GLDF Loge : Stella Maris - Orient de Marseille 27/03/2006

Humilité


« Honneurs et richesses sont ce que l’homme désire le plus au monde , et pourtant mieux vaut y renoncer que de s’écarter de la Voie.
Humilité et pauvreté sont ce que l’homme fuit le plus au monde, et pourtant mieux vaut les accepter que de s’écarter de la Voie.
L’adepte qui rougit d’être mal nourri ou mal vêtu ne vaut pas la peine qu’on l’entretienne dans la Voie
 »
 
Ainsi parlait CONFUCIUS !
 
Au soir de sa dernière tenue, le Vénérable qui descend de charge doit, suivant la tradition, assurer la garde du Temple et passer de l’Orient à l’Occident, du Levant au Couchant, de la lumière de la scène à l’ombre des coulisses, des honneurs du Vénéralat à l’humble fonction du couvreur. Cette rétrogradation apparente dans la Hiérarchie peut être perçue comme une épreuve pour le simple profane, mais ne doit pas l’être pour le Franc-Maçon et ce ne l’est pas pour l’homme empreint d’humilité !
 
Confronté à une telle situation le profane doit combler ce vide créé par le manque de reconnaissance, apparente, sinon à ses yeux, par sa disparition de la hiérarchie dans laquelle il était inscrit ; le maçon lui, doit se souvenir qu’il est et restera un éternel apprenti.
 
Cette hiérarchie, qui génère chez certains des comportements exacerbés, ccntre-valeurs omnipotentes de l’humilité, nous fait insidieusement dériver vers la griserie du pouvoir, cette drogue de laquelle, lorsqu’on y a goutté, on a du mal à se défaire ; passer de l’ombre au soleil, quelle ivresse, mais retourner à l’ombre, quelle punition, mais aussi quelle leçon d’humilité !
 
La recherche constante des honneurs, du pouvoir, qui séduisent l’homme est dans notre nature, elle est nécessaire pour donner un sens à notre vie profane. Selon Marx : « ce n’est pas la conscience des Hommes qui détermine leur Etre, mais leur Etre social qui détermine leur conscience ».
 
Pour inverser cet état, fonctionnement classique du profane, il nous faut travailler la pierre brute, la marteler sans répits à coups répétés de maillet sur le ciseau afin de la transformer, influer sur notre raisonnement pour ouvrir grand les yeux et distinguer le vrai du faux.
 
C’est notre démarche de Maître qui nous invite à être et non paraître, éternelle lutte intérieure entre orgueil et humilité ou l’orgueil prend trop souvent le pas sur l’humilité.
C’est notre démarche de Maître qui nous permettra de tendre vers ce but.
 
Nous paraissons et il nous faut être, mais pour y arriver combien d’efforts pour vaincre cette dualité, mourir et puis renaître afin que l’orgueil cède le pas à l’humilité.
 
Mais qu’est ce donc que l’humilité ?
 
C’est l’état d’esprit d’une personne consciente de ses faiblesses, de ses insuffisances, qui se considère sans indulgence, un être, plein de modestie et sans prestige !
 
Mes Frères cette définition ne vous parle t’elle pas ? Et n’aurions nous pas tendance à l’oublier ?
 
Il nous faut être humble !
 
Humble venant du mot humus : la terre d’où nous sommes issus et ou nous retournerons tous sans exception. Il nous faut être conscient de ce que nous sommes, de ce devenir, de notre devenir.
 
Lorsque, entre les colonnes, une fois le bandeau enlevé, nous retournant, on découvre notre visage dans le miroir, nous devinons, (car la compréhension viendra plus tard) que nous tenons là, la clef de l’énigme, de notre énigme. La simple contemplation de notre image de façon complaisante, nous entraîne comme Narcisse, à nous noyer dans l’eau de la fontaine, victime de l’illusion de cette image, globalement satisfait de nous-même.
La vanité, l’amour de soi, tendent un voile pudique sur ce que nous sommes vraiment. Regardons au-delà de ce simple reflet, pénétrons à l’intérieur du miroir, acceptons de voir la réalité de notre âme, de ce que nous sommes réellement.
Ce n’est pas simple il est vrai de se débarrasser de son ego, et l’interprétation duale du drame du légendaire Narcisse nous apprend aussi que celui-ci serait mort, désespéré de ne pouvoir saisir cet autre lui-même.
 
L’homme face au miroir qui voit au-delà de son image, se voit tel qu’il est, identique aux autres, à égalité avec chacun, avec ses qualités et ses défauts, il a rompu le lien qui le rendait esclave des vices et des vertus.
Il connaît sa juste place dans l’univers. ;
 
Juste place, tel le ver luisant qu’un promeneur croisa un jour et auquel il posa la question suivante :
 
« Pour quelle raison ne brilles-tu que la nuit et pas le jour ? »
 
Et le ver de lui faire cette lumineuse réponse :
 « Ma vie est dehors, de jour comme de nuit, mais quand le soleil est haut dans le ciel, je ne suis rien. »
 
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