Le tapis de loge (TdL)

Remarques préliminaires

A) Introduction :

Ce module est utilisé pour donner à l’Apprenti des notions de symbolisme complexe intégré au Cérémonial. Il ne faut pas tomber dans le piège de vouloir (le peut-on!) traiter du symbolisme du Tapis de Loge dans sa quasi-totalité, mais de dégager de cette description ce qui peut expliquer la place symbolique de l’Apprenti dans la Loge, afin de lui faire comprendre le message des symboles dans l’élaboration du chemin maçonnique.

L’analyse des thèmes traités dans ce module a donc été soigneusement choisie dans ce but.

B) Moyens pédagogiques :

a) Maquette du tdl : Il s’agit d’une représentation du TdL par sous-ensembles, et par éléments qu’il faut replacer, associer etc.

b) Questions réponses : Succession de questions simples sous forme de cartes que l’on tire au sort.

A) Généralités et place du tapis dans la loge

A/1) Généralités :

Le terme Tapis ou Tableau de Loge est indifférent. Il s’agit au RER d’un objet élaboré qui n’est pas dessiné à chaque Tenue. La forme tapis permet une facilité de rangement en cas non permanence du local. Il est tout le temps visible, et ne doit donc pas être ni caché ni retourné.

A/2) Place du tapis dans la loge : (illustration 01)

Le TdL est au centre de l’espace formé par la base du gradin et les deux surveillants. Il est posé à même le sol, entouré de trois piliers flambeaux. Les points cardinaux marqués sur ses côtés permettent de l’orienter.

A/3) Forme du tapis : (illustration 02)

Le TdL est un « carré long » (rectangle) de proportions 2X3, de grand axe Ouest Est, de cette forme « verticalisée », traduit une démarche d’élévation, de mouvement de la base (Occident Terre) au sommet (Orient Lumière) On rappelle que hors Cérémonie de Réception, ou venue d’un grand Dignitaire, nul ne peut passer au-dessus de ce Tapis. Il est contourné par le Nord.

B) Description du tapis de loge

B/1) Éclaté du tapis de loge : (illustration 03-04)

Le TdL se décompose en deux éléments : une bordure, et un motif central, lui-même divisé en deux parties : un rectangle inférieur, et un carré supérieur.

B/2) Bordure (symbolisme) : (illustration 03)

Composée d’un damier de carrés moitié noir moitié blanc, exception des angles où les carrés sont monochromes (il y a deux blancs et deux noirs). Cette bordure, représente la séparation entre Sacré et Profane. Le carré pouvant représenter symboliquement l’Homme, on peut voir dans cette Bordure, la représentation de tous les Frères assemblés. L’aspect bicolore traduit le Bien et le Mal qui compose chacun de nous. Avec plus de retenue on peut y voir également le mélange de Profane et de Sacré, la base noire des carrés bi chromiques tournée vers le Profane, et la base blanche vers le Sacré valorise la démarche maçonnique, la face dans la Loge étant plus « positive » que la face tournée vers le monde profane. À une autre échelle, les carrés peuvent symboliser les Loges de la F\ M\, protégeant l’Ordre, le Noir étant la couleur de l’Homme et le Blanc celle de la Divinité. Le fait que les angles, symbole de la fixité soient monochromes, montre que le monde est écartelé entre ces deux pôles, avec parfois une dominance exclusive du Sacré (angle blanc) ou du Matériel (angles Noirs).

B/3) Rectangle inférieur du motif central : (illustration 04-06)

Le rectangle inférieur est « horizontalisé » : il vient s’opposer à la dynamique « verticalisée » du TdL dans sa globalité. Dans sa partie inférieure, on trouve les trois matériaux symboles des Apprentis,Compagnons, et Maîtres: la Pierre brute au Nord-Ouest, la Pierre cubique au Sud-Ouest, et au centre au milieu et en avant des deux autres formant un triangle, la Planche à tracer (avec les clefs de l’alphabet maçonnique).

Dans la partie supérieure de ce rectangle couché, se trouve un escalier à 7 marches (numérotées 3,5,7), en forme de tiers de cône, et terminé par un parvis circulaire, en pavé mosaïque à damiers losangiques noirs et blancs.

B/4) Carré supérieur du motif central : (illustration 05-08)

• De par sa forme carrée, cette partie du TdL doit être considérée comme plus aboutie : effectivement, elle correspond au temple intérieur, et a donc une sacralité supérieure à celle du rectangle couché inférieur qui lui représente les parvis.

• À la base de ce carré, se trouve la porte du temple, qui est de forme cochère, avec un double battant. De chaque côté de cette porte, se trouvent deux colonnes à chapiteau, dont celle du Nord est marquée de la lettre J correspondant au « Jakin » du Grade d’Apprenti.

• Le centre du carré voit deux groupes symboliques celui des outils et celui des astres formant chacun un triangle. Le groupe symbolique des outils forme un triangle à pointe ascendante, composé de l’Équerre au sommet et à la base, de la perpendiculaire (Nord) et du Niveau (Midi). Le groupe des astres, forme un triangle à pointe descendante, dont le sommet est composé de l’Étoile Flamboyante (elle est au centre du carré), aux angles de la base, se trouvent le soleil (Midi) et la Lune (Nord).

• Une houppe dentelée, ceint trois côtés du carré, laissant libre la base. Deux noeuds sur chacun de ses côtés ornent cette houppe.

C) Symbolisme dynamique du tapis de loge

C/1) Symbolisme du rectangle inférieur:(illustration 07)

• La forme allongée du rectangle implique que la principale préoccupation de l’A est « terre à terre » : il doit d’abord maîtriser ses passions profanes. La position en triangle des trois meubles emblématiques immobiles atteste de cette symbolique.

La Pierre Brute se trouve dans l’angle Nord-Ouest (place du SSur en charge des A), la Pierre Cubique dans l’angle Sud-Ouest (place du PSur en charge des C), la Planche à tracer est elle, en plein axe de la Porte du temple, et se trouve ainsi dans la position permettant le plus court chemin pour gravir l’escalier.

Il y a donc une dynamique pour se rapprocher de la Porte du temple: d’abord une « reptation » longitudinale, qui permet à l’apprenti de s’approcher de la chaleur et de la Lumière du midi, mais en restant sur un plan matériel (il longe l’occident), puis obtenu le Grade de Compagnon, il se déplacera alors vers la vraie Lumière celle de l’Orient, pour se mettre dans l’axe de la Porte du temple.

• Le Rituel précise que l’escalier est « en portion de cercle », si cet escalier était attenant à la base du carré, il aurait été évident de dire en demi-cercle. La précision du Rituel, implique qu’il ne va pas latéralement jusqu’au mur (symbolisé par la ligne de jonction rectangle carré).

Pour accéder à ce palier et à la Porte, il faut être dans l’axe de l’escalier, on a vu que la position du M (Planche à tracer) est la plus ergonomique. Mais la forme de l’escalier permet une certaine errance autour de cet axe, du fait que, lorsque l’on arrive au pied de l’escalier, la distance pour accéder au sommet est quasiment la même.

On peut voir ici une symbolisation que le Maçon qui a dévié de la trajectoire n’est pas perdu pour autant, et que l’on peut toujours reprendre l’ascension de l’escalier.

Malheureusement la forme de l’escalier met aussi en évidence des angles morts, d’où la montée est impossible. Il existe donc symbolisé, un endroit où le Maçon peut se perdre, et ne jamais rejoindre la Porte du Temple.

Le palier en pavé mosaïque, est d’abord une halte après la dure ascension. Pour le Rituel, il désigne « l’entrée du souterrain du Temple », symbolise-t-il que même arrivé au sommet de son parcours maçonnique, il y a toujours une possibilité de retourner à l’abîme ?

Le blanc et le noir symbole du Bien et du Mal, expriment la lutte permanente que nous devons mener, pour cette Élévation que nous recherchons. La forme originale losangique (donc féminine) clairement stipulée par le Rituel est-elle un rappel féminin ? A-t-elle une relation symbolique avec les Colonnes (symbole phallique) ?

C/2) Symbolisme de la porte et des colonnes:(illustration 09-10)

• La Porte du Temple est à double battant, chacun muni d’une poignée, et s’ouvrant visiblement vers l’extérieur. Elle est arrondie à son sommet, amorçant ainsi vers le haut une ébauche de cercle symbole de l’Esprit. Pour l’ouvrir, il faudra tenir les poignées des deux mains et se présenter thorax avancé, les bras ne pouvant assurer de protection : donc en toute confiance. Ceci symbolise la confiance du Maçon en la Lumière Intérieure. C’est cette même Foi, qui lors de sa Réception, lui a fait les yeux bandés, donner sa confiance au V\ M\ lui affirmant qu’il avait la main posée sur la Bible.

• Les deux colonnes, symbolisent le lien vertical entre le Ciel et la Terre. Elles rappellent que le GADLU a envoyé sous forme humaine, son Fils sur Terre.

• La Colonne J est celle au pied de laquelle se font payer les A (ils grimpent donc l’escalier pour leur rémunération !)

C/3) Symbolisme des astres et des outils:(illustration 11)

• Soleil et Lune forment la base d’un triangle isocèle dont la pointe, dirigée vers le bas (la « Terre »), est l’Étoile Flamboyante. Le Niveau et la Perpendiculaire sont la base d’un triangle plus petit, équilatéral, dont le sommet l’Équerre est dirigé vers le haut (le Ciel). L’Étoile Flamboyante est par ailleurs au centre exact du carré.

Les astres représentent la Lumière qui descend vers les Hommes (rappel du Christ envoyé sur Terre), mais aussi la partie spirituelle de chacun. Les outils symbolisent le matériel. Nous voyons ici une interpénétration des deux groupes de symboles jusqu’à réaliser une fusion du spirituel (Triangle isocèle des astres), avec la perfection du Maçon accompli (Triangle équilatéral des outils), symbolisé par le sceau de Salomon (Voir Illustration).

Cependant la comparaison de taille des triangles, indique que (du moins à ce Grade…) le matériel n’équilibre pas le spirituel : le sceau est ici asymétrique.

• On notera la disposition des outils au-delà de la Porte du Temple, qui est identique à celle des matériaux situés dans le Porche: même à l’intérieur du Temple s’applique l’ordonnancement maçonnique.

C/4) Symbolisme de la houppe dentelée : (illustration 11)

- Selon le Rituel, elle sépare le Sanctuaire du reste du Temple, sa position est donc curieuse sur notre TdL, car cela implique que le carré est le Sanctuaire. Ceci est cependant concevable si nous donnons une interprétation chrétienne : de par la venue d’un Fils charnel, il n’existe plus que deux réelles entités : le Monde Créé et Dieu.

Notes

• Tapis de Loge

- Livret GLNF/RER : gestuelle du grade d’Apprenti Chapitre 2 page 9.
- Livret GLNF/RER : gestuelle du grade d’Apprenti Planche VIII page 29.

Au sujet de cette illustration : la bordure diffère nettement de celle dessinée dans le Rituel, si la forme en triangles isocèles n’apparaît pas choquante, on note par contre que les compartiments ne sont pas nettement marqués comme précisé dans le Rituel. Il faut donc au minimum tracer un cadre intérieur reliant les pointes des triangles et au mieux refaire une bordure identique à celle du Rituel.

- Rituel Apprenti : Chapitre 1 page 6, catéchisme page 77-78.

• L’Étoile flamboyante, esquissée sans le flamboiement dans le Rituel est affublée d’un flamboiement dans le manuel d’Instruction de Jean de Turckheim. L’étude attentive du Rituel montre différents faits :

- L’Étoile est bien appelée « flamboyante » dans la description du TdL (page 2).

- Elle est représentée sans flamboiement sur le dessin du TdL dans le Rituel officiel (planche 3).

- Dans le catéchisme(P78), à la question : « Que représente l’Étoile flamboyante ? » le jeune maçon répond : « Je l’ignore n’ayant pu la contempler ».

Il y a donc une apparente contradiction et à double titre : L’Étoile est bien visible, mais l’Apprenti ne l’a pas vue ! Nous avons adopté l’explication suivante :

Cette Étoile sur le TdL d’Apprenti est « potentiellement flamboyante », il est donc normal que ne resplendissant pas au Grade d’Apprenti elle ne soit pas visible par l’Apprenti (on devrait plutôt dire que sa Lumière n’est pas visible par l’Apprenti), comme il le dit dans son catéchisme.

Cette attitude a le mérite de rendre cohérents le schéma du TdL et la réponse concernant l’Étoile dans le catéchisme, mais elle ne résout pas tout car…sur le TdL du Grade de Compagnon, cette Étoile n’est toujours pas flamboyante… (!), peut-être peut-on dire que le Compagnon l’a grandeur nature sous les yeux ?

Les représentations du TdL en, illustration sont donc celles du Rituel, simplement mise en couleurs.