GLDF Loge : Le Voile d'Isis - Orient de Corbeil 26/06/2018


La Colonne d'Harmonie


Avant propos

Pour compléter nos travaux maçonniques de l’année, V\M\, vous avez lancé dans un courriel, une invitation aux FFø pour présenter un travail à l’occasion de cette dernière tenue de l’année maçonnique. Je me suis donc proposé à vous tracer mon premier travail dans cette loge. Celui-ci viendrait s’ajouter aux minutes symboliques présentées par les FF\ officiers, dont leur sujet était relatif à la fonction occupée. Dans cette planche je ne traiterai pas de la musique, de son écriture, ou de sa technique. Il me semble que la musique à elle seule pourrait faire l’objet d’un ou plusieurs travaux. N’oublions pas, qu’elle a vu le jour avec la naissance de l’homme et qu’elle existe depuis que le Monde est monde par ses sons naturels. Je voulais vous préciser, que je ne suis ni artiste, ni musicien, ni un professionnel de la musique, je suis un simple mélomane aimant comme vous, écouter la musique. Pour réaliser ce travail, j’ai puisé mes sources dans un site ”musée des musiciens” et dans le Livre de Philippe Autexier, ”la Colonne d’Harmonie”.

Un peu d’histoire :
La musique en loge date des débuts de la Franc Maçonnerie. Déjà en 1723, lorsque les constitutions d’Anderson étaient publiées, la Grande Loge d’Angleterre agrémenta le recueil avec quatre chants, dont trois avec de la musique : la chanson de l’apprenti, des compagnons, du surveillant et du Vénérable Maître. Le chant de ce dernier était composé de vingt-huit huitains et de cinq quatrains. Ces chants appartenaient en premier lieu aux cérémonies de banquet. Courant du 18e siècle, dans de nombreux pays, des chansons et cantiques ont été composés, non seulement pour égayer les moments privilégiés où les Maç\ se retrouvaient, mais aussi pour rehausser des cérémonies en loge. Par exemple, en 1730, John Campell joua de la viole pendant 30 années. Plus tard en France, La loge le Patriotisme à Lyon comptait jusqu’à douze professeurs de musique.

Vers la fin du 18è siécle, la loge La Vraie Concorde à Vienne, recevait gratuitement Joseph Haydrn, et la loge la Bienfaisance en faisait de même avec Mozart en 1784. D’ailleurs à ce titre, beaucoup de loges, y compris en France avaient inscrits dans leur règlement particulier, la réception gratuite pour les ‘Frères à talents’ (Les F\ Musiciens en France). Au cours de la première moitié du 19ème siècle, les Obédiences ont créé des structures similaires pour leurs cérémonies et c’est ainsi que, vers la moitié du 19ème siècle, les activités musicales dans les Loges sont à leur apogée.

C’est en France, aux environs de 1840, que nous voyons apparaître pour la première fois, l’appellation si bien choisie de « Colonne d’Harmonie ». Paradoxalement, c’est à partir de la révolution de 1848, que les Colonnes d’Harmonie se font de plus en plus rares. D’ailleurs Irène Mainguy affirme même, je cite : « la Révolu tion de 1848 a vu disparaître les formations musicales des loges qui avaient peu auparavant pris le nom de colonnes » . (Fin de citation) Depuis que la Franc maçonnerie est née et jusqu’au 21ème siècle, plus de 300 musiciens compositeurs à travers le monde, étaient et sont des franc maçons. Ils ont écrits toutes sortes de musique, du Classique au Jazz, du sacré au profane. Mais la plupart se sont tournés en écrivant des symphonies, des opéras, des sonates, des musiques d’églises ou des chants mais peu de musiques maçonniques, seulement un tiers d’entre eux ont composé une œuvre musicale ou chantée. Dans tout son répertoire, Mozart en a composé 12 dont 9 chantées.

De nos jours, nombreuses sont les loges maçonniques où les travaux sont ponctués par les interventions de contribution musicale. Cette contribution, participative, est un moment important de la vie maçonnique et doit faire l’objet d’une réflexion et d’une préparation sérieuse de la part de ceux qui en ont la charge. On l’appelle «Colonne d’Harmonie»…

Mais, qu’est-ce que la Colonne d’Harmonie ?

La Colonne d’harmonie n’a pas de définition bien précise. C’est un ensemble instrumental destiné spécifiquement au rehaussement des tenues dans les loges. Nous connaissons bien l’architecture intérieure d’une loge, avec ses deux colonnes à l’entrée B et J , ainsi que ses deux colonnes sur lesquelles les frères prennent place : celle du septentrion et celle du midi. Elles sont immuables et soutiennent le temple lors des travaux. Et la colonne d’harmonie alors ?, où se situe t’elle ? Elle n’a pas de place fixe, elle est nomade, une cinquième colonne en quelque sorte. Une colonne sans architecture qui est là pour accompagner le rituel. Une colonne d’Harmonie peut-être ”vivante” ou ”humaine”. Un soliste ou une formation musicale, vocale, instrumentale ou mixte, autre que l’ensemble des maçons présents dans le temple, peut devenir une colonne d’harmonie. L’effectif instrumental de base était celui d’une formation orchestrale « classique » du 18ème siècle (cordes, bois, cuivres et timbales). Dans les Loges, la musique était plutôt assurée par des ensembles à «géométrie variable» comme «une harmonie» avec instruments à vent – bois et/ou cuivres, un orgue avec ou sans soliste.

Ces formations de colonne vivante demandent une organisation. Un musicien ne pourra pas être remplacé au pied levé. Ainsi, chantée ou jouée, la musique maçonnique est parfois l’œuvre de grands noms comme Mozart évidemment. Tant de choses ont été écrites sur Mozart, qu’il serait prétentieux de vouloir y ajouter quoique ce soit. Parmi d’autres grands noms, il faut citer, aussi Cherubini, Boieldieu, Liszt, Sibelius, Clérambault (auteur en 1743 de la cantate « les Francs-Maçons » ), et/ou de compositeurs profanes comme Beethoven, Bach, Schubert entre autres, où leurs symphonies nous appellent aussi à des moments d’émotions et de méditations.

De nos jours, on entend par colonne d’harmonie, tout moyen de reproduction sonore de la musique. La colonne d’harmonie est en cela, comparable à tout autre travail, individuel ou de groupe restreint, tels les morceaux d’architectures. Elle mérite ainsi, la même attention de la part des autres membres de l’atelier et au premier chef de la part du VM, car elle vient compléter le moment rituel. A ce titre elle doit faire l’objet du même accomplissement que le rituel. Si celui-ci se répète de tenue en tenue, la musique de la colonne d’harmonie, elle, à mon avis, doit se renouveler souvent, voire à chaque cérémonie. Sans l’énergie volontaire que devrait lui donner le tout premier maillet, la colonne d’harmonie n’est qu’une lumière vacillante dans le temple maçonnique. Le silence peut, aussi, souvent remplacer la musique. Sans lui, il n’y a pas de qualité du travail maçonnique. Mais lorsque le silence précède ou suit l’intervention de la colonne d’harmonie, la solennité des travaux est alors, ponctué d’un rythme sonore qui redonne plus de lumière encore au travail en loge. Les batteries, sans être à proprement parlé assimilées à la colonne d’harmonie, sont là aussi pour ponctuer les rituels des différents travaux. La batterie est, en fin de compte, autant un moyen d’expression qu’un moyen de reconnaissance. Elle est le moyen par lequel tout Maç\ sur les colonnes deviendra sensible au phénomène sonore et à sa valeur symbolique, c’est à dire à son pouvoir de réunir les hommes. Mais à propos de la colonne d’harmonie, les rituels sont tout aussi imprécis ou inexistants sur ce sujet. En effet, il n’y a pas de plateau de Maître d’harmonie ou de poste dans le collège d’officiers. Pourtant, dès ses premières heures, la F\M\ moderne accorde une place à la musique.

Des amateurs et/ou des professionnels se chargent d’apporter cette contribution aux tenues. Aujourd’hui et contrairement aux idées reçues, les moyens techniques dont peut disposer le responsable de la colonne d’harmonie, rendent plus pertinent l’usage d’une musique enregistrée à la place d’une musique vivante chantée ou jouée dans le temple. En effet, il est plus aisé de résoudre les difficultés d’ordre acoustique posées par le matériel que celles qui proviennent de la pratique vivante. La distribution judicieuse d’enceintes acoustiques dans l’espace permet d’avoir un niveau sonore idéal en tout point du temple. Il n’est pas nécessaire d’être musicologue pour tenir ce poste. L’univers musical est une immense forêt dans laquelle le maître d’harmonie peut puiser un bon répertoire. Toutefois, la colonne d’harmonie a besoin le plus
souvent de pièces brèves, voir très brèves, n’excédant pas plus de 2 minutes. On peut considérer qu’il ne reste qu’une pièce seulement sur vingt, susceptible d’être traitée entièrement par le maître d’harmonie.

L’emplacement du poste de commande n’est pas sans intérêt, il faut que le responsable puisse observer tout ce qui se déroule dans le temple. Il semblerait que la meilleure place soit au bas de la colonne du midi, ce qui rend difficilement concevable de confier la responsabilité de cette colonne d’harmonie à un apprenti, mais rien n’empêche de transporter le poste de commande au bas de la colonne du septentrion. Une bonne connaissance du rituel et des traditions est indispensable pour l’accomplissement efficace de cette charge. Le maître de la colonne d’harmonie et le V\M\ doivent être dans l’accord le plus parfait, pour donner à la tenue, la solennité adéquate à une bonne qualité des travaux en loge.

Dans tous les cas, le but de la colonne d’harmonie est de favoriser, par le moyen des sons, l’intériorisation de l’événement rituel. Elle apporte, avec la musique, de la façon la plus substantielle, une respiration cohérente avec les travaux maçonniques. C’est la ponctuation de ce moment sacralisé.
Mais quelle musique choisir ?

Quelque soit le genre de musique, la musique contribue à la communion des esprits tout comme au soutien architectural de la gestuelle. Son effet sur les frères participants est fédérateur, générateur d’énergie. En loge, elle donne de la puissance au rituel, apaise les esprits, transmet les émotions et joue un rôle décoratif. Alors quelle musique choisir ? Classique ou contemporaine et comment la transmettre ?. Cela demande un choix. Je dirai toute musique, à condition qu’elle contienne le rythme propice à cet état de grande réceptivité de l’enseignement, qu’elle soit dite sacrée, ou qu’elle soit caractérisée de profane. Dans cette dernière option, le choix est à définir avec les membres de la loge. Aujourd’hui, il y a peu de compositeurs de musique maçonnique. Certes il y a eu Mozart, Haydn, Liszt, de Saint Georges, Pleyel, plus près, Sibelius, Cotte. Nous, maçons, fidèles à nos coutumes, cela ne nous empêche pas d’accepter et d’apprécier le progrès en utilisant une musique contemporaine de film ou de spectacle par exemple, mais à la condition : - qu’elle ne dévie pas l’attention, - qu’elle n’influence pas négativement l’atmosphère et l’égrégore, - qu’elle se trouve en harmonie avec le rituel de manière à l’exalter car elle doit rehausser et parachever les travaux. Pour cela, il existe trois sortes d’écoute en musique :

- On peut écouter les paroles d’une musique et en tirer un enseignement ;
- On peut écouter de manière discriminatoire et avec son coeur présent ; ·
- Et on peut écouter la mélodie qui est la nourriture des esprits et quand l’esprit obtient la nourriture, il parvient à sa propre station spirituelle.
Je constate que la plupart des œuvres de compositeurs maçonniques sont des œuvres chantées et pour ma part, je trouve que ces morceaux même s’ils sont agréables à écouter peuvent détourner l’attention, alors que des morceaux à caractère plus instrumental, même de compositeurs profanes, nous tournent davantage vers la concentration et la méditation.

Lors d’une tenue au 1er degré on peut définir quelques moments et thèmes privilégiés pour des pauses ou virgules musicales : Par exemple : - A l’entrée dans le temple, une musique favorisant le calme et la concentration des Frères, mais suffisamment légère, on choisira une musique, genre allegro par exemple : L’ouverture de la Flûte enchantée de Mozart (Mu 1), ou bien une symphonie de Pleyel comme la ”Symphony in B flat Major”. - Lors de l’entrée du V\M\, qui représente l’autorité de la loge, une marche solennelle peut convenir : La damnation de Faust. (Mu 2), ou la marche du Roi de Lully. Ces musiques seront choisies également pour l’entrée de dignitaires. Dans cet atelier, au Voile d’Isis, le VøMø porte un intérêt sur une musique écossaise, et souhaite que soit interprété ”Amazing grâce” joué à la cornemuse , morceau qui nous plonge plutôt dans la concentration spirituelle. : ” l’incroyable grâce”. - A l’ouverture des travaux, pendant l’allumage des feux et la circulation du Maître des cérémonies et de l’Expert, on mettra une musique favorisant le recueillement : un adagio ou une andante de Bach (Mus 3). Par contre, le silence sera marqué pendant le tracé du tableau de loge et l’invocation au GADLU. - La collecte des excuses et la circulation du tronc de la veuve, le choix se portera vers une musique plus légère : Allegretto (Mus 6) (mouvement de flûte et de harpe) - Avant et après le tracé d’une planche d’un F ou d’une minute symbolique, on choisira dans la mesure du possible, une musique favorisant l’introspection et la réflexion, qui pourrait être en rapport avec la planche : Un adagio, une andante (Mus 4 ) concerto 7 adagio d’Haydrn, ou le concerto N°21 de Mozart (Mus 5 ). - Concernant la chaîne d’union, une musique douce appelant les FF au recueillement, sera mise en sourdine pour ne pas couvrir les paroles du VøMø nous invitant dans notre idéal qui nous conduit sur le chemin de la lumière. (Mus7)

- La fermeture des travaux peut se dérouler de la même manière que l’ouverture avec une musique de concentration ou de recueillement : Symphonie en UT majeur larghetto de Vivaldi (Mus 8). - Les travaux sont terminés, c’est la sortie du V\M\ et du collège d’officiers, une musique plus solennelle ou écossaise, genre marche, les accompagnera pendant la déambulation. Les ouvriers se retirent contents et satisfaits en recevant leur salaire. (Mus 9) .
Cet échantillon que je viens de vous présenter, est mixage de compositeurs Maçons et profanes. Ce qui à mon sens, montre une alliance de la musique et du rituel que nous pratiquons. Pour les cérémonies particulières, des séquences de musiques sont à ajouter. A l’initiation d’un récipiendaire, une musique profane accompagnera le premier voyage (genre métal, Hard Rock), dans d’autres intervalles de déambulation, pourrait convenir une musique rituelle se rapportant à la Franc Maçonnerie, comme celles des compositeurs Ricky Bolognesi et Josquin d’Hiram ou les chants de Jean Pierre Virgil et Gérard Berlinet. Dans une élévation, une séquence peut aussi s’ajouter après la batterie d’acclamation ou à la consécration, avec une musique joyeuse (concerto pour violon OP 3 de St Georges). Quant aux cérémonies funèbres, Le maître d’harmonie optera pour un requiem en musique de fond au début de la tenue et une marche funèbre pendant les moments de pause (Marche funèbre de Taskin par exemple). Dans le choix de la musique, le Maître d’harmonie peut aussi opter pour une seule oeuvre d’un compositeur ou d’un interprète. Bien souvent, celle-ci renferme les différents tempos nécessaires aux séquences de la tenue. Le choix sera donc plus aisé qu’une présentation d’oeuvres différentes comme celle que je viens d’énumérer.

En conclusion : Durant cet exposé, je me suis efforcé de vous faire découvrir ma vision sur la Colonne d’Harmonie, et combien la musique avait sa place dans notre rituel. Alors, qu’elle soit sacrée ou profane, la musique peut suggérer l’inexprimable, rendre intelligible le symbolisme et enrichir la perception du sacré. Il était normal que la franc-maçonnerie, ordre à caractère initiatique, symbolique et sacré par son rituel, se soit, de tout temps, entourée de musique. Alors la colonne d’harmonie est pour moi, plus qu’un symbole et un accessoire maçonnique, elle a vraiment sa place pour construire l’égrégore souhaité. Cela me fait penser à un symbole d’alliance, l’image du tableau ”L’Amour victorieux”, où l’on voit, outre l’image érotique de Cupidon (le dieu de l’amour dans la mythologie romaine), un violon et une luth avec une partition musicale étalée sur le sol et devant, une équerre entrelacée d’un compas.

Pour terminer, je citerais une phrase du livre ”La colonne d’harmonie” de Philippe Autexier : « La musique est, elle-même, une « Maçonnerie » ; les éléments qui la composent ne sont pas des sons (des pierres brutes), mais des notes (des pierres taillées ), mesurées dans leur hauteur (ce que l'on appelle la note proprement dite) dans leur longueur – ou leur durée – et dans leur densité (l'intensité de la note). Les trois paramètres qui régissent la taille de la pierr régissent aussi celle du son :

la FORCE réside dans la densité (l'intensité du son : fortissimo ou piano par exemple)

la SAGESSE dans la longueur (la durée de la note)

la BEAUTÉ dans la hauteur (la note elle-même)

J’ai dit, VM



Liste des Œuvres Musicales diffusées :
1- Mozart- La flûte enchantée de Mozart Opéra K 620 Opéra Ouverture (ouv)
2- Faust-La Damnation de Faust- Rakoczy March (ent)
3- Mozart- Violin Concerto N°5 A major II .Adagio. (KV219) (all)
4- Haydrn- Concerto pour violon N°3 adagio (pla)
5- Mozart- Concerto pour piano n°21 –(pla)
6- Concerto for flute and harpe KV 299 n°3 –Allegro (TdV)
7- Ronan Hardiman- Lament – andante (Chu)
8- Symphonie en UT majeur larghetto de Vivaladi (Fer)
9- Pipe Band – Scotland the brave - Marche (Sor)

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