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La Kabbale

Franc Maçonnerie et kabbale : de prime abord, cela peut paraître assez saugrenu de lier ces deux matières, du moins au point de vue d’un profane. Et c’est là que les athéniens s’atteignirent, c’est que justement nous ne sommes point des profanes.

Si l’idée de cette planche m’a effleuré l’esprit, c’est grâce à une autre planche de notre frère Jean Claude, qui parlant de notre rituel et de ses implications sur le monde visible et invisible,faisait allusion à la Kabbale. Me demandant en quoi la Kabbale pouvait être reliée à notre travail de franc-maçon, je me suis donc intéressé de près à cette discipline et fidèle à ma formation scolaire, « si tu veux comprendre quelque chose, réfère toi à son histoire » je vous en brosserais donc un petit historique.

L’histoire de la Kabbale, « qabalah » en hébreu, peut se découper en huit phases principales :

1ère période : du IIème siècle avant JC au XIIè après JC, se situe la mystique du Talmud : mystique de la « merkava » (kabbale du char céleste) et du « massé béréchit » (kabbale sur la création du monde).

2ème période : de 1200 à 1300, comportent trois grandes écoles : Provence, Espagne et Allemagne. Cette période voit fleurir des ouvrages comme le « Bahir » (livre de la clarté) ou le « sefer hassidim » (livre des hommes pieux) ainsi que de grands maîtres, tels Isaac l’aveugle, Nahmanide.

3ème période : qui court à partir de la fin de la seconde(1280-1300) voit l’apparition d’une œuvre majeure de la Kabbale : le « Zohar » (livre de la splendeur), publié par Moïse de Léon (rabbi Chimone Bar Yohaï).

Ce livre éveilla un intérêt profond, chez les kabbalistes autant que chez les non kabbalistes.

4ème période : qui s’étale sur 2 siècles jusqu’à la fin du XVIIème, est lié à l’expulsion des juifs d’Espagne en 1492.Se retrouvant à Safed, en Israël, les principaux maîtres de cette époque vont fonder « la kabbale de safed », qui se présente comme une continuation et un commentaire du Zohar, en se focalisant sur les Sefirot( les royaumes de la kabbale) et la « Chekhina » (la lumière divine).


5ème période : celle de l’hérésie mystique de Shabbataï Tsvi (1625-1676), initiant l’idée de messie et de rédemption et qui prit fin à la conversion de son créateur à l’islam, sous la menace des lames du grand Sultan.

6ème période : Le « Hassidisme », école de pensée fondée par Rabbi Israël Ben Elizer « Baal chem tov » (maître du bon nom)(1700-1760), qui prône la recherche de la lumière de l’infini et dont le rabbin devient le pilier soutenant le groupe. Mouvement très populaire qui devient un mode de vie pour de nombreux juifs.

7ème période : La Kabbale Lituanienne, en fait contemporaine de la 6ème et qui est en fait son rejet par ceux qui craignent un retour de l’hérésie de Shabbataï.

8ème période ; celle-ci a hérité de tous les mouvements précédents, et par la publication de manuscrits inédits, permet une approche et une volonté de se rapprocher d’autres mystiques et religions, nottamment le Boudhisme.

Après ce bref rappel historique, plongeons nous plus en détail dans le lien qui réunit la Kabbale et la Franc-Maçonnerie.

« Qabbalah », en hébreu, signifie « réception » : réception de la présence divine et de la connaissance des choses cachées, recherche sur soi.

De part sa traduction littérale, le lien se fait naturellement avec le franc-maçon, qui est reçu comme tel lors de son initiation, pour travailler sur lui-même et révéler sa lumière intérieure. Mais le jeu des ressemblances ne s’arrêtent pas là et si le kabbaliste est censé orienter ses pensées dans la bonne direction « kavana », le bon maçon doit lui aussi tendre vers sa vérité intérieure.

Dans la Kabbale, tout est relié, tout l’énergie circule entre toutes choses et la lumière divine se transmets de partout : c’est le principe des sefirot, les dix royaumes, qui peuvent se retrouver dans un atelier, si l’on sait où chercher. En regardant de près le plan de ce dernier, on peut juxtaposer les « sefirot » sur chaque emplacement des officiers, du couvreur jusqu’au vénérable maître, les reliant ainsi et faisant circuler la lumière, l’énergie à travers tous les participants de l’atelier.

Et si l’on regarde de plus près encore, chaque sephirah donne sa correspondance à chaque intervenant d’un atelier, éclairant sa fonction d’un jour nouveau quand à sa place et son utilité dans notre rituel.

On peut en première analogie mettre à plat les deux colonnes sur lesquelles se trouvent les sephirah, Héssed, Din et les placer sur les colonnes du nord et du sud : Joakin et Boaz, respectivement « héssed » (amour) et « din »(justice). L’initié formant la troisième colonne, « tiféret » l’harmonie, et se plaçant entre les deux premières.

Quand à l’orient, il se place au sommet de l’arbre, le « keter », la couronne, la volonté divine primordiale et qui rayonne à travers tous les autres sephirot.

De ces dix sephirot, on peut tracer trois triangles :

Le premier, comprenant Le Triangle inférieur (Pointe en bas) regroupe Netza’h - Hod - Yesod, c'est le triangle Magique.

La Magie dont il est question est celle de l'énergie subtile, canalisée-sculptée pour être projetée sur le plan matériel qu'est Malkuth, qui se situe hors des trois triangles. Malkuth représente le profane sortant du cabinet de réflexion et voulant passer les différents paliers de la connaissance afin de se rapprocher de la lumière.

Le Triangle Central (pointe en bas) regroupe Chesed-Geburah-Tiféret-c'est le triangle Ethique. En effet c'est une notion plus proche de l'Homme en ce sens qu'elle se cristallise sous forme d'idéaux, de dogmes, d'Institutions dans la Société.

Le triangle le plus haut (pointe en haut,) contient Kether-Chokmah-Binah-c'est le triangle Spirituel-ce sont les trois Séphirah les moins accessibles à l'Etre Humain elles sont de pures abstractions vivantes.

Avec ces trois triangles symboliques on retrouve les différents degrés du franc-maçon, de l’apprenti au maître en passant par le compagnon, voyageant de par ces étapes qui lui révèlent au fur et à mesure de son travail sur lui-même et de sa maturation les différents symboles et connaissances cachées.

L’apprenti, sur le seuil du temple, franchissant les différentes étapes et qui accède au début de son chemin initiatique. Le compagnon, à la recherche du savoir perdu, poursuivant le même chemin et se transformant peu à peu jusqu’à devenir un maître, celui qui retrouve la lumière.
On peut aussi retrouver dans cet arbre sephirotique 22 chemins, 22 connections entre les sephirot, ce qui n’est pas sans nous rappeler les 22 lames du tarot.

22 lettres hébraïques aussi, donc l’étude numérique est aussi une des facettes de la Kabbale, regroupant :

la guématria, basée sur le rapprochement des mots dont la somme des lettres qui les compose est identique ;
le notarikon, second procédé de lecture des textes sacrés en hébreu qui consiste à interpréter chaque lettre d'un mot comme l'abréviation d'une phrase (comme en France les sigles SNCF. RAPT…et pour nous autres GODF…GADLU…la temoura, troisième procédé qu'utilisent fréquemment les « kabbalistes » qui consiste à permuter les lettres d'un mot selon des règles identiques à celles de l'anagramme.

Mais j’ai laissé volontairement de côté cet aspect de la kabbale car cela représente à lui seul un pan énorme de la mystique de cette dernière.

Si la Kabbale et la Franc maçonnerie ont tant de points en commun, c’est,à mon humble avis,parce que l’homme désire plus que tout retrouver cette part de lui-même, ce manque de lumière qui fait que nous nous sentons incomplet, cette recherche de la lumière divine, ou quel que soit le nom qu’on lui donne.

C’est ce désir qui conduit l’homme à vouloir se perfectionner et le mets sur un chemin de l’apprentissage de la connaissance, connaissance de lui-même, des autres et du monde qui l’entoure, chemin au combien sinueux et long mais aussi gratifiant par les rencontres qu’il amène et les expériences vécues.

Lors des enquêtes préliminaires à mon entrée en maçonnerie, je me souviens de cette question portant sur l’ésotérisme et l’occulte.Ayant répondu par l’affirmatif en ce qui concerne mes croyances en ces domaines, je ne pensais pas que j’allais baigner littéralement et de tous côtés dans ceux-ci, ce qu’on en connaît dans le monde profane n’étant que la partie immergée de l’iceberg en quelque sorte.

Je citerais un extrait de Baal Haorot, le Maitre des lumières, « orot haqodech », I, 14 :

« si tu veux, tu le pourras
Fils de l’homme, regarde
Contemple la lumière de la présence qui réside dans tout l’existant !

Apprends à te connaître
Apprends à connaître le monde, ton monde…

L’amour qui brûle en toi, fais le monter vers sa racine puissante,
Etends le à toute l’âme de tous les mondes… »

Et en guise de conclusion je reprendrais les mots de rabbi tarfon(avot2,16) :

« Tu n’as pas l’obligation de terminer l’ouvrage, mais tu n’es pas libre de le délaisser ».

J’ai dit.


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