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La Tolérance


Cette citation de Michel Servet nous invite a réfléchir sur la tolérance :
« personne ne doit être persécuté sous le prétexte que l’ordre du monde risquerait de se décomposer ». Michel Servet, humaniste du 16 ème siècle.

La tolérance est une notion qu'on retrouve dans les différents registres de savoirs. Elle a été généralement invoquée à partir des XVIe, une époque où sévissaient en Europe les guerres civiles et de religion. Il s'inscrit plus particulièrement dans la logique de la Morale moderne. Banalement, la tolérance consiste à accepter l'authenticité de l'Autre, sa différence, sa manière d'être, de penser et d'agir.
Elle signifie l'acceptation du fait que les êtres humains, qui se caractérisent naturellement par la diversité de leur aspect physique, de leur situation, de leur mode d'expression, de leurs comportements et de leurs valeurs, ont le droit de vivre en paix et d'être tels qu'ils sont.

Par cela même, la tolérance possède sa propre limite, suggérée par cette autre question certes banale, pourtant terrible, qui pourrait défaire même le principe de tolérance: peut on tolérer l'intolérable ?
Surtout que, l'intolérable pour moi, pourrait ne pas l'être pour autrui.

Or , « ..., pratiquer la tolérance ce n'est ni tolérer l'injustice sociale, ni renoncer à ses propres convictions, ni faire de concessions à cet égard. La pratique de la tolérance signifie que chacun a le libre choix de ses convictions et accepte que l'autre jouisse de la même liberté ».
Aussi si je vous propose un détour par le 16 iéme siècle, nous constaterons par exemple que l'intolérable pour l'Église catholique fut la Réforme, et paradoxalement au sein même de la Réforme l'intolérable pour Calvin fut la récusation des idées de Michel Servet qu'il finit par envoyer au bucher au nom d'une pureté de la théorie et du dogme. Calvin voulait combattre les idées de Servet, mais il finit uniquement par abattre l'homme Servet. Ce qui valu à Calvin lui même la réplique mémorable de Sébastien Castellion :
« Tuer un homme pour défendre une doctrine, ce n’est pas défendre une doctrine, mais c’est tuer un homme »
Sébastien Castellion incarne alors une des figures de la tolérance et de l'humanisme, dont certaines loges maçonniques revendiquent aujourd'hui de porter le nom.
Il sera, au XVIe siècle où souffle tous les vents de la Réforme et de la répression contre les hérésies, un adversaire inconditionnel et solitaire des violences religieuses.
Il disait :
« Il vaudrait mieux laisser vivre cent, voire mille hérétiques, que de faire mourir un homme de bien sous ombre d'hérésie »

Par de nombreux écrits dont la plupart mériteraient d’être réédités pour le plus grand bien des temps actuels, Castellion chercha à faire comprendre le vrai sens de la Réforme, en son temps, et qu'il qualifiait de retour à la simplicité de l'Évangile et à l’adoration de Dieu en « esprit et en vérité ». Sa voix resta longtemps celle du héros qui crie dans le désert.
Castellion demanda dès lors à Calvin si pour disserter avec l’assurance qu’il avait, de la Trinité, de la prédestination et du salut, il aurait reçu de Dieu des confidences particulières ! Les Ecritures sacrées sur lesquelles Calvin se fonde et sur lesquelles les autres, les hérétiques, ceux qui différaient d’opinion avec lui, comme Michel Servet, prétendent se fonder aussi, sont-elles d’une intelligence si facile ? S’il est vrai que les Écritures sont limpides, d’où vient que, pour les éclairer Calvin édite d’innombrables commentaires ? L’évidence a-t-elle jamais eu besoin de tant de démonstrations ? Calvin les estime claires. En cela il bataille contre ceux qui les trouvent obscures, il bataille contre Servet, contre Luther, lequel avoue la difficulté de mettre d’accord les épitres de Paul et celles de Jacques.

Calvin demande comment sera sauvegardée la sainte doctrine, si l’on ne punit pas les hérétiques. « Enseigne la doctrine de Jésus-Christ, s’écrie Castellion ; sa doctrine est d’aimer ses ennemis, de faire du bien à ceux qui nous maltraitent, d’être affamés et assoiffés de justice ».

La tolérance doit donc être le socle de notre humanisme pratique et quotidien. En clair, quelque soit nos égarements et les errements d'autrui, il s'agit de prendre garde de ne pas dissoudre l'humanité de l'autre dans le prononcé de sa culpabilité, ni dans la condamnation de ses idées et de ses actes.

Mais ce n'est pas de cette tolérance que j'aurai à me satisfaire ici en loge. Je veux évoquer cette tolérance, l'une n'étant pas contradictoire avec l'autre, celle qui se réfère à l'axe de la pensée maçonnique, et en fait plus qu'une valeur fondamentale.
La tolérance est l'une des pierres angulaires de la franche maçonnerie, et donc d'une loge, selon les constitutions d'Anderson, qui stipulent :
« Un maçon est obligé, de par sa tenure, d'obéir à la loi morale. S'il entend bien l'Art, il ne sera jamais un athée stupide ni un libertin irréligieux. Si, dans les temps anciens, les maçons étaient obligés, en tous les pays, de suivre la religion de ce pays ou de cette nation, on juge plus commode de nos jours de ne les obliger qu'envers la religion sur laquelle tous les hommes se mettent d'accord, laissant à chacun la liberté de ses opinions personnelles. Cette religion consiste à être hommes de bien et sincères, hommes d'honneur et de probité, quelles que soient les dénominations ou les croyances qui puissent les distinguer. Ce en quoi la maçonnerie devient le Centre de l'Union et le moyen de réunir, par une vraie amitié, des gens qui sans elle seraient à jamais restés étrangers. »

Bien que la tolérance habituelle, profane, ressemble à la tolérance maçonnique, la tolérance possède ici, en cette loge, pas seulement une valeur morale ni éthique mais le sens et l'obligation d'un Devoir. Bref, tolérance et franche maçonnerie sont ici synonymes.
L'idée de tolérance est donc consubstantielle à l 'émergence de la franc-maçonnerie moderne, qui voudra ainsi dépasser les clivages politiques, philosophiques, religieux et métaphysiques stériles. L'article 1 des Constitutions d'Anderson pose les bases de la tolérance maçonnique. Il vise essentiellement à promouvoir un noyau de la Fraternité Universelle de l’Humanité sans distinction de race, credo, sexe, caste ou couleur,
d'opinions particulières. Elle impose de considérer la Maçonnerie comme une Sagesse qui sous-tend toutes les religions, toutes les métaphysiques et philosophies singulières, au delà de leurs dogmes et superstitions.

Sur la base de ce qui précède, il est facile de se faire une idée de ce que la Franc-maçonnerie peut apporter à l'individu en particulier et à l'humanité en général. En résumé, il s'agit essentiellement d'une école de vie et d'apprentissage de la liberté prenant en compte toutes les dimensions de l'individu sur les plans affectif par la fraternité, intellectuel par l'exercice de la tolérance et spirituel par la Tradition et la référence à un principe supérieur. Elle permet à toute personne qui souhaite marcher sur le chemin difficile de son perfectionnement de trouver une alliance fraternelle avec laquelle elle puisse partager ses efforts et ses questionnements. La Franc-maçonnerie fournit donc un lieu de rencontre où le dialogue constructif est possible par le respect des opinions d'autrui et l'écoute de l'autre. Ce qui réunit les Francs-maçons est la foi en la perfectibilité de chacun et son rayonnement possible sur les autres hommes. A travers le travail du Maçon, la Franc-maçonnerie espère pouvoir faire rayonner à l'extérieur plus de justice, de tolérance, de charité et d'amour par le comportement actif et responsable de chacun.
Oui tolérance et charité finissent par être interchangeables.

C'est aussi pourquoi, par exemple, l'expression « Grand Architecte de l'Univers » fut alors de plus en plus fréquemment utilisée, souvent en remplacement du mot « Dieu », car étant plus générale, celle convenait aussi bien aux différentes religions. Cette notion de Grand Architecte permettant d'éviter des frictions inutiles, voire épidermiques.
L'énonciation du symbole de Grand Architecte de l'univers a des conséquences également pratiques pour le franc-maçon, ainsi qu'à pu l'écrire notre frère Voltaire, avec parfois sa désinvolture apparente, dans son Dictionnaire philosophique :
«... un homme, le franc-maçon,reste fermement persuadé de l’existence d’un Être suprême aussi bon que puissant, qui a formé tous les êtres étendus, végétants, sentants, et réfléchissants ; qui perpétue leur espèce, qui punit sans cruauté les crimes, et récompense avec bonté les actions vertueuses.
Réuni dans ce principe avec le reste de l’univers, il n’embrasse aucune des sectes qui toutes se contredisent. Sa religion est la plus ancienne et la plus étendue ; car l’adoration simple d’un Dieu a précédé tous les systèmes du monde. Il parle une langue que tous les peuples entendent, pendant qu’ils ne s’entendent pas entre eux.
Il a des frères depuis Pékin jusqu’à la Cayenne, et il compte tous les sages pour ses frères. Il croit que la religion ne consiste ni dans les opinions d’une métaphysique inintelligible, ni dans de vains appareils, mais dans l’adoration et dans la justice. Faire le bien, voilà son culte ; être soumis à Dieu, voilà sa doctrine. Le mahométan lui crie :
« Prends garde à toi si tu ne fais pas le pèlerinage à La Mecque ! » « Malheur à toi, lui dit un récollet, si tu ne fais pas un voyage à Notre-Dame de Lorette ! » Il rit de Lorette et de La Mecque ; mais il secourt l’indigent et il défend l’opprimé. »

Le Grand Architecte fait plus précisément référence au principe créateur et ordonnateur de l’univers, à la force qui géométrise, qui ordonne ou qui a ordonné le chaos. Il ne retient aucun contenu théologique, historique, culturel, ou personnel de Dieu.
De ce qui précède l'on comprend que la tolérance n'est pas non plus une finalité en soi-même.
C'est le fondement pour la construction du Temple, au sein de la loge et parmi les Hommes, dont le chemin passe à travers le respect de la Règle, de l' équerre et du Compas, symboles entre lesquelles, nous nous sommes obligés de nous retrouver, ce malgré les tumultes de l'existence et des passions, pour devenir enfin libres et réconciliés!
Car la règle nous sert à nous orienter dans notre vie, dans la nature, dans l'espace et le temps, pour obtenir le discernement utile pour procéder aux investigations. L'équerre et le compas nous aident à apprécier les différents modes de la pensée et de ses raisonnements, enfin à envisager les différentes possibilités clairement et précisément.

Mais c'est aussi le principe de la sincérité et de la confiance en ses frères, le respect des autres, de leur langage. Pour autant, l'équerre c'est aussi la rectitude dans l'agir afin que l'édifice tienne debout.
Enfin, je me permettrai rapidement sans transgresser les niveaux, d'indiquer la truelle, dont l'expression, '' passer la truelle'' relève presque maintenant du langage commun.
C'est l'un des symboles par excellence de la tolérance, de l'amour fraternel, de la recherche de la solution partagée, acceptable par tous.

Au delà, demeure l'agapè, ce pain rompu et consommé rituellement ensemble.
La tolérance est la clé de voûte de notre démarche maçonnique, au sein de la loge comme dans le monde profane. Elle implique le rejet du dogmatisme. Pour faire un clin d'oeil, politiquement, elle fonde la démocratie, et l'État de droit, en devenant avant tout, une attitude active fondée sur la reconnaissance des droits universels de l'homme et des libertés fondamentales de l'autre.

Vénérable Maître, Mon propos a pu causer un déplaisir à mes frères. Mais j'ai confiance. Je compterai sur l'agapè, où malgré tout, ils sauront pardonner mon inintelligence et continuer à me témoigner leur réel amour fraternel.

Pour finir, j'aimerais remettre à chacun de mes frères l'extrait d'un texte de Sébastien Castellion, à lire et relire, je crois qu'il recèle cette vertu maçonnique dont j'ai cru parler.

VM et vous tous mes frères,
  j'ai dit.

B\ B\



TEXES A DISTRIBUER AUX FRERES
SEBASTIEN CASTELLION, Apôtre de la liberté de conscience et de la tolérance
Extrait de la Préface de De l’art de douter et de croire, d’ignorer et de savoir, de Sébastien Castellion, Jeheber, Genève, 1953

Cet homme exceptionnel naquit à Saint-Martin-du-Fresne dans le département de l’Ain, en 1515. Il était d’une famille de paysans, trop pauvre pour subvenir aux frais de son éducation, mais d’une « probité rigide » qui ne tolérait ni le mensonge ni l’hypocrisie.
Âgé de quinze ans, Sébastien Castellion était à Lyon, parmi les étudiants pauvres. Il y apprit à fond les langues et les lettres anciennes, mais aussi l'Évangile et le christianisme primitif. Il fut profondément frappé par les paroles de Luther à la Diète de Worms : « Chacun croit à ses risques et périls… » (… ) « la conscience ne doit être soumise à personne. »

Les bûchers s’allumaient pour ceux qui professaient ou publiaient les doctrines nouvelles. Castellion préféra l’exil au silence et à l’obéissance menteuse et, quittant tout à la fois l'Église romaine et la France, il alla à Strasbourg d’abord, à Genève ensuite. Il entra résolument dans les rangs de ceux qui engageaient contre les puissances matérielles et spirituelles coalisées la lutte héroïque et désespérée de la Conscience et de la Liberté.

Constatant que la Réformation s’orientait de plus en plus dans une direction qui n’était pas la sienne, Castellion se concentra dans les dernières années de sa vie sur la religion toute intérieure, sur la culture d’un sanctuaire intime, sur la pure piété de l’esprit, sur la religion de la vérité, de la justice et de la charité. Toute la fin de sa vie fut attristée dans sa retraite de Bâle par les accusations erronées et par de basses calomnies venues de Genève. Il y répondit avec douceur et magnanimité et continua jusqu’à son dernier souffle à se préoccuper, à côté de son professorat, des problèmes religieux. Son dernier ouvrage qui n’a jamais été édité porte comme titre : De l’art de douter et de croire, de savoir et d’ignorer, qui n’est rien moins qu’une courte dogmatique chrétienne, basée sur la raison, l’expérience morale et la psychologie religieuse. Nous ne pouvons résister de dire ici ce que Castellion, véritable prophète, pense de la foi, et l’on constatera combien il était un précurseur des temps modernes, puisqu’il a écrit autour de 1560 ce qu’affirment des milliers de pasteurs et de professeurs et ce qu'expriment le plus humble disciple du Christ : (…)

« La foi nous permet d’atteindre le but magnifique que seuls les yeux de l’âme aperçoivent. L’unique obstacle qui se dresse en face de cette foi admirable, toujours et partout victorieuse, c’est l’égoïsme. Le seul ennemi mortel de la vie spirituelle, profonde et véritable, c’est l’entêtement orgueilleux. »

Une tempête de persécutions et de passions allaient se déchaîner contre Sébastien Castellion, apôtre de la tolérance, précurseur de la paix basée sur le droit de conscience, faisant entendre en plein XVIème siècle la voix d’un Jean-Jacques Rousseau, d’un Channing, d’un Tolstoï, d’un Gandhi et d’un Kagawa. Dieu eut pitié de lui ! Il succomba au mois de décembre 1563, à l’excès de travail, peut-être à des privations, à coup sûr des épreuves qui avaient miné sa vie et usé son tempérament avant l’âge. Il mourut pauvre, accusé, méconnu, calomnié, à peine âgé de quarante-huit ans. Ses étudiants, suivis d’un interminable cortège, portèrent son cercueil sur les épaules et le déposèrent dans le cloître de la cathédrale de Bâle. Un document de l’époque dit : « Il laissa huit enfants opprimés par la misère et la haine. Mais quelques amis pieux et riches, par amour pour le défunt, payèrent les dettes qu’il avait contractées aux heures de détresse et élevèrent à leurs frais ses enfants. L’épitaphe portait : « Au très célèbre professeur, si cher aux érudits et aux croyants, pour sa grande science et la pureté de sa vie. »

Extrait du Traité des hérétiques, de Sébastien Castellion, Ed. Jullien, Genève, 1913 :
« La connaissance ne suffit pas à rendre l’homme meilleur. Paul a dit : «Quand même je connaîtrai tous les mystères, si je ne possède pas la charité, je ne suis rien. » Mais les hommes, enflés de leur science ou de la vaine opinion qu’ils en ont, se jugent avec mépris les uns les autres. L’orgueil engendre la cruauté, qui amène la persécution, en sorte que nul ne peut endurer la plus légère contradiction de la part d’autrui ; et quoi qu’il y ait aujourd’hui presque autant d’opinions qu’il y a d’hommes, il n’est pas une secte qui ne condamne les autres et ne réclament l’empire pour elle seule. De là les exils, les liens, les feux, les croix et ce lamentable appareil de supplice qui afflige chaque jour notre vue pour le simple délit d’opinion qui déplaise aux puissants de la terre…

Je vous le demande, qui voudrait être chrétien, lorsqu’il voit des hommes qui se réclament de ce nom traînés au supplice et traités plus cruellement que des larrons et des brigands ? Qui ne croirait que le Christ est un Moloch ou quelque divinité impitoyable qui réclame sur ses autels des victimes humaines ? Qui voudrait enfin servir le Christ à de telles conditions que s’il ose, au milieu des innombrables controverses de ce temps, différer de ceux qui ont le pouvoir en mains, il soit brûler aussi impitoyablement que dans les taureaux de Phalaris, quand même il crierait à pleine voix, au milieu des flammes, qu’il croit en Jésus et qu’il met son espoir en lui ! « O Christ, roi et Créateur du monde ! tu vois ces choses et les supporte ! es-tu donc devenu si différent de toi-même ? lorsque tu vivais sur la terre, nul n’était plus doux, plus clément, plus patient que toi. On eût dit une brebis muette entre les mains de celui qui la tond. Frappé, meurtri, conspué, moqué, couronné d’épines, crucifié entre deux brigands, tu n’avais que prières pour tes bourreaux ! N’es-tu plus le même aujourd’hui ? Ordonnes-tu que ceux qui entendent tes préceptes et tes commandement autrement que nos maîtres soient noyés, décapités, coupés en morceaux, brûlés à petit feu, livrés aux plus cruelles tortures ? Prends-tu plaisir à de tels sacrifices ?... Si tu fais ces choses, ô Christ ! ou que tu les approuves, que laisses-tu donc à faire au démon ? En quoi diffères-tu de lui ? O blasphèmes ! O scélérate folie des hommes qui ose attribuer au Christ les oeuvres du prince des ténèbres ! »

Nous nous sommes habitués dans toute la chrétienté digne de ce nom à la liberté de conscience, à la tolérance, à la responsabilité individuelle devant Dieu. Au temps de la Réformation, l’âme d’un seul homme en fut illuminée, et cet homme s’appelait Castellion qui, jusqu’à la fin de sa vie, continua contre vents et marées, à combattre en faveur de la liberté religieuse. « Tuer un homme, s’écrie Castellion encore, en s’adressant directement à Calvin, ce n’est pas protéger une doctrine. Ce n’est que tuer un homme. Lorsque les Genevois ont mis à mort Servet, ils n’ont pas défendu une doctrine, ils n’ont fait que tuer un homme. La violence endurcit le cœur qui ne s’ouvre qu’à la mansuétude. On ne surmonte le mal ; on ne dissipe les ténèbres que par la lumière, non par l’épée. »

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