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La Tolérance


« Si tu diffère de moi mon Frère, loin de me léser, tu m’enrichis »
A.de St.Exupéry
 
La vie en société implique engagement et responsabilité et la tolérance ne se développe que dans le dialogue.
Son interruption ouvre la voie à la diffusion de préjugés et l'établissement de stéréotypes dans l'esprit des citoyens ... images mentales et généralement négatives qui se substituent à la réalité humaine et vécue des contacts directs et fraternels.
Mais la sauvegarde de la tolérance implique aussi du courage.
Car l'intolérance à l'égard de quelques-uns menace la liberté de tous.
Dans un beau texte illustrant la solidarité des hommes et auquel Hemingway emprunta le titre d'un roman, le poète élisabéthain du XVI' siècle John Donn écrivait:
 
Aucun homme n'est une île, repliée sur elle-même;
Chaque homme est un élément du continent, une partie d'un ensemble...
Chaque mort d'homme m'amoindrit car je suis solidaire de l'humanité.
Et c'est pourquoi, ne cherche jamais à savoir'' Pour qui sonne le glas ''.
Il sonne pour toi.
 
Les Francs-maçons enseignent et proclament bien haut qu'ils doivent être tolérants.
Comment devons nous introduire et pratiquer cette tolérance dans notre vie quotidienne ?
La tolérance pour les maçons, n'est  pas seulement une façon de vivre dans le cadre de notre ouverture sur le monde ainsi que nos réactions, visions et nos propres idées sur le Divin, sur l'humain, le social et de ce que devrait être la communication avec nos frères ou notre prochain en général.

Ces visions et ces idées se confondent et sont généralement intégrées les unes aux autres.
Dés la prime enfance, nous commençons à réagir aux premières images que nous recevons de notre entourage, et aux signaux que nous percevons  à l'état brut, avec nos cinq sens ... comme ils nous viennent de l'Autre et de la société qui nous entoure.
A un stade plus avancé, arrivent les expériences, venu du monde non sensoriellement perceptible.
Tout ceci est défini et formé à partir de nos gênes, notre personnalité innée, de nos capacités propres, de la qualité de notre éducation, de la première communication entre nous et nos parents et de la tradition reçue et acceptée.
Un homme sain et normal, est programmé par ses gênes, ses composants de base et ses premières impressions, pour percevoir l'Être Suprême, ses prochains et la société dont il fait partie ; comme une totalité harmonieuse, lui donnant confiance ...  et en son entourage ... et en lui-même.
Cet homme, sain d'esprit, ne se sentira jamais menacé.
Chaque homme vivra des hauts et des bas et son mode de réaction sera une image dynamique et vivante, basée sur des impressions, des perceptions et des événements se renouvelants sans cesse.

Pour l'homme d'aujourd'hui, ce fardeau est devenu encore plus lourd que par le passé.
Jamais de mémoire d'homme, il n'y eu un tel afflux d'informations, ... par la presse parlée ou écrite, la télévision, Internet ... e-mail ... et j’en passe ...
La majeure partie de cette information est ressentie comme agressive et menaçante...
L'homme, partie de la vie en société, continue sa tâche et son devoir d'amour de sa famille et du prochain.
Il réagit selon ses moyens, à tout ce qui lui arrive de cette société, et certainement à tout ce qui se passe dans son propre voisinage.
Certains osent appeler tolérance, une condescendance, un isolement délibéré, tant envers son entourage qu?envers les autres, aussi bien par la parole et que par la conduite.
Cette condescendance, cet  isolement ou cette inertie...  cette lâcheté... reçoit bien a tort une fausse connotation de haute moralité.
La plupart d'entre nous accepteront, tout naturellement, que la tolérance est de rigueur, quand il s'agit de religion ou de philosophie.
La tolérance raciale ou sociale par contre, a malheureusement ses limites pour beaucoup d'entre nous.
Elle s'arrête lâchement là où nous pensons que notre propre façon de penser et de vivre est menacée, scandant le slogan : " Je ne touche pas à ton mode de réflexion ou à ton mode de vie, si tu ne touches pas au miens ".
Une société humaine, divisée en races, en castes, en rangs, en niveaux, ou en échelle sociale, peut sembler ordonnée, mais elle est vraiment inhumaine.
Chaque barricade, conduit à des divisions et à des frontières Nord/Sud, tiers monde quart monde - à l'exemple ( comme par le passé ) du 38e parallèle coréen, aux murs de Berlin ou de Jérusalem, et même ces derniers, ne se sont jamais avérés imperméables, aux hommes, aux livres, aux images ou même aux idées.
 
La tolérance active voit le jour, quand il y a en nous un espace actif d'écoute et d'interrogation et quand il y a une possibilité de communication entre humains, ou quand il existe la volonté de rechercher ce qui unit les gens et non ce qui les sépare.
 
Nous devons être à écoutes de notre prochain et le voir, avec les oreilles et les yeux du cœur, donc avec amour.
Pour cela, il nous faut d'abord faire une toute petite place dans notre pensée et notre cœur... et ainsi pouvoir étudier la possibilité minimale, que cet homme, qui pense si différemment de nous, peut nous apporter quelque-chose qui nous est encore inconnu, mais qui vaut peut-être la peine, qu'on en prenne connaissance sans préjugé.
C'est seulement a ce moment là, que peut s'épanouir et se développer; la vraie tolérance, parce que nous remettons en question, une partie de nous même et de nos propres convictions.
Alors seulement, peut germer l'idée, que notre soi-disant opposant a découvert, sur sa route, une petite fleur que nous n'avions pas remarquée.
Peut-être a-t-il mieux perçu un phénomène ou l'a-t-il mieux interprété ?

Cette interaction réciproque s'avérera toujours enrichissante et fructueuse.
Pour cela, nous devons laisser agir sur nous les valeurs, vérités et réalités de chacun, sans nous cabrer uniquement sur nos propres points de vue et valeurs.
Car nous devons partir du principe, que personne ne possède la vérité absolue.
À côté de notre façon de vivre et de penser, il existe une quantité innombrable de variations et de choix, et chacun, quel qu'il soit, a droit à sa propre réalisation, dans sa quête vers la maximalisation du bonheur humain.
Ceci est totalement différent de la tolérance passive actuelle, qui dans la pratique quotidienne est beaucoup plus difficile et compliquée à exercer que la fameuse tolérance maçonnique que nous exerçons dans l'intimité douillette d'une loge, avec un nombre restreint de frères qui sont passés par le même crible que nous, et qui ont donc le même modèle de pensée et de communication que nous.
 
En résumé : la tolérance pour être enrichissante, ne peut-être qu'active.
Nous devons accepter et défendre le droit de chacun à la différence et ne pas vouloir à tous prix, amener ou niveler l'Autre, à nos valeurs.
 
Rappelez-vous, que d'après nos Sages, Sodome à été détruite par le Gadlu, uniquement parce que son inhumanité consistait a niveler tous le monde à leur mesure.
 
D'après le Talmud, ils  avaient un lit spécial sur la Grand-place.
Ceux qui à son aune étaient trop petits, étaient écartelés et ceux qui étaient trop grand, étaient découpés à ses mesures.
 
Pour conclure MMTTCCFF\.
 
Respect, ...amour, ...ouverture, ...dialogue, ... mais aussi confiance mutuelle, ...vigilance, ... solidarité ...et courage, .... telles me paraissent être les composantes de la tolérance dans son sens le plus noble, le plus haut et le plus généreux, celui de l'antique et sublime parole de la
Bible ( A.T. : Lévitique 19 : 18 & 34 ) : " Tu aimeras ton prochain et l'étranger comme un autre toi-même " qui est la traduction exacte du mot hébreu  '' Réa'kha '' = ton prochain = celui ( que tu vois comme dans ton miroir ) ( miroir = Rehy ).

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