Spiritualité
et Humanisme
Pour parler ensemble de la
spiritualité et de l’humanisme et comprendre la
spiritualité de l’humanisme ou
l’humanisme de la spiritualité, il convient de
situer l’évolution historique de la notion
d’humanisme. Bien entendu a une même
époque le mot humanisme n’évoquait pas
les mêmes notions pour tous les philosophes, savants et
politiciens, aussi j’ai, pour simplifier, retenu
l’acception la plus générale pour une
période donnée et quelques érudits
pourraient bien y trouver matière à
débat…mais ce n’est pas là
l’objectif premier de notre entretien.
Chez les grecs, par exemple, l’humaniste
s’incorporait à la nature et aux besoins de la
cité. L’érudition construisait un
citoyen humaniste éveillé à la
politique et aux arts. Les qualités humanistes
s’opposaient à l’homme barbare
qui vie comme un animal sans comprendre les lois de la nature et
n’a donc aucun moyen de choisir son comportement ni de
transcender ses pulsions.
En cela l’enseignement des grandes lois
d’architecturassions du monde par les humanistes
helléniques est très proche du second
degré maçonnique qui ouvre cette conscience
particulière déjà
travaillée au premier degré, sur
l’harmonie possible par un effort
d’éveil de la vigilance. Nous y reviendrons
ultérieurement.
Pour les philosophes et les sages grecs, vivre en dehors des lois de la
nature, ou en opposition à ces lois, ne peut que
conduire aux chaos matériel et à la
souffrance psychologique dans une agitation intellectuelle sans reperds
ni axes. Cette conscience de l’ordre cosmique pouvait se
construire en étudiant les lois naturelles telles que les
lois de la géométrie ou de
l’arithmétique pour Pythagore, les lois de la
grammaire ou de la rhétorique pour Socrate, les lois des
phénomènes pour les atomistes Lucrèce,
Empédocle ou Démocrite. Les rites initiatiques
d’Eleusis sont très proches de cette conception de
la sagesse et mettaient en oeuvre les moyens
d’acquérir la connaissance de l’ultime
vérité.
Dès la période pré-socratique
l’humanisme reconnaît à
l’homme le droit de vivre dans une nature
créée pour lui. L’homme est
élevé au même niveau que tout ce qui
vit sur terre et sa connaissance consiste surtout
à s’y intégrer. Quant
à la constitution de l’homme
lui-même, Platon lui reconnaît trois âmes
indispensables justifiant la hiérarchie naturelle de la
société.
- Premièrement l’âme
désirante qui a son centre au niveau du ventre, ce sont les
paysans et les artisans,
- Deuxièmement l’âme courageuse qui a
son centre au niveau du diaphragme, ce sont les guerriers,
- troisièmement l’âme raisonnable qui a
son centre au niveau de la tête, ce sont les magistrats.
Il est à noter que cette architecturassions de
l’homme reste aujourd’hui encore
utilisée par les Ordres initiatiques. Nous y reviendrons. Il
est intéressant de remarquer que pour Platon la justice
c’est l’harmonie. C’est-à
-dire que tout est juste si chacun est à sa place
et conserve sa place. Vouloir changer de place notamment par la ruse ou
le mensonge conduit inévitablement au désordre,
constitue une faute et entraîne la maladie de
l’âme et de la société. Nous
sommes à la fois loin de la notion actuelle de
liberté mais proche d’une certaine sagesse que
personne ne se risquerait de prôner pour l’ordre
sociale.
Avec Aristote il ne suffit pas d’être à
sa place ou de se croire à sa place mais de penser sa place.
L’intellect acquière ses lettres de noblesse et
son autonomie, mais la découverte de la pensé,
pour ce philosophe, c’est que les être humains sont
des êtres moyens et qu’il convient d’en
prendre la juste mesure. La vertu humaine n’est pas un absolu
de sagesse, de cœur ou d’intelligence. Nous devons
nous contenter de ce que nous sommes. L’homme doit trouver
son juste niveau et sa juste place à ce niveau et
n’en point souffrir, ce qui débouchera sur le
stoïcisme. L’homme d’Aristote ne peut
penser à l’acte pur, à la
l’état pur ou à la
pensée pur car il en est aveuglé de part sa
propre nature. Sa vertu ne doit viser ni l’absolu ni
l’égalité mais le relatif de sa
destiné et de ses possibilités ;
d’où par exemple la reconnaissance naturelle de
l’esclavage pour les perdants aux combats. Cette notion
humaniste ne fait plus du tout parti de nos conceptions. Puis
l’humanisme tombe en désuétude au
Moyen-Âge. Le cours de l’existence humaine est
réglé par le rythme des pratiques religieuses,
par la crainte du courroux céleste sur terre et dans
l’au-delà, par un perpétuel face
à face avec Dieu dans lequel il mesure sa
fragilité et sa petitesse. Personne ne raisonne plus, tout
le monde récite les sentences contenues dans les ordres
religieux sans éprouver le besoin de les penser. La raison
est humiliée devant la vérité divine,
l’homme n’est plus rien notamment pour ceux qui
usent du pouvoir.
A la Renaissance, période difficile à
délimiter mais que l’on peut situer entre le
XVème et le XVIème siècle, les
idées bouillonnent. Institutions, croyances,
systèmes de pensées sont contestés et
transformés. Alors que la scolastique s’attachait
avant tout aux textes, des méthodes empiriques
s’élaborent, permettant d’interroger
directement la nature. Il y a une volonté de retour
à l’expérience en même temps
qu’à la raison jusqu’alors,
sauf en Grèce ancienne, limitée dans ses
démarches par son accord nécessaire avec les
dogmes. La raison se libère totalement et
conquière le droit d’imaginer et de concevoir, le
droit de construire en fonction de sa compréhension comme
les initiés cherchent à
libérer l’esprit des apprentis prisonnier
inconscient de leur histoire. C’est
l’époque où Pic de la Mirandole
découvre la grandeur de son espèce, celle
d’un être vivant librement dans la
création grâce à sa raison.
Commence une période complexe, multiforme oů
émergent des personnalités puissantes : Giodano
Bruno, Erasme, Thomas More, Guillaume Budé, Rablais,
Montaigne…etc. Qui nous indiquent par leur esprit combien,
si nous nous libérions de notre pauvre prison par la
méthode initiatique, non seulement nous n’y
perdrions pas notre personnalité mais au contraire, nous
pourrions prendre une dimension exceptionnelle, peut-être
notre véritable dimension personnelle et universelle.
Nous assistons à cette époque à une
sorte d’explosion marquée par la naissance de la
science moderne qui détache l’ordre du monde du
sens des valeurs ovines et abandonne la vie contemplative des cieux
pour se tourner vers les grandes lois qui régissent la
nature. Et surtout, l’homme a une place à part
dans cette nature parce qu’il découvre que son
esprit est capable de transcender la nature donc de la transformer, ne
devient capable de dominer sa propre nature, de la perfectionner, de la
maîtriser et de la sublimer. Par nature il faut entendre tout
l’univers.
Faire ses humanités revient à
privilégier la culture ancienne, grec et latine,
à se cultiver, à interroger le savoir des
philosophes pour devenir responsable de soi-même,
politiquement, socialement ou culturellement. Etre un humaniste
consiste à polir l’homme animal et à le
forcer à bénéficier des bienfaits de
la civilisation occidentale.
La méthode consiste à dresser l’homme
sans se soucier de son particularisme ou de son
individualité. Ce dressage a pour but de
l’intégrer dans une société
qui sert uniquement la société au profit des
dirigeants. Etre un humaniste réaliste consiste à
donner à manger, à couvrir et à ne
point laisser physiquement souffrir. Les humanistes de cette
période, sûr de leur
supériorité, cherchent davantage à
dresser et à conditionner l’animal corporel
qu’est l’homme, plutôt
qu’à développer son humanitude. On
s’occupe des hommes sur la terre entière comme on
s’occupe aujourd’hui des animaux à la
SPA. Jamais en tout cas, l’ouverture à autrui
n’est incluse dans ces donnés
élémentaires.
Ainsi la lutte contre l’obscurantisme n’a pas
débouché sur un homme complètement
diffèrent, il y a eu déviation et
l’humanisme du XVIIIème siècle laisse
la société humaine insatisfaite.
Peut-être parce que, si les plantes et la faune sont
plongés dans la réalité
mécanique du monde ou elles naissent, se
développent et meurent, il y a pour l’homme une
dimension autre à vivre que l’étude
archéologique des textes anciens
n’éveille pas. Peut-être parce que les
humanistes du XVIIIème siècle voulaient, avec la
franc-maçonnerie moderne, donner toute sa valeur
à l’homme et que l’explosion
scientifique l’a donnée à la
technologie.
On apparaît petit à petit que les
études physiologiques ou chimiques qui accroissent la
connaissance du caractère organique de l’homme, de
l’organisme animal de l’homme, ne rendent pas
entièrement compte de la totalité de la nature
humaine. Il existerait une essence inconnaissable,
mystérieuse, un Etre profond qui ne se contente pas de
savoir scientifiques ou de savoir pensé. L’homme
apparaît beaucoup plus complexe et a aussi besoin
d’une nourriture radicalement différente.
Le savoir nourrit l’intellect comme l’art nourrit
l’affect, pour reprendre la terminologie platonicienne, mais
dans quel but ? Comment ne plus être un barbare ? Par quelle
vigilance peut-on éveiller la partie qui fait que
l’homme n’est pas un simple animal ? Et surtout,
comment vivre réellement cette
spécificité humaine dans les tourmentes du
quotidien ? …Nous approchons d’un questionnement
spirituel, d’un humanisme spirituel.
Avec l’avènement de la psychanalyse freudienne et
jungienne l’accomplissement du devoir humaniste
apparaît alimenter l’ego et épanouir le
moi, il donne surtout une satisfaction personnelle mais n’est
pas encore proche de l’autre.
Il n’en demeure pas moins que cette forme
d’humanisme, lié à la
dualité et aux biens matériels, est
préférable à
l’indifférence. Même si elle ne conduit
pas à l’évolution humaine elle conduit
à l’amélioration des lois qui
régissent la société.
C’est à ce moment là que commence un
mouvement philosophique mener par Emmanuel Levinas et Martin Heidegger
qui conduira à une notion moderne de l’humanisme
et qui deviendra probablement l’enjeu de la
société du XXIème siècle.
Elle sera peut-être l’aboutissement des
connaissances profondes véhiculées par les Ordres
Initiatiques depuis l’aube de l’humanité
et qu’en dehors des sages initiés personne
n’était prêt à appliquer.
L’humanisme moderne tient dans la relation avec autrui, la
relation désintéressée avec
l’humanité considérée comme
un autre soi-même. C’est la véritable
fraternité vécue comme une manière de
reconnaître et de saluer l’autre, une
manière de répondre à la
présence de l’autre sans crainte pour
soi-même.
Cette perspective idéaliste de l’humanisme oů les
autres sont perçus comme un autre moi-même sous
entend un développement de notre être
intérieur qui ferait de nous des hommes capables
d’un contact de cœur à cœur,
d’une fusion totale avec les autres en dehors de toute
emprise de l’ego sur nos comportements conscients ou
inconscients, en dehors de toute emprise de nos peurs et de nos
désirs sur nos comportements relationnels. Est-ce
réaliste ? Non si on considère l’homme
barbare agissant instinctivement comme un animal, oui si on
considère que l’homme est perfectible et
qu’il peut exprimer le meilleur de son humanitude, de
l’inconnu qu’il est ou qu’il aspire
à être.
Au lieu que l’humanisme soit une opposition entre le
civilisé et le barbare et consiste en un dressage de
l’homme matériel pour
l’intégrer horizontalement à la nature,
l’humanisme moderne considère
l’état d’un homme hautement
évolué pour l’intégrer
verticalement dans le mystère d’un univers visible
et invisible dans lequel il rejoint l’autre en temps
qu’homme. L’humaniste moderne sera un homme qui a
rejoint sa propre humanitude et qui est capable de l’exprimer
dans sa vie quotidienne.
Reconnaître l’autre comme un autre
soi-même, c’est acquérir la
capacité de voir, au-delà des
différences extérieures,
l’identité spirituelle qui constitue toute
l’espèce humaine en devenir personnelle. Toute la
difficulté consiste à rejoindre notre humanitude
pour raisonner, sentir et agir en homme véritable. Ce chemin
entre le barbare ou l’animal et l’homme
réellement homme, est le chemin initiatique Traditionnel.
Vouloir faire de l’homme, comme les profanes l’on
tenté, un animal rationnel plein de savoir, revient surtout
à parler d’humanisme sans libérer,
comme les ordres initiatiques se le proposent, la partie de
l’être essentiel qui réaliserait
véritablement notre humanitude spécifique
à notre espèce pour l’accomplissement
de notre but. Il apparaît alors que l’humanisme
n’est pas un objectif mais une conséquence de
notre état. Toutefois au même titre que la
fraternité l’humanisme constitue un chemin. On est
humain dans ses pensées et dans ses actes ou on ne
l’est pas ; entre les deux on peut tenter de le devenir avec
de plus en plus d’exigence et de finesse. Etre humain ne veut
pas dire que l’on accepte d’être un
animal-humain mais au contraire que nous voulons faire les efforts
nécessaire pour être un humain avec une dimension
de vie bien spécifique à
l’espèce humaine.
Déshumaniser nos actes produits le goût amer de
notre propre déshumanisation au profit d’une
dimension racornie et d’un état mutilé
qui nous empêche de porter un regard sur notre
éternité qui nous appelle aussi en
l’autre.
Parce que de tout temps, depuis que l’homme existe, il
n’a jamais fait de doute, pour aucune civilisation, que sous
l’homme de chair et d’émotions se cache
un homme d’esprit et de sentiment, un homme plus vrai que les
simples apparences, toutes les civilisations : égyptienne
avec le mythe d’Isis et d’Osiris, grecque avec les
initiations éleusines et le mythe de
Déméter et Perséphone, romaine avec
les bacchanales, celle du Moyen-Age avec les initiations de
métier jusqu’à la
franc-maçonnerie moderne, toutes les civilisations ont
laissé les traces de rites capables
d’élever l’homme
jusqu’à sa véritable dimension.
La correspondance que nous ressentons, en nous, entre le Haut et le
Bas, ou entre l’intérieur et
l’extérieur, n’est pas due à
l’évolution de notre civilisation mais
à notre qualité humaine identique
aujourd’hui à la qualité des hommes qui
tracèrent la Table d’Emeraude à
l’époque de l’Egypte
hellénistique.
Et c’est parce que l’homme qui nait
aujourd’hui, nait identique dans ses structures, à
celui d’hier, que la science initiatique d’hier
peut permettre aujourd’hui de vivre
l’expérience extraordinaire de la dimension
universelle pour peu que l’initié fasse
l’effort nécessaire à opérer
son perfectionnement et son éveil.
Cette rencontre intérieure avec les mystères de
la vie où se découvrent les énigmes
insaisissables de l’existence, intéresse aussi
bien le croyant que l’incroyant et si elle demeure en dehors
du champ des préoccupations des profanes qui ne cherchent,
par compensation inconsciente, qu’à
améliorer leur plaisir terrestre par
l’accumulation d’argent et de pouvoir, elle
transcende les préoccupations égotistes de
l’athéisme ou de la religiosité pour
pénétrer dans le domaine de
l’expérience concrète de notre
identité éternelle dans un univers complexe,
ordonné, organisé, où
l’initié trouve sa cohérence et sa
place en même temps qu’il perçoit la
place de chaque chose, de chaque homme et le sens ultime de la
création.
Alors la franc-maçonnerie qui nous permet, ou qui permet
à certains d’accomplir cette reconnexion avec
l’étant ou cette métamorphose aura
toujours sa raison d’être, parce que demain, comme
aujourd’hui et comme hier, il y aura des hommes à
soulager de leurs souffrances et d’autres à guider
dans leur exigence de dépasser le mammifère
qu’ils sont pour accomplir leur humaine nature
prisonnière ou assassinée par le zoologique.
Nous pourrions peut-être, maintenant, voir comment la
Franc-maçonnerie conduit à la plus haute
spiritualité, c’est-à-dire comment elle
permet d’accomplir le sens de sa vie et partant, le sens de
la vie de chaque homme. Les trois premiers degrés de la
franc-maçonnerie étudient l’homme, non
pas du point de vue de ce qu’il est, ou de ce qu’il
croit être, ou encore de ce qu’il parait
être ni de ce qu’il devrait paraître pour
être adapté à la
société, mais du point de vue de ce
qu’il peut devenir, de son perfectionnement possible pour que
d’une part, il soit conscient des nécessites de la
vie et qu’il puisse s’y adapter en fonction de
juste besoin et que, d’autre part sa vie prenne un sens
universel et qu’il se sente en harmonie avec
lui-même, avec la société, la famille
et la nature. Cela nous rappelle bien entendu les grandes lignes de la
sagesse hellénistique.
La première l’idée fondamentale de la
tradition initiatique est que l’homme tel que nous le
connaissons n’est pas un être accompli. Il sent par
intuition ou par contact avec son inconscient profond, le
désir de vivre en paix, en beauté et en amour. Il
à la nostalgie d’un monde meilleur oů il pourrait
exprimer librement le meilleur de lui-même mais il
n’y parvient pas.
Il n’y parvient pas parce qu’il est plein
d’idées fausses sur lui-même. Il ne se
rend pas compte qu’il est une machine, un robot mis en marche
par des influences extérieures à sa profondeur.
L’homme intérieur, ce que nous sommes vraiment ne
peut rien faire ne peut même pas s’exprimer car
nous ne sommes pas le maître de l’homme robot.
Si nous n’admettons pas, et ne comprenons pas notre propre
mécanicité, nous ne pouvons rien apprendre de
plus que ce que nous sommes, nous ne pouvons pas aller plus loin et
rien ne changera vraiment en nous, pour notre être et
l’humanisme restera intellectuel sans que nous soyons capable
de l’appliquer dans notre vie.
La deuxième idée fondamentale de
l’initiation traditionnelle et donc maçonnique,
est que tous les hommes pourraient évoluer s’ils
le désiraient vraiment, mais leur histoire, leur
éducation, leur hérédité,
leur hypnotisme aux exigences matérielles, sociales et
professionnelles font qu’ils n’ont pas
fondamentalement envie de bouger, d’être
diffèrent. Que nous n’avons pas fondamentalement
envie de bouger, nous souhaitons demeurer les mêmes, avec en
plus, une large pincé de bonheur. Et s’il nous
arrive de vouloir que quelque chose change, nous voulons que ce soient
les autres qui changent.
Là troisième idée fondamentale de la
tradition initiatique est, qu’avant de devenir
diffèrent et d’acquérir de nouvelles
facultés, nous devons voir que nous nous attribuons
déjà des facultés que nous
n’avons pas et puisque nous croyons les avoir nous ne
cherchons plus à les acquérir. Cette
troisième idée rejoint celle de Socrate
exprimée à Delphes et qui est aussi le premier
pas du grade d’apprenti : connais-toi toi-même.
Nous ne connaissons pas nos limites, ni nos fonctionnements, ni nos
possibilités. Nous ne connaissons même pas
jusqu’à quel point nous ne nous connaissons pas.
Le degré d’apprenti s’attaque
à la plus trompeuse et à la plus importante des
qualités que nous nous attribuons : la conscience. Le
changement initiatique chez l’apprenti, commence par un
changement dans sa manière de comprendre la signification de
la conscience. Il s’agit comme nous l’indique la
descente dans le cabinet de réflexion de nous vivre de
l’intérieur, de descendre en soi pour regarder,
sentir et comprendre nos mécanismes de penser,
d’émotion et de mouvement a partir d’un
point de vue intérieur.
La conscience initiatique n’est pas un savoir :
« j’ai prie conscience »
ne veut plus dire : « j’ai
réfléchi à…et
j’ai maintenant conscience de… ».
La nouvelle conscience en l’apprenti est une sorte
très particulière d’enfin trouver
à l’intérieur de moi-même,
cela reste toujours le cheminement à suivre.
Un échange incessant se produit entre les influences du
monde sur nous et de nous-mêmes sur le monde.
L’apprenti travaille à se connaître, le
compagnon, suivant l’explication du rituel
d’installation, travail à connaître les
lois du monde, travailler se connaître dans son monde sans
que soit interrompue l’élaboration de plus en plus
fiable d’une conscience intérieure
référentielle. Le maître cherchera
à intégrer ce qu’il
« connaît »
être, dans le monde qu’il a découvert.
Le maître est présent non seulement en tant
qu’élément zoologique isolé,
mais aussi en tant qu’élément conscient
de la construction du monde.
Mais la grande affaire de la maîtrise, celle qui va mener
l’initié à l’éveil
et au sens de la vie, c’est la prise de conscience, par
l’intérieur, par le vécu, par
l’expérience, par le contact directe que quelque
chose t’es mort en lui, un Etre qui savait, un Etre
mystérieux, qu’un véritable
Maître est mort tué par ce que
l’apprenti puis le compagnon ont découvert
être.
Nous voyons bien que si le travail de l’apprenti
n’a pas été réellement
mené et si le travail du compagnon n’a pas non
plus été mène avec sérieux,
malgré le passage au grade de maître, celui qui a
subi les cérémonies d’initiation ne
sera jamais un véritable initié. Les
cérémonies d’initiations
n’opèrent pas de miracles, elles nous indiquent
sur quoi nous devons travailler et comment le faire progressivement.
Elles ne font pas le travail à notre place
d’où les quantités
d’initié qui sont restés profanes.
Nous nous rendons compte que s’initier n’est pas
simplement vivre une cérémonie
d’initiation, il s’agit là simplement
d’un début qui nous révèle
une méthode de travail, une progression en trente-trois
étapes successives, capable, par maturation de nous donner
accès à un monde diffèrent, non
parasité, non réduit à nos
limites relatives, nous permettant
l’épanouissement d’une vie
supérieure, de toucher une dimension infinie, une
présence éternelle de notre
individualité dans la rigueur d’une action
concrète dans la vie quotidienne.
La pratique d’une éthique humaniste
n’est pas un bonheur facile et béat.
L’éthiques, lors d’une rencontre avec
l’autre ou avec soi-même, est toujours mise
à mal par un choix conflictuel entre des pulsions
égotistes, un champ de souffrance ou de plaisirs et la
conscience d’une activité moins avantageuse mais
plus digne. L’éthiques, la dignité et
l’humanisme sont des actes gratuits mais producteurs
d’un sentiment d’identité avec un
goût du respect et du sens de la vie.
Une conduite éthique et humaniste ne s’improvise
pas dans l’urgence d’une situation sauf si un axe
de liberté existe déjà. Une conduit
éthique.
W\ L\
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