GLDF Loge : NC 2002


Du Silence à la Méditation


A travers ces deux mots on pourrait résumer un des buts de l’initiation maçonnique si ce n’était qu’une apparence de plus qui pourrait faire oublier la complexité de l’initiation et ses difficultés dues essentiellement au caractère humain.

Dès le début l’impétrant apprenti est confronté au silence, cela ne signifie pas seulement se taire, et regarder la vie de la Loge, ce qui en soi ne serait qu’avoir un rôle passif, et permettrait à notre cerveau de vagabonder pendant la Tenue, non le silence imposé par le rituel est plus complexe qu’il n’en parait, en fait et je le crois, il nous demande de maitriser ce muscle que l’on appelle cerveau, justement pour éviter la divagation normale de nos pensées. Le silence de l’apprenti est le début de l’apprentissage de la concentration de nos pensées. Concentration nécessaire à l’apprentissage maçonnique, pour bien intégrer et mieux comprendre chaque phase du fonctionnement de la Loge. Etre un acteur silencieux, mais pas distrait. Ce silence devrait nous donner le contrôle des mots et de notre parole, ce qui est le contraire de notre vie profane, qui réagit à tous les vents de la Parole. Ne pas parler pour ne rien dire, mais parler de l’essentiel, et comme nous sommes en plein système binaire, le silence nous conduit naturellement au discours. Comme tous les outils, le silence maçonnique est neutre, il n’est ni négatif, ni positif, il n’existe par ce que l’on veut bien en faire, et il ne donne de résultat que si l’on comprend sa fonction. Fonction que l’on doit expliquer à l’apprenti ; Sinon... !

Le silence étant la première étape, ou la première difficulté à surmonter, vient ensuite le temps des mots et de la re-naissance du maçon, qui après le cabinet de réflexion puis avec le silence, est « mort » symboliquement, puisqu’il ne peut, privé du langage, nommer les choses, même les plus banales. Il n’est plus en marge de la Loge, il entre de plein pied dans l’activité de l’atelier, on lui apprend à manier les outils du Compagnon, à les utiliser toujours dans un sens bien particulier : parfaire son savoir pour approcher de plus en plus des connaissances initiatiques, il sait tracer, mais il ne sait pas encore construire, tout comme il ne sait pas lire le plan utile à toute construction, ayant l’usage de la parole, il peut toujours demander aux Maitres Maçons des aides pour sa propre compréhension. Maintenant il a la possibilité de dialoguer avec les autres membres de la Loge et donc d’être actif. De discussion en prise de parole, le Compagnon s’achemine vers sa propre Maitrise.

Une deuxième fois la mort va le surprendre, par son exaltation à la Maitrise, et si ce mythe est bien compris et assimilé, le jeune Maitre entrera dans la méditation, qui n’est plus le silence intérieur, mais le questionnement sur sa maçonnerie, la méditation n’étant pas une réflexion (qui n’est qu’un retour sur soi tout comme une révolution en mécanique qui fait que l’on revient au point de départ) non la méditation sera pour le jeune maitre l’occasion de faire le point sur sa responsabilité maçonnique mais aussi sur le fait que d’Etre Maitre n’est pas seulement un décor supplémentaire, mais une analyse plus profonde de lui-même ; en quelque sorte c’est une autre manière de revenir au cabinet de réflexion. Par la méditation nous passons du cercle à la spirale. Ou encore c’est le moment de savoir si notre pierre brute peut être polie et devenir la pierre cubique. C’est pour le Maître l’appropriation d’un nouvel outil pour continuer son voyage intérieur afin de se construire par lui-même, car nous sommes les seuls à savoir pourquoi nous avons frappé à la Porte du Temple.

Méditer pour le Maitre est un nouvel état d’esprit, qui prend le pas sur l’action immédiate. Ce n’est plus la main qui frappe la Pierre, c’est l’intelligence qui réfléchit à l’action à mener, au pourquoi et au comment des choses.

De cycle en cycle, d’étape en étape, le maçon gagne en sagesse délaissant la force brutale pour l’action réfléchie et surtout pour agir positivement. Sa méditation lui donnant le recule nécessaire à la bonne et juste appréciation des choses !

Méditez ! Méditez ! Il en restera toujours quelque chose !

Pierre LENGYEL


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