Obédience : NC Loge : NC Date : NC


Les Trois Grandes Lumières


C’est au milieu du XVIIIème siècle que les irlandais introduisent la notion selon laquelle les trois grandes lumières de la Franc maçonnerie seraient le volume de la loi sacrée, l’équerre et le compas alors que les plus anciennes instructions maçonniques connues attribuaient ce rôle à la lune, au soleil et au maître de la loge.
C’est alors qu’un certain ton, plus voisin et plus proche des églises que des chantiers, est apparu dans les rituels.

Mon travail est réalisé en trois points : le contexte actuel, les trois grandes lumières et leurs histoire et symboles et enfin ma conclusion tout à fait personnelle.
Dans la déclaration de principe de la Grande Loge de France datée du 5 décembre de l’année 5953, il est précisé à l’article 2, je cite : « Conformément aux traditions de l’ordre, trois grandes lumières sont placées sur l’autel des loges : l’équerre, le compas et un livre de la loi sacrée. Les obligations des maçons sont prêtées sur ces trois grandes lumières ». Cet article est également repris dans l’article 139 de notre constitution et règlements intérieurs.
L’équerre et le compas sont toujours associés dans le symbolisme maçonnique. Ces deux outils font partis et sont une partie des fondamentaux des Francs-maçons. Ces outils sont  utilisés par les bâtisseurs depuis les temps les plus reculés.

L’équerre (du latin ex quadra-exquadrare) est un instrument dont la propriété est de rendre les corps carrés. Le carré est le symbole de la terre (la matière). Cette équerre ne peut avoir qu’un sens : celui des statuts de l’ordre et elle n’agit  que d’une seule manière : celle du bien.
L’équerre est le symbole rigoureux d’équité et de constante conciliation entre nos oppositions nécessaires et fécondes. L’équerre c’est un peu notre pavé mosaïque : justice, justesse, équité, dualité.

Cette équerre est le symbole de rectitude qui permet de contrôler la pierre cubique dont nous souhaitons qu’elle s’insère dans la construction du temple idéal, celui dont nous sommes les nobles bâtisseurs. Le travail de l’apprenti, mon travail, est de tailler la pierre brute. Le travail de l’apprenti est de tailler à la fois la pierre et l’œuvre de tailler.
Il est important, pour bien comprendre le symbolisme de l’équerre de garder à l’esprit que l’usage, dans les métiers du bâtiment, était que l’ouvrier fabriquait lui-même la plupart de ses outils et en particulier son équerre.
Géométriquement, il n’a rien de plus simple que de concevoir une équerre : il suffit d’assembler deux morceaux de bois à angle droit. Rien n’est plus aisé si l’on dispose déjà d’une équerre encore que la maladresse étant l’une des choses les plus rependues au monde, certains seraient capables de ne point y arriver.

Cette équerre, si elle fait partie des trois grandes lumières est uniquement là pour transformer la pierre brute en une parfaite pierre cubique. Ainsi, les maçons parfaitement formés seront aptes à participer à l’édification du temple idéal. Nous pouvons être les pierres parfaites, nous pourrions être ainsi actifs et passifs, constitués et constituteurs. L’équerre est le 1er outil que l’on aperçoit lorsque l’on considère les 3GL.
Si l’équerre est un instrument fixe, le compas est un instrument mobile. Si nous comparons l’équerre et le compas, l’équerre est passif, le compas est actif.

Le compas symbolique est le plus simple de tous. C’est un compas à pointe sèche à deux branches rigides. Comme l’équerre, il s’agit d’un des outils des plus anciens. Le symbolisme du compas est le ciel, cad l’esprit.
Cet outil à deux utilisations : tracer des cercles (ou arc de cercles) et/ou de reporter des distances. J’imagine donc que ce compas signifie et s’associe à l’idée de progression, à la marche de progression. Quand il s’associe aux cercles on peut imaginer l’univers dont le cercle est le symbole.
Intellectuellement, le compas serait l’image de la pensée.
J’ai lu que les écartements des branches de celui-ci et leurs rapprochement figurent les divers modes de raisonnement qui selon les circonstances peuvent être larges et abondants ou serrés et précis mais toujours clairs et dissuasifs.

Amélie André-Gédalge, Membre de l'Ordre mixte du Droit Humain, qui fut une véritable pionnière expliquait au siècle dernier dans le dictionnaire du REAA la chose suivante : « le cercle contré par le point est la 1ère figure que l’on peut tracer à l’aide d’un compas. Cette figure est l’emblème solaire par excellence. Elle combine le cercle infini avec le point, symbole du début de toute manifestation ».
L’absolu et le relatif se trouvent donc représentés par l’action du compas qui lui-même offre la dualité (la dualité par les branches et l’union par sa tête).
Ainsi mes très chers frères la franc-maçonnerie limite l’ouverture du compas à 90° maximum. Il s’agit des bornes que nous ne devons pas dépasser. L’angle de 90° reproduit l’équerre. Or nous savons maintenant que l’équerre est le symbole de la matière, le compas est le symbole de l’esprit ; le pouvoir sur la matière.

Le compas ouvert à 45° indiquerait donc que la matière ne serait pas complètement dominée tandis que l’ouverture à 90° réalise l’équilibre entre les deux forces : le compas devient l’équerre juste.
Au 1er degré, l’équerre est placée sur le compas. Ceci indiquerait qu’on pourrait attendre ou demander aux apprentis sincérité et confiance : la matière domine l’esprit.

Nous arrivons à la dernière étape de ce travail sur les trois grandes lumières. C’est surement la partie qui au fond de moi me plait le plus à travailler : le Volume de la Loi Sacrée.
L’usage de la bible pourrait avoir été introduit en Franc-maçonnerie dans le rite du « mot de maçon », créé en 1637 en Ecosse. Ce rite serait le plus ancien rite de la Franc Maçonnerie spéculative. Le mot de maçon (Masson’s Word) peut être calqué sur God’s Word (parole de Dieu). C’est par cette expression que les calvinistes d’Ecosse désignaient la bible, porteuse de la parole de Dieu.
La religion principale d'Ecosse est chrétienne, réformée dans le sens de Calvin, qui est plutôt une religion conservatrice. La hiérarchie du clergé catholique est ainsi rejetée au profit d’une hiérarchie plus locale.
En utilisant cette expression, ces calvinistes souhaitaient revenir à un christianisme authentique et antérieur aux pratiques de l’église des catholiques romains. A la même époque dans le rite des anciens devoirs, les nouveaux membres prêtent serment sur les règlements du métier.

Aujourd’hui, chaque rite, chaque obédience voit midi à sa porte. Bible, livre blanc, constitution d’Anderson, Coran… chacun est libre de ce choix. Notons tout de même qu’il existe un désaccord sur la présence obligatoire ou facultative de la bible ouverte entre les obédiences maçonniques. Etant catholique, j’avoue aujourd’hui que prêter serment sur la bible n’a pas été un frein, mais plutôt un accélérateur.
Ce livre Sacré est l'ensemble constitué de l'Ancien Testament et du Nouveau Testament (66 livres au total). Le fait d'employer le singulier indique que l'on considère ces livres comme formant une unité particulière, faisant de la Bible une pièce supérieure à toutes les autres œuvres littéraires d'origine humaine.

Dans le REEA c’est la bible, ouvert au prologue de St Jean, qui nous sert de livre de tradition. Ce livre, la bible est le livre de la tradition des Hommes, cette fabuleuse chaîne des initiés qui ont traversé le temps. Chez nous la bible nous est proposée sans dogmatisme. La démarche du REAA est celle de la totale liberté de penser.

Mon point de vue dans tout cela et en guise de conclusion ?
Les trois grandes lumières sont une excellente source éducative et pédagogique de notre démarche initiatique. Progresser de la terre vers le ciel, de la matière vers l’esprit, pour comprendre et faire sien le message de la tradition initiatique, cheminement vers la connaissance.
Question : « Qu’avez-vous vu en recevant la lumière ? »
Réponse : « L’autel sur lequel j’ai prêté serment avec les trois grandes lumières de la Franc Maçonnerie »

Les trois grandes lumières sont un ternaire supplémentaire assez inexplicable. Inexplicable tellement celui-ci est simple, concis et largement suffisant mais paradoxalement inexplicable dans ma conception de la vie maçonnique je j’ai choisie. Prêter serment est un exercice solennel noble. Quand j’ai prêté ce serment devant vous j’avais bien en tête de garder les trois finalités suivantes : faire grandir mon âme, être un homme d’honneur, être un citoyen fidèle et droit.

Ce ternaire façonne mon idéal spirituel avec ce compas, cette équerre et ce volume de la loi sacré dans mes fondation, dans mon credo. La Bible pour diriger et gouverner notre loi (ou notre foi ; l’équerre pour mettre nos actions d’équerre ; le compas pour nous maintenir dans de justes bornes envers tous les hommes, particulièrement envers vous mes frères.
Lors de mon initiation je n’avais pas pris conscience jusqu’à ce travail que dans ma vie passée ma démarche n’a surement pas été réglée d’après ces symboles ‘exactitude et d’ouverture. Celles-ci règlent aujourd’hui mes pensées et mon action le plus souvent possible. L’esprit initiatique dans toute sa transcendance, comme je l’aime.

Vénérable Maître, j’ai dit !

S
\ B\

3063-D L'EDIFICE  -  contact@ledifice.net \