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Humilité

L’Humilité, serait-elle une VERTU MACONNIQUE ?

Tout d’abord et avant même de parler de l’étymologie de ce mot « humilité », je vous propose de commencer par un raisonnement Cartésien et pour cela je citerai donc René Descartes : « Il est du propre de l’entendement fini, de ne pas comprendre une infinité de choses, et du propre d’un entendement créé d’être infini ».

Ce qui nous procure une belle réflexion sur l’entendement ou pas d’un mot, d’un terme ou même d’une idée, fut-elle philosophique, scientifique voir métaphysique… (Extraits des méditations métaphysiques 1641).

« Le terme « humilité » est à rapprocher du mot latin humus, signifiant « terre » qui en est la source étymologique, et qui à donné par ailleurs le terme « homme ».

« L’humilité est une vertu humble : elle doute même d’être une vertu ! Qui se vanterait de la sienne montrerait-il pas simplement qu’il en manque » ?

Pourtant, cela ne prouve rien : d’aucune vertu l’on ne doit se vanter, ni même être fier, et, c’est ce qu’enseigne l’humilité. Elle rend les vertus discrètes, comme inaperçues d’elles-mêmes, presque déniées.

Est-ce l’Inconscience ?
C’est plutôt une conscience extrême des limites de toute vertu, et de soi.
Cette discrétion est la marque « elle-même discrète » d’une lucidité sans faille et d’une exigence sans faiblesse.

L’humilité n’est pas le mépris de soi, ou alors, c’est un mépris sans méprise. Elle n’est pas ignorance de ce qu’on est, mais plutôt connaissance, ou reconnaissance, de ce qu’on n’est pas.

L’humilité est vertu lucide, toujours insatisfaite d’elle-même, mais qui le serait encore plus de ne pas l’être.
C’est la vertu de l’homme qui sait n’être pas une Divinité.
Cela nous pose une question, mes S\ S\ et mes F\ F\ :

- l’humilité est-elle la vertu des Saints ?

PASCAL n’a pas tout à fait tort, quand il critique « la superbe » des philosophes !

C’est que certains, mes SS\ et FF\, se sont pris au sérieux de leur « divinité », de quoi les Saints ne sont pas dupes.

« DIVIN ? MOI ? »

Il faudrait ignorer Dieu, ou s’ignorer Soi.

Comme le suggère Notre regretté F\ Léo FERRE : « Et si vraiment Dieu existait… Faudrait-il s’en débarrasser ? »

L’humilité refuse au moins la seconde de ces deux ignorances, et c’est en quoi d’abord, elle est une vertu : elle révèle l’amour de la vérité, et s’y soumet.

Etre humble, c’est aimer la vérité plus que soi.
C’est en quoi aussi, toute pensée digne de ce nom suppose l’humilité : la pensée humble…s’oppose pour cela à la vanité, qui ne pense pas, mais qui se croit.
On dira, que cette humilité ne dure guère…mais, la pensée…non plus.
De là, mes SS\ et mes FF\, la porte est grande ouverte aux orgueilleux systèmes.

L’humilité, elle, penserait plutôt sans se croire.
Elle doute de tout, et plus spécialement, d’elle-même.
L’humilité est donc humaine, peut être trop humaine…

Qui sait, si elle n’est pas le masque d’un tres subtil orgueil ?

Ces quelques phrases nous interpellent, et demanderaient à être plus pleinement commentées. Ce n’est certes pas le propos de cette planche. Aussi, je vais rajouter au « problème », les « idées » et concepts de quelques philosophes et « libres penseurs ».

KANT, dans la « Doctrine de la vertu » oppose légitimement ce qu’il appelle la « fausse humilité » - la bassesse - au devoir de respecter en soi la dignité de l’homme comme sujet moral : pour lui « la bassesse » serait le contraire de l’honneur.

KANT, nous dit aussi, qu’il existe une véritable humilité « humilitas moralis », et il nous en donne cette définition : « La conscience et le sentiment de son peu de valeur morale en comparaison avec la Loi, c’est l’humilité ».

L’humilité implique l’élévation et la confirme, car se soumettre à la Loi est une exigence de la Loi même :
L’Humilité est un devoir.
Voyons du coté de NIETZCHE, qui à toujours raison de tout…et tort de tout.
Il prend pour cela « l’image » du ver de terre :

« Le ver se recroqueville quand on marche dessus. Cela est plein de sagesse. Par là, il amoindrit la chance de se faire de nouveau marcher dessus ».

L’humilité, vue ainsi, je trouve personnellement que c’est dur !
NIETZCHE, nous dit encore : « l’humilité est vertu d’esclave, les maîtres « altiers et fiers » n’en ont que faire toute humilité leur est méprisable » Bon, admettons.
Mais, le mépris n’est-il pas plus méprisable que l’humilité ? Cela reste, mes SS\ et mes FF\, un autre débat !

Et pour en rajouter, toujours avec le même philosophe, cette phrase : « je me connais trop pour me glorifier de quoi que ce soit, objecterait l’homme humble : j’ai plutôt besoin de toute la miséricorde dont je suis capable, pour pouvoir me supporter… »

Quant à René DESCARTES, je cite : « les plus généreux ont coutume d’être les plus humbles ». J’ai des doutes à croire que Descartes pouvait être « un ver de terre ».

L’humilité égale vérité ? Cela est, à mon avis, bien plus vrai et plus humble que les considérations de Nietzche.

« Là où est l’humilité, là aussi est la charité » écrit Saint AUGUSTIN.

L’humanité fait une création tellement dérisoire : comment s’imaginer qu’un Dieu est voulu cela ? C’est ainsi que l’humilité, née de religion, peut mener à l’athéisme.

Croire en dieu, ce serait un peche mortel ?
A ce propos, je site mon Ami Georges CHELON :
« Dieu a été créé par l’homme, c’est le contraire qui m’étonne ». Accordons à notre ami Georges Chelon, toute l’humilité du propos…

Continuons dans le registre religieux et moraliste, car nous allons y découvrir insensiblement les éléments symboliques et allégoriques de notre F\ M\.

Dans le « Traité de l’humilité et de l’orgueil » de Saint BERNARD, le premier chapitre s’intitule : L’humilité conduit à la vérité.

Saint BERNARD, nous dis, en partant des mots de l’évangile : « Je suis la Vérité, je suis la Voie, je suis la Vie ». Pour lui, la connaissance de la Vérité est le fruit de l’humilité.

A travers cette phrase du CHRIST :

« Je te rends gloire », Père, Seigneur du Ciel et de la Terre, parce que tu as caché ces choses (évidemment, les secrets de la Vérité) aux savants et aux prudents (c’est à dire, aux orgueilleux) et que tu les as révélées aux petits (c’est à dire, aux humbles).

Un peu plus loin dans mes recherches, je trouve cette définition, qui je dois vous dire, mes SS\ et mes FF\, possède une belle « résonance » maçonnique !

« L’humilité est une vertu par laquelle l’homme, dans une très vraie connaissance de soi même, devient vil à ses propres yeux. Elle est le fait de ceux qui disposent une ascension dans leur coeur, et montent de degré en degré, c’est à dire, de vertu en vertu, jusqu'à ce qu’ils arrivent au sommet de l’humilité ».

Saint BENOIT, établit cette « ascension » en douze degrés (que je ne vais pas développer ici). Ces degrés, vous l’avez compris, ce sont ceux de l’échelle montrée à Jacob, comme étant l’image de référence biblique et religieuse de l’humilité.

L’échelle est un symbole très fort dans certains rituels F\ M\.
A ce propos, j’ai découvert dans mes recherches, un document, qui ne manque pas d’intérêt, il s’intitule : « ce ceindre d’humilité ».
En Israël, tous portaient une écharpe de lin.
Avant d’entamer un travail, on relevait ses vêtements, puis on se ceignait de l’écharpe de lin.

PIERRE, à écrit, donc à juste titre : « ceignez - vous d’humilité les uns envers les autres, parce que Dieu s’oppose aux orgueilleux, mais aux humbles il donne la faveur imméritée ». Dans ce texte, le mot grec traduit par « se ceindre » vient d’un mot qui signifie « tablier d’esclave ».

En effet, les Israelites, quand ils mangèrent la Pâque, ils le firent les hanches ceintes, les vêtements relevés, car ils étaient ainsi prêts pour partir, et ceci à n’importe quel moment.

JESUS, traditionnellement, se ceignait de cette façon, de son « tablier ».

Peut-être, faut-il y voir, mes SS\ et mes FF\, l’expression du tout premier Tablier Maçonnique ?

Mais je crois que j’ai du confondre le mot humilité avec le mot humour…c’est vrai, qu’ils commencent tous les deux, par les « 3 » mêmes lettres (Hum, Hum).

Mais voyons « entre les colonnes » comment nous autres F\ M\, pouvons nous appréhender cette « humilité ».
• la Concorde grandit ce qui est petit.
• La Discorde annihile ce qui est grand.
• Anéantis-toi, mon Disciple, dans un abîme d’humilité et sois infime parmi les infimes.

Nous sommes de plain-pied dans l’humilité maçonnique, car je viens de vous lire un extrait de texte tiré d’un Code Maçonnique d’un haut grade, à la gloire du Grand Architecte de l’Univers…

Tout au long de ce tracé, je me suis appliqué et imposé trois mots : Recherche, découverte, et transmission.

Parce que l’humilité vue ainsi, dans sa plus totale complexité et sa multiplicité au niveau de ces différents « aspects » humains et bien, il m’a semblé qu’il était nécessaire que je vous le communique.

Le « profane » qui frappe à la Porte du Temple, le fait nécessairement avec humilité, et si ce n’était pas réellement le cas !

Je suis persuadé que les trois enquêtes auraient, à priori, rapidement fait de relever une possible supercherie.

L’humilité, n’en doutez pas, mes SS\ et mes FF\, est partout présente dans le Temple et ceci à tous les Grades.

Pendant la cérémonie d’Initiation, le bandeau peut être considéré comme un symbole d’humilité, comme le fait de « mettre un genou en terre » devant le Vénérable Maître.

L’acceptation et l’obligation du silence, au grade d’A\, sont preuves, elles aussi, d’humilité. Quand le F\ M\ se tient à l’Ordre, ici aussi, nous pouvons y trouver une gestuelle symbolique se rapprochant de l’humilité.

Nous trouverons, très facilement, dans les grades de nos rituels de multiples exemples. Car quel que soit son grade, et quel que soit le rite pratiqué ; le F\ M\, reste toute sa vie un chercheur, qui ne cesse d’être en quête du savoir ultime et de se présenter les mains vides, en toute humilité devant le Grand Architecte de l’Univers et surtout devant ses SS\ et ses FF\.

Mais plus que toute chose, il se trouve un moment, dans la vie d’une Loge, ou l’humilité, en terme de « vertu maçonnique » s’exprime dans toute sa plénitude.

Je m’en explique :

Le « premier maillet », un jour ou l’autre devient le « Vénérable descendant de sa Charge », et de façon traditionnelle (mais, pas forcément systématique), lui est confié souvent la fonction de « Couvreur »…fonction, considérée comme étant la plus humble du collège des Officiers d’une Loge.

Il passe ainsi de la lumière de l’Orient, à l’obscurité symbolique et allégorique de l’Occident, tout en prenant au passage une des plus belles leçons d’humilité et…de maturité maçonnique…

Nous avons tous vécus ce moment, dans notre Atelier, pendant la Tenue d’Installation de notre V\ M\ et la mise en place, qui a suivi du nouveau collège des Officiers.

Peut être, n’avons nous pas tous perçus, la symbolique puissante de ces instants ; étant tous, pendant cette Tenue, attentifs à la découverte de ce rituel, entièrement nouveau pour beaucoup d’entre nous.

Nous sommes, dans cet instant de « vie » maçonnique dans une position d’interface très puissante, d’humilité complexe et d’humilité de simplicité. C’est vraiment ici, que l’humilité serait-elle une vertu maçonnique ? (Titre de cette Planche) prend toute sa dimension !

« Observation vigilante du Couvreur…observateur, échangeable en permanence avec son vis a vis, le V\M\, placé comme lui sur la « Colonne vertébrale » i ».

Couvreur et Vénérable, ou plutôt Vénérable puis Couvreur, sont des Officiers d’interfaces, qui vont de l’accomplissement des taches les plus prestigieuses, ou certains verront le « Commandeur possessif », vers les taches les plus humbles, comme peut être le « fermer et ouvrir ».

Le F\ Couvreur, dans sa nouvelle fonction supervise tout, il est le bras et l’assistant du V\ M\ dans la bonne observance du rituel. Plus il est instruit, plus il est censé être humble.

Nous avons bien là, je vous le dis, mes SS\ et mes FF\, le témoignage et le critère objectif de « Maçonnité » de cette maturité et de cette compréhension propre à l’humilité et à la modestie humaine, favorisée par l’exercice réfléchi du rite et celui de l’Art Royal…

Je peux, à présent, vous proposer une conclusion : « l’humilité confère la faculté de percevoir les situations, d’identifier les obstacles ainsi que leurs causes, et de rester silencieux ». Exprimer une opinion avec humilité, implique un esprit ouvert, qui reconnaît ses qualités, ses forces et sa sensibilité, ainsi que celle des autres. Un mot prononcé avec humilité à plus de sens que mille autres.

« Folie, égarements et absence de repères conduisent l’Homme aux pires extrémités. On choisit la facilité plutôt que l’effort et le paraître plutôt que l’être, et ceci ne conduit pas à l’humilité ».

Serais-je assez « humble » pour ne pas me citer moi-même ?

Avant de conclure tout à fait, je vais vous parler « avec humilité » de bouddha…

Bouddha, au travers de sa longue vie « initiatique » n’a eu de cesse de transmettre la philosophie du bien être humaniste.

Son empathie fut grande envers tous et nous en avons encore aujourd’hui la possibilité d’intégrer à l’idée de cette transmission d’un savoir envers l’humain avec la compassion… Bouddha nous a laissé entre autre chose ceci :

« La compassion est notre nature la plus profonde. Elle naît de notre interconnexion avec toute chose ».

Cette compassion n’est elle pas une vertu d’humilité ?

Autre observation du sens de l’humilité envers la « croyance » Bouddha nous indique un chemin de réflexion humaniste défini ainsi dans le Doctrine du non Soi : « Il y a deux idées », psychologiquement enracinées dans l’individu :
• La protection de soi
• La conservation de soi

Pour la protection de soi, l’homme a créé un Dieu (ou des Dieux) duquel il dépend pour sa protection, sauvegarde et sécurité, de même qu’un enfant dépend de ses parents.

Pour la conservation de soi, l’homme a conçu l’idée de l’âme immortelle qui vivra éternellement. Dans son ignorance, sa faiblesse, sa crainte et son désir, l’homme a besoin des ces deux choses pour se rassurer et se consoler ; c’est pourquoi il s’y cramponne parfois avec fanatisme et acharnement. N’est pas la aussi un leçon d’humilité sur ce que l’on crois ou nous faire croire ?

Mes SS\ et mes FF\ sans humilité, il ne peut y avoir de société digne de se nom, ni de générosité au service de l’humanité.

En toute logique, V\ M\, je devrais terminer ici, cette Planche par le traditionnel « j’ai dit ! »

Oserais-je ? - Est-ce humble ?

V\ M\, et vous tous mes SS\ et mes FF\, avec beaucoup d’humilité.

J’ai dit.

G\ A\


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