Obédience : NC Loge : NC 05/02/2009



La Mixité

La mixité a trouvé son existence dans un lieu visible et reconnu par tous. L’inauguration de la maison de la mixité le 8 mars 2006 en présence du Président de la République et du Maire de Paris a réuni plus de 300 personnes : citoyens, associations, politiques, parrains et marraines, etc. 

1 °) – LA MIXITÉ DANS LE MONDE PROFANE

Différents mouvements et associations n’ont eu de cesse de dénoncer le processus historique de ghettoïsation urbaine et sociale dont sont victimes les classes populaires, à l’origine de cet effritement. Repli identitaire, communautarisme, relégation et auto relégation des plus démunis naissent de ce défaut de mixité, qui fait la lie du sexisme, du racisme et de toutes autres formes d’obscurantisme

En réponse à ce déclin significatif des espaces de mixité, constatés depuis plus de 30 ans, certaines associations ont décidé de monter un projet ambitieux, offrant les outils nécessaires à chacun pour la lutte contre les inégalités et la construction d’un projet d’avenir : la maison de la mixité.

Certaines associations agissent contre les mécanismes sociaux, qui favorisent les violences faites aux femmes. L’échec scolaire, le déficit de capital culturel, social et économique, l’éloignement géographique des lieux d’emploi, toutes les formes de discriminations sont autant de difficultés auxquelles se heurte le fait de vivre ensemble.

La mixité, du point de vue des relations hommes et femmes, met en lumière le concept d’émancipation. Une société égalitaire se distingue par sa capacité à permettre à chacun et chacune de s’épanouir librement, dans le respect de l’autre et de sa dignité. La mixité, si elle permet aux hommes et aux femmes d’évoluer ensemble dans un espace social commun, vise également au mélange de tous les citoyens qui composent la société.

Le concept du « Vivre Ensemble », si chèrement défendu par certaines associations, consiste à casser les barrières physiques et mentales qui fractionnent notre société.

Parce que la confrontation à l’autre permet d’avancer, d’évoluer, de s’ouvrir dans la tolérance et le respect, il nous parait urgent de réaffirmer le principe de la Mixité, aussi bien dans les discours que dans l’action.

Le point de départ qui a fait surgir le débat sur la parité est le constat d’un écart entre le droit et les faits.

Le droit, c’est le principe d’égalité hérité de la Révolution d’une part, et de la libération d’autre part. La révolution d’abord. L’article 6 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 proclame : « Tous les citoyens étant égaux aux yeux de la loi sont également admissibles à toutes dignités, places et emplois publics, selon leur capacité et sans autre distinction que celle de leurs vertus et leurs talents ». La libération, ensuite. Le troisième alinéa du préambule de la Constitution de 1946 inséré dans la Constitution de 1958 déclare : « La loi garantit à la femme, dans tous les domaines, des droits égaux à ceux des hommes. ». Mais surtout les femmes se voient reconnaître l’égalité devant le suffrage. L’article 17 de l’ordonnance du 21 avril 1944 dispose : « Les femmes sont électrices et éligibles dans les mêmes conditions que les hommes ».

Au préalable, il faut signaler de façon significative que la France est le seul pays de l’Union Européenne à n’avoir pratiquement pas de statistiques sur la place des femmes et des hommes dans les lieux de pouvoir. Lorsqu’on examine la représentation des femmes dans la vie politique, ce qui caractérise la France par rapport aux autres pays du monde, c’est « l’exclusion pratique des femmes de l’exercice du pouvoir politique » tant au niveau national, qu’au niveau local. Au niveau national, d’abord. Le Sénat ne compte que 5,6 % de femmes (18 sur 321) et l’Assemblée Nationale en comptait à peine 6 % (32 sur 577) jusqu’aux dernières législatives. Au niveau local, ensuite. On compte seulement 7,6 % de femmes maires dont une seule ville de plus de 100 000 habitants (il y en a 35). 11,3 % de conseillers régionaux sont des femmes et une seule région est présidée par une femme. Pire, on ne compte que 5,5 % de conseillers généraux femmes, 12 conseillers généraux ne comportant aucune femme et un seul est présidé par une femme.

Si l’on s’attache à ces écarts, on peut tourner la démocratie française en dérision. En effet, l’état actuel de notre société montre assez que l’égalité des droits ne suffit pas à réaliser l’égalité des chances. Ce qui vaut pour la femme en politique vaut pour l’enfant défavorisé à l’école, ou encore pour l’immigré dans la société (quand il a des droits). Aussi, la loi censée assurer l’égalité des droits apparaît-elle comme le résultat d’une falsification qui donne l’apparence de la justice. C’est ainsi que pour corriger des injustices trop criantes, on a envisagé d’introduire la méthode des discriminations positives. En somme, c’est la recherche vers une plus grande justice, vers une réduction entre l’égalité proclamée et les inégalités persistantes dans le domaine de la représentation des femmes dans la vie politique française que s’est ouvert le débat sur la parité. Il faut attribuer aux féministes qui revendiquent la parité d’avoir mis à jour cette situation choquante.

2 °) LA MIXITÉ DANS LE MONDE MACONNIQUE 

Le débat actuel sur la mixité maçonnique s’inscrit dans les bouleversements de la société dans les rapports entre hommes et femmes. Avant de développer notre assentiment sur cette polémique ; permettez-nous d’honorer notre Sœur et Frère Maria DERAISMES et Georges MARTIN, fondateurs de la première obédience mixte du monde : Le Droit Humain qui compta jusqu’à 1000 membres en 1914.

Maria DERAISME est considérée comme la première femme à avoir été initiée « comme un homme » dans une loge masculine. Elle est née en 1828 et vers l’âge de 35 ans elle se lance dans la lutte pour le droit des femmes. Elle participe ainsi à la création de la Société pour l’amélioration de la femme. Après la guerre de 1870, elle reprend son combat en publiant des pamphlets. Elle organise des banquets féministes, adhère au mouvement des libres-penseurs et monte, avec un autre militant nommé Léon RICHER, le premier Congrès international du droit des femmes et la ligue française pour le droit des femmes. Le soir de son initiation Maria DERAISMES, déplore dans son discours « d’être obligée de constater l’abandon et le mépris qui a été fait aux forces que la femme eût pu mettre au service de la démocratie naissante dans sa lutte contre les iniquités et les erreurs du passé sous toutes ses formes et principalement contre le catholicisme ». Après son initiation, les loges referment leur porte. Maria DERAISMES n’assiste plus à aucune tenue dans une loge masculine et, pour pouvoir continuer à travailler, elle fonde, avec Georges MARTIN, une structure maçonnique autonome pour les femmes. Les réunions se déroulent dans son appartement pendant quelques années.

L’objectif de ces tenues clandestines est de fonder une nouvelle obédience pour les femmes et les hommes, sans distinction. Cela est fait en 1893 et Maria DRAISMES devient la première Vénérable de la première loge mixte. Elle préside une dizaine de tenues au cours desquelles seize femmes sont initiées. Elle meurt un an plus tard à paris, laissant au Frère Georges MARTIN le soin de propager le mouvement de la franc-maçonnerie mixte au monde entier. L’obédience prend le nom de Fédération Internationale du Droit Humain. Elle est aujourd’hui présente dans plus de soixante pays du monde.

Les opposants de la franc - maçonnerie féminine avancent que les femmes n’étaient pas admises dans les confréries médiévales. C’est mal connaître l’histoire, car, très tôt, on trouve la présence de femmes dans les corporations de métiers de la fourrure, de l’alimentation, de la joaillerie, de la coutellerie, de la chaudronnerie… Métiers de femmes ? Pas seulement, car les femmes étaient présentes au début du XIV siècle dans les métiers du bâtiment : on y trouve des plâtrières, des mortellières et des poseuses de pierres. Non pas par souci de mixité ou d’égalité, mais plus parce qu’elles représentaient une main-d'œuvre moins chère. Bien sûr, la majorité des ouvriers sont des hommes, mais en Europe et en Angleterre on trouve des femmes maîtresses maçonnes qui emploient des apprentis hommes et même femmes dès le début du XVIIIe siècle.

Mais quand il s’agit de maçonnerie spéculative, c’est-à-dire du passage du chantier aux loges, là, il n’y avait plus de femmes. Et pourtant, si les femmes n’étaient pas les bienvenues sur les chantiers à cause de leur faiblesse physique, on pourrait penser qu’elles auraient pu assister aux travaux des loges spéculatives. Il est vrai que ces travaux ne nécessitaient pas de gros efforts physiques. Mais les femmes en furent exclues. Personnellement, nous trouvons cela injuste, mais il faut se replacer dans l’état d’esprit de l’époque : en effet, les femmes n’avaient pas le statut qu’elles ont aujourd’hui. Elles étaient soumises à l’autorité de leur mari. Rappelons qu’en 1771, à l’article femme de l’encyclopédie britannique, on trouve en tout et pour tout comme définition trois mots : « femelle de l’homme ».

Il est navrant de constater que certaines fédérations maçonniques demeurent figées et rétrogrades. La maçonnerie mixte est un lieu où les hommes et les femmes peuvent échanger librement en toute égalité. Nous avons le devoir de continuer à lutter pour les richesses qui nous importent : la création du lien social, la cohésion, la solidarité, la facilitation de l’intégration.

Agissons fraternellement, dans notre vie active, dans notre famille et dans le monde, en déployant notre participation citoyenne dans les décisions, pour les intérêts de tous.

Nous avons dit Vénérable Maître

S\ F. ALIVON
F\.J. CHARMOT      

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