GLFF Loge : NC 05/2008


La Mort

Il y a 3 ans, un appel téléphonique du C.H.R. de R\, nous a précipité une nouvelle fois dans la tourmente …. La mort .

La mort, c’est la cessation irréversible de la vie. Elle représente un changement complet de l’état d’un être vivant et la perte de ses caractéristiques essentielles .

Les définitions de la mort varient selon les cultures et les époques, dans les sociétés occidentales, la mort est vue par les croyants comme la séparation de l’âme et du corps.

Ce qu’il y a de plus précieux en nous, est parfois entraîné par des forces indépendantes de notre volonté auxquelles nous avons adhéré ne serait-ce qu’un moment, l’espace d’une pensée ou d’un acte.

Nous avons alors l’impression, que tout est moche, froid, sec … mort

Ce n’est pas nécessaire de culpabiliser …

On admet que la conscience de devoir mourir n’existe que chez l’homme, et la vie et la mort on une cohabitation obligatoire, cela on n’y peut rien !!

La mort fait partie d’un cycle immuable, qui nous enchaîne et auquel nous n’avons pas la liberté d’échapper mais qui pour mon compte justifie une recherche initiatique

Tout comme les cycles des saisons, tout comme la nature s’éveille au printemps après  l’hiver, NOUS, après notre descente dans les ténèbres, nous remonterons à nouveau éclairer et réchauffer les êtres qui nous entourent …

Ne pas redouter la mort, ne jamais voir quelqu’un mourir, de n’avoir jamais aucun contact avec la mort, penser que la mort n’existe pas, penser que la vie n’est que bonheur, fraternité et rires serait évidemment bien.

Quand la pensée de la mort surgit, elle fait peur. Lorsqu’on est jeune, la mort n’est pas perceptible dans l’action de vivre, nous oublions même quelle existe, quelle est possible, quelle est inéluctable.

Le trouble que suscite la mort, est une pensée qui engendre une émotion qu’impose la peur de souffrir dans une longue agonie …

Lorsque l’on conçoit un enfant, a-t-on conscience qu’on le programme un jour à mourir ??

Pour beaucoup d’entre nous, la mort a un sens lointain et effrayant à la fois.

Nous savons tous, qu’on nait, qu’on vit, qu’on meurt. L’être humain, apprend très tôt qu’il va mourir, disparaître.

Disparaître de cette terre et pourtant même si cette issue engendre bien des peurs et des douleurs, cela n’affecte pas la vie quotidienne … La seule pensée qui me vient à l’esprit, c’est uniquement la peur de souffrir . et parfois de n’être plus rien quand le corps physique se défait …

Mais après réflexion, la souffrance est une souffrance de vie et non de la mort …

La peur du néant, elle, sous-entend qu’il y aurait conscience capable de souffrir de cet état d’anéantissement.

Or dans ce cas, s’il y a conscience, il n’y a plus mort mais un changement d’état et la peur du néant n’a plus de raison d’être .

Par contre, S’il n’y a plus de conscience, s’il y a que le néant, s’il n’y a vraiment rien, la peur de ce RIEN, est absurde puisque nous n’éprouvons plus aucune douleur. Il n’y a rien pour se rendre compte du néant, puisque nos êtres chers ne sont jamais revenus nous expliquer.

Pour moi, craindre la mort, en avoir peur et y penser souvent, est stupide et empêche de vivre sa vie terrestre pleinement.

La vie c’est quoi ? On nait, on vit, on meurt.

La matière du corps physique va vieillir et disparaître, c’est un fait inéluctable …

Quoi que nous fassions, la disparition par transformation des éléments physiques est indiscutable…

La vie de l’homme est inexorablement rompue par la mort à quelque moment que ce soit de sa vie.

Mais étant donné que le corps est + ou – irremplaçable, mieux vaut l’entretenir avec soin, mais, être à  la recherche de la jeunesse éternelle est aussi illusoire que de se complaire dans une souffrance sans fin.

Pourtant, c’est la souffrance qui nous donne l’énergie nécessaire à rejoindre la lumière d’en haut.

Plus la souffrance est grande, plus nous aurons ce désir

Plus le désir est intense et plus nous nous élèverons

N’y-t-il pas deux sortes de désirs ? L’un qui attache, l’autre qui attise.

Nul ne peut échapper à la mort terrestre, pourtant , nous avons besoin d’éveiller notre conscience dans sa transition entre vie et trépas.

Lorsqu’on essaie de « communier » avec les hommes, comme nous le faisons, nous, en Franc-maçonnerie, une qualité d’ouverture participe à la vie secrète inexprimée et un sens profond de l’existence éclaire ce qui auparavant, nous semblait absurde et sans raison.

A son travail de connaissance de soi, vient s’ajouter, pour nous F\M\ un travail pour connaître l’univers et pour se connaître … dans l’univers.

Très vite les hommes ont observé la vie dans le monde invisible, vie qui se prépare lentement, à partir d’un point inaccessible à l’œil humain, et éclate ensuite dans son essence originelle qui va se prendre en charge pour atteindre sa plénitude .

Les Hommes ont vite compris ce phénomène de conception cachée, mystérieuse, de mort, de disparition et de renaissance ..

J’ai pu observer qu’en Bretagne, les sépultures mégalithiques tertres et tumulus , communiquaient avec l’extérieur par un couloir étroit. Les morts y étaient déposés en position fœtale et saupoudrés de poudre d’ocre rouge.

Déjà nos lointains ancêtres, les préparaient à renaître plein de vie et de sang dans leur nouveau monde d’après la mort.

S’agissait-il d’un rêve, d’un espoir ou déjà pensaient-ils à l’étincelle de l’esprit qui transformé par l’épreuve de la vie terrestre, allait renaître dans un espace différent ?

Transportaient-ils déjà l’image la plus simple de l’univers visible en une correspondance avec l’invisible ?

En Egypte ancienne, les érudits enseignaient dans les temples que l’âme vit dans la caverne de la tombe où elle doit se nourrir pour grandir, pour se fortifier et s’échapper pour rejoindre un monde nouveau.

Pris à la lettre, les mythes et légendes de l’Egypte ancienne éclairent les croyances naïves d’une civilisation éteinte, mais si l’on parvient à se laisser toucher par les symboles contenus dans ces textes, si l’on en oublie le concept irréel et déraisonnable des dieux pour s’ouvrir à la transposition, on est surpris par la finesse de la perception d’une onde indéfinissable et la force d’enseignement d’une vérité inexprimable.

Le livre des morts des égyptiens, n’est pas uniquement un livre pour les morts, mais aussi un livre que les vivants doivent connaître pour découvrir le mystère de l’univers, et de leur propre destinée.

Pour ces Egyptiens, si en raison de l’affaiblissement des énergies du corps, le phénomène de la mort physique permet à l’âme de franchir le seuil, l’enseignement essentiel consistait à prendre conscience de la vie du corps subtil, avant la métamorphose du corps par la mort.

Ce livre des morts, plus qu’a l’usage des défunts, indiquait à l’initié que s’il veut vivre l’éternelle vérité, c’est en lui-même qu’il doit chercher.

Ainsi les mystères initiatiques égyptiens, grecs ou romains et leurs filiations dans la FM ont peut être pour objet de tracer en l’homme des repères cosmologiques universels afin qu’il se rende compte d’où vient , mais aussi d’où vient sa disharmonie, de son refus des limites et puisse y remédier.

Pour qu’une chose naisse, une autre doit mourir, rien ne naît spontanément. C’est une loi universelle qui doit se graver dans nos cœurs : tout ce qui existe a pris naissance dans la disparition d’une autre existence …

La mort est le début d’une nouvelle vie. La seule certitude que nous ayons, c’est que notre forme actuelle va mourir et que tous les êtres qui nous sont chers vont également mourir.

La mort n’est pas le contraire de la vie comme nous pourrions le penser, elle n’est que l’opposé de la naissance et entre la naissance et la mort tout reste bien relatif.

Il y a donc nécessité de la disparition pour qu’existe une nouvelle naissance.

Dans toutes les civilisations, même les plus lointaines, les hommes ont vu leur mort de la même manière. La mort n’était pas pour eux simplement un corps qui devient sans vie mais plutôt la vie qui quitte le corps.

Cette vie prend une forme différente, particulière, et elle a un long parcours à faire avant d’atteindre sa nouvelle demeure…

Les bouddhistes disent qu’il faut mourir pour que l’âme renaisse dans un nouveau corps, mourir à ce que nous sommes, pour que ce qu’il y a de meilleur, en nous, puisse refleurir et s’exprimer.

L’homme est le trait d’union entre le bas et le haut. Les énergies qui animent le corps peuvent soit descendre vers la terre, soit s’élever vers le ciel et c’est ainsi que symboliquement nous devenons ce trait d’union.

Trait d’union, l’homme est alors capable de remplir sa double fonction spirituelle et matérielle et répond ainsi parfaitement à la voie maçonnique, qui cherche le développement matériel et spirituel de l’homme.

En vieillissant, le corps perd ses capacités physiques, les sens ne captent plus le monde extérieur avec la même facilité. Mais avec l’âge, l’homme n’est plus gêné par toutes ces informations que ses sens lui transmettaient et qui le perturbaient.

En vieillissant, on peut davantage se tourner vers son ETRE intérieur pour l’éveiller durant ses derniers temps de son passage sur terre, et cet être intérieur prend petit à petit sa liberté pour devenir entièrement livre au moment de la mort physique.

Pour nous FM théoriquement, la naissance de nouvelles pensées passe par la mort des anciennes, l’éclosion des sentiments d’amour universel que nous prônons, par la mort des émotions égoïstes, l’accès à de nouvelles compréhension de la vie par la mort des anciens comportements, avec lesquels nous avons l’habitude de vivre, même s’ils nous conduisent a des situations bien détestables.

C’est le trajet que la vie nous propose de vivre au travers des décès et des deuils.

Mais c’est aussi le trajet que nous propose la Franc-maçonnerie pour nous aider à suivre au travers de l’initiation de l’augmentation de salaire et de l’élévation à la Maîtrise, où lors de la cérémonie on se replonge dans le mythe d’Hiram, source inépuisable de symboles.

Depuis  les outils utilisés pour tuer Hiram, la recherche de Maître par les Maîtres, l’acacia, les mots prononcés par la seconde surveillante « la chair quitte les os » et ceux de la première surveillante « tout se désunit » et enfin la résurrection .

On comprend mieux, que le rituel d’élévation au grade de Maître propose la mort du récipiendaire ordinaire pour lui permettre la véritable renaissance de son « être intérieur »

La tâche de l’initié est donc de vivre en harmonie avec les exigences d’éveil de l’être éternel … lui donner assez de conscience et de force pour franchir le seuil de la mort physique et se diriger vers ce monde inconnu

Bien entendu j’ai fait mon petit tour dans les tarots

Les tarots décrivent d’une manière codée le chemin de vie d’un individu, de son incarnation à sa libération .

C’est une carte géographique qui décrit l’itinéraire intérieur de l’être au travers des cinq phases de l’existence à savoir l’enfance, l’apprentissage, le compagnonnage, la maîtrise et la sagesse

Chaque arcane représente une étape sur le chemin de vie, un stage de réalisation.

Dans le tarot de Marseille la mort est représentée par l’arcane 13

On appelle cette lame la mort, le faucheur, la carte sans nom

Que voit-on sur cette carte ? : un squelette armé d’une faux qui semble marcher .

Avec l’ermite et le Mat le squelette de l’arcane 13 constituent les 3 seuls personnage en mouvement des 22 lames du tarot.

Le mouvement de l’Ermite semble être une cheminement, le Mat lui affiche une allure rapide et déterminée quant au squelette, il avance résolument sur ce qui me semble  être l’avenir.

D’ailleurs dans les tarots, cette arcane 13, qu’est la mort, n’est pas maléfique elle indique qu’après de grandes perturbations autour de soi, un renouveau, une nouvelle naissance , un grand changement de soi, l’union de toutes les forces et la compréhension de tous les mystères .

Pour terminer, je citerai une  phrase du Frère Wolfgang Amadéus MOZART qu’il écrivait dans une lettre le 4 avril 1787 à son père , le frère Léopold MOZART :

«  comme la mort, à y regarder de près, est le vrai but final de notre vie, je me suis depuis quelques années, tellement familiarisé avec cette véritable et parfaite amie de l’homme, que son image, non seulement n’a plus rien d’effrayant pour moi, mai m’est très apaisante, très consolante, et je remercie Dieu de m’avoir accordé le bonheur de saisir l’occasion (vous me comprenez) d’apprendre à la connaître comme la clé de notre vraie félicité »

Le « vous me comprenez » fait allusion, évidemment, à la pratique de la F\M\ mais aussi et plus précisément à l’élévation au grade de Maître maçon.

Car c’est lorsqu’il est parvenu au seuil du 3 ème degré que la Femme ou l’Homme Maçon va tenter d’apprivoiser la peur suprême qu’est la mort par la répétition rituelle du meurtre d’Hiram.

Et quelle est la meilleure façon de se familiariser avec la mort ? et bien c’est d’en adopter son visage, de revêtir le masque effrayant de la mort.

Comme dans la plupart des rites initiatiques, on va donc « faire le mort » en maçonnerie

Cette tentative vaut, non seulement pour celui qui est fait maître, mais également pour toutes les sœurs et tous les frères participant au rite, qui élévation après élévation vont revivre, le meurtre, la mort,  la résurrection .

Je me garderai cependant comme le prétend Mozart de faire de la mort « une parfaite amie de l’homme »

J’ai dit 


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