GLNF Loge : Nicolas Dalayrac - Orient de La Réunion 07/2009


Lumière Australe

Approche Culturelle et Cultuelle dans l'Océan Indien
et Son Inspiration Maçonnique


Lumière Australe… Un titre qui, à priori, suscite la réflexion puisque, s’il y a bien une constante universelle c’est évidemment la lumière et sa vitesse qui constitue une barrière infranchissable dans notre univers ; barrière qu’il est tout de même possible de traverser dès que l’on change d’Univers et que l’on abandonne le concept du sensible au profit de l’intelligible. Mais alors, qu’y aurait-t-il « d’austral » dans la lumière qui nous baigne au fil du temps sur notre île ?

L’approche culturelle impose le pluriel à cette notion de Lumières Australes ; si l’on considère les multiples racines culturelles ainsi que les nombreuses pratiques religieuses donc cultuelles ostensiblement présentes sur notre microcosme réunionnais et que l’on est amené à côtoyer, considérer et tolérer à chaque instant dans sa vie de tous les jours.

Les cultures très diverses s’éclairent les unes les autres sans rivalité et conscientes chacune de leur légitimité et de leur spécificité.

L’approche cultuelle de notre microcosme austral est indéniablement l’une des plus diversifiée et des plus multiple du monde et l’on pourrait même lui conférer le qualificatif d’endémique de par la variété des cultes,  leur proximité, presque promiscuité et l’équilibre qui s’établit naturellement, laissant à chacun son domaine d’influence équitable générateur sinon de tolérance, du moins de Paix Sociale et Religieuse.

Il est aussi question de Lumière Australe et d’inspiration maçonnique et, comme bien souvent dans ce type de démarche, on ne voit d’emblée que l’antagonisme flagrant entre ces deux notions : la lumière nous place géographiquement à la surface de la sphère terrestre, l’australe dans l’hémisphère sud, la boréale dans l’hémisphère nord. Mais il y  a lieu de ramener ce binaire à l’unité par le moyen du nombre trois"... la lumière australe et la lumière boréale s’unissent pour générer la Vraie Lumière, celle qui éclaire tous les Maçons du monde ...  L’inspiration maçonnique fait référence à l’initié, celui qui cherche la lumière partant des ténèbres et élevant son niveau de conscience au dessus et par delà les deux hémisphères.

La dualité reste et demeure l’apanage du monde terrestre, elle est inhérente à la Création et nous en sommes issus. Elle n’est, pour nous, que le passage obligé vers le ternaire de l’homme libre et de bonnes mœurs d’une part et vers l’Unité métaphysique pour tous les maçons éclairés du monde d’autre part. Ces Franc-Maçons qui auront retrouvé la Vraie Lumière au centre des cardinaux Septentrion, Midi, Occident et Orient et au-delà des hémisphères Austral et Boréal.

Les lumières de l’hémisphère sud restent toutefois de constants stimuli pour notre intelligence contemplative. Celles et ceux qui ont un jour levé les yeux au ciel d’une belle nuit dans l’hémisphère austral ont vu ce spectacle que la plupart des Européens n’ont plus vu depuis longtemps ou pour beaucoup d’entre eux aujourd’hui, n’ont tout simplement jamais vu. Deux cent milliards d’étoiles brillant de tous leurs feux, illuminant le ciel nocturne d’une lumière diffuse traversant la voûte céleste de l’occident à l’orient et qu’on appelle la Voie Lactée, pratiquement impossible à voir de nos jours dans l’hémisphère nord habité tant les pollutions lumineuses envahissent presque la totalité du ciel boréal.

Pour nous pauvre insulaire perdu au bout du monde, que ne nous réjouissons-nous pas d’avoir échappé jusqu’alors à ce tsunami aveuglant des pays du nord et, plutôt que d’envier ces esclaves de la rentabilité dont les lumières artificielles pillent les ressources de la planète et plutôt que  d’occulter toutes les richesses qui nous sont, ici, encore offertes, profitons, profitons pleinement de cette Lumière Australe. Comme absorbé par cette infinie puissance de lumières dans les ténèbres que d’aucuns auront sûrement connu dans le passé, puis oublié, on ne peut que se recueillir devant cette immensité de l’Univers et s’interroger avec humilité sur la place que notre humanité y occupe. Conscient d’être un rouage de cette magnifique horloge et paraphrasant le grand Albert Einstein sur le fait qu’elle doit forcément avoir un horloger que nous nommons G\A\D\L\U\

L’un des sept arts libéraux est l’astronomie, mais devant la poussée démographique et les nuisances lumineuses croissantes qui en découlent, fort rares sont ceux qui peuvent encore s’y adonner dans l’hémisphère Nord. Cette conséquence fâcheuse tire pourtant sa source d’un siècle appelé à juste titre le siècle des Lumières pour autant que ce mouvement intellectuel, culturel, philosophique et scientifique œuvrait pour le progrès et contre les oppressions, religieuses, morales et politiques de l’époque ; mais trop de lumière rend aveugle …

Les ténèbres sont nécessaires pour contempler la Lumière, ils sont les seuls véritables révélateurs de la Lumière. La conférencière Jacqueline Kelen remarque :
« …dans les récits mythiques, dans les textes inspirés, les évènements essentiels, porteurs de sens ont lieu la nuit … les yeux de l’âme s’ouvrent la nuit et le savoir est lié au jour, la Connaissance à la nuit ».

En se manifestant dans le monde phénoménal, l’esprit divin nécessairement se voile, s’obscurcit ; la nuit serait sa théophanie la plus profonde, la plus vraie, la plus juste et la plus discrète. La nuit ouvre à plus vaste que soi et au plus grand que soi. L’homme s’égare dans le jour, il oublie sa part la plus subtile. La nuit l’invite à renouer avec le monde céleste en déliant d’abord les entraves de la perception sensible.

Le domaine du mystère requiert, de celui qui veut pénétrer son obscurité, d’abandonner le langage et de passer de la pensée rationaliste discursive à l’intelligence contemplative où la raison, toujours présente, reste strictement et intimement à sa place.

L’éveil de la conscience transforme la nuit ténébreuse en nuit lumineuse. Dans la Loge, cette conscience divine est symbolisée par le Delta Rayonnant qui se trouve entre le soleil et la lune, lieu central du monde métaphysique sans dimension, hors du temps et de l’espace et dans l’éternel présent sans durée car, derrière la lettre, il faut ici comme en toute chose chercher l’Esprit.

Comme le Cœur de l’Homme, il me semble que le lieu lui-même garde réminiscence de la présence divine manifestée. C’est ainsi que certains lieux comme les Cathédrales par exemple sont emplis de Grâce et de Sainteté. Alors il me semble que la matière première issue du Centre de notre Terre garde trace de son Essence avant et jusqu’à ce que l’homme n’en fasse qu’une matière inerte par une « rétro-transmutation » que provoque inéluctablement tant de regards profanes.

Le sculpteur, le potier et les constructeurs de Cathédrales caressent la matière avec leur Cœur et avec leur Âme pour retrouver et faire jaillir de cette matière la formidable présence divine qu’ils partagent et dont ils font profiter ceux qui ont au fond d’eux-mêmes la vraie sensibilité pour cette Lumière Divine ; comme le papier photographique s’imprègne de la lumière.

Ainsi notre île australe très jeune parmi les autres continents garde encore dans sa conformation, l’accent divin qui l’a créé, c’est cette Lumière australe qu’il ne tient qu’à nous de magnifier encore davantage…

JM C et D L

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