GODF Loge : Le Chantier Lumineux 2009


Le Coq


Comme vous le savez,  j’ai été intrigué lors de mon séjour dans le cabinet de réflexion, par la présence, de ce stupide volatil, qu’est le coq.
Incapable de voler, on ne peut le comparer aux autres oiseaux qui jouissent de la merveilleuse liberté du vol dans les espaces immenses du ciel
Parmi tous nos symboles, ou du moins ceux que je connais,  un seul est un animal.
Par ailleurs, c’est un mâle…les adversaires de la mixité y verront un signe.
Mais avant d’aborder le coté symbolique du coq, restons encore un peu dans le monde profane, pour connaître un peu mieux cet animal.

Un peu de mythologie

Dans l’antiquité « Asclépios » fils d’Apollon était un Dieu  et un célèbre médecin.

Ce père de la médecine a été vénéré par les Romains sous le nom d'Esculape.

Selon la légende, Asclépios était tellement habile dans la chirurgie et l'utilisation des plantes médicinales, qu'il pouvait ramener les morts à la vie. Ce qui a irrité Hadès (Dieu des enfers).  Hadès s’en est  plaint à Zeus, qui a tué Esculape grâce à la foudre.

Esculape était représenté accompagné de ses attributs : le serpent, le bâton : (c’est le caducée des médecins d'aujourd'hui : un bâton autour duquel s'enroulent en sens inverse deux serpents) et le coq, 
Le coq symbole de la lumière naissante, est un attribut particulier d'Apollon, le héros du jour qui naît.
Socrate conseillait avant de mourir, de sacrifier un coq à Asclépios, fils d’Apollon et dieu de la médecine, car le volatile annonçait dans l’autre monde, l’âme qu’il allait y conduire

Selon la légende également, un jeune confident de Mars et de Vénus, nommé Alectryon (en grec coq), se laissa surprendre par Vulcain, Mars le punit alors en le changeant en coq.
C’est pour toutes ces raisons que le coq fut pour les Grecs, comme pour nous francs-maçons, un symbole de vigilance, de lumière et de passage dans l’autre monde.

La place du coq dans le monde

De l’Inde à la Grèce, du livre de Job à l’Islam, et dans les légendes nordiques,  le coq  par sa fière allure et par son chant associé au lever du soleil, symbolise l’énergie solaire, la lumière naissante, et la vigilance guerrière.

Le courage est une vertu que les Japonais et les autres peuples d’Extrême-Orient attribuent au coq.

Au Japon, le chant du coq, associé à ceux des dieux, fait sortir de sa caverne « Amaterasu », déesse du soleil et dans les temples shintoïstes, des coqs courent librement.

 Le caractère qui le désigne en chinois est le « Ki », homophone du caractère chinois  qui signifie " favorable ". Son allure et son comportement symbolisent les 5 vertus (vous voudrez bien me pardonner ce chiffre…)  :

·                    les vertus civiles - la crête lui donne l’air d’un mandarin
·                    les vertus militaires - en rapport avec les ergots
·                    les vertus liées au courage - par son comportement au combat
·                    les vertus associées à la bonté - car il protège les poules 
·                    les vertus en rapport avec la confiance - en raison de la sûreté avec laquelle il annonce le lever du soleil.

Il a sa place dans l'horoscope chinois.

Dans le bouddhisme tibétain, le coq est un symbole exceptionnellement néfaste: il figure, d’ailleurs, au centre de la Roue de l’existence, associé au porc et au serpent, comme l’un des trois poisons.

Il symbolise le désir, et la convoitise.

En Orient,  le coq était l’emblème d’Attis, le dieu solaire, mort et ressuscité.

Les traditions nordiques voient en lui un symbole de vigilance guerrière, posté sur les plus hautes branches du frêne, pour prévenir les dieux de l’attaque des géants.


Le Talmud le considère comme un signe d’urbanité, car il annonce l’arrivée de son Seigneur le Soleil par son chant.

En Islam, le coq jouit d’une vénération sans pareille. Le Prophète affirme que le coq blanc est son ami, car il signale la présence de l’ange. Le Prophète interdit d’ailleurs de maudire le coq qui appelle à la prière.


Le coq symbole gaulois

De nombreux pays ou royaumes sont symbolisés par un animal : le lion britannique, le serpent milanais, l'aigle germanique

Dans l’imaginaire collectif,  ces symboles sont positifs, mais pour le coq l’image est moins flatteuse
Le coq passe sa vie à batailler pour la possession des poules.
Avouons que l'image est franchement déplaisante,  un animal de basse-cour peut difficilement concurrencer les aigles et autres lions des pays voisins.
Dans notre culture « gauloise », le coq peut être :
·      « sportif » lorsqu’il est sur un maillot de rugby,
·     « religieux » perché au sommet du clocher d’une église,
·      gravé sur les grilles du Palais de l’Elysée, sur les chapiteaux de la galerie des Glaces à Versailles et enfin sur la pièce d'or de 20 francs frappée en 1899

Pourquoi la France s’est-elle dotée d’un tel emblème, auquel on ne prête pas que des qualités ?

Simplement parce que cet oiseau n’a pas été  choisi par les français, mais a été  imposé par ses ennemis d’hier :
§     Les Romains se moquaient, en effet des Gaulois réputés fiers et bruyants, en jouant sur le mot latin « gallus »,  qui veut dire à la fois « coq » et « gaulois ».
§     Les anglais et les Italiens se moquaient du coq, qui à l’époque du Ier empire est alors l'inverse dérisoire de l'aigle impérial

Il a fallu ensuite intégrer ce coq à notre culture en lui inventant parfois des significations flatteuses qu’il n’avait pas, c’est ainsi qu’il fit son apparition, entre autres, dans la Galerie des Glaces, et sur la grille du Palais de l’Elysée, pour devenir symbole national.

Le roi Louis-Philippe en fit l’emblème du royaume en 1830.
Le coq est l’emblème de la France. En effet, le mot latin gallus a une double signification : coq et Gaulois.
Les rois de France vont donc adopter le coq par bravade et répondre à leurs rivaux que le coq est un oiseau courageux.

Sous la Révolution le coq symbolise l’identité nationale. Mais sous le Premier Empire le coq est remplacé par l’aigle. Le coq redevient ensuite un symbole  notamment sous la Troisième République. Il représente le courage et la fierté face à l’aigle prussien. Il figure dans certains monuments aux morts de la grande guerre. Même s’il n’est pas un symbole officiel, c’est un signe de reconnaissance nationale.

Débouté par le monde politique, le coq trouvera sa place dans la représentation de la France par son caractère combatif et sa vaillance: vertus réputées françaises. C’est ainsi que ce gallinacé devint la symbolique sportive de la France

Le coq symbole religieux

Le coq distingue par son chant la fin de la nuit et l’arrivée du jour. Dans la tradition juive et chrétienne, l’expression « au chant du coq » signifie « très tôt le matin ».
Le coq fiché sur la flèche d’une église est le protecteur et le gardien de la vie, le coq a ainsi un rôle chez les chrétiens. Ce fut lui qui, qui  rappela à son devoir l'apôtre Pierre, qui venait de renier trois fois son maître
“Avant que le coq chante aujourd’hui, tu m’auras renié trois fois.” Luc (22, 59-61)

Avant l'apparition des cloches, vers le Ve siècle, la présence du coq au sommet des églises, symbolisait l’obligation de la prière matinale « au chant du coq » : les matines.

Au Xe siècle, une bulle pontificale impose le coq sur les clochers en souvenir de saint Pierre, et en qualité de symbole de vigilance de l'Église envers ses ouailles.


Dans la tradition chrétienne du Moyen Age, le coq devint un symbole de la résurrection, il  symbolise en effet le prédicateur qui doit réveiller ceux qui sont endormis.

De même que le coq annonce le jour nouveau, de même le chrétien attend le jour où le Christ reviendra.
De même que le Vénérable Maître placé à l’Orient, annonce le jour et la reprise des travaux
C’est ce qui nous ramène au symbolisme,  que nous francs-maçons,  attribuons au coq.

Le coq, symbole maçonnique

Dans le cabinet de réflexion, lorsque le  profane lève les yeux il voit ce Coq, symbole solaire qui lui annoncera la fin de sa nuit éternelle, et le triomphe de la lumière sur les ténèbres.

Pour l’apprenti franc-maçon entrer dans la monde des symboles c’est passer de l’ombre à la lumière.
Le coq annonce l'aube et donc l'arrivée de la lumière. il est celui qui après avoir veillé toute la nuit, annonce la libération, le passage des ténèbres à la clarté.
Incapable de voler, se déplaçant difficilement sur terre, le coq passe toute sa journée à chercher de la nourriture et à picorer çà et là, et à veiller jalousement sur son harem.
C'est pourquoi le coq représente la vie ordinaire, le manque d'originalité, et même la faiblesse, beaucoup d'êtres humains vivent en fait de cette manière.
Le parcours initiatique que nous francs-maçons menons, nous incite à sortir de cette vie ordinaire, de cette vie profane, pour rechercher la lumière qui éclaire nos travaux.
Car si le coq symbolise parfois la faiblesse et la normalité, il lui arrive aussi de personnifier le courage, la vigilance et la persévérance.
Le coq n'est donc pas toujours symbole de faiblesse...
Attachons nous un peu plus à ces trois notions : persévérance, vigilance et lumière

PERSEVERANCE

Lors de son initiation, après avoir bu la coupe d’amertume, le profane est invité à persévérer, il boit encore et découvre après l’amertume une saveur plus sucrée.

Un poète américain : Jackson BROWN et décrit ainsi la persévérance :  « Face à la roche, le ruisseau l'emporte toujours, non pas par la force, mais par la persévérance ».

Un autre Samuel JOHNSON a dit ceci : « Peu de choses sont impossibles à qui est assidu et compétent... Les grandes oeuvres jaillissent non de la force mais de la persévérance »

Jean-François MORIN  enfin : « L'espérance ne mène à rien, mais la persévérance mène au droit chemin. »

VIGILANCE

Chaque jour le coq nous invite à nous lever courageusement pour défendre nos valeurs humaines, il nous dit : « Soyez éveillés. Soyez éveillés pour faire face à vos responsabilités d’hommes et de femmes libres ».

Enfin pour finir une parole de Bouddha : « La vigilance est le chemin du royaume immortel. La négligence celui qui conduit à la mort »

LUMIERE

Le Coq est le messager de la Lumière.

Présent pour nous, dès le Cabinet de Réflexion, le Coq invite le profane à débuter son cheminement initiatique.
 
Il s’agit de passer de l'ombre de la vie matérielle,  dans la vie spirituelle.

Le but est l'accomplissement de sa personnalité à l'écoute du Verbe, dans la recherche de la  Sagesse de la Force et de la Beauté.

Voila ce que disait Jean-Paul SARTRE de la lumière : « Plus claire la lumière, plus sombre l'obscurité... Il est impossible d'apprécier correctement la lumière sans connaître les ténèbres ».

Et Chateaubriand : (extrait de « Mes Pensées ») « Aussitôt qu'une pensée vraie est entrée dans notre esprit, elle jette une lumière qui nous fait voir une foule d'autres objets, que nous n'apercevions pas auparavant »

« Qui croit sans raison est un sot. Mais qui nie sans savoir est un fou. Cherche la vérité, tu trouveras la lumière » (Vercors)

J’ai dit, Vénérable Maître

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\Y\ L\

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