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VITRIOL

Vénérable Maîtresse et vous toutes mes Sœurs (et vous mes Frères) en vos grades et qualités, travailler sur V.I.T.R.I.O.L. m’a fait passer des nuits blanches ! Mais ce n’est pas d’elles qu’il s’agit.

Faisons un peu savante : Le vitriol est le nom générique jadis donné aux sulfates. On l’emploie aujourd’hui essentiellement dans le sens d’acide sulfurique. En ce sens le symbolisme du vitriol pourrait se rattacher à celui du souffre en y ajoutant peut être un caractère purgatif, le vitriol s’opposant au profane. Maçonniquement ce terme existe dans le cabinet de réflexion des Rites Français et Ecossais Anciens et Acceptés, il faut donc écrire V.I.T.R.I.O.L. et en aucun cas n’introduire les 3 points de l’abréviation maçonnique entre chaque lettre.

Commençons par le commencement pour mieux comprendre ce que signifie personnellement ce mot de sept lettres et de sept points.

Tout d’abord, j’ai adhéré à la Franc-maçonnerie dont l’action vise à l’amélioration de l’homme, et par conséquent de la société, par l’intermédiaire de réflexions communes et par l’influence de chaque maçon sur leur entourage, par l’exemple qu’il donne. Et je ne cesse, depuis, de faire mon Mea-culpa, changer le monde c’est commencé par se changer soi-même ! Mais n’allons pas si vite…

A ma demande d’être initiée aux mystères de la Franc-maçonnerie pouvais-je imaginer ce qui m’attendait et les épreuves que je devrais surmonter afin de recevoir la Lumière ? Non, mais mon instinct me laissait voir un « changement » au plus profond de mon être. Le chemin initiatique, cette quête que je suis venue entreprendre, commence par une purification qui s’éveille pour chercher à se régénérer et pour cela ma première épreuve sera le Cabinet de réflexion. Le cabinet de réflexion est à mon sens, une des épreuves la plus importante sur le chemin de l’initiation…

« Car c’est en son sein qu’il faudra procéder à une sorte de décrassement intellectuel et moral ayant pour but de débarrasser l’esprit de tout ce qui empêche la lumière de parvenir jusqu’à lui » dixit Oswald Wirth et je crois que nous serons toutes d’accord sur cette définition.

A l’intérieur du Cabinet de réflexion, après avoir laisser mes métaux à la porte, je dois faire le bilan en répondant à 3 questions et je suis invitée à rédiger mon testament philosophique car à cet instant précis sans que je le sache, je commence symboliquement à mourir à ma vie profane pour mieux renaître spirituellement à une seconde naissance. Dans cet étroit endroit peint tout en noir dont la seule source lumineuse se trouve être une simple bougie je me retrouve confrontée aux nombreux symboles et inscriptions qui m’entourent, Mais face à elle, une inscription énigmatique m’invite à un voyage au plus profond de moi-même et sans même le savoir guidé déjà, dans ma démarche, par le rythme du silence.

V.I.T.R.I.O.L., énigme indéchiffrable, dont je ne comprends pas le sens, mais à cet instant précis, à ma lecture sur le mur et sans m’en rendre compte, je me retrouve dans l’œuf primordial, caverne alchimique aux pouvoirs de transmutations infinies, mon inconscient n’aura aucune peine à comprendre cette inscription dont la valeur alchimique ne fait plus aucun doute quelques mois plus tard !

Septénaire mystérieux dont le sens dévoilé révèle une parfaite connaissance qui mène à l’éveil, « Visita Interiora Terrae, Rectificando Invenies Occultum Lapidem » : « Visite l’intérieur de la Terre,  en rectifiant tu trouveras la pierre cachée » Qui en langage plus clair dirait : qu’il s’agit de se reconstruire soi-même, à partir de divers degrés d’inconscience, d’ignorances et de préjugés sur la conscience de l’être.

Et la Terre dans tout cela ? La Terre c’est l’un des 4 éléments de la vision du monde alchimique. Visiter la Terre veut dire : rechercher en soi-même, faire de l’introspection, la Terre étant une allégorie pour signifier l’homme. « En rectifiant » signifie nécessairement qu’à un moment donné de la « visite » il y a une opération intellectuelle à effectuer. Cette opération intellectuelle, dont le but consiste, comme l’exprime le mot « rectifier » à changer, à modifier le cours normal des choses et la pierre cachée serait la conclusion de la renaissance de l’homme par le savoir.

Cette pierre que la profane doit trouver n’est autre que celle qui se trouve au plus profond de chacune d’entre nous, elle ne se dévoile, cette pierre philosophale, qu’à celle qui par un travail intérieur sincère, arrivera à un équilibre parfait pour ne faire qu’un. Pour cela nous nous retrouvons devant nous-même comme un miroir où nous découvrons que notre propre ennemi peut être nous-mêmes. Donc notre premier travail avant d’aller vers la Lumière des autres est : parodiant notre Passé Socrate « Connais-toi, toi-même ».

Dans ce cabinet de réflexion je n’ai pu comprendre le terme « V.I.T.R.I.O.L. » et je ne peux pas en parler sans y associer le silence et sans appréhender ma propre introspection par ma perpendiculaire qui descend en moi pour la mise en pratique de « V.I.T.R.I.O.L. ». Eh oui la perpendiculaire, symbole de la recherche en profondeur, de la vérité, de l’équilibre, de la volonté d’aboutir à un autre plan. Aidée du fil à plomb, qui trace la direction à suivre, le sentier de la rectitude et de la profondeur ; les 2 réunis me permettent de ne pas perdre de vue mon objectif. C’est grâce à nos chantiers d’apprenties avec la 2ème surveillante qui nous indique la marche du travail à suivre et nos tenues avec vous toutes mes soeurs, que je commence à comprendre le sens profond de cette maxime. Je suis ici car je ne veux pas me contenter d’un « je suis comme je suis » non je suis ici pour vider mon savoir de profane pour mieux m’élever vers la Lumière, et de faire un effort pour devenir le « je suis ce que je suis » avec un sens de la mesure et un aplomb dans le maintien de mes attitudes, mais pour cela il fallait absorber !

« V.I.T.R.I.O.L. » est pour moi le symbole de la connaissance, de la connaissance de soi !

Souvent je suis enclin de juger l’autre sans concession, parfois même en fonction de l’impulsivité de ma réflexion, mais ne serait-il pas plus judicieux avant tout jugement hâtif de me demander si celui que je condamne par avance, n’est pas mon propre reflet et que vivant la même expérience que lui j’aurai eu le même comportement ?

Nous pouvons toujours maquiller nos actes, cacher nos imperfections, mais la Maçonne que nous sommes, doit toujours savoir que si elle peut maquiller ses actions, elle ne pourra jamais maquiller son Ame car si elle peut être trompeuse pour les autres en fonction de ce qu’elle veut faire croire, elle ne pourra jamais se tromper elle-même, car elle peut même apporter la souffrance quand elle se trouve seule et sans témoin.

Donc pour une meilleure connaissance de soi, il demeure capital d’apprendre à se regarder, à prendre du recul et analyser ses forces et ses faiblesses, combattre ce qui est mauvais et cultiver ce qui est bon.

Mais comment y parvenir ?

Pour cela en tant qu’apprentie je reçois symboliquement le Ciseau qui va me permettre de faire ce travail de dégrossissement. Autrement dit, je vais devoir affiner mon caractère, m’instruire afin d’augmenter mes connaissances et me perfectionner, je serais plus efficace je trouverai en moi un meilleur discernement, le ciseau c’est la pensée arrêtée, la résolution prise !

Mais j’ai aussi en ma possession un Maillet, qui est le symbole de l’incitation au travail, il me permettra d’utiliser mon intelligence pour l’application, le maillet représente symboliquement la volonté qui met à exécution.

Malgré de bons outils, il me faut me protéger durant mon travail car il ne faut pas que je puisse être blessée par les éclats qui se détachent de ma pierre brute, les éclats sont mes propres difficultés, je risque de leur part un retour offensif ou un choc en retour quand je fais un effort pour m’en débarrasser. Mais c’est là que vous intervenez, mes sœurs, par votre message, notre force, notre union, la route que vous m’ouvrez aussi, je dirai que vous m’avez apprise que chaque sœur ici présente, et par le monde, à de l’or en elle, si elle désire le découvrir, elle doit se mettre à l’épreuve et rejeter ses scories ! Alors elle deviendra une franc-maçonne dépouillée de son ego pour découvrir son être, elle ne pourra que tendre à l’harmonie.

J’ai commencé mon apprentissage d’observation. A cet instant précis je me sens comme un chercheur, je me pose des questions c’est fondamental, c’est en effet le seul moyen qui permet de se remettre en cause, de répondre et d’avancer, la conscience du but est bien évidemment nécessaire pour savoir où l’on va et comment maintenir le cap. Dans la connaissance de soi l’étape la plus importante est bien entendu, l’observation de soi, en essayant…non, en s’efforçant d’exécuter le geste ou le comportement juste…au juste moment. Prendre les bonnes habitudes, cela exige réflexion et persévérance, beaucoup de persévérance !

L’individu cherche à progresser et lorsqu’il a mauvaise conscience replonger à l’intérieur de soi, fait réaliser que « V.I.T.R.I.O.L. » est doté d’un grand pouvoir : celui de la vérité, de l’humilité et de la sagesse.

Sur un miroir chinois il est écrit « Comme le soleil, comme la lune, comme l’or, sois clair et brillant et reflète ce qu’il y a dans ton cœur ».

Mais aujourd’hui je vous l’avoue ce qui s’y reflète est plus obscur qu’à mon arrivée il y a plus de 2 ans. Est-ce le silence, les prémices de la connaissance, la réelle méditation dans mon moi intérieur ? Votre influence mes sœurs ? Où alors ce tout qui fait de moi un gros point d’interrogation sur qui je suis. J’ai mes doutes, des doutes qui ne me quittent pas mais qui me déstabilisent.

A mes premières heures d’apprentie, je pensais que 2 années étaient bien trop longues, j’avais envie de passer très vite compagnonne, mais lorsque notre deuxième surveillante après une discussion profonde qui me tenait à cœur en décembre dernier, m’a informé début janvier…mon augmentation de salaire pour ce mois-ci, je refusais purement et simplement cette invitation, ne me sentant pas digne d’avancer.

En qualité d’apprentie je commence tout juste depuis quelques mois à me poser les vraies questions : qu’est ce qui est bien ? Qu’est ce qui est juste ? Quelle est la bonne attitude ? Qui suis-je exactement ?

Je me croyais tolérante, juste et je pensais être une femme libre et de bonnes mœurs et je me rends compte qu’en recherchant au plus profond de mon être ce n’était pas toujours la vérité. Si je suis sincère avec moi-même et vous mes sœurs, j’aurai le courage de vous dire que souvent mes actes et comportements n’étaient que pour faire plaisir, où la façon de faire genre sur telle ou telle situation m’arrangeait pour éviter les conflits mais jamais pour le ressenti que j’avais sur le moment ! J’hésitais à critiquer en me disant que ce n’était pas catholique mais dans mon for intérieur je le pensais, en un mot parfois, je dis parfois, je n’agissais pas en tant que moi, mais en tant que moi pour les autres.

En revanche « V.I.T.R.I.O.L. ». combiné au Silence observé, d’autant que le verbe m’était interdit ; m’ont aidé à utiliser mon écoute, mon observation, ma logique et mon raisonnement pour m’interdire de parler pour m’astreindre à écouter, de me mettre à la portée de ceux qui m’écoutent afin de les amener à découvrir aussi ce que j’ai pensé moi-même, car je me suis rendue compte que les idées mûrissent par la méditation silencieuse, les opinions sont ainsi raisonnées, cela évite de parler pour se faire mal, et évite bien souvent tout prosélytisme intempestif.

Ce septénaire alchimique m’a fait prendre conscience que de pouvoir dire « non » si je ne le souhaite pas n’est pas une fin en soi, de faire plaisir aux autres que si c’était sincère ne les faisait pas sombrer dans le cas contraire…Etc.

Mes sœurs construire notre temple n’est pas une mince affaire cela nécessite du temps, c’est un parcours long et difficile qui passe tel que précité par un apprentissage dans le respect de soi pour nous amener vers la connaissance, guide indispensable de cet acte qui engage la vie totale de l’individu que nous sommes et qui fait que nous devenons ce que nous devons être. Notre vérité est notre action, elle est l’histoire de l’homme en train de se faire et de se conquérir.

Mes sœurs au travers de cet échange, j’ai essayé de faire comprendre mon propre cheminement dans ma recherche de mon V.I.T.R.I.O.L.

Très attachée à ma démarche faite de construction et de démolition il est à constater pour ce qui me concerne qu’il y a démolition aujourd’hui du Moi profond, je chemine vers une forme d’isolement, je dirai de repli sur mon Moi, je recherche le dialogue avec moi-même et reprend ma route depuis le début du début, comme une seconde naissance.

Mon voyage au centre de la Terre depuis mon entrée dans le Cabinet de réflexion m’a fait prendre conscience que ce parcours « oh combien » beaucoup plus difficile, beaucoup plus ardu et douloureux que l’initial, en particulier celui qui est de l’ouverture aux autres, vers les autres en étant vraie, en étant moi tout simplement n’est que l’estuaire d’un long fleuve pas si tranquille que ça ! Mais la vie est faite d’une succession de leçons qui doivent être vécues pour être comprises pour, comme le dit si bien Irène Mainguy, y découvrir en se rectifiant, la pierre cachée des sages, cette sagesse éclairée et éclairante qui confère à chacun l’équilibre et le discernement pouvant nous conduire jusqu’au parvis des dieux et au-delà même.

Ce serait très prétentieux de ma part aujourd’hui, mon chemin commence et je ne veux pas aller plus vite que la Lumière.

J’ai dit Vénérable Maîtresse et vous toutes mes sœurs (et mes frères) en vos grades et qualités !

F\ B\


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