Obédience : NC Loge : Kemet Osiris Date : NC


La tolérance


J’ai trois ans et c’est à l’intérieur de mes trois points que je vais vous entretenir sur la tolérance. Pour réaliser cette planche, je me suis inspiré des ouvrages suivants :

- La tolérance. par Nicole Czechowski   - édition Autrement.
- La tolérance. textes choisis & présentés par Julie Saada-Gendron  chez Flammarion.
- Guide des idées littéraires. par Henri Benac chez Hachette.
- Causeries initiatiques pour le travail en loge d’apprentis - édition Plantagenet.

J'ai divisé ma planche en 9 parties :
1-     Pourquoi j'ai choisi de vous parler de la tolérance ?
2-     Qu'est-ce que la tolérance ?
3-     Les définitions des différentes tolérances.
4-     La tolérance de l'esprit.
5-     Tolérance et intolérance.
6-     Rapport entre le Pouvoir et la tolérance.
7-     Quelle  est la limite de la tolérance ?
8-     La tolérance est-elle une vertu ? 
9-     Quelle est la place de la tolérance en Franc-Maçonnerie ?

1- Pourquoi j'ai choisi de vous parler de la tolérance ?

Parce que c’est le premier sentiment que j’ai ressenti, très fort, quand je suis arrivé ici, juste après mon initiation. C’était d’ailleurs assez extraordinaire la force et la puissance de ce ressenti. Ce sujet s’est en quelque sorte, imposé à moi tout de suite et je ne souhaite pas me poser plus de questions à ce propos je le vis en frère, j’en suis très heureux, c’est tout. Ce travail m’a déjà beaucoup apporté dans ma vie personnelle. Si la Franc-maçonnerie ce n’était que çà, ce serait déjà merveilleux, mais aujourd'hui, je suis sûr de n’être qu’au début de mon chemin, …..  alors ……

Quelques jours plus tard, un soir, en  rentrant d’une des premières tenues, j’ai regardé la télé. il était plus de minuit plein. Sur TF1, un débat : Je me disais, l’animateur est pas terrible, les intervenants sont agressifs, le chirurgien qui parle est con ….  J’ai appliqué cette vertu de la tolérance et j’ai découvert à travers les propos des personnes que j’entendais parler à la télé ……. de la souffrance. J'ai compris.
 
Je  peux commencer mon propos par ce qui pourrait être ma conclusion :

Tolérer c’est  connaître,
connaître c’est comprendre, ou compatir,  (n'est-ce pas André-Marie)
comprendre c’est aimer,
aimer c’est devenir sage,
être sage  c’est devenir lumière, lumière pour les autres bien-sûr ….

tout à fait au hasard de mes lectures j’ai relevé ce propos que je laisse à votre esprit de sagacité (sagacité : vivacité d’esprit) : Si quelqu’un veut pour le salut de son âme, adopter quelque dogme ou pratiquer quelque culte, il faut qu’il croit du fond de l’âme que ce dogme est vrai, qu’il lui sera agréable,  et que ce culte sera accepté par Dieu ; mais aucune peine, aucune technique, ne peut le moins du monde instiller (ou faire pénétrer) dans les âmes une conviction de ce genre.
Instiller :  c’est à dire faire pénétrer au goutte à goutte. 

Il faut pour changer un sentiment dans les âmes, une lumière que ne peut en aucune autre façon produire le supplice des corps pour pénétrer cette âme.

Si j’ai bien compris et sans aucune prétention, n’est-ce pas le chemin de la Franc-maçonnerie ? n’est-ce pas le chemin de tout Frère, en tout cas ce midi,  j’ai trois ans, et c’est  mon chemin.

2- Qu ‘est-ce que la tolérance ?

D’après VOLTAIRE  (1694 – 1778) c’est l’apanage de l’humanité. Nous sommes tous pétris de faiblesses et d’erreurs ; pardonnons-nous réciproquement nos sottises, c’est la première loi de la nature. L’ignorance étant universellement partagée, la tolérance doit s’exercer de chaque homme à l’égard de tous les autres.
Il se produit un " partage d’erreurs et de vérités que les hommes se distribuent ou se transmettent ou se disputent " et personne ne peut assurer que " la vérité est constamment chez lui,  et l’erreur constamment chez l’autre ".

C’est respecter la liberté de conscience, sortir des cadres  établis, ouvrir les " chasses gardées ", les domaines réservés, casser les habitudes de pensée quand elles conduisent au conformisme. Le pari est de rétablir l’échange.

3- Définitions des différentes tolérances :

Le mot tolérance se rattache à la racine indo-européenne  tol. Tel. tla. Dont dérive tollere  et  tolerare. :
Tollere : signifie soulever, enlever, quelquefois détruire.
Tolerare : signifie porter, supporter parfois combattre.
Ainsi l'idée de guerre et l'idée d'effort, sous-tendent la notion de tolérance. Cela nous renvoie plutôt à une fonction de l'intellect qui nous pousse à faire un effort pour nous arracher aux dogmes des orthodoxies ( toutes doctrines officiellement enseignées par une Eglise) et à la pesanteur de l'homogène, afin de s'ouvrir à la rencontre de l'autre différent.

Le dictionnaire me dit : Tolérant: attitude de quelqu’un qui admet chez les autres des manières de penser et de vivre différentes des siennes propres.

Ensuite si je consulte une encyclopédie je peux lire qu’il y a plusieurs sortes de tolérance, on parlera  de :
-  Tolérance mathématique : excédant ou insuffisance par rapport à une valeur prise pour référence.
-  Tolérance physique : ce lacet de 1 mètre de long en coton est fabriqué avec une tolérance de plus ou moins 1 centimètre.
-  Tolérance par abandon : latitude laissée à quelqu’un d’aller dans certains cas, contre une loi ou un règlement. Par exemple : le stationnement est toléré.
-   Tolérance médicale : ce médicament n’est pas bien toléré dans telle situation par tel patient, il peut y avoir rejet, il y a acceptation ou non acceptation.
-   Principe de tolérance de Carnap Rudolp (Philosophe et logicien Américain du 20ème siècle) selon lequel il ne s’agit pas de formuler des interdits mais de parvenir à des conventions.
-  Tolérance de l’esprit : Je suis Tolérant  avec le monde qui m’entoure, avec mes proches, dans mes idées, mes opinions, avec le monde qui n’arrête pas de se faire la guerre et de s’entre-tuer, justement, et sans doute, au début à cause d’un manque de Tolérance.
-  Tolérance de la nature, ou de la matière, qu' elle soit minérale ou végétale, quand je pense à cette forêt vierge par exemple où toutes sortes de plantes poussent et se tolèrent ou ne se tolèrent pas, un lierre qui envahira un grand arbre et sera capable à force de pousser, de l’étouffer, et de  le faire mourir …à moins que ce ne soit lui, le grand arbre qui se laisse envahir, se laisser mourir sans réagir … pour mieux laisser le lierre se développer et vivre.
Comme c’est curieux, est-ce que ça ne veut pas dire, qu’encore une fois, c’est la nature qui nous donne l’exemple et qui nous montre.

Comme c’est curieux, tolérer ce pourrait être : laisser l'idée de l’autre vivre et laisser la  nôtre mourir…ou  l’inverse ?

La nature, peut même se rebeller quand ça dépasse certaines limites, quand cela devient insupportable, intolérable, ou qu'on arrive à des déséquilibres : je pense aux tremblements de terre, aux raz de marée, aux cataclysmes de tout genre.
 
4- Mais je m’intéresserai  à la tolérance de l’esprit, c’est à dire à un autre élément que sont la terre, l’eau, l’air, le feu, ou même le sel dont parlait mon frère Louis. Le sel n’est-il pas lui même tolérant ou non tolérant , Louis nous a démontré que là aussi le sel accepte ou rejette tolère ou ne tolère pas, que cela devient inacceptable quand c’est une addition salée, pire, que cela devient insupportable, ce manque de sel dans le cerveau de la maman de Liliane avec les effets irrémédiables dont parlait mon frère Jean-Marc. 

Donc la tolérance de l’esprit, (dans son acceptation philosophique !)
à quoi ça sert me direz-vous ?
A faire évoluer l’humanité vers plus d’amour, plus de paix surtout, plus de sagesse, vers la lumière.

Je me souviens de mon premier travail ici sur la pierre avec mes frères apprentis et j'aimerais  y faire référence, car tout est peut-être lié en fin de compte ?

Nous parlions des éléments que sont  la Terre, L’Eau, l' Air et le Feu. j’avais dit en conclusion que chacun des éléments en combinaison avec les autres formait un tout. Et je me souviens de ma conclusion : chacun des 4 éléments est conducteur vers une autre réalité que lui-même.

La tolérance me conduira-t-elle vers une autre réalité ?
aujourd’hui j’en suis convaincu : surtout depuis que je l’ai expérimentée et appliquée dans ma vie profane, mais dans un esprit de Frère qui devait m'habiter, lors d’événement personnel grave, comme le décès de mon papa    je vois des personnes qui me sont chères se faire du mal entres elles, cela m'a guidé, éclairé pour les aider à avancer dans la paix.

5- Tolérance et intolérance.

Etre Tolérant suppose qu’on en mesure les limites et qu’on évalue les obstacles.

On respecte la loi, on ne la tolère pas. On tolère les opinions d’autrui, mais on respecte sa personne, car elle est distincte de ses opinions. On peut donc respecter cette personne sans tolérer ses opinions.

Affirmation des particularismes, diversités culturelles, une condition du savoir et non plus une concession faite à l’erreur ou au vice, conserver l’idée qu’elle est avant tout un effort sur soi, dans un discours partagé.
Car il faut avoir le courage d'aller plus loin, la force de faire les efforts nécessaires et prendre le temps.

La tolérance se définit dans l’écart des pratiques et des opinions par rapport à une norme affirmée universelle. Elle est une sorte de condescendance de la vérité pour l’erreur et ne dure qu’autant que cette erreur ne peut être résorbée. On peut du même coup lui assigner une limite. Notamment l’intolérance :

Mais qu’est-ce que l’intolérance ? 

L’intolérance  est partout et elle présente  mille visages.
Nous tolérons la misère, l’exclusion, les sans-abri, l’ordre moral, le racisme même pour peu qu’il sache se cacher sous une apparence de bienséance. Que ne tolérons nous pas à la longue, à quoi ne finissons nous pas à nous habituer ? Lâcheté, permissivité molle, paresse, mépris, indifférence … Il faudrait retourner le problème du côté de ce verbe qui n’existe pas intolérer : qu’est-ce que l’intolérable ? ce qui provoque un refus et une insurrection. Contre un état de fait, un comportement, des idées, une injustice et qui dans le même mouvement traduit une souffrance à partir d’un certain seuil de tolérance ...

A voir les ligues nationalistes et antisémites, les attaques dans les années 1880 contre les ouvriers Italiens venus travailler en France dans le bâtiment, puis les Polonais dans les années 1950 venus travailler dans les mines de charbons, puis plus proche de nous les Nord-Africains que j’ai vu arriver, étant enfant, dans le Nord de la France.
Intolérable ! ces joueurs de Foot étrangers dans les équipes nationales et pourtant qu’est-ce qu’on est tolérant quand ils deviennent champion du monde et que la souffrance disparaît, n’existe plus et fait place à la joie et à l’amour d’un peuple éperdu de reconnaissance. Où est la limite entre tolérance et intolérance : au seuil de la souffrance je pense.

Mon frère Max, Comment parler de la tolérance ou de  l’intolérance dans le monde, sans évoquer l’expérience tragique des juifs dans les pays de l’exil. Qui trois ans après la shoah  confirmait la voie à prendre : indépendance politique pour les juifs, égalité civile et politique pour les minorités et respect de leur personnalité culturelle.

Compte tenu de notre histoire  en diaspora, ( dispersion des juifs au cours des siècles – dispersion d’une ethnie quelconque – Tsigane ) , on comprend que la tolérance ou l'intolérance prenne en Israël une signification toute particulière.
 
Comment ne pas penser également de cette autre collectivité l' Afrique du Sud qui elle aussi, a tant souffert et souffre encore de l’intolérance à cause de l'apartheid.

Pour aller au delà de ce que je qualifierai  " d’un respect distancié " entre deux réalités sociales, il faut un élément transcendant : la souffrance, la connaissance, et l’amour. Car d'ailleurs la volonté politique seule ne suffit pas à faire disparaître l'intolérance, on a besoin de ces éléments transcendants. Par exemple c’est aussi à l’hôpital, ou à l’université et surtout dans l’intimité d’un couple que quelque chose se construit dans une certaine proximité, connaissance, et un amour.

J'ai parlé de volonté politique:

6- Quel est le rapport entre le Pouvoir et la tolérance ?

L'intérêt d'un Etat (ou d'une petite commune par exemple) est de tenir à l’unité de religion et sous le couvert de la religion à obliger tout le monde à penser comme eux.
IL est possible de fonder la tolérance sur des dispositifs institutionnels, juridiques et politiques.
L’histoire nous montre bien aussi que le pouvoir tolère de ses administrés certains comportements ou habitudes. Le point commun de ces relations du pouvoir et de la tolérance est le caractère précaire, fugace, révocable, fongible de la tolérance .
( Fongible : qui se consomme par l’usage et peut être remplacé par d’autres choses identiques.)
Et cela garantit à un pouvoir quelqu'il soit, l’exercice d’un lien social. Allons encore plus loin, une tolérance qui se répète, se généralise devient la loi. C’est une source du droit que nulle constitution n’a prévue et pourtant, notre histoire juridique est ponctuée par ces luttes entre le flou et l’énoncé. 

Avec le monopole de la loi s’est donc érigé le monopole public de la tolérance et depuis nous sommes en négociation permanente avec les détenteurs de la loi. De l’automobiliste au voleur de grands magasins en passant par les fraudeurs fiscaux la permanence de négociation s’est établie. Cette tolérance révèle une tolérance de maître à dominé.

Mais attention ne confondons pas, cela ne veut pas dire que celui qui tolère est supérieur, c'est faut. Il ne peut y avoir que réciprocité d'idées et personne ne détient LA  vérité.

Là ou il y a différence, différence qu’aucun projet unitaire ne veut ou ne peut éliminer, un code de bonne conduite se constitue, que l’on nomme tolérance.

Par contre, que faire  contre ceux qui érigent sciemment l’intolérance en politique ?
Et que faire contre cette  intolérance vis à vis des idées qui s’aggrave dans le cas de la discrimination entre les personnes.

Prenons garde à l'énervement des passions opéré par les médias, la simplification outrancière des arguments pour mieux se faire entendre, et qui chassent la tolérance en ce qu’elle suppose de nuances, de dialogue. La complexité n’est qu’un alibi pour des intellectuels velléitaires. Le simplisme exige toujours des solutions immédiates, montrables, aisément reproductibles.
A ce sujet, depuis quelques temps, l’idée de médiation a surgi dans le social par exemple, et de cette relation humaine , restitue à chacun sa complexité et autorise une tolérance vraie, car négociée, reconnue par les individus, librement décrétée.
L’enjeu est celui là  pour sortir d’une tolérance – bordel, d’une tolérance dérèglement, d’une tolérance cache-misère pour entrer dans une tolérance de dialogue.

1791 Déclaration des droits de l’homme et du citoyen.
art 11 : la libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’homme ; tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi.

7- Quelles sont donc les limites de la tolérance ?

Je l'ai dit précédemment la limite de la  tolérance et de l'intolérance : c'est le seuil de la souffrance.

Attention également car une tolérance absolue peut aussi aboutir à la confusion ou à l'indifférentisme …

On peut également dire : La tolérance c'est le  relativisme culturel, c'est à dire que toutes les cultures se valent. Problème : est-ce qu' au nom de  la tolérance et du relativisme culturel (qui est donc que toutes les cultures se valent) on peut justifier des atteintes aux droits de l'Homme tel que l'excision par exemple.
Par contre, l'Ethnocentrisme c'est l'intolérance. C'est à dire juger la culture des autres en fonction de sa propre culture.   

8- La tolérance est-elle une vertu ?

La tolérance n’a plus le même sens : elle devient le principe ou la règle pratique que l’on se donne dans un certain rapport à autrui,  et plus précisément à autrui en tant qu'indiffère ou s’oppose à mes propres convictions. Qui tolère peut y trouver un bénéfice. La tolérance peut s’offrir, comme un  idéal de vie en commun dont la forme exemplaire serait le dialogue, discours partagé qui nous engage à  " accueillir  l’étranger ".

Helvétius (philosophe Français du 18ème) fonde la liberté d’expression sur l’utilité publique : elle est un facteur de promotion de la vérité, éclairant les individus et rendant possible le progrès commun.

En matière de religion, cependant, on ne sait ni quelle est la vrai religion, ni qui est habilité à la reconnaître comme telle. Chacun est donc tenu de suivre la religion que lui indique sa conscience.
Le seul critère de vérité devient la sincérité et la tolérance avec laquelle la pratique ses membres. Voltaire le reprendra à sa manière en affirmant, dans l’article  tolérance :  « Que nous sommes tous pétris de faiblesses et d’erreurs » invitant à nous pardonner réciproquement nos sottises.

La tolérance repose  moins sur un ensemble de devoirs énoncés par la conscience au titre d’une morale naturelle, que sur un constat d’ignorance ; dont on déduit la nécessité de reconnaître un droit à la pluralité en matière d’opinions. Cette tolérance  fait prévaloir la question de la liberté sur celle de la vérité, et celle de la pratique morale sur le dogmatique.

En tout cas il paraît évident que la réponse se joue sur le plan des idées. Dans un certain sens la tolérance serait une vertu  intellectuelle.
Dans cette conception, la tolérance est affaire de réciprocité ; La tolérance est mutuelle ou elle n’est pas, elle doit être tenue pour une obligation morale, un compromis utilitaire.

Il faut souligner qu'il y a une bonne et une mauvaise tolérance. La mauvaise est celle qui vient de l'indifférence à l'égard d'une vérité ou d'une hiérarchie entre les vérités, tandis que la bonne tolérance est le fait de pouvoir écouter les idées d'autrui bien qu'on ne soit pas d'accord et justement d'en discuter.
La tolérance est une véritable vertu morale et ce n'est pas simplement une indulgence pour faciliter la convivialité des hommes entre eux.
La tolérance n’est associée à l’indulgence que parce qu’elle est réciproque, n’introduisant aucun  rapport de domination entre celui qui tolère et celui qui est toléré.

La tolérance  apparaît comme une donnée incontestable de l’horizon intellectuel, politique et juridique du libéralisme. Pour l'homme c’est la Liberté de croyance, d’opinions, d’expression, inaliénable de se déterminer par lui-même.

Nous avons consacré à la face du monde ce propos : Tous les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits.
La  tolérance  est  un espace  de Liberté, d'Egalité, de  Fraternité.

La tolérance cesse également, ainsi, d’être seulement un problème de morale et de politique pour devenir une position théorique et même  une des conditions du savoir. Elle suppose une séparation des savoirs sans permettre à aucun d’exercer une hégémonie, une suprématie. La science  par exemple dit  David Hume (philosophe du 18ème) ne pouvait naître que dans un pays de tolérance et de liberté.

Liberté de pensée, liberté intérieure de conscience,  ou d’opinions dont la forme extérieure est le droit à l’expression publique. Liberté de satisfaire nos goûts de choisir les intérêts que nous poursuivons et de conduire notre vie comme nous l’entendons.
La liberté d’expression a aussi une fonction de vertu : elle permet aux hommes de développer leur entendement par une confrontation des opinions. 

Pierre Bayle (philosophe du 17ème) nous fait remarquer que chacun peut reconnaître en l’autre la sincérité de ses convictions, même si la vérité qu’il soutient diffère de la nôtre. Le devoir d’obéissance à sa propre conscience fonde ainsi le droit à la liberté religieuse, droit qui n’a de sens que s’il est réciproque. Ce qui hélas, n’est pas le cas aujourd’hui dans certaines religions ou plus exactement et plus précisément avec certains extrémistes qui ne tolèrent pas  les autres religions …..  
Cependant,  Bayle ajoute " La persévérance dans l’erreur est en réalité une fidélité à sa conscience en tant qu’elle est le signe d’une détermination invincible et insecouable vers la vérité ".

Voltaire tire les leçons de l’histoire et nous invite à la tolérance dans son fameux traité sur le sujet. L’hérésie est naturelle parce qu’elle tient à la nature bornée de notre esprit. Elle appelle à la tolérance. En revanche, le fanatisme dégénère en maladie parce qu’il consiste à prendre son opinion pour vérité unique, et à saisir les armes pour le défendre. L’intérêt des nations exige la tolérance. Nous devons mutuellement nous pardonner nos erreurs ; la discorde est le grand mal du genre humain, et la tolérance en est le seul remède.

La tolérance est une vertu humaine et une vertu sociale.

9- Quelle  est  place  de  la  tolérance  en  Franc-Maçonnerie ?

Je l’ai dit, c’est la première des choses que j’ai très vite ressenti en venant ici : une immense tolérance, une grande écoute  et un amour.
Pour l'apprenti que je suis, être tolérant c’est d’abord s’accepter soi-même, ensuite c’est accepter l’autre, c’est découvrir un autre monde et par voie de conséquence c’est progresser dans l’humanité.
Quand la tolérance s'installe, le dialogue s'ouvre, l'ignorance recule, la connaissance avance.
Lessing écrivain Allemand du 18ème et Franc-Maçon, soutient un idéal de fraternité universelle par delà les divisions religieuses, nationales ou sociales, évoquant l’idéal maçonnique de fraternité et d’universalité qui conditionne la pratique de la tolérance.

Extraits du livre de Plantagenet  " Causeries initiatiques pour le travail en loge d’apprentis "
Page 27, je cite :
"un Maçon dans quelque endroit ou dans quelque circonstance que ce soit se doit à lui-même de ne pratiquer que la tolérance, de ne priser que la vertu et de ne respecter que l’intelligence et le talent".

Page 118, je cite encore :
"la loi du maçon : pondération, tolérance, fraternité."
 
Un peu plus loin je lis : "faire taire ses passions et oublier jusqu'à ses intérêts personnels, il se met à l’ordre. Il n’est plus un homme. Son geste l’a purifié, le cours de ses pensées s’est modifié, il n’est plus que  solidarité,  fraternité  et  amour."

Mais revenons à  la question posée : qu’est-ce qu'être tolérant ?
C’est d’abord  être tolérant  avec soi-même c’est savoir que l’on a des opinions, des avis, des idées propres à soi et quelquefois, pour ne pas dire le plus souvent, des idées différentes des autres. Cela peut poser un problème personnel un cas de conscience dirons-nous si quelqu’un n’est pas suffisamment tolérant avec ses propres idées. C’est la première des tolérances.

Ensuite c’est d’être tolérant avec l’autre, pas toujours facile dans la vie, dans le monde, pas toujours admis par les états, les gouvernements, les ethnies, les partis, les lobbys, les corporatismes, les groupes en tous genre ……

Et pourtant c’est la seule façon de permettre d’abord à l’autre d’être lui-même, de lui accorder le droit à la liberté de conscience, de lui donner la possibilité de vous apporter quelque chose de différent, de vous enrichir, de vous donner une idée de plus , autre, qui puisse vous faire évoluer, … grandir.

Je me souviens de cet axiome : quand deux hommes se rencontrent et qu’ils échangent
1 franc, ils repartent riches d’un franc chacun, mais quand deux hommes se rencontrent et qu’ils échangent 1 idée, ils repartent riches de deux idées chacun.

Donc être tolérant avec l’autre c’est l’accepter comme il est, c’est lui permettre de le laisser s’exprimer complètement, profondément, même et surtout si on n’est pas d’accord avec ses idées, c’est mieux l’observer, mieux le laisser vivre, lui donner ou mieux je dirais : lui offrir la possibilité d’évoluer ….. à lui aussi, comme à nous d’ailleurs, bref  c’est  mieux le comprendre, c’est l’aimer donc.

Pour terminer mon propos :
Permettez moi de vous rapporter une deux réflexions personnelles et ensuite de vous proposer deux citations de GANDHI.

Réflexion personnelle :
-         Comment combattre l’intolérance ?  par encore plus de tolérance.
-         Il n’y a qu’une seule arme  invincible contre l’intolérance, c’est l'Amour, mais ce n’est pas une arme dont tout le monde dispose, ni dont on puisse user à l ‘égard de tous.

GANDHI. Je vous donne deux citations, la première :
<-         Ma religion n’est pas une religion de prison. Elle offre une place aux plus déshéritées des créatures de Dieu. Mais elle est à l'épreuve de l’insolence, de l’orgueil de race, de religion ou de couleur. Je ne crois pas qu’il puisse y avoir sur terre une seule religion. C’est pourquoi je m’efforce de découvrir ce qu’elles ont en commun et de prêcher la tolérance mutuelle.  

Deuxième citation
-         La règle d’or de la conduite c'est la tolérance mutuelle, car nous ne pensons jamais tous de la même façon, nous ne verrons qu’une partie de la vérité  et sous des angles différents.

Je ne puis résister, en tant que Maître des colonnes d’harmonies au plaisir, de vous faire écouter un morceau de musique de 4 minutes environ, qui pour moi symbolise la tolérance.

Ce morceau je le décompose (bien-sûr) en 3 parties :
- 1ère partie  jusque 1 mn 40 : des violons nous bercent et nous balancent dans une douceur de l’esprit, tout semble bien dans le meilleur des mondes. C’est le bonheur, c’est l'équilibre, c'est l’amour.
- Vers 1 mn 40 environ, la  2ème partie : une dissonance brutale, casse le rythme, met le trouble, nous perturbe. C’est la chose étrangère, l'autre idée, l'inacceptable.
vers 2 mn 40 : Le rythme se calme, un violon réfléchit seul, tolérant il fait la part des choses. L’humanité progresse et se redéveloppe par l'intermédiaire de la harpe qui relance un violon.
- Violon, vite accompagné par les autres violons dans la  3ème partie  vers 3 mn 20 pour repartir dans une mélodie avec un bercement plus assuré  et renforcé par ce nouvel  apport, et pour terminer dans les toutes deux dernières secondes  par un envol pour vers …plus loin et plus haut.   
Musique : "Fantaisie sur Greensleeves"  de Ralph Vaughan Williams (compositeur Anglais fin 19ème début 20ème)

Vénérable  Maître, j'ai  dit.

M
\ T\

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