GLFF Loge : NC 25/02/2009
Les Liens vers plus de 30 Planches sur ce sujet, sont au sommaire du Recueil R168 : La Lumière

Que la Lumière qui a éclairé nos Travaux
Continue à briller en nous
Pour que nous poursuivions au dehors
L’œuvre commencée dans le Temple,
Mais qu’elle ne reste pas exposée
aux regards profanes

Cette phrase, j’ai du l’entendre, depuis que je suis parmi vous, presque 150 fois, et a chaque fois, elle m’a interloquée, questionnée, désorientée. Au fur et à mesure des tenues, cette invocation, dite par la V\M\,  juste avant l’extinction des piliers  Sagesse, Force et Beauté, a retenti dans le Temple et en moi sans que j’y trouve une compréhension « vécue ».

Vécue, c'est-à-dire pas seulement une compréhension intellectuelle, livresque. Cette explication là, je pense pouvoir la donner (rapidement cela dirait : la lumière ne doit pas être exposée car c’est la lumière de l’initiée, elle est liée au secret, au serment et elle ne doit pas être exposée car elle ne serait pas comprise.)

Mais je recherche plutôt un entendement profond qui donne la possibilité d’une réflexion  au sens étymologique du terme, qui me permette ce travail inhérent à toute maçonne : tailler ma pierre et avancer vers la connaissance.

C’est surtout la dernière partie de la phrase « Mais qu’elle ne reste pas exposée aux regards profanes. » qui à chaque fois m’a heurtée.

 Cette formulation qui ressemble à  une injonction, une prière, un avertissement, m’a souvent irritée parce que  je ne la comprenais pas. J’y avais toujours ressenti un certains mépris envers le monde profane, monde dans le quel je passe, comme vous toutes j’imagine, la majorité de mon temps. Pourquoi cet avertissement ?

J’en suis donc venue à me poser les questions suivantes :
- Pourquoi le rituel nous dit sous forme de mise en garde: mais qu’elle ne reste pas exposée aux regards profanes ?
- qu’est ce que le profane ? Le regard profane ? Et bien sûr, qu’est ce que le sacré ?
- pourquoi cette lumière ne doit pas être exposée aux regards profanes ? Et comment pourrait-elle l’être ?qu’arrive t-il sinon ?
- qu’est ce que le secret maçonnique ?

Je ne crois pas, aujourd’hui, après cette réflexion que j’ai menée, être parvenue à répondre à toutes  ces questions de manière satisfaisante. Il me semble qu’il persiste beaucoup de zones d’ombre que vous m’aiderez peut être, mes SS\, à faire disparaitre ? Ou bien faut-il que cette ombre persiste un peu pour que la Lumière n’en soit que plus visible ?

Bien sûr, quelques définitions vont m’aider :

Lumière Maçonnique : Symbole fondamental de l'initiation maçonnique ; une loge donne la lumière au néophyte lors de la cérémonie d'initiation.

Profane : Le mot vient du latin pro fanum (de pro «devant» et fanum «lieu consacré»).qui signifie en avant, en dehors du sacré. Les Francs-Maçons qualifient de profane tout ce qui est en-dehors de Temple, qui n‘appartient pas à la Franc-maçonnerie. Une personne non initiée est profane. 

Sacré : qui appartient à un domaine séparé, interdit et inviolable  et fait l’objet d’un sentiment de révérence religieuse (petit Robert); Il y a une étroite similitude entre les mots « sacré » (sacratum) et « secret » (secretum) : il s'agit dans l'un et l'autre cas de ce qui est mis à part.

Mais ces définitions livresques, je les connais déjà, elles ne m’aident pas réellement à expliquer ce sentiment d’incompréhension  que je ressens à l’énoncé de cette phrase qui résonne  à chaque fin de tenue. Je me suis donc tournée vers le rituel du 1° degré et le rituel d’initiation.

Cet énoncé  fait le pendant à une autre phrase de notre rituel. Juste après l’invocation au G\A\D\L\U\ qui permet l’ouverture des travaux, la V\M\ Nous dit :
« Nous ne sommes plus dans le monde profane, 
Nous avons laissé nos métaux à la porte du Temple,
Élevons nos cœurs en FraternitéEt que nos regards se tournent vers la Lumière. »

Trois mots en commun dans ces deux textes : Temple, Lumière, et profane.

Temple : c’est un lieu où nous allons transformer notre rapport au temps et à l’espace grâce au rituel d’ouverture. Il y a donc le dehors et le dedans, Le sacré et le profane. Il y a l’œuvre que nous commençons dans le Temple et que nous poursuivons hors du Temple. Le temple est le creuset de l’alchimie qui va me faire passer du monde profane au monde initiatique. Il s’agit aussi, quand le temple de la maçonne  s’éclaire, de notre temple intérieur  celui qui n’est jamais  perceptible par le monde profane. Quand nous allons sortir, nous allons à nouveau changer d’espace- temps.  Mais tout ce passe dans notre moi profond devrait rester intact. Mon temple intérieur devrait toujours rester éclairé.

Lumière : la lumière qui a éclairée nous travaux :de qu’elle lumière parlons-nous ?

Dans le temple, la lumière est abondante, une fois les travaux ouverts. Il y en a plusieurs au sens symbolique comme au sens matériel :

Les 3 Grandes Lumières ( déclaration de principe, équerre et compas),Les lumières des piliers Force,Sagesse et Beauté ; Les 5 lumières de la loge ( la V\M\ et les 2 surveillantes,l’Orat\,et la Sec\ ) ;la lumière éternelle posée sur le plateau de la V\M\; Les étoiles des 2 surveillantes ; Le chandelier à 3 branches ; La voute étoilée ; Le soleil et la lune ; et le Delta lumineux.Toutes ces sources de lumière nous enveloppent progressivement au fur et  à mesure que la Loge s’éclaire.


Dans le rituel d’initiation il est dit :
« Que demandez vous pour la néophyte soit admise parmi nous : La Lumière. »
« Pourquoi voulez vous être reçue franc maçonne ? » :
« parce que je suis dans l’obscurité  et que je cherche la Lumière. »

C’est donc de cette lumière là dont je veux parler, celle qui faite de la profane une initiée  puisque, d’une certaine façon, les autres n’en sont que des traductions ou des aides.

Cette lumière qui permet le passage du monde profane d’un monde sacré. La lumière qui a éclairé nos travaux  c’est la lumière symbolique de l’initiation. J’ai reçu la lumière comme vous toutes, et bien sûr, j’ai eu le semtiment que quelque chose c’était passé… mais ai-je vraiment eu le sentiment d’être initiée ?... (Je peux dire que j’ai vécu une cérémonie d’initiation)

D’ailleurs, le manuel d’instruction au grade d’App\ nous met en garde: « les rites initiatiques n’ont aucune vertu sacramentelle : la profane reçue Maçonne n’a point acquis par ce seul fait les qualités qui feront d’elle un penseur éclairé. L’App\ a pour premier devoir de méditer les enseignements du rituel d’initiation afin d’y conformer sa conduite»

Et la toute première parole que va prononcer la V\M\,c’est de demander à la postulante un engagement d’honneur au secret.Et ensuite par trois fois elle va lui faire  répéter ce serment du secret :
- quand elle lui lit ses devoirs en lui disant que le premier devoir est le silence sur tout ce qu’elle pourrait entendre pendant la cérémonie ;
- puis  le serment  de la coupe des libations qui invite l’aspirante au SILENCE LE PLUS ABSOLU ;
- et puis encore, à l’hôtel des serments,quand elle prête son obligation,la toute première chose qu’ elle jure et promets c’est de ne jamais rien révéler aucun des secrets de la FM.

Tout ceci se passe avant que l’aspirante reçoive la lumière. Ce secret conditionne, sous tend  le passage du monde profane au monde sacré. Cette idée du secret me dérangeait.

Sans doute parce que notre temps n'est pas celui du secret, mais de son opposé, la transparence. Il y a même une idéologie de la transparence qui l’assimile à la vérité, à la rectitude, tandis qu'à l'inverse le secret comporterait l'inavouable et la culpabilité. Pourtant, il concerne une part importante de notre expérience et de notre vécu et constitue notre intimité. La profondeur de l'intériorité n'existe que parce qu'elle est soustraite au regard de l’autre. Elle ne peut être partagée que dans l’intimité et la confiance, c’est-à-dire dans le secret. Il est donc difficile de séparer le secret de l’initiation. « Le secret ce n’est pas ce que l’on cache, c’est le cheminement ritualisé qui vous permet de progresser » : Henri Caillavet Co fondateur de l’ « association du droit de mourir dans la dignité ». FM au GO

Profane : Qu’est ce qui fait dans le monde profane la différence entre moi et les autres ? Suis-je capable de voir les initiés et sont-ils capables de me voir ? Non, je ne crois pas.

Je reçois depuis plusieurs  années un patient dont je sais qu’il est initié, parce qu’il porte un symbole maçonnique en bijou. Il ne sait pas que je suis moi-même initiée,si je n’avais pas vu ce bijou, je ne l’aurais jamais deviné. Il serait un profane pour moi. Pourtant, j’apprécie ce patient pour ses qualités humaines, ses valeurs  et je pense que c’est réciproque. La séparation profane /sacré ne se situe pas là.

Qu’elle ne reste  pas exposée aux regards profanes : ce qu’il faut que je comprenne, c’est que c’est mon regard à moi qui risque d’être  profane, dès que je sors du temple, mon regard perd  la lumière qui à brillé dans le temple, j’oublie….Je dois rester éveillée, initiée même dans le monde profane, même si personne ne s’en rend compte. Je ne suis pas parfaite, je suis égoïste, orgueilleuse, paresseuse et  prisonnière de l’image que les autres ont de moi, mais j’essaye  de tendre vers la générosité, l’humilité, le courage, et la maîtrise de mon ego. Etre initiée c’est en permanence porter ses outils en soi, et s’en servir  sans ostentation.

Oserais-je vous avouer que je n’ai pas toujours compris ce qu’initiée voulait dire ?

Ai-je vu la Lumière ? Oui, mais j’avais déjà, avant de rentrer en FM l’envie de m’améliorer et d’œuvrer pour l’amélioration de l’humanité. J’avais l’impression d’être déjà sur la voie,  d’être déjà « initiée », en quelque sorte, puisque j’étais en recherche. La voie maçonnique m’a paru évidente par ses buts. Mais ses moyens : « une voie initiatique basée  sur l’étude des symboles » ; j’ai compris très tard ce qu’initiatique veut dire,que la Lumière est liée à l’initiation et l’initiation suppose une transmission et que cela implique deux choses indispensables :
            -  une connaissance à transmettre
            -  une méthode de transmission
La transmission correspond à l’accès à une connaissance par le passage des ténèbres à la lumière et notre objectif est d’en chercher la nature et la réalité, au-delà du symbole. C’est le rituel vécu qui seul peut transformer la vision que nous avons de la Lumière. Et vécu grâce à la Loge, grâce à toutes les SS
\. La fraternité est indispensable à la transmission.

Une citation de Pierre Simon : qui m’a marquée« Ce n’est pas en Loge que j’ai appris la Médecine, l’Université m’a donné une Science ;mais la Franc-maçonnerie a développé ma Conscience. » Pierre Simon a été Grand maître de la Grande Loge de France, Gynécologue, accoucheur, co-fondateur du Mouvement français pour le planning familial.

Faire le lien entre le spéculatif et l’opératif, c’est à nous de le faire. En loge ont nous donne les outils, avec le devoir de s’en servir dans le monde profane.Qu’elle« continue à briller en nous » cette lumière pour ne pas oublier que nous sommes en loge un Etre initié, et qu’elle nous  ouvre les portes de la connaissance.

.Je suis initiée parce que je cherche la lumière, grâce à une tradition maçonnique. Grâce au rituel. Grâce à la loge.Grâce à la fraternité. Sans les autres sœurs, je ne suis pas initiée. Je ne crois pas que le terme d’initiée veuille dire  «  qui est aux courant des secrets maçonniques », ces secrets n’en sont pas. Les mots, signes et attouchements, les rituels, les grades, tout un chacun peut les trouver dans la littérature, sur internet. Le secret, c’est ce que je vis dans la loge, c’est mon travail, mon expérience sensible. L’initiation, ce n’est pas un état de fait, c’est le chemin lui-même que j’emprunte en toute liberté  et en toute responsabilité, en suivant la Règle, comme je m’y suis engagée.

C’est le rituel qui me guide, il n’y a pas de gourou, pas de sage, mais une recherche vers la connaissance, vers la lumière. Nous sommes là pour prendre notre place dans la Loge est au dehors. Que nos regards se tournent vers la lumière : c’est à chaque fois une initiation, à chaque tenue.

Le rituel nous indique comment procéder à l’ouverture de la loge, c'est-à-dire  à notre ouverture. Et comment procéder à la fermeture de notre Temple intérieur pour que toute la puissance de cette lumière reçue en loge puisse servir du mieux possible nos idéaux  dans la vie de tous les jours.

 
" Ce que nous accomplissons à l'intérieur modifie la réalité extérieure "

Otto Rank (1884 - 1939) psychanalyste

J’ai dit

D
\ T\
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