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Harmonie

Je dois tout d’abord avouer que j’ai choisi ce thème car c’est précisément ce que je suis venu chercher en Franc-maçonnerie : l’harmonie. L’harmonie et son pendant : la concorde. Les deux mots étant synonymes, puisque les deux mots latins d’où ils dérivent, harmonia et concordia, signifient tous deux accord, harmonie.

La définition que je pourrais faire de l’harmonie provient de la perception que j’ai de ce que je trouve beau et parfait. Mais cette perception toute personnelle n’est évidemment pas la même pour tout le monde, même si la définition de l’harmonie la plus commune est la suivante « combinaison formant un ensemble d’éléments qui apporte à la fois satisfaction et agrément ». L’harmonie se rapproche du concept d’idéal où chaque élément se trouve à sa place et contribue parfaitement à la beauté de l’ensemble. La notion d'harmonie semble concerner toutes choses. Il n'est pas un art, pas un savoir, de la médecine à l'astronomie, de l'architecture à la musique, qui n'y fasse référence. Dans la mythologie grecque, la déesse Harmonie était la fille d'Arès (dieu de la Guerre, de la Brutalité et de la Destruction.) et d'Aphrodite (déesse de l'Amour et de la fécondité). Elle est donc le fruit de deux sentiments proches et pourtant incompatibles : l'Amour et la Haine.

Compte tenu de mon ignorance sur ce sujet et par respect pour nos frères musiciens, je ne me hasarderai pas à parler longuement de l’harmonie dans son sens musical, quoique… Je me contenterai d’énoncer une de ses définitions : le mot harmonie désigne traditionnellement l’une des quatre composantes de la musique - les trois autres étant le rythme, la mélodie et le timbre. L'harmonie musicale relève de l'utilisation délibérée de fréquences différentes et simultanées, dans la perspective d'apporter relief et profondeur au chant ou au jeu instrumental. L’harmonie peut être considérée comme un synonyme du mot polyphonie. Elle représente donc l'aspect vertical de la musique, tandis que la mélodie en représente l'aspect horizontal.

Dans cette acception, le mot peut être considéré comme un synonyme du mot « polyphonie ». Lorsqu'on dit qu'un instrument est « harmonique », cela signifie que cet instrument est capable de jouer au moins deux sons différents et simultanés. L'harmonie a cependant une dimension culturelle puisqu’elle est indissociable de la musique occidentale. Concernant les musiques non occidentales qui utilisent des échelles différentes, l'usage éventuel de simultanéités délibérées sera qualifié « d'hétérophonie » plutôt que d'harmonie.

Au contraire de ce que beaucoup de nos Frères imaginent, il n'y a pas réellement de musique maçonnique. Les spécialistes de la musique classique sont tous d'accord sur ce point : il n'existe pas de genre ni de style de composition ou d'harmonie qu'on pourrait considérer comme maçonniques et donc différents de tous les autres. Ce sont les maçons qui considèrent comme maçonniques toutes les musiques faites et composées par des maçons sur des thèmes plus ou moins maçonniques.

En ce qui concerne la peinture, un tableau me parle lorsque celui-ci éveille en moi un sentiment de beauté, de sérénité, de plénitude. Pour mon compte, et cela n’engage que moi, pour qu’un tableau me paraisse harmonieux, au-delà du sujet et des formes représentées, il doit être composé de touches de couleurs différentes dont les tons s’assemblent harmonieusement. Je veux dire par là qu’un tableau monochrome, contrairement à une certaine mode chez les peintres, ne suscite en moi aucun émoi.

Mais revenons à nos moutons. Mon engagement maçonnique ne constitue pas autre chose que la recherche d’une harmonie personnelle, fondue ensuite dans celle de la Loge. Tous les Frères étant fondamentalement différents, une Loge part à sa création d’un état proche du chaos pour aller, le rituel et la volonté de chacun aidant, vers un ordre et une harmonie globale. L’harmonie de l’édifice est en grande partie due à la beauté qui permet d’exprimer à l’extérieur ce qu’il contient à l’intérieur. Chaque chose est à sa place et est reconnue comme telle. Mais le temple n’est pas un tableau figé, il évolue au gré de la contribution de chacun de ses frères, il devient ce que les membres de l’atelier veulent en faire.

L’harmonie c’est lorsque tout concourt à la réalisation d’un idéal. Chacun d’entre nous est à sa place, doit effectuer son travail et accomplir son œuvre, ce qui permet à l’atelier de s’enrichir et de s’élever. La participation et le travail forme l’ossature d’un atelier dans lequel l’harmonie prend une dimension spirituelle supérieure.

Si j’insiste depuis le début de cette planche sur le fait qu’il ne peut exister d’harmonie sans diversité, partant de celle des sons et passant par celles des couleurs pour arriver à celle des hommes, c’est parce que nous devons nous reconnaître et nous aimer tels que nous sommes, avec nos différences et souvent nos divergences car ce sont elles qui créent l’harmonie de la Loge. Avec une seule note, pas moyen de créer une mélodie. Si nous étions tous identiques, on devrait parler de monotonie, au sens propre du terme. Dans une musique, dans un tableau, ce sont les complémentarités ou même les oppositions de notes et de couleurs qui créent la beauté et l’harmonie de l’ensemble.

Alors bien sûr, le frère maçon doit tout faire pour rechercher l’harmonie entre les hommes des groupes qu’il fréquente, famille, environnement professionnel, sa loge, au sein de la société où il évolue, au sein de l’humanité même. Il doit s’efforcer d’apaiser les tensions, de gommer les différents, de rassembler ce qui peut l’être, bref d’apporter l’harmonie. La Franc-maçonnerie Universelle a bien compris la puissance comme la fragilité d’une telle valeur. Elle n’hésite pas à décréter dans ses « Anciennes Obligations », le caractère universel de l’Ordre maçonnique qui oblige tous les Francs-maçons de se reconnaître entre eux comme Frères.

Et que l’on ne me parle pas de tolérance envers ceux qui n’ont pas les mêmes idées, les mêmes goûts ou le même caractère que nous. Tolérer est un mot que je déteste. C’est faire preuve de tellement de condescendance ! On ne tolère que ceux que l’on juge en-dessous ou en dehors de nos critères de valeur, jamais ceux que nous jugeons supérieurs.

Toutefois, apporter l’harmonie aux autres suppose une condition sine qua non : être capable de l’atteindre soi même. On l’a vu, à l’aide de la réflexion, de la pratique des rituels, il s’agit d’émerger du désordre, du chaos intérieur pour accéder à l’ordre, à l’équilibre, à l’Unité, à l’harmonie intérieure. Pour ce faire, il faut accepter d’entreprendre une véritable descente en soi, prendre conscience de ses imperfections et lutter pour les abolir. On meurt à soi pour renaître autre. Cette renaissance est une étape nécessaire pour se rapprocher de la sagesse.

Pour revenir au Temple Maçonnique et à nos Rituels, voyez comme un temple bien dressé et un rituel bien fait, avec amour et chaleur, réchauffe l'âme et fait passer le courant lors de nos cérémonies. Aussi importante est l'harmonie entre frères. Celle-ci est créée d'un coté, très naturellement, par les rituels et l'habitude que nous avons les uns des autres, qui nous permet d'ajuster nos propres différences dans le sens du bien commun. Elle est créée aussi par l'usage de la fonction clé, l'intelligence, qu'elle soit celle du cœur ou celle de l'âme, qui nous pousse et nous permet de nous adapter les uns aux autres, de nous pardonner nos petites erreurs, si erreurs il y a, de voir les qualités de chacun mais sans méconnaître ses défauts. C’est à ce prix que nos regards pourront s’élever ensemble vers les sommets.

Qu’en est-il de l’harmonie dans une loge maçonnique dont la finalité est la recherche de l’Unité ? Comme sur le pavé mosaïque où le blanc a besoin du noir pour exister et vice-versa, comme en musique où tant de notes doivent être si différentes pour créer tant de beauté, comme en peinture où chaque couleur met en valeur sa voisine, l’harmonie ne peut exister dans ce temple que parce que nous différons les uns des autres. Savoir donner, savoir recevoir, mais surtout savoir aimer, voila le ternaire de l’harmonie maçonnique. Telle est notre mission aujourd’hui, tel est aussi notre devoir devant les épreuves, dans un esprit serein, positif et dépourvu de passion. La fraternité est, dans cette optique, le ciment commun de tous les maçons du monde. Elle émane de notre chaîne d’union universelle et confortera toujours le cœur des Hommes sur cette terre. C’est ainsi que nous pourrons peut-être atteindre cet égrégore dont le nom est souvent galvaudé (il vient du grec ancien : être éveillé, faire lever, réveiller).

J’ai dit.

M\ G\


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