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Le commencement est un moment d 'une délicatesse extrême

Tout d'abord sachez que je suis très heureux d'avoir commencé, et de continuer mon travail maçonnique ici, dans cette loge.

Travail sur les outils, sur les symboles et sur les liens qui nous relient à l'être humain, qui nous relient au droit humain.

Depuis mes premiers pas, et depuis mes premiers mots avec pour compagnie mes SS\ et mes FF\ qui ont su mieux me faire comprendre le sens et les facettes de la Fraternité : au 1er degré c'était facile; au second je me souviens; quand au troisième... je transmettrai !

Le commencement est pour moi assimilé à une naissance. Comme l'un des vôtres, à la naissance dans une famille d'initiés qui marque dans ma propre vie la période de la grande Histoire que je relis à celle de la Renaissance, celle d'un nouveau départ, d'une nouvelle chance : d'une naissance à soi-même.

C'est donc le début, une nouveauté, une initiale au sens littéraire du terme, un principe premier.

Mais une fois éveillé et conscient de l'importance du commencement, vient en "tête" de certaines de nos pensées, de fixer le cap et de tracer la route sur l'objectif que l’on a choisis, sur celui que l'on se choisit...

et de savoir quel port nous comptons gagner ? Savoir d'où partent et où mènent nos travaux, nos projets, nos idées ? Pourquoi l'âge est-il l'expérience la plus étonnante pour nous permettre de découvrir avec David Bowie, que nous devenons la personne que l'on a toujours été !

Et pour parler d'avenir, et pour trouver un but valable il nous faut inévitablement parler de notre origine.

Sinon... Sinon comment élever droitement sa borie, comment lever sa pierre à l'aplomb et comment se joindre au phalanstère - tout en travaillant dans l'idée de l’esprit initial. Plans initiés lors de l'épure des tracés primordiaux de l’édifice. Élévation personnelle et collective impossibles sans connaître un tant soit peu la fondation sur laquelle repose l’élévation toute entière. Élévation impossible sans connaître un tant soit peu le schéma sur lequel nous sommes bâtis.

Ainsi, il nous faut comprendre un peu mieux le passé, comprendre ce qu'il y a avant, qui nous précède, qui nous soutient et que l'on prolonge de nos actes et de nos vœux. Il nous faut donc parler du grand commencement, du tout premier, de l'étincelle ou comme le disait très poétiquement Victor Hugo en parlant des choses du soir, des pistils d'or et des lutins de l'air qui vont danser au clair de lune.

Parler de la cause première, c'est envisager une expérience de pensée qui nous plonge sur le berceau primordial du monde, à la naissance de l'Univers, tout près de la singularité originelle.

En l’état actuel de nos connaissances, au 'Commencement' trois hypothèses peuvent être envisagées lorsque l'on tente de répondre à la seule et unique question utile qui nous vient (en principe) à l'esprit. Si l'on s'interroge à propos du commencement, à l'origine de l'Univers, qui se trouve à une distance approximative de quelques 15 milliards d'années lumière dans le passé : essayons chacun pour soi de donner une réponse à la question :

‘Qui avait-il avant ?’

Hypothèse 1 : Soit il n'y avait rien avant. Le commencement est le seul, le premier et l'unique commencement. Avant il n'y a rien. Après ce commencement, suivra une longue période d'expansion de l'Univers qui va ensuite se ralentir, se refroidir, s’arrêter. Après quoi il n'y aura plus rien. Toutes les lumières vont s'éteindre. C'est la thèse judéo-chrétienne par exemple. Tout ce qui commence doit finir. Le principe premier, et le principe dernier c'est Dieu. Il est au début et à la fin de toute chose. Quoique l'on fasse, quoique l'on souhaite, tout aura un début et tout aura une fin. L'évolution darwinienne est un effet qui passera de mode et la fonction du temps sert exclusivement à faire basculer l'instant d'après vers l'instant d'avant; de passer au suivant sans autre alternative que de suivre et d'être soi-même suivi d'un suivant.

Hypothèse 2 : Soit ce que nous imaginons être le commencement n'est pas un 'vrai' commencement. En fait, il n'y aurait pas dans cette hypothèse un seul début à quoi que ce soit. Il n'y aurait pas non plus de cause ou de principe premier, ni même aucun principe dernier. Tout ce qui est, était et sera là, au delà de l'usure du temps. Un Univers sans bords, infini, en tout point toujours identique à lui-même. Il serait sans commencement et sans fin. Il serait immuable, toujours pareil à ce qu'il est, demeurant toujours en l'état. Rien ne bouge, rien ne change, rien ne naît ni ne meurt. Tout demeure là, paisible, tranquille... identique en tout point. Tout est statique, semblable à un monolithe noir, hermétique et imputrescible. Quelque soit les époques, quelque soit notre lecture : on a quelques fois l'idée d’un début de commencement de quelque chose ... mais la chose ne vient jamais. La fonction du temps sert dans ce modèle à nous faire croire que les choses changent. La seule chose qui change c’est l'impression du changement; L'impression que notre regard porte sur les choses. Les choses, elles, restent insondables, intouchables : sans début, sans fin.

Hypothèse 3 : Soit, avant le commencement de notre Univers, que les scientifiques nomment depuis les années 30 avec le chanoine Belge Georges Lemaître et l'astrophysicien Américain Edwin Hubble, le Big-bang, il y a eu un Big-crunch. L'Univers précédent le notre est arrivé (sans se presser) au terme de son expansion presque infinie. Il s'est petit à petit comprimé et replié sur lui-même. Un effondrement progressif dans un temps lui aussi presque infini, de l'ancien Univers qui l'a conduit à retourner sur un instant zéro, appelé la singularité primordiale. Par une série de concrétions, de régressions et d'effondrements sur un espace de plus en plus restreint. Pour enfin arriver à un Big-crunch, masse d'énergie et quantité de matière colossale dans un espace extrêmement réduit, qui n'y tenant plus ... finit à son tout par produire un Big-bang. Un Big-bang tel que nous l'imaginons, au commencement de notre Univers actuel, il y a de cela quelques 15 milliards d'années lumière. Il y aurait de fait de multiples commencements, et du même coup de multiples fins ainsi qu'une infinité d'Univers. Rien ne semble alors jamais commencer sans connaître obligatoirement dans ce modèle une fin toute relative, pour mieux recommencer ensuite, ailleurs et autrement. Tout est en perpétuelle recomposition, transformation, évolution, distribution. La fonction du temps servirait à ralentir dans une quatrième dimension les trois dimensions dites classiques, et nous donner la sensation unique de vivre en conscience ce que nous incarnons au cours de l'histoire de la vie, et qui a émergé en nous, poussière d'étoile, graine d'Univers...

Quelque étrange et curieuse chose quelque part dans l'un des Univers où la vie est possible et dont l'une des nombreuses versions vous présente par exemple ce soir : 5 minutes de symbolisme sur le thème du commencement.

Dans l'idée que le langage révèle les grands mystères du monde, et dans l'idée que j'ai d'essayer d'échapper à vous imposer une réponse définitive, tout en me bornant à seulement l’idée de trois modèles théoriques de commencement, l'amour pourrait à lui seul venir tout éclairer. Je vais essayer de vous l'expliquer en effleurant du bout des mots ces trois types de commencements avant de conclure.

Dans le premier type de commencement, toute activité humaine à pour motivation un défi que l'on se fait à l'idée d'une mort inexorable, un challenge que l’on se fixe à soi-même et duquel on espère guérir; un combat que l'on mène pour Dieu. Une lutte quelque fois inconsciente : un match que l’on sait perdu d’avance sur ce qui nous attend à quoi l’on essaie tantôt d’échapper, et tantôt de s'offrir. Chacun s'évertuant ainsi dans ses actes d'exorciser le funeste exutoire. Dans ce premier modèle, l'âme est liée au corps durant le temps du voyage terrestre. L'âme est chevillée à notre corps, à notre existence terrestre depuis son commencement jusqu'à sa sortie; confinée, retenue à l'intérieur de notre enveloppe charnelle : elle est étymologiquement liée au mot arabe l'Amyn, ou dans l'hébreu Amen, qui au sens premier désigne celui qui affirme son accord sur tout avec les lois divines de l'éternel : On l'entend en franglais murmurer en nous comme une jolie ritournelle, comme une chanson douce qui balance : l'âme in.

Dans le second type de commencement, l'humanité a toujours était ce qu'elle est. Notre âme n'est ni en nous, ni ailleurs. Elle est impersonnelle, partout et nulle part à la fois. Immuable et éternelle, elle demeure hors d'atteinte, sans bords, sans forme, sans consistance, insaisissable. Sans être ni à nous, ni en nous, dans ce modèle, l'âme, tout comme la vie, restent inconnues, comme hors de notre champ de conscience, puisqu'elles ne peuvent se préempter de manière individuelle ni temporelle. Comme dans un jour sans fin, ou de l'autre côté du miroir de Lewis Caroll, l'on imagine vivre chaque jour quelque chose de neuf, sans avoir conscience de toujours vivre la même chose ! En effet, dans ce modèle, toute tentative de définition de quelque chose qui ne passe pas, qui est à la fois en nous, qui nous traverse sans pouvoir être saisi place irrémédiablement cette chose aussi en dehors de nous, et en dehors de l'édifice. Dans ce second modèle nous ne pourrions réellement ni naître, ni finir, ni commencer, ni changer. Le temps serait une illusion collective et une illusion parfaite : une illusion tenue pour vraie. Ce que nous sommes n'étant pas en devenir, mais bien une lecture continue d'une chose extérieure, circulaire, homéomorphe, intouchable, immuable. Nos souhaits de perfection et de progrès ne seraient jamais aboutis et nos âmes réduites à l’idée d’une âme extracorporelle, c'est à dire en dehors du corps. Elle s’écrirai dans ce commencement dans le binôme : l'âme hors.

Enfin, dans le troisième type de commencement, type le plus sympathique des trois, les buts et projets de l'activité humaine se trouvent tous reliés par une même dynamique, une même quête plus ou moins mature, plus ou moins aboutie, de vouloir donner sens et progrès à l'humanité. Les jours de chance, de bonne augure, l'appel de l'âme à plus de fraternité trouve son écho dans l'autre, et donne naissance au bonheur et au plaisir. Le mot bonheur vient étymologiquement de l'expression "bon eür", et a fait deviser les plus grands depuis des siècles. Tout autant Epicure dans sa lettre à Ménécée, que Pascal dans ses pensées ou Spinoza dans son Éthique ou bien encore dans les propos d'Émile Chartier : Le bonheur d'être simplement là, et d'avoir conscience de cette chance, de pouvoir la partager avec l'autre, de pouvoir se transmettre en confiance, de pouvoir se reconnaître. La chance donnée à notre âme de faire le jour de sa naissance la rencontre inoubliable de la lumière. L'heure de la naissance nous vient du mot latin "hora", et du vieux-français "oür". Dans ce troisième modèle l'âme qui fait la rencontre de la lumière au jour de sa naissance pourrait se nommer l'âme-eür, ou en français moderne se dire toute simplement : l’âme oür.

Et bien voila ... hourra ! Nous y sommes. On imagine que chaque être humain peut faire une expérience de pensée pour donner une réponse au symbolisme du Commencement. On imagine qu’il y a quantité de thèses concernant ce symbolisme et de la suite logique que l’on peut donner à nos actes pour justifier de leurs réalisations. Réalisations inspirées ‘de l’esprit’ du commencement que l’on se choisit… et comprendre finalement au fond… que... peu importe ce qu'il est, d'où il vient et ce qu'il fait ! Hâtons-nous FF\ et SS\ , hâtons-nous car le jardin n’attend pas !

Posez-vous la question de savoir combien de fois peut-on naître ?

Qui avait-il avant la naissance de cet Univers ? Qui étions-nous avant la naissance de nos parents ?

On pourrait faire une question-réponse avec le secours de Raymond Babbit, le Rain Man : "Qui" est le nom du joueur en première base ?!

Je lui préfère un mot de Jacques Prévert, déjà vu et rectifié : Si l'on vous demande ce que j'ai répondu à la question, de savoir ce qu'il y avait au commencement ? Dite simplement que j'ai essayé (d'être heureux), ne serait-ce que pour donner l'exemple.

J'ai dit,

V\M\


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