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La recherche de la Vérité par la voie du sacré

Je vous ai présenté lors d'une première partie, « la recherche de la Vérité », par la voie de la raison. Nous avons vu que la Vérité recherchée, c'est la Vérité absolue, qu'elle ne peut être détenue que par un Principe omniscient, qu'elle a dès lors pour synonymes, Dieu, le Principe premier, le Grand Architecte de l'Univers.

Nous avons vu également que la logique déductive, qui va du général au particulier, est une voie sans issue dans la recherche de la Vérité, alors que la logique inductive, qui va du particulier au général, propre aux découvertes scientifiques et aux vérités relatives, malgré leurs insuffisances permettent de voir se corréler les mathématiques et la physique, purs produits de l'intelligence humaine, avec les lois des structures réelles de l'univers pur produit de « l'intelligence », entre guillemets, du Principe premier.

Enfin, nous avons raisonné sur la preuve ontologique de l'existence de Dieu, Etre le plus parfait, présentée par Descartes. Nous avons examiné la contradiction apportée par Emmanuel KANT et Luc FERRY à travers l'analogie entre l'idée de Dieu et l'idée d'une table, puis avons réfuté cette analogie. Car rien ne peut être comparé à Dieu, la Vérité absolue.

Ce midij'aborde cette « recherche de la Vérité (Dieu) » par la voie du sacré. Avant cela, je voudrais vous montrer par un exemple, que la logique a ses limites.

Je prends un verre et je le laisse tomber. Ce verre va mettre un certain temps pour parcourir la moitié de la distance entre ma main et le sol, puis encore pour parcourir la moitié de la distance restante. Or il y a une infinité de milieu de distances restantes. Donc pour parcourir cette infinité un temps lui-même infini. Mon verre ne touchera jamais le sol (1).

Ceci pour dire que la logique, la raison, à ses limites, et que pour atteindre la Vérité, c'est-à-dire, Dieu, nous devons chercher d'autres voies. C'est ce que propose la franc-maçonneri e, le Rite Ecossais Ancien et Accepté, en empruntant la voie du sacré.

Voyons cela de plus près.

J'aborderai successivement les trois points suivants :

1. La fonction de notre rite. Créer les conditions du sacré. Serait-ce une voie vers le divin ?
2. La transcendance dans l'immanence. La fusion de l'Esprit avec la matière.
3. L'idée de Dieu et Dieu en soi.

En préambule qu'est-ce que ce sentiment mystérieux de sacré ?

1 C'est le paradoxe de Zénon.

Le sacré est ce qui appartient à un domaine séparé, inviolable, privilégié par son contact avec la divinité et inspirant crainte et respect.

La sacralité relève-t-elle d'une structure intime de l'homme, ou bien appartient-t-elle plutôt à une construction sociale ? Probablement un peu des deux, la culture dans laquelle on baigne étant pour quelque chose, dans la perception et de l'ouverture de l'individu au sacré.

Nul doute cependant que le sacré relève aussi de la structure intime de l'homme. Et je pense que l'homme sensible à la beauté, est prédisposé à entrer en résonnance avec le sacré. Ce qui suscite le sentiment du sacré, c'est l'admiration. C'est-à-dire un sentiment d'étonnement, de grandeur et de joie, devant ce que l'on juge extraordinaire, imprévu, beau, noble ou grand, si grand qu'il peut aussi être terrifiant. Un ressenti émotionnel qui saisit l'individu, et qu'il ressent comme venant « d'ailleurs ».

Pourquoi ce qui nous fait nous sentir moindre, inférieur, ce qui nous écrase de sa supériorité, nous donne-t-il malgré tout un sentiment de joie ? Parce qu'au-delà de notre infériorité, nous avons le sentiment de participer malgré tout au grandiose (voyez l'analogie avec la participation à la grandeur de la Franc-Maçonnerie), et cette participation au grandiose nous rend heureux car elle suscite en nous une certaine forme d'enthousiasme, enthousiasme, au sens étymologique du terme :en theos, être plongé dans le theos, dans le divin.

1 Notre rite EAA a pour fonction de créer l es conditions du sacré.

Le rituel d'ouverture des travaux au 1er degré, proclame : « Nous ne sommes plus dans le monde profane, nous avons laissé nos métaux à la porte du Temple : élevons nos cœurs en fraternité et que nos regards se tournent vers la Lumière ! (2) »

Le terme profane, profanum, signifie ce qui est devant le Temple, à l'extérieur de l'enceinte sacrée.

Est alors mis en évidence la notion fondamentale de séparation du sacré d'avec le profane. Nous avons laissé nos métaux à la porte du Temple, qu'est-ce que cela veut dire ? Cela veut dire que nous avons laissé notre rang social, notre situation sociale, pour être véritablement égaux, en fraternité, frères, vivant l'instant présent, en état de lâcher prise. A mes yeux, cet état de « lâcher prise » est indispensable pour passer du profane au sacré. Ce lâcher prise, c'est le moment où notre être profond se dévoile, c'est la mise en résonnance avec notre être essentiel, celui qui a déposé son ego, son égoîsme à la porte du Temple, c'est le retournement du regard vers notre lumière intérieure. Nous ne sommes plus les mêmes, nous avons baissé les barrières, nous ouvrons notre cœur « en fraternité » et c'est lui qui peut enfin parler.

On retrouve dans de nombreuses religions cet état de lâcher prise. Pour les catholiques cet état est atteint par la foi, la foi en un autre, leur Dieu, auquel ils s'abandonnent.

Avec ce lâcher prise, nous sommes dans une réalité modifiée avec notre consentement, par notre volonté. En nous positionnant spirituellement au sein d'un tout formé de nos F\ F\, de la Loge au sein du Temple, ouvert sur l'univers.

En langage métaphorique Dieu, GADLU etc. Par l'entendement, par la compréhension, de ce processus psychologique nous en venons grâce au Rite (Ecossais Ancien et Accepté) à cette perception nouvelle, le sacré extrait du profane, le sacré qui ordonne les apparences, Ordo ab chao, l'Ordre extrait du chaos.

Il est tout à fait concevable, qu'au cours d'une tenue, nous n'arrivions pas à ce lâcher prise, parce que nous n'arrivons pas à nous défaire de nos soucis profanes, nous assistons à la tenue sans ressentir le sacré. Le sacré n'est pas donné, il est à conquérir à chaque tenue.

Dès l'initiation, nous avons eu un premier contact avec le sacré. En effet. Quels sentiments avons-nous éprouvé lors de notre Initiation ?

Crainte, étonnement et joie. Crainte avant les épreuves devant un inconnu plus grand que nous, étonnement pendant, et joie d'avoir surmonté l'épreuve et d'enfin faire partie de la « maison ». Crainte, étonnement et joie, voilà justement les sentiments qu'on éprouve devant le sacré.

Les F\ F\ sont sacrés,  puisqu'il pourra être demandé de se sacrifier pour eux et de verser « jusqu'à la dernière goutte de notre sang » (3). La réciproque étant vrai, le nouvel initié est lui-même devenu sacré pour ses F\ F\.

Les mots sacrés traduisent l'idée de séparation, séparation du monde profane, notion fondamentale du sacré, séparation entre ceux qui connaissent les mots et ceux qui les ignorent, les symboles participent au mystère des nouveaux degrés et les serments, sur le volume de la Loi sacrée, loi d'amour, ajoutent à la solennité des engagements.

Nous évoluons dans un lieu sacré, à ce titre, le Temple est consacré lors de la cérémonie de la dédicace.

Le temps de midi à minuit, entre l'ouverture et la fermeture des travaux constitue un temps mythique, séparé, en dehors du temps historique, et sépare ce temps, du temps profane. Mots sacrés, symboles et serments conduisent à installer cette atmosphère de sacré.

Mais le sacré, pourquoi faire ? La voie vers le divin.

Le rite d'ouverture en même temps qu'il crée une sacralisation du temps, de l'espace  et du lieu favorise l'élévation spirituelle des initiés assemblés.

On le voit, le rite a pour fonction de nous faire pénétrer au-delà du monde profane, et en nous immergeant dans le sacré, de nous mettre en contact avec le numineux (4). Il s'agit de nous permettre de commencer ce voyage intérieur, « d'aller, comme le dit notre F\ Claude COLLIN, à la recherche de ce qu'il y a de plus précieux en nous, de plus sacré, une poussière de parcelle divine qui peut-être sommeille au fond de notre cœur ». (5)

La Franc-Maçonnerie, le Rite Ecossais Ancien et Accepté tel que nous le vivons, nous emmène sur cette voie du milieu, qui n'est ni la voie dogmatique des institutions religieuses, ni la voie des passions du monde profane, mais la voie du sacré, qui nous emmène progressivement vers le divin.

Rituel d'initiation au 1er degré

Vient du latin numen qui signifie « volonté », « puissance agissante de la divinité » 5 Claude COLLIN - Allocution. Annuaire 2012-2013 page 121. On le voit, le sacré, n'est pas une fin en soi. C'est un moyen de nous conduire vers le divin. Vers ce quiest transcendant à l'homme.

On peut envisager trois conceptions de la transcendance.

La première est le divin des stoïciens, le cosmos, l'ordre harmonieux du monde qui s'impose à nous. Cosmos extérieur et supérieur à nous, donc transcendant par rapport à l'humanité.

La seconde conception de la transcendance, c'est le Dieu des religions monothéistes, « au-delà » du monde créé par lui, c'est-à-dire tout à la fois, extérieur et supérieur à l'ensemble de la Création.

Une troisième forme de transcendance différente des deux premières peut encore être pensée. C'est la transcendance dans l'immanence.

2. La transcendance dans l'immanence.

La formule n'est pas très parlante. Je m'explique.

Considérons les valeurs fondamentales de l'existence humaines que sont la vérité, la beauté, la justice et l'amour. Nous n'inventons pas ces valeurs et elles ne résultent pas d'un choix délibéré fait par nous-même.

Ces valeurs, s'imposent à moi, comme à vous, comme si elles venaient d'ailleurs. La transcendance de ces valeurs est bien réelle pour l'individu. D'autre part ces valeurs, ne se trouvent pas ailleurs qu'au sein de notre propre conscience. Ces valeurs sont donc bien immanentes à l'individu.

Il s'agit bien de transcendance dans l'immanence.

Transcendant, c'est bien le caractère du divin.

Immanent à la personne, c'est à dire dans la conscience et dans le cœur de l'homme. Cela montre bien que le transcendant c'est-à-dire une part de divin se trouve dans la conscience et dans le cœur de l'homme. Autrement dit, fusion de l'Esprit (avec un E majuscule), et de la matière. Fusion de l'invisible avec le visible. (6)

Par la voie du sacré, le Rite Ecossais Ancien et Accepté, nous conduit progressivement vers cette part de divin qui se trouve dans notre conscience et notre cœur. Par la voie du sacré,il s'agit pour notre Rite de remonter à cette source à l'origine, d'avant les religions. Avoir, pour nos prédécesseurs, trouvé cette voie spécifique vers le divin, voie débarrassée de tout dogme,est proprement génial.

Et cela nous permet d'aller plus loin.

6. Le cube illustre bien cette fusion du visible et de l'invisible. Quelle que soit sa position, on ne voit toujours que trois faces, les autres trois faces existent, bien qu'elles demeurent invisibles, et elles sont indispensables aux trois faces visibles avec lesquelles elles forment un tout. Cette métaphore suggère que tout visible (en l'occurrence, le visible symbolisé par les trois faces exposées du cube) se donne toujours sur un fond d'invisible (les trois faces cachées). En d'autres termes, toute présence suppose une absence, toute donation de quelque chose, autre chose en retrait, de caché. Toute immanence une transcendance cachée, et ce sera aussi le cas des couples, conscient et inconscient, inné et acquis.

Cet exemple suggère qu'il y a toujours une partie cachée et qu'il n'y a pas d'omniscience, pas de savoir absolu. Après cette introspection vers ce divin qui est en nous, levons les yeux vers le ciel. Les mille noms par lesquels l'homme nomme son expérience du sacré, ZEUS, ATON, YHWH (Yahwé), JESUS CHRIST, ALLAH, Grand Architecte de l'Univers, 7 sont tous respectables, mais ce ne sont que des noms d'images de Dieu, pas Dieu lui-même, pas Dieu-en-soi.

Je m'explique. Je vais reprendre l'exemple de la table développé dans ma planche précédente.

On peut avoir l'idée, l'image, d'une table. Par exemple une table de telles dimensions, avec les pieds sculptés de telle manière, sertie de pierres précieuses. Cette table n'existe que dans mon imagination, c'est l'idée, l'image d'une table, mais cette table n'est pas réelle.

Il en est de même de l'idée, de l'image, de Dieu. Cette idée, cette image, n'existe que dans mon imagination. Ce n'est pas Dieu lui-même. Ce n'en est que l'idée que je m'en fais. Dans la recherche de la Vérité, dans la recherche de Dieu, cette constatation est fondamentale. L'image de Dieu, que véhicule chaque religion, n'est pas Dieu lui-même, c'est seulement l'idée de Dieu, son image, une représentation, une interprétation, mais pas Dieu en-soi, qui est un Absolu, inaccessible à l'Homme, inconnaissable.

Prenons un miroir et brisons-le. Chaque religion est un morceau du miroir, mais prêtant être le miroir en entier.

Une fois reconnu par chacun que l'image de Dieu que véhicule sa religion,n'est pas Dieu-en-soi, mais seulement l'image de Dieu,seulement une idée de Dieu, il n'y a plus de polémique possible, plus de guerre de religion, plus d'intégrisme possible. Et ce serait un grand pas pour l'humanité.

Cette voie unificatrice ouverte par la Franc-Maçonneri e et le Rite Ecossais Ancien et Accepté présente la potentialité d'unir les hommes en fraternité. Il reste à faire conna tre cette voie au plus grand nombre.

V\ M\, et vous tous mes F\ F\.

J'ai dit.

M\ G\

Résumé

Le F\ conférencier après avoir montré la subjectivité du sentiment du sacré, postule que notre Rite EAA nous immerge dans ce sacré, pour nous conduire vers une troisième forme de transcendance, « la transcendance dans l'immanence », cette part de divin dans la conscience et dans le cœur de l'homme, à la source des religions. Et affirme « avoir, pour nos prédécesseurs, trouvé cette voie spécifique vers le divin, voie débarrassée de tout dogme, est proprement génial ».

Il poursuit en montrant que l'image de Dieu que véhicule chaque religion, n'est pas Dieu en-soi, mais seulement l'image de Dieu. Si chacun le reconnaissait, dès lors, il n'y aurait plus de polémique possible, plus de guerre de religion, plus d'intégrisme possible.

Il conclut en disant que cette voie unificatrice ouverte par la Franc-Maçonnerie, et le Rite Ecossais Ancien et Accepté présente la potentialité d'unir les hommes en fraternité. Reste à la faire connaître.

7 Ou encore en langage métaphorique « La lumière ».


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