V I T R I O L

Notre T\ C\ F\ second surveillant m’a demandé de vous parler de V\ I\ T\ R\ I\ O\L\, c’est avec humilité que je présente mes réflexions à votre bienveillante attention. Je ne vous le ferai pas en douze points mais en six points.

1. V\I\T\R\I\O\L\ :

Chaque frère ne peut oublier ce mot sur le mur du cabinet de réflexions.

Cet endroit froid, sombre, humide, étroit qui m a fait penser à ce moment-là à une caverne.

Ce cabinet, ou reflexion(s) prend tout son sens : réfléchir intellectuellement à la voie que nous prenons à ce moment précis (en livrant ton testament spirituel) et simultanément, voir l’image que réflechissent tous les composants du tableau, qui se présentent à mes yeux à ce moment là, sur mon intellect.

On y retrouve tous les constituants de base de la matière-matrice-mère-terre (souffre, sel, mercure, eau, …), matiere vivante-animée de l’étincelle de vie, de cette lumiere (la bougie allumée) qui permet le regard sur cet intérieur ; mon intérieur ?! Evoluant dans le temps (sablier) : temps qui, entre nous, est arrêté à ce moment là.

Je suis terre, matière, mortel, vivant, voyant l’intérieur de cet endroit, de moi, par l’entremise de cette petite flamme. Elle me permet de lire ce mot : V\ I\ T\ R\ I\ O\ L\ qui trône comme un titre qui résume le tableau dans lequel je me trouve.

Si je suis ce tableau, si je suis à l intérieur de moi-même, suis-je V\ I\ T\ R\ I\ O\ L\ ?

2. V\I\T\R\I\O\L\

Ce mot m’a inspiré, au premier abord, un composé très acide. Mais son écriture sous forme d’acronyme sous-tend une autre probable inspiration. Ce mot est présent dans le cabinet de réflexions.

Je me suis prêté à un petit exercice ; à savoir : mettre un plan de réflexion entre le R et le I suivant de V\ I\ T\ R\ I\ O\ L\ ; ce qui donne V\ I\ T\ R\ - L\ O\ I\ = une vitre réfléchissant le mot LOI.

Si je suis V\ I\ T\ R\ I\ O\ L\ alors je suis le miroir de la LOI - Je reflète la loi - la loi maçonnique : tel « le miroir des Saxons » qui est le plus ancien livre code de lois médiévales en allemand connu de nos jours.

« Un maçon doit être le reflet des règles qu’il suit, de son fort intérieur, reflet vers l’extérieur de lui-même, vers les autres donc vers le monde profane ».

Nous remarquerons que la locution : « VISITA INTERIORA TERRAE, RECTIFICANDO INVENIES OCCULTUM LAPIDEM » est composée de 2 propositions juxtaposées séparées par une virgule.

Cette virgule pourrait très bien être remplacée par deux points telle l’expression « Je pense « donc » : je suis » ; « Je pense : je suis ».

Il n’y a pas de lien temporel, ou de cause à effet, entre les 2 propositions mais bel et bien un lien d’équivalence.

On ne doit pas comprendre « Examine l’intérieur de la terre puis en rectifiant tu découvriras la pierre cachée » mais « Examine l’intérieur de la terre donc en rectifiant tu découvriras la pierre cachée » ce qui nous dit que l’examen de la terre est déjà un acte de rectification.

« Un maçon doit examiner… Un maçon doit rectifier».

Si l’on reprend le parallèle entre le cabinet de réflexions et mon intérieur, cette terre, alors, je suis déjà en train de rectifier au moment où j’examine l’intérieur du cabinet à la lueur de la flamme. A ce moment de l’Initiation, le travail à déjà commencé.

3. « Examine l’intérieur de la terre, … » :

La terre me fait effectivement penser à la matière première de toute chose, d’où est issue la pierre brute, grossière, informe, imparfaite, …que je suis, la matière au sens large et donc mon corps dans un sens plus particulier.

L’intérieur de la terre est ce qui se trouve à l’intérieur de mon corps : mon esprit, mon âme ?

« Examine l’intérieur de la terre » : Examine ton intérieur car ton esprit et ton âme ne sont pas ton corps.

Il s’agit d’une introspection et cette introspection est déjà une rectification. Cette introspection te mène à la pierre secrète, inconnue donc de toi-même (de ton conscient), mais qui existe en toi.

« Un maçon doit savoir se retourner vers son fort intérieur ».

4. Et réctifier ! Rectifier la pierre brute !

On peut pousser le raisonnement en pensant qu’il faut séparer la matière : corps ?, de la non-matière : esprit ? (Plus pur) car la matière, et donc nos corps, sont des métaux qui ont une influence non négligeable, si non maitrisés, sur ce que nous sommes, pensons et devenons. La matière, le corps marquent une différence visible entre humain et n’est pas ou peu modifiable : par conséquent la F \M\ régulière impose le tablier et le costume pour rectifier les différences.

Le but de la rectification ne serait il pas de nous voir devenir « esprit » débarrassé de toute matière ?

En Mécanique : rectifier est le parachèvement à la meule d’une surface usinée !

De la pierre brute à la pierre taillée, polie, …Qui peux s’insérer dans le mur du monde qui nous entoure pour participer à la force de l’édifice… : toute notre symbolique.

En Alchimie : V\ I\ T\ R\ I\ O\ L\ est directement la recette de ce long processus qui vise à créer la pierre cachée par purification alchimique : « ce remède à tous les maux de tous les etres » trouvé, créé via l’oeuvre au noir, l’oeuvre au blanc, l’oeuvre au rouge, qui sont les
différentes étapes vers la pierre et dont la couleur est liée à celle que prennent les produits aux cours des expériences successives et qui sont aussi les étapes psychologiques d’une amélioration personnelle.

Enlever la couverture, tous ces débris entravant, cette gangue issue de la terre, ces scories entourant la pierre brute ; pour libérer de l’obscurité, des ténébres, pour faire en sorte que la lumière arrive jusqu’au fond, qu’elle éclaire l’intérieur ; ce qui nous permettra de voir et de trouver ce qui existe mais occulté.

On retrouve cette notion de réflexion : il faut rectifier pour faire entrer la lumière en soi et savoir ensuite la réfléchir vers l’extérieur de soi et vers le monde profane.

Les outils qui sont à la portée du frère Apprenti sont le maillet et le ciseau.

Le maillet représente la force de la volonté et le ciseau l’apposition juste et parfaite de la force au meilleur endroit, de manière à rectifier au plus juste sans faire exploser la pierre.

Force, Volonté, Justesse : voilà quels sont les outils de l’apprenti que l’on retrouve sur le tableau de loge au premier degré.

« Un maçon doit se rendre meilleur en se débarrassant de ce qui n’est pas droit, par la force de sa volonté et la justesse de ses pensées et de ses actes ; et doit être le reflet des règles qu’il suit, de son fort intérieur, reflet vers l’extérieur de lui-même, vers les autres et le monde profane ».

5. Et découvrir quoi donc ?... « …la pierre cachée »

Cette introspection, cette rectification découvre, te mène à la pierre secrète, cachée, inconnue donc de toi-même (de ton conscient) mais qui est toi-même (ton vrai toi ?).

Cette pierre qui a terme sera taillée tel le diamant, pierre de lumière, que l’acide sulfurique ou le VITRIOL d’une rectification chimique n’atteint plus, pierre la plus dure, la plus pure, qui est celle sur laquelle tu vas rebâtir ta vie et ton quotidien, fondation d’un nouveau toi, rectifié, meilleur, qui va se replacer dans le mur de la vie d’une meilleure manière.

Mais je n’oublie pas que la première de toutes les rectifications fut celle inconsciente du cabinet de réflexions, celle engendrée par cette petite flamme, cette lumière, qui a permis de faire le jour sur l’intérieur, de regarder les ténèbres.

6. En conclusion mes F\:

V\ I\ T\ R\ I\ O\ L\ est pour moi une loi, une règle si ce n’est la première des règles maçonniques, la règle n°0 d’une règle en 13 points !

Elle est le programme permanent de cette vie que nous avons acceptée lors de l’initiation est qui ne s’achèvera pas…

J’ai dit V\ M\