Obédience : NC Loge : NC Date : NC


Les Mythes


En premier lieu la sécheresse du thème avait de quoi surprendre, en particulier l’apprenti que je suis eu égard à  un sujet de cette importance.  J’ai donc du avancer dans cette réflexion en me rappelant que le frère maçon que j’essaye de devenir n’est pas seul dans sa quête initiatique d’une perfection impossible à  atteindre, mais qu’il est accompagné outre par vous tous mes frères, aussi  par son parrain, ainsi que le second surveillant qui montre la route et guide l’apprenti a travers non pas les obstacles mais simplement les questions qui peuvent se poser sur le pourquoi de telle ou telle chose.
J’ai donc tenté de me rappeler à la fois tous les conseils que  j’ai reçus de leurs part mais aussi les lectures et documentations qu’ils m’avaient conseillées.

Il faut donc un commencement et une fin à toute chose. Les Mythes font partie de cet ensemble qui a conduit à la création de la Franc Maçonnerie. Et s’est ainsi que s’est construit notre Temple, non seulement l’édifice ou nous nous trouvons, mais aussi Notre Loge et le Temple intérieur de chacun, qui n’est autre que son chemin initiatique tel qu’il l’est décrit dans le Rituel du Premier Degré « Vaincre mes passions, soumettre ma volonté à mes devoirs et faire de nouveaux progrès dans la maçonnerie ». C’est à ce Rituel que je ne cesse de me référer car aussi il fait d’autres références a cette construction du Temple le Vénérable Maitre lors de l’ouverture des travaux au premier degré prononce ces paroles qui sont une référence à notre mythe créateur :
« Que la Sagesse préside à la construction de notre édifice ! »
« Que la Force l’achève ! »
« Que la Beauté l’orne ! »

L’ensemble de ces rites font référence sans aucun doute à nos Mythes Fondateurs, mais peut-être avant d’aller plus avant dans cette planche doit-on définir ce qu’on entend par Mythes, j’ai en premier lieu consulté le Dictionnaire Larousse, il y est écrit :
« Récit relatant des faits imaginaires, transmis par la tradition mettant en scène des être légendaires, représentant des forces physiques, des dieux, des héros, et qui revêt un caractère symbolique, exprimant le destin universel de l’humanité. »

Cette définition ne vaut que pour ce qu’elle est, elle essaye simplement d’apporter une explication a ce qui souvent se révèle inexplicable, ou alors trop explicable. Elle ramène les mythes à de simples légendes et si l’on prend le sens commun actuel du mot mythe ou du sens de ce que sont les mythologies, il s’agit tout au plus de fictions, d’illusions, de mensonges ou « d’histoires à dormir debout ». Et ce bien qu’historiquement toutes les grandes religions poly ou monothéistes des mondes méditerranéen ou asiatiques,  toutes les sociétés archaïques et traditionnelles de tous continents  font référence à des mythes et des mythologies, fondatrices, à la fois du monde, de son environnement  et des peuples qui la composent.

Les Ethnologues  ont pu étudier au travers de peuplades coupées de notre monde technologique et dit « évolué » des rituels de sociétés, des mythes toujours vivants et d’actualité qui fondent et justifient ainsi tout le comportement et toute l’activité de l’homme.

Sans ces études  qui ne résolvent pas cependant toutes nos difficultés de compréhension nous ne pourrions définir vraiment ce que sont les mythes, je ne ferais ici que citer un des plus grand philosophe et ethnologue qui fût je veux parler ici de « Mircea ELIADE » pour lui la définition la moins imparfaite du  mythe est la suivante « Le mythe raconte une histoire sacrée, il relate un événement qui a eu lieu dans le temps primordial, le temps du commencement, il raconte comment une réalité est venue à l’existence, c’est toujours le récit d’une création ».

C’est peut être cette définition définie elle-même par le maitre que fût Mircea ELIADE qu’il nous faut prendre et illustrer a travers ce qui nous touche plus particulièrement. Je voudrais parler ici des mythes fondateurs de notre Institution.

Si l’on prenait pour vérité le sens commun, le temple de Salomon n’a pas existé, il n’a pas été détruit puis reconstruit, il n’a donc  pas été pillé par la soldatesque de Titus, en conséquence la bible n’est qu’un fatras de mensonges, le Golgotha n’existe pas, pas plus que le mur des lamentations ou la coupole du Rocher, dans cette ville trois fois Sainte qu’est Jérusalem.
Personne n’aurait donc inventé les mathématiques, la géométrie, l’architecture, il n’y aurait pas eu de maître pour enseigner aux compagnons qui ont pu former les apprentis qui taillaient les pierres. Ces savoirs mythiques n’auraient donc pas été transmis à d’autres  a travers des confréries qui parcouraient le monde puis nos pays européens. Cette longue histoire n’aurait donc eu aucun sens, et les confréries de libres maçons qui parcouraient les pays n’auraient jamais existées, pas d’existence non plus de Cathédrales, pas de constructions dédiées parfois à la gloire de rois ou princes mais aussi et surtout  à la gloire de Dieu.
Cette maçonnerie opérative n’a donc jamais existé et la transmission des techniques et savoirs ne se serait jamais faite.

C’est cette simple démonstration par la négative et l’absurde  qui nous démontre en fait la réalité de la maçonnerie opérative, confréries d’hommes Francs au sens de libre qui transmettaient leur savoir et qui a fait que nous pouvons encore contempler leur œuvre. Mais alors pourquoi cette maçonnerie opérative s’est d’un seul coup transformée en maçonnerie spéculative, tout d’abord à travers les études faites sur les confréries de maçons, il est réel et obligatoire que toute œuvre de construction nécessite une collectivité hiérarchisée, l’histoire dit « Arnold TOYNBEE » commence à SUMER, car à la fois cet empire était urbain, fortifié et connaissait l’écriture, moyen de transmission de l’œuvre. Les maçons n’ont donné la que l’exemple d’une association en vue d’un travail commun, et il est paradoxal de constater que contrairement aux histoires simplistes véhiculées par la filmographie hollywoodienne les temples égyptiens, et pyramides ont été construites par des hommes libres et non des esclaves. Et ce comme plus tard le furent les cathédrales et autres édifices remarquables de la chrétienté. C’est de cette volonté commune tendant à la construction d’un temple mythique « le Grand Œuvre » qu’est née notre maçonnerie spéculative qui n’a non seulement plus visé à améliorer les techniques et la transmission du savoir de la construction, mais aussi à améliorer et transmettre au monde les lois de la fraternité, il s’agissait de rappeler à travers l’univers commun du christianisme les fondements de la tolérance et de l’humanité contenus dans le grand livre qu’est la Bible, en cela l’invention de l’imprimerie et l’utilisation de la langue vulgaire et non plus du latin à fait que ces principes ont pu se répandre, alors que l’intolérance et l’aveuglement se répandaient sur le monde.

Ce n’est qu’à travers mes connaissances d’apprenti et de quelques lectures complémentaires orientées par mes frères, que j’ai essayé de préparer cette planche. Que puis-je en retenir en conclusion, tout simplement que le mythe est une histoire vraie, et que cette histoire est d’autant plus précieuse par ce qu’elle est sacrée, exemplaire et significative. Je retiendrais en particulier le mot d’exemplaire car il fait référence pour nous tous au comportement que le Franc Maçon véritable se doit d’avoir dans sa vie spirituelle mais aussi profane.

Cette exemplarité  ne veut pas dire perfection, c’est simplement essayer de fournir un modèle  à la conduite humaine. Un mythe antique m’a particulièrement marqué non pas tant par sa signification première de punition infligée, c’est le mythe de Sisyphe condamné par les juges des enfers à faire rouler un rocher en haut d’une colline pour le rejeter de l’autre coté, bien entendu cette tâche était impossible à réaliser et le rocher retombait à chaque fois au bas de la pente, obligeant ainsi le malheureux à tout recommencer et ceci sans fin.

En fait ce mythe m’a simplement fait penser à la pierre que dégrossit l’apprenti, que façonne le compagnon et que pose le maitre,  mais si l’on regarde plus loin que cette simple maçonnerie opérative, jamais aucun de nous n’aura fini avant de rejoindre l’orient éternel de façonner sa propre pierre.

J’ai dit Vénérable Maître

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