GLDF Orient de Corbeil 11/06/2007

Les trois grandes lumières

Je développerais ma planche en deux parties : une partie symbolique et l’autre partie relate mon expérience au sein de la loge.

L’equerre

L’équerre est souvent choisie comme symbole de l’équité. L’équerre est l’outil de l’homme, c’est son repère terrestre. Cet outil va lui permettre de se connaître en mettant de l’ordre dans son fort intérieur.

Le compas

Est par excellence l’outil le plus symbolique des deux car il représente la partie ouverte de l’esprit.

Maîtriser le Compas est nécessaire, car le temple que bâtit le Franc-maçon n'est pas un assemblage de pierres ; il est la reconstruction de son être intérieur en harmonie avec l'Univers. Celui qui a acquis la maîtrise du compas peut tracer toutes les figures de la géométrie sans aucun autre instrument, ce qui symbolise l'absence de limites dans la recherche du perfectionnement pour le franc Maçon.

Le V\ L\ S\ ou volume de la loi sacrée

Bien avant la tradition écrite, il existait des traditions orales ; celles-ci ont existé et ont perduré pendant des siècles. A l’apparition de l’écriture, certaines traditions ont été retranscrites sous forme de  poésie, de comtes ou de récits. Elles ne servaient que d’aide mémoire. C’est pour ça que la Torah, la Bible et le Coran sont considérés, par les érudites de ces trois religions, comme des aides mémoires. Pour eux, c’est la tradition orale qui est importante. J’ai lu quelque part une phrase qui symbolise bien la tradition orale. Je site « la Torah orale et la lampe qui porte la lumière, et cette lumière c’est la Torah écrite qui seule est visible ».

Au rite Écossais, Ancien et Accepté, le V\ L\ S\ est ouvert au prologue de JEAN, il dit que la Lumière est Vie. Mais revenons à notre initiation, pourquoi sommes-nous là ? Pour recevoir la lumière. Lors de notre initiation, nous avons été en présence de cette lumière tout au long des voyages. Premièrement, par l’esprit de curiosité qui anime tout postulant ou comme un insecte qui, dans le noir, est attiré par une source lumineuse. Deuxièmement, dans le cabinet de réflexion, une bougie symbolise cette lumière proche mais encore vacillante qui nous guide dans l’obscurité. A ce moment là, nous sommes, sans le savoir, en contact avec une des trois grandes lumières : le volume de la loi sacrée, au chapitre de Jean, verset cinq.

Je site « la lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas arrêtée » alors ?

Les Trois Grandes Lumières

Les Trois Grandes Lumières constituent une triade composée de deux outils essentiels, le compas et l'équerre. Ce sont les outils de l’homme et ses repères terrestres, le V\ L\ S\ et la tradition.

Conjugués, les outils et la Tradition forment le nombre trois qui est le nombre créateur. Il conduit à la construction de l'Apprenti Maçon dès sa réception en Loge et guide les maîtres jusqu’à l’Orient éternel.

Dans les phrases qui vont suivre, je site le frère Henri Tort-Nouguès car je ne peux pas expliquer plus clairement et plus simplement le symbolisme sur les trois grandes lumières, et désolé si on crie au copié / collé car je ne me sens pas le droit d’interpréter ou de m’approprier de telles pensées qui pour moi me paressent logiques.

L’union de l’équerre et du compas est réalisée par le Volume de la Loi Sacrée, indispensable à leur réalisation.

La bible est le Livre de tous les hommes de bonne volonté qui cherchent la Lumière. La Bible transcende le Compas et l'Équerre en les unissant de façon indissociable, aussi indissociable que la terre et le ciel, que l'esprit et la matière.

Le compas et l'équerre sont donc les outils nécessaires aux hommes qui doivent les appliquer à leur vie pour marcher dans les voies de la sagesse. Mais seul le Volume de la Loi Sacrée permet de « sacraliser la loge », d'en faire le Temple de Vie ouvert à la gloire du Grand Architecte de l'Univers.

Le Volume de la Loi Sacrée qui ne saurait être que la Bible dans notre société judéo islamo chrétienne est le « livre de la Tradition, de la Lumière et de l'Amour des hommes ».

Je citerai une dernière fois notre Frère Henri Tort-Nouguès au sujet de la Bible. Il dit que sa signification pour la Franc-maçonnerie est « adogmatique et universelle » et est « justement universelle parce qu'adogmatique » ; la Franc-maçonnerie laisse aux religions le soin de l'interpréter à la lumière de leurs propres canons.

Ceci était la partie symbolique de mon travail de ce soir, maintenant je vais vous parler de mes observations que j’ai pu faire depuis que nos frères m’ont initié.

Un jour un maître m’a expliqué que quand il était dans son entreprise et qu’il avait une opinion différente de celle de ses collaborateurs et qu’il devait prendre une décision, il s’obligeait à passer sous l’équerre à chaque fois. Car, nous disait-il « après le passage des discutions passionnées je me retirais au calme, pesais le pour et le contre en considérant tous les arguments des deux parties (le compas) ». Il s’obligeait à appliquer les règles qu’il s’était fixé même si elles n’allaient pas dans son sens (l’équerre). Puis il prenait une décision en reconnaissant ou pas les idées de son interlocuteur ou les siennes (le livre de la loi sacrée). Je n’avais pas compris le sens de sa démarche philosophique jusqu’à dernièrement. Ce maître a mis en application toute sa vie cette démarche qui découle des trois grandes lumières. Mais je pense que, même avant d’avoir reçu la lumière, cette philosophie devait déjà être profondément enracinée en lui.

Quand je suis rentré en F\ M\, je n’avais pas de parrain. Il est vrai que j’ai erré et cherché mes repères pendant un moment, puis un jour je trouve sur mon siège en loge un vieux livre intitulé « le livre des morts égyptiens ». Intrigué par le titre, je lis la page au dos et je me mis à la recherche du frère qui l’aurait oublié en pensant que c’était un frère d’une autre loge. Un frère se retourne. Il venait d’arriver dans notre loge et me dit « c’est mon livre ». Ne connaissant pas ce nouveau arrivant, je lui pose des questions sur cet ouvrage et à ce moment venait de naître un lien de fraternité, tout du moins pour moi. Depuis ce jour là, j’ai trouvé un frère qui me guide, ce qui est pour moi plus important qu’un parrain. En cas de doute ou d’égarement, je me retourne vers lui et il me donne toujours plusieurs voies sans me contraindre. Cet amour fraternel est né sans obligation ou demande d’une des deux parties. C’est pour ça que je trouve le terme guide plus approprié pour notre relation.

A mon passage en maîtrise, il m’a offert un porte clés avec nos trois grandes lumières en me disant « garde-le toujours avec toi ». Au début, je n’ai pas compris mais, maintenant, quand j’ai une décision à prendre ou quand je suis dans une situation critique, je pense à mon porte clés et ! Je pourrais vous parler d’autres anecdotes, d’autres frères mais je ne vais pas dévoiler toutes mes observations. Je laisse à nos jeunes frères le soin de découvrir par eux-mêmes cette lumière qui brille dans chacun de nous.

La dernière anecdote concerne le V\ L\ S\. Il y a quelques années notre temple fut détruit par les flammes. En apprenant cette nouvelle, j’ai téléphoné à notre vénérable maître. A un moment, le vénérable me fait remarquer une chose bizarre : il me dit que tout ce qui pouvait être brûlé avait été détruit par les flammes mais quand il a ouvert notre placard au milieu des cendres et de l’eau, notre V\ L\ S\ était là, sec, sans trace de cette catastrophe. Serait-ce un signe me dit-il ? Je suppose lui répondis-je. Je me pose toujours la question sur ce signe, peut-être dû au hasard. Mais, chers frères apprentis, la prochaine fois que vous préparerez le temple en prenant ce livre, ne le prenez pas comme un vulgaire objet car il y a peut-être quelque chose dans ce petit bouquin, alors traitez-le avec respect.

Conclusion :

Un temple devient un espace sacré quand les trois grandes lumières sont dévoilées. En dehors de ce temps particulier auquel nous donnons sens, le lieu en lui-même est totalement profane, voire quelconque. Autrement dit, nous créons le sens et nous décidons du sacré.

Nous avons besoin de cette dimension spirituelle, toute subjective, qui donne de l'importance, de la consistance à certains lieux, gestes et rites, qui nous font émerger du temps et de l'espace ordinaire, afin de ressourcer ce qu'il y a en nous de meilleur. Les trois grandes lumières transcendent notre vie maçonnique ainsi que notre vie profane.

J’ai dit vénérable maître.

A\ K\

En lui était la vie,
et la vie était la lumière des hommes

la lumière brille dans les ténèbres,
et les ténèbres ne l'ont pas arrêtée.

Il y eut un homme envoyé par Dieu.
Son nom était Jean.

Il était venu comme témoin,
pour rendre témoignage à la Lumière,
afin que tous croient par lui.

Cet homme n'était pas la Lumière,
mais il était là pour lui rendre témoignage

Le Verbe était la vraie Lumière,
qui éclaire tout homme
en venant dans le monde.

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