GLDF Loge : NC Date : NC


Qui est le GADLU

Ainsi dit Jules Boucher : «
n’érigeons pas le Grand Architecte de l'univers en un objet de croyance. Voyons-y un symbole à étudier, comme un autre afin de construire nos convictions personnelles.

Qui est le Grand Architecte de l'univers ?
Je rappelle ici qu’il est inutile de présenter la lecture d’une planche à sa gloire, car le V\M\ l’a fait en son nom propre et au nom de toute la loge en ouvrant nos travaux. Mais pourtant, je m’efforcerai d’analyser cette phrase rituelle d’ouverture de notre loge symbolique. Elle est le pivot de la compréhension et de l’utilisation du symbole de l’architecte, si bien sûr, nous concevons qu’il s’agisse bien d’un symbole.

« A la gloire du Grand Architecte de l’univers, au nom de la Franc-maçonnerie universelle et sous les auspices de la Grande Loge de France.»

Prenons la phrase dans le sens ascendant de ses mots et expressions.
Chaque F\ travaillant au rite écossais ancien et accepté, a, en premier, l’appui et la protection de la Grande Loge de France (à Rome, les AUSPICES étaient l’étude de la façon dont les poulets sacrés se nourrissaient). Le maître étant au centre du cercle, le premier périmètre n’est guère éloigné ; cette ligne de soutien et de protectorat est l’obédience (mot qui n’est pas prononcé, par ailleurs), obédience de son pays avec laquelle le maçon peut être en contact direct. (député, convent, tenue de GL, etc) et que le maçon accepte et reconnaît.
Ensuite en deuxième cercle, le F\va s’instruire au NOM de la Franc Maçonnerie universelle, deuxième anneau qui est déjà largement plus ouvert, tout en étant limité à la taille de la terre. A ce niveau, le Maître Maçon qui voyage est le représentant du rite auquel il a adhéré, rapprochant ainsi en théorie tous les maçons du monde et enfin à la GLOIRE du Grand Architecte, 3ème cercle infini et inconcevable dans sa taille, marquant ainsi par cette courte phrase que la maçonnerie ne travaille pas à sa propre gloire, mais désire marquer une spiritualité complètement ouverte. Le maçon voit alors s’alléger, se libérer ses attaches au 1er et au 2ème cercles ; sa loge, son obédience ont moins de prise sur son intime réflexion.

Le niveau de recherche n’est plus le même. Le maçon est un homme libre. Il pourra en toute liberté, en s’exprimant ouvertement ou non, envisager l’éclairage qu’il souhaite donner à cette notion abstraite d’infini.
Sa conviction première, son choix personnel d’être croyant ou agnostique ne doit pas l’empêcher de comprendre que d’autres n’ont pas fait ce même choix et ainsi concevoir que le Grand Architecte de l'univers n’est qu’ESPRIT, débouchant tout naturellement dans le domaine d’une spiritualité entièrement ouverte à tous et à chacun.

Si pour certains, l’évocation de l’Architecte est à différencier de celle d’un Dieu dogmatique, recherchons ensemble ce qui est évoqué sous ces termes :

Il est vrai que pour nous, Judéo-chrétiens, il est d’usage de penser et d’évoquer le Dieu de nos religions du livre quand nous parlons du Grand Architecte. Les exemples abondent : Bien sur en premier les propos que l’on prête au pasteur Anderson lui-même :
« Adam, créé à l’image de Dieu, Grand Architecte de l'univers, dut avoir la géométrie inscrite dans son cœur. »

Si le nom vient du grec arkhitektôn qui signifie « maître charpentier » on ne peut pas en déduire qu’il désigna le constructeur en chef de cathédrale. On retiendra pour cette tâche particulière de bâtisseur plutôt le terme de ‘Maître d’œuvre ou de Maître Maçon.’ On pourra, par ailleurs, trouver plaisant l’identification de Dieu comme architecte Dans l’ancien testament, le mot en lui même ne s’y trouve que deux fois
:
Hébreux chapitre 10 :
« Car il attendait la cité qui a de solides fondements, celle dont Dieu est l'architecte et le constructeur »
Chapitre sur la foi des grands patriarches et dans ce contexte, le narrateur parle d’Abraham partant pour la terre promise1

Et dans le nouveau testament c’est le père de Jésus qui est arkhitektôn, charpentier. Est-ce un signe ?
A la suite de ce charpentier célèbre, on peut affirmer que la lignée des maçons initiés eu la notion de l’œuvre à accomplir ; le Maître sait que la beauté de l’œuvre le dépassera et durera l’éternité, mais aussi que le temps lui est compté, qu’il ne la finira pas

Pour ce Maître, qui d’autre que Dieu pouvait le soutenir à jouer ce rôle d’infinitude.2
Y avait-il une autre voie ? Cet Architecte Universel pouvait-il être défini ? L’athéisme aurait-il pu en être la définition, la doctrine ?
Aujourd’hui athée signifie ‘sans dieu’3 l’athée se prononce librement contre l’existence de Dieu. Il s’agit pour lui d’une invention tout simplement humaine.
Il rejette tout principe transcendant. Il croit en l’homme.
Mais, autrefois, athée voulait dire " sans protecteur divin ", Il s'agissait de l’absence d’un statut ou d’un droit de cité. Un athée est un non pieu, un impie, un infidèle. La croyance est obéissance. Ne pas être dans ‘la religion’, c’est l’offenser.
Ou bien le Grand Architecte peut-il être expliqué comme agnostique ?
L’homme qui dit : ‘je ne sais pas’ ; ne cherche pas de réponse et refuse de se prononcer, là ou le chrétien qui non plus ne trouve pas LA réponse, mais est certain, sans preuve tangible de l’existence de Dieu est OBLIGE de croire. Quel avantage y a-t-il à établir l'existence de Dieu ? Les religions imposent cette existence alors qu'il ne s'agit que d'une hypothèse voulant que l’homme trouve sa place sur terre. Mais rien ne prouve que cette hypothèse soit juste ; elle n'est en tout cas pas la seule possible, puisqu'on peut tout aussi bien penser un monde éternel et donc incréé, ou encore à une formation du monde issue du plus pur des hasards.

Ou bien encore décrit comme déiste, qui croit à un être révélé, mais annihile le passage christique.
Comme l’a développé Ludwig Feuerbach4, l'homme déiste a une vie intérieure, il a créé Dieu à son image ou plutôt à l'image de son espèce puisque les attributs divins sont infinis alors que dans l’homme, ils sont finis.

Le
F\ Voltaire, l’athée le plus déiste apporte ce doute dans un dialogue célèbre. 5 Lucrèce dit :
Mais qui donc aura fait le monde?

Posidonius répond :
Un être intelligent, plus supérieur au monde et à moi

Lucrèce répond :
Si j’admets cet Être suprême, quelle forme aura-t-il? Sera-t-il en un lieu? Sera-t-il hors de tout lieu? Sera-t-il dans le temps, hors du temps? Remplira-t-il tout l’espace? De quelque côté que je tourne mon esprit, je ne vois que l’incompréhensible.
Posidonius
C’est précisément parce que cet Être suprême existe que sa nature doit être incompréhensible: car s’il existe, il doit y avoir l’infini entre lui et nous. Nous devons admettre qu’il est,…. sans savoir ce qu’il est.

Alors qui est-il donc pour nous, ce Bâtisseur ? Que dit la maçonnerie ?

Le fameux convent de Lausanne de 1875 adopte un manifeste et une déclaration de principe qualifiant le Grand Architecte de l'univers de créateur suprême. Les anciens devoirs et Dieu faisaient bon ménage. Les loges de Saint Jean le prouvent sans risque de se tromper beaucoup6. Pas de doute à cette époque, seul le Dieu Créateur exprime pour les maçons le sens abstrait de la dualité du ciel et de la terre.

Le recul de la notion théiste pure pour devenir une invocation plus ouverte spirituellement n’apparaîtra qu’un siècle plus tard, en Angleterre toujours, il est certain que l’évolution des esprits avait été totalement bouleversée. Mais, n’oublions pas qu’encore aujourd’hui, la grande loge d’Angleterre met toujours comme condition sine qua non d’obtention de régularité de croire en un Dieu révélé (voyez nos FF\ de la GLNF)
Mais à aujourd’hui et grâce à notre liberté d’expression, ou tout et son contraire peut être écrit, rien ni personne n’apporte la preuve absolue de l’existence ou de la non existence de Dieu.
Du bisontin Ernest Renan qui pose la question : Dieu existe-t-il ? et répond :Pas encore : et de Nietzsche, lui de préciser: Dieu est mort, Laisse bien libre le champs de l’interprétation.

Liberté contrôlée qui est l’apanage du chemin de la recherche du FM.

Sous des aspects de totale laïcité, le GO a préféré en 1877 supprimer la référence au Grand Architecte de l'univers. A mon avis limitant par ce geste, l’acceptation, ouverte à toutes sensibilités, de croire ou de ne pas croire.

Si Dieu était vraiment Dieu, il serait Tout et Un à la fois et sa dimension serait telle que l’Homme en général et moi en particulier n’aurions aucunement besoin de l’aider à Se définir. Le dieu créé par les hommes ne devrait pas interférer dans le choix de l’impétrant qui désire donner un autre chemin à sa vie. C’est l’homme et l’homme seul qui peut, qui doit donner un sens à sa vie.
Si le Grand Architecte de l'univers peut l’aider, pourquoi pas…

La réflexion continue J’ai dit

B\ P\

1 Le fait de développer si Dieu est un être hypostatique( cad qui entend l’union du Verbe, du Dieu infini avec la nature humaine tel que le suggère son nom de yehovah, yhvh (conjugaison du verbe être) dépasserait le cadre de se travail.
2 Celle des qualités de Dieu par laquelle il est infini. Dieu accable nos facultés par son infinitude (Littré)
3 ( a privatif et théos dieu)
4 Philosophe allemand, 1804 - 1872
5 Dans le dialogue de Lucrèce et Posidonius
6 Paul Naudon, les loges de Saint Jean

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