII marque l’apothéose du règne de SALOMON, il a réussit à respecter la volonté de David son père, et à mettre en œuvre la volonté de Yahvé, l’Harmonie et la Sagesse sont les deux piliers de son royaume, la matière et l’esprit cohabitent ensemble pour la plus grande satisfaction du plus grand nombre. La sortie d’Egypte du peuple d’Israël, est loin derrière la destinée du peuple errant, on peut transposer cette situation dans le processus maçonnique, à notre niveau, nous sommes loin du cabinet de réflexion, nous en avons terminé avec la vengeance du meurtre d’Hiram, nous nous sommes reconstruits en devenant le centre de l’union en nous-mêmes. Nos bas instincts, ne nous commandent plus ou presque. Mais dans ce chapitre, on constate le profond respect du rituel par Salomon, mais, je crains que cela ne soit le chant du cygne.

Chronique IX

Ce chapitre marque un tournant dans la vie de SALOMON, YAVHE, lui renouvelle sa confiance, à condition que Salomon respecte et observe les recommandations faites à David son père ; mais on observe une dégradation dans l’attitude de Salomon ; en récompense du bois fourni par Hiram roi de Tyr, Salomon lui donne vingt villes de Galilée, ce qui pourrait paraître un bon salaire, sauf que ces villes sont situés dans des déserts, d’où la grande déception du roi de Tyr…

Chapitre X

Une nouvelle épreuve arrive, par la personne de la reine de Saba, qui vint l’éprouver par des énigmes, mais elle arrive avec des quantités de présents, que l’on peut considérer par le mirage du matérialisme face à la sagesse du roi Salomon, c’est l’épreuve de la tentation. Aromates, Or, argent pierres précieuses sont offertes comme cadeaux à SALOMON, de quoi faire tourner les têtes les plus stables face à un tel déploiement de richesse ? Mais qui de nous n’aurait il pas le cœur troublé par la beauté légendaire de la Reine de Saba, qui de nous n’aurait il pas la tête troublée et le discernement voilé, par les nombreuses richesses apportées en guise d’hommage au légendaire Roi.

Il faut se reporter dans ces années là, dans cette région du Moyen Orient actuel, où les chefs de tribus deviennent rapidement des despotes sanguinaires sans foi, ni loi, où les caprices des satrapes dirigent les peuples. Dans ce contexte la sagesse de Salomon détonne par sa grande différence. Qui peut dire je ne changerai pas ?

Chapitre XI

Or, le roi Salomon aima beaucoup des femmes étrangères, outre la fille de pharaon ; des Moabites, des Ammonites, des Edomites, des Sidoniennes, des Hittites, et plus encore… Une explication littérale, nous fait penser que Salomon du fait de sa renommée, est un coureur de Femmes, il eut sept cent femmes et trois cent concubines ; je voudrais dépasser le coureur de jupons décrit par la Bible, tout en précisant que la Loi mosaïque est formelle, elle impose le mariage unique et les dix commandements eux aussi sont clairs et précis : « tu ne convoiteras pas la Femme de ton frère ! », Moi j’y vois un autre aspect, celui d’un Roi qui s’ennuie dans le respect des recommandations de son père David et de la Loi mosaïque. Je pense qu’à travers toutes ces femmes de diverses nationalités, il cherche à connaître les autres religions, c’est ce que je nomme une curiosité malsaine mais forcément il s’égare et ses actes deviennent confus, à sa décharge il est devenu vieux et son discernement n’est plus celui du jugement célèbre des deux mères et de l’enfant.

Notre rituel nous recommande de ne point adorer les idoles, et cet ordre est impératif, et c’est justifié par la fin de vie du Roi Salomon. « Iahvé dit à Salomon, parce qu’il en est ainsi et que tu n’as pas observé mon alliance, ni mes prescriptions que je t’avais commandées, je vais t’arracher le royaume et le donner à ton serviteur… » Il s’agit d’Hadad de race royale !

Quel enseignement peut-on tirer de cette situation, pour nous maçons ? Rien d’original, mais un constat, si l’on s’écarte des chemins initiatiques, la Sagesse Initiatique nous abandonne et va chercher ailleurs un autre réceptacle mieux apte à la continuation du travail initiatique. Salomon après quarante ans de règne sur Jérusalem et Israël, se coucha avec ses pères et il fut mis au tombeau. C’est son fils Roboam qui monta sur le trône.

L’enseignement que j’en tire est qu’il ne faut point s’éloigner des rituels nous concernant, sinon tous l’acquis que nous sommes censés d’avoir engrangé, n’a plus aucune valeur sur le plan spirituel. On le voit bien dans la chapitre XII, où son fils Roboam, néglige le conseil des Anciens ayant servi sous le règne de Salomon, au profit des conseils de jeunes gens : la question posée aux uns comme aux autres, étant celle-ci : Allège le joug que ton père a fait peser sur nous ! Il ne faut pas hésiter de dire que Salomon est devenu tyrannique, de plus il n’a pas transmis les valeurs et les recommandations de son père le Roi David, qui lui-même les tenaient de YAVHE, à son fils Roboam, il a rompu la filiation entre la Loi Divine et le monde profane.

C’est des choses que l’on peut voir de temps à autre en maçonnerie, ou un Maitre Maçon estime qu’il peut voler de ses propres ailes, mais bien souvent il tombe de haut, un peu à l’exemple d’Icare. Certes il n’est pas facile de marcher sur la mince ligne qui sépare le carreau blanc du carreau noir, Salomon fit le choix de marcher sur la fin de sa vie sur le carreau noir ; mais on peut en tirer un enseignement maçonnique simple, comme l’humilité qui sied à l’Initié, la pondération utile à un bon jugement de valeur, et la persévérance dans le travail d’approfondissement du savoir initiatique,, et surtout de ne pas couper les ponts entre le monde physique, celui que nous vivons et le monde métaphysique celui que nous tentons de comprendre. Vous pouvez, pour en savoir plus sur Salomon lire dans la Bible, le Cantique des cantiques.

J’ai dit,

P\ L\

La sagesse initiatique de Salomon ou Salomon le Médiateur Le texte biblique ne cesse de faire mention de la sagesse de Salomon. « Il surpasse en richesse et en sagesse tous les rois de la terre » (2 Rois, 9.22). La Bible s'étend largement et en détail sur l énumération des richesses du roi, les tributs, les cadeaux qu'il recevait, le nombre de ses épouses, et l'association avec l'évocation de sa sagesse recèle une signification secrète : par sa fidélité à la loi, par les manifestations de sa sagesse, Salomon a attiré sur Israël la bénédiction divine. La Bible n'indique pas que cette sagesse est celle d'un initié mais plusieurs récits ne laissent aucun doute sur le sens véritable de cette sagesse. Ainsi la visite de la légendaire reine de Saba venue « à Jérusalem pour l'éprouver par des énigmes... » Salomon répondit à toutes ses questions et il n'y eut rien que Salomon ne pût lui expliquer. La reine de Saba vit la sagesse de Salomon elle est ébloui par sa grandeur  et la somptuosité de son palais.

Le texte reprend ainsi « hors d'elle même, elle dit au roi : c'était donc vrai ce que j'ai appris dans mon pays au sujet de ta position et de ta sagesse ! Je ne croyais pas ce qu'on en disait avant d'être venue... et voici, on ne m'a pas raconté la moitié de la grandeur de ta sagesse ».

La suite décrit les présents de la reine qui représente de fabuleuses richesses. « Le roi Salomon, dit le texte, donna à la reine tout ce qu'elle désira, ce qu'elle demanda et plus qu'elle n'avait apporté au roi. Le texte révèle une symbolique à double sens, d'une part il suggère de toute évidence une relation amoureuse entre les deux personnages eu égard à la vive admiration de la reine de Saba pour son hôte illustre et à l'échange des cadeaux royaux. Mais surtout, le récit indique assez clairement que cet amour a uni deux initiés de haut niveau, Salomon surpassant en connaissance celle qui était venu lui soumettre des énigmes. Un autre épisode, d'une interprétation plus délicate, me semble dénoter un comportement d'initié »: il s'agit de certains manquements graves à la loi judaïque qui sont reprochés au grand roi. On sait que sous l'influence de femmes étrangères, Salomon dans sa vieillesse rendit un culte à d'autres dieux. « Salomon fit ce qui est mal aux yeux de l'Eternel... l'Eternel fut irrité contre Salomon par ce qu'il avait détourné son coeur du Dieu d'Israël qui lui était apparu deux fois ».

On voit que selon la Bible la sagesse de Salomon aurait fléchi à la fin de sa vie et les conséquences historiques de ce qui est considéré comme une trahison du point de vue religieux, ne se font pas attendre. Salomon n'observa point les ordres de l'Eternel. Et l'Eternel dit à Salomon « puisque tu as agi de la sorte et que tu n'as point observé mon alliance et mes lois, je déchirerai le royaume de dessus toi et je le donnerai à ton serviteur. Seulement je ne le ferai point pendant ta vie à cause de David, ton père ».

Yahvé met à exécution les menaces qu'il avait proférées lors de la consécration du Temple de Jérusalem. Après la mort de Salomon, le royaume sera à nouveau divisé en deux et plongé dans des luttes fratricides. Si on se place d'un point de vue initiatique, on peut apprécier tout autrement les agissements de Salomon : est-ce qu'en initié, il n'éprouve pas le besoin de dépasser les limites du culte judaïque pour accepter d'autres cultes soit qu'il s comportent des points communs avec le judaïsme, soit qu'il les trouve légitimes à partir d'une vision initiatique du monde et de la divinité. L'initié ne doit-il pas continuellement s'enrichir de la connaissance des mythologies, des rites et des symboles qu'il ignorait jusque là.

C'est exactement ce que fait Salomon en s'unissant à des femmes étrangères adoratrices des divinités à forme polythéiste : il prenait possession des connaissances et de la puissance qui étaient attachées à leurs traditions. C'est pourquoi il pousse l'esprit de tolérance jusqu'à bâtir des temples aux dieux de ces femmes pour qu'elles puissent rester fidèles à leurs croyances.

Ce qui est transgression manifeste de la Loi du point de vue de la religion israélite exotérique pouvait être pour Salomon le nécessaire accomplissement d'une sagesse qui s'inscrit dans une logique initiatique. On peut supposer que Salomon est en quête d'une autre vérité, infiniment plus vaste, plus révélatrice que celle qu'il a reçue de la tradition judaïque et de Yahvé en personne. Mais cette explication est-elle suffisante ? On peut éluder la part de mystère qui s'attache à ce changement de conduite du grand monarque vieillissant. Comment celui qui était l'oint du Seigneur, le dépositaire de la parole de l'Eternel, a-t-il pu prendre les risques de provoquer une rupture de l'Alliance entre Yahvé et son peuple ? Car la conduite de Salomon engage beaucoup plus que sa propre personne.

L'enjeu politique est évident et les menaces de l'Eternel ne laissent aucun doute à cet égard. Et puis Salomon n'est pas Job, c'est même son contraire, tant il a joui d'un destin brillant et favorable à tous égards. Le revirement final de Salomon demeure mystérieux car le texte biblique ne nous informe pas des véritables motivations du souverain. Malgré cette ombre indéchiffrable ou à cause d'elle, Salomon nous laisse l'image d'un grand médiateur entre l'ordre terrestre et l'ordre sacré, d'un homme qui unit en sa personne nature divine et nature humaine. C'est pourquoi il est appelé « homme universel » c'est-à-dire fondamentalement lié à l'ordre cosmique.

L'homme universel est un être missionné et qui a conscience de l'être. Il sait qu'il est placé en ce monde pour accomplir les desseins d'une transcendance qu'il ne peut comprendre mais lui dicte sa conduite. Cette mission il l'a accompli avec un génie exceptionnel ce qui explique d'ailleurs l'indulgence relative de Yahvé à son égard qui lui épargne toute sanction de son vivant pour ses fautes de souverain. S'il n'a pas  respecté entièrement le pacte qui l'unissait à l'Eternel, c'est qu'il a été poussé par sa nature divine à aller plus loin dans le déroulement des mystères. Ce rôle de Médiateur qu'il a accompli dans l'exercice de la Royauté sacrée correspond exactement à la définition qu'en donne la Table d'Emeraude hermétique. Voici la traduction du manuscrit arabe de la bibliothèque nationale « Lentement il monte vers le ciel, il saisit la lumière, puis redescend sur terre. En lui est la faculté du supérieur et de l'inférieur car, en lui, il y a la lumière des lumières et c'est pourquoi les ténèbres le fuient ».

Nous venons de voir de quelle manière Salomon le Médiateur recevait d'en haut la Lumière du Verbe et la faisait remonter à sa source. Le sceau appelé justement Sceau de Salomon explicite graphiquement ce double mouvement qui descend de la Couronne céleste vers le Médiateur, du Médiateur vers le Royaume (Malkout) pour remonter vers sa source. Il est figuré par l'entrecroisement du triangle droit et du triangle inversé, l'hexagone central symbolisant le lieu où s'exercent les trois pouvoirs. Mais ce grand symbole initiatique n'appartient pas à ce degré et il a fait déjà l'objet de plusieurs travaux par ailleurs, donc, je m'arrêterai là.