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Le symbolisme du nombre 3

La plus noble conquête de l'homme, ce n'est pas, comme l'affirmait M. de Buffon, le cheval, mais le nombre, ou, pour mieux dire, la notion du temps, qui comporte obligatoirement le souvenir du passé et implique celle de l'avenir, donc de la durée de l'Eternité, qui sont, vous le savez, une des caracté­ristiques de la Divinité.

Jamais un chien, un éléphant ou un singe, si intelligents soient-ils, n'auraient pu inventer un cadran solaire, une montre ou un télescope, ni même se mettre une rose dans les cheveux ou sur l'oreille : premier geste de la parure, source de l'esthétique et des arts - à plus forte raison conce­voir un nombre.

(Il existe des hommes primitifs qui ne comptent pas au delà de trois : « un, deux... et beaucoup », qui a pour synonyme « très », qui vient de trois.)

Le symbolisme de ce nombre 3 a été ainsi défini par un F.'. de la R.'. L.'. Les Amitiés Internatio-nales, à l'Orient de Paris :

Le Dictionnaire de l'Académie définit le nombre comme l'unité, ou une collection d'unités ; la notion du nombre repose entièrement sur le concept de l'unité. Chaque nombre représente donc un aspect particulier ou analytique de l'unité absolue, appelé Univers (univers qui ne signifie pas autre chose que : tourné vers l'Un, le retour à l'unité primor­diale).

Avant d'examiner avec vous le symbolisme du nombre 3, il paraît nécessaire de voir ce qu'est la science des nombres, ou arithmologie.

Les phénomènes naturels sont tous soumis à des lois, et ces lois se ramènent à des coefficients, c'est­-à-dire à des nombres. On peut très bien raisonner sans avoir recours aux nombres, en restant dans l'abstraction pure, c'est-à-dire dans l'unité, mais la vie intellectuelle et la vie morale ont besoin du nombre - mot dont l'étymologie nous indique sa fonction : numerus en latin est de la même famille que le verbe grec : diviser, partager, distribuer.

C'est donc la division, le partage, la distribution du temps ou de l'espace, de la qualité ou de la quantité - ou la division de l'unité, point de départ et point d'arrivée.

Cette idée de division et de partage s'applique aussi à la parole, au son, et le mot nombre, alors, signifie l'harmonie qui résulte d'un certain arran­gement des mots dans la prose ou les vers : « L'es­prit est sensible au nombre et à la cadence  », dit Rollin.

Nombre étant la division et la multiplication de l'unité, indique une quantité indéfinie et remplace l'adverbe beaucoup : nombre de gens savent comp­ter et peu d'hommes peuvent s'abstraire.

Il y a donc deux catégories d'esprits : d'abord ceux pour qui le nombre (9, par exemple) n'est que l'idéogramme d'une quantité précise dans la numé­ration et qui peuvent admettre arithmétiquement que 9 soit le produit de trois fois trois (3X3) ou l'addition de 9 fois l'unité. Mais qui en restent là. Ils pourront même faire la preuve par 9, sans se demander pourquoi; puis ceux qui admettent les considérations précédentes et en plus attribuent à ce nombre des vertus secrètes, des pouvoirs ca­chés, des influences occultes : le 13 porte malheur ! disent-ils, par exemple.

Les premiers s'en tiennent à l'arithmétique et n'envisagent que les rapports des nombres entre eux, leurs propriétés de divisibilité ou de parité, et se bornent à leur valeur concrète.

Les autres - et il y a de nombreuses variétés - recherchent les rapports des nombres avec les phénomènes naturels, les proportions des formes vivantes, la suite des cycles naturels, saisonniers : ceux-ci font de l'arithmologie; d'autres, plus auda­cieux, par la constatation de retours cycliques, tentent d'appliquer ces connaissances statistiques à la prévision des événements et de la destinée humaine; il en est, disent-ils, qui ont leur chiffre ou leur étoile; ceux-là font de l'arithmomancie. Enfin, d'autres, combinant les deux précédentes recherches, veulent établir une connaissance syn­thétique de l'influence propre à chaque nombre et de sa signification intime.

D'une part, les Inaudi, de l'autre, Pythagore.

Pour I'arithmosophie - sagesse du nombre - la notation abstraite d'unité, de parité, de trinité et ainsi de suite, qui s'attache aux nombres 1, 2, 3 et suivants, comme une qualité intelligible, devient l'expression d'une relation définie et qu'elle définit.

Le fait, par exemple, qu'un objet ou un être est unique, implique qu'il ne présente pas de rapports d'analogie avec d'autres objets ou d'autres êtres semblables.

Le fait que des objets ou des êtres soient au nombre de 2 implique, au contraire, l'existence de rapports directs de comparaison, d'antithèse, d'op­position.

Avec le nombre 3, l'idée d'opposition disparaît pour faire place à l'idée de série, par suite de rela­tions définies, harmoniques.

Chaque nombre étant susceptible de représenter une idée abstraite définie, la langue des nombres est donc la langue des idées, des pensées, de la con­naissance rationnelle, s'opposant à la langue des sentiments, laquelle ne peut s'exprimer que par des mots : « Le coeur a ses raisons que la raison ne connaît pas» .

L'idée de nombre, impliquant une relation défi­nie doit être homogène, universelle, cohérente, et pouvoir s'appliquer à tous les ordres d'idées possi­bles. C'est la raison pour laquelle, dans l'enseigne­ment initiatique de tous les temps, on s'est servi du nombre comme du symbole le plus précieux, en raison de sa précision, de sa simplicité, de son uni­versalité. Le nombre a sa valeur intrinsèque et par­ticulière qu'il communique à l'objet qu'on étudie : par exemple, les ternaires : supérieur, moyen, inférieur, ou bien antérieur, médian, postérieur, ou : le passé, le présent, le futur; c'est toujours une idée d'ordre de série, de graduation particu­lière du nombre 3.

« Il semble que l'initié qui aurait», dit le Dr Allendy auquel j'emprunte beaucoup de ses obser­vations, « approfondi dans sa plénitude la signification des nombres posséderait la clé de tous les secrets, car le nombre est non seulement la norme des lois naturelles, mais encore le lieu logique, la clé commune de tous enseignements philosophi­ques, religieux, occultes. »

La science des nombres est à l'origine dé toutes les civilisations. Sans remonter à la mystérieuse Atlantide dont nous a parlé Platon, nous en trou­vons des applications multiples chez les Celtes pour qui le nombre 3 avait une valeur de hase conservée dans les Triades bardiques; on la trouve dans les Védas, dans les livres sacrés de la Chine qui con­tiennent de véritables traités de numération initia­tique.

Chez les Celtes, la Trinité divine comprenait :

Teutates : la Force; Esus : la Lumière; Gwyon : l'Esprit.

Dans l'Inde, la Trimourti se composait de :

Brahma : Principe suprême; Siva : Destructeur des êtres; Vichnou : Conservateur des êtres; et leur correspondant : Agni, lndra, Sonia.

Lao-Tseu parle de Trois principes :

a) Celui que l'Esprit aperçoit mais que l'oeil ne peut voir se nomme Y (l'unité absolue) ;

b) Celui que le coeur entend mais que l'oreille ne peut ouïr est Héï (l'existence universelle)

c) Celui que l'Ame sent mais que la main ne peut toucher s'appelle Houeï (l'existence individuelle).

L'ensemble fait Y Hè Houeï qu'on a pu rappro­cher du tétragramme juif Iod-Vau-Hè.

Chez les Chaldéens, des notions très positives se mêlent à des considérations mystiques sur la puis­sance des nombres et sur les liens qui les ratta­chaient aux dieux de leur mythologie. Ils ont eu la curiosité intelligente d'étudier le nombre pour le nombre, en laissant pour les non-initiés son caractère d'utilité pratique et de mesure. C'est ainsi que, 2.000 ans avant J.C., les Babyloniens comptaient par 60, ce qui a survécu dans le calcul de l'heure : 60 minutes, 60 secondes, mesure du temps, et les an­gles de 60 degrés, mesure de l'espace.

Il en fut de même chez les Egyptiens et chez les Hébreux. Ceux-ci auraient rapporté de leur capti­vité à Babylone des notions étendues d'arithmoso­phie que nous retrouverons dans la philosophie secrète de la Kabbale.

Longtemps cette science resta l'apanage d'une élite et se transmettait plus ou moins secrètement dans les sanctuaires des temples et dans les mystè­res initiatiques.

Pythagore et Platon, chez les Grecs, furent les premiers à les expliquer ouvertement : « « Toute chose est nombre » dit Pythagore. Platon, con­forme en cela à la Kabbale, regarde les nombres comme des intermédiaires entre la Pensée Suprême et les objets matériels.

Les docteurs juifs lui, donnèrent une extension considérable dans la Sepher Yesirah. Pour eux, le nombre est une limite négative correspondant à la matière et s'opposant à la substance qui est l'esprit.

Mais il n'est pas dans mes moyens ni dans mes vues de m'étendre plus longuement sur cet histori­que de la science des nombres; ce que j'en veux retirer c'est une adaptation à notre Ordre : il n'y a pas d'initiation possible sans la compréhension de la langue universelle des nombres.

Par elle, on peut établir des analogies, découvrir le sens des pratiques de la magie, les intentions de la liturgie et des rituels et de la sorte trouver une conciliation (le troisième terme de la synthèse) entre toutes les doctrines sur le chemin de la Vé­rité. Que l'on soit un Brahmane, un Taoïste, un Kabbaliste, un Hermétiste, un Chrétien, un Franc­Maçon, chacun d'eux peut y trouver une preuve de l'identité de leur foi, de la communauté de leur idéal, et, de la sorte, travailler au rapprochement des hommes de bonne volonté pour la Vérité syn­thétique, la Vérité une.

C'est pourquoi, mes FF.'., j'ai essayé de traiter devant vous ce soir le symbolisme du nombre 3.

Nous sommes universellement connus sous le vocable, qu'on voudrait être diffamant, de Frères Trois Points: allusion facile à ce nombre 3 que l'on considère comme la base de la Franc-Maçon­nerie. Dans ces conditions, ce terme pourrait aussi bien désigner les chrétiens qui admettent le dogme de la Trinité, qu'ils représentent eux aussi par un triangle. Et ces ironistes ne savent pas qu'il existe une très vieille société secrète chinoise, apparentée au taoïsme, qui s'appelle Les Trois Points.

Le Un, représentant l'unité, n'est pas un nombre on du moins ne peut être considéré comme tel que pour les besoins de la numération, soit comme point de départ, soit comme terme de multiplica­tion ou d'addition.

Symboliquement, on le représente par un point qui en se condensant devient le centre, et qui en s'agrandissant constitue le cercle ou circonférence; le cercle comporte une infinité de rayons, émana­tions du point central : somme et but de toutes choses, principe et fin, alpha et oméga; l'astrologie en fait le signe du Soleil.

Pour nous, Maçons, il représente le Grand Architecte de l'Univers, par l'unité du Temple et son harmonie intérieure.

Mais, en définissant ainsi l'unité ou l'absolu, il est toujours possible de lui opposer une négation. Si l'unité est l'Être, l'esprit peut très bien concevoir le Non-être, et le Moi de l'individu, le Non-Moi de la réalité : dès lors, naît la dualité, le principe contraire, l'antithèse s'opposant à la thèse : dualité nécessaire à toute compréhension. La conscience étant un jugement perpétuel, pour juger il faut comparer; c'est donc admettre une dualité. Qui dit dualité dit d'abord confrontation, comparaison, opposition, duel; le nombre 2 est le premier plu­riel, le premier nombre pair. Son caractère essentiel est de marquer un véritable système de rela­tions réciproques, comme les deux pôles d'un aimant, les deux côtés du corps, et trouve sa défi­nition dans la célèbre pensée d'Hermès Trismégiste énoncée dans la Table d'Émeraude : «  Ce qui est en haut est comme ce qui est en bas et inver­sement pour les miracles de l'unité »; la dualité prend le sens de paire : (« Les deux font la paire »), de couple, de réunion de l'un avec l'autre; ce sont alors les innombrables dualités qui constituent le cosmos : le positif et le négatif, l'actif et le, pas­sif, la force et la résistance, la qualité et la quan­tité, le bien et le mal, la matière et l'esprit, le Yin et le Yang des Taoïstes. Mais qu'on ne peut ce cependant concevoir sans une relation de réciprocité, la biologie le constate : le mâle et la femelle sont deux différenciations d'un type commun embryonnaire. Le diamètre qui divise la circonférence en deux parties n'empêche pas celle-ci d'être une circonfé­rence : c'est ce que le sage Héraclite d'Ephèse disait en parlant de Dieu : « Il est Jour et Nuit, Hiver et Eté, Abondance et Disette, Guerre et Paix; il se transforme comme le feu qui, mélangé d'aromates, reçoit des noms divers, selon les goûts de chacun ».

Le dualisme ou 1a lutte des contraires est la condi­tion même de l'existence et de la durée. Sans dua­lisme, tout est neutralisé ou anéanti.

Mais ce dualisme, cette lutte constante, reste le symbole de la colère et de la violence stérile, si elle n'est maintenue dans l'unité et harmonisée par un troisième élément. Duel sans issue s'il n'y a un arbitre : le 2 aboutit à la mort. Rappelez-vous que, pour l'Eglise, le 2 novembre est consacré aux morts - novembre, 2e mois de l'automne. Le peu­ple dit aussi : « Jamais deux sans trois ! ».

Pour nous le dualisme est exprimé par les deux colonnes, qui resteraient éternellement parallèles ou opposées s'il ne s'y plaçait un troisième terme qui est l'Apprenti pénétrant dans le Temple pour y recevoir l'initiation. Et l'on est Apprenti toute sa vie. Première utilisation du nombre 3. Première triade. Et il en est d'autres : les 3 coups frappés à la porte, la batterie de 3 coups, les 3 libations, les 3 coups d'épée, les 3 pas de l'Apprenti, les 3 voya­ges, les 3 lumières, les 3 acclamations, les 3 colon­nes, les 3 grades, les 3 serments, le triangle ou delta lumineux - j'y reviendrai tout à l'heure.

Un ne fait pas partie des nombres puisqu'il est l'unité, le principe du nombre, la génératrice, la cause première. Si Un représente la Divinité, le Créateur, le Grand Architecte, Deux est la Terre, Trois le Ciel.

3 est le premier nombre impair. L'addition. de ces deux nombres (2 et 3) forme 5, la multiplication 6, résultats qui, doublés, font 10 et 12 : les deux sys­tèmes de numération (par 10 terrestre : les deux mains; par 12 cosmique : les signes du zodiaque).

La nécessité du 3e terme ou du nombre 3 se sai­sit beaucoup mieux si l'on considère les grandes oppositions signalées dans le dualisme. Que serait l'opposition du Bien et du Mal, de Dieu et du Dia­ble, sans le 3e terme qui est la Conscience de l'être imparfait - conscience qui leur sert de champ d'action.

Comment l'esprit gouvernerait-il la matière sans l'âme animale ? Comment le cerveau dirigerait-il le squelette, sans les nerfs et les muscles ? Que deviendrait un artisan devant la matière sans outil ? Le pôle positif et le pôle négatif électriques, que seraient-ils sans le circuit qui les met en con­tact ?

3 est nécessaire à l'établissement de tout rapport. La pensée déductive, sans laquelle la mathémati­que n'existerait pas, s'établit constamment sur le rythme ternaire ou triangulaire. Thèse-antithèse-synthèse. Toute idée abstraite évoque forcément trois termes. Prenez l'exemple de l'âge : il com­prend celui de l'enfant, celui de l'adulte et celui du vieillard. La durée s'entend d'après un commence­ment, un milieu, une fin. La beauté requiert : l'unité, l'harmonie, la variété. En musique, la seconde rencontre de deux notes voisines est une dissonance, usitée par la corne des pompiers lors d'un incendie, la tierce une consonance ! L'ac­cord parfait s'établit sur la tonique, la tierce et la quinte. Et Balzac, dans son roman initiatique Louis Lambert, va jusqu'à dire : « 3 est la formule des mondes créés; il est le signe spirituel de la création, comme il est le signe matériel de la circonférence » - allusion .à la valeur 3.1416.

Ce nombre 3 est résumé pour nous dans le trian­gle symbolique du delta lumineux. La géométrie nous apprend que 3 points pris au hasard et reliés par des droites ne peuvent former qu'un triangle. Ce triangle a 3 côtés, 3 sommets, 3 angles, 3 médianes, 3 bissectrices, et par ces trois sommets on peut toujours faire passer un cercle et un seul. (C'est le retour à l'unité). Les Trois en Un.

Songeant à la Trinité théologique, Képler attri­bue le Centre au Père, la circonférence au Saint-­Esprit et le rayon au Fils.

Le triangle, en tournant sur l'un de ses côtés, forme le cône, remarquable figure symbolique, qui contient le point, la ligne, le cercle, la surface et le volume. Le cône qui, par ses sections, engendre le cercle, l'ellipse, la parabole et l'hyperbole.

En astrologie judiciaire, les aspects dérivés du triangle sont réputés favorables, ceux de l'opposi­tion et du carré, dérivés du binaire, défavorables.

En Egypte, on cite surtout les trois grandes pyra­mides : Chéops, Khéphren, Micerinos.

Chez les Juifs, le triangle entourait le tétra­gramme sacré, les trois premières lettres du nom divin; indice de la triple sainteté de Dieu - idée que nous retrouvons exprimée par Xénocrate, dis­ciple de Platon  qui, au dire de Plutarque, compa­rait la Divinité à un triangle équilatéral.

Dans la Kabbale, les trois sephirots supérieures ou les trois lumières sont : Hochmah, la Sagesse;

Binah, la Compréhension; Képher, la Lumière. Les 10 séphirots sont groupées en trois colonnes: Celle de gauche indique la Rigueur, celle de droite la Miséricorde et celle du milieu l'Equilibre.

Et comme chacune représente en outre une sphère planétaire, c'est la base de toute harmonie, c'est la musique des sphères.

Il n'est pas jusqu'au fameux festin de Balthazar où n'apparaisse la vertu du nombre 3. Le célèbre Mané-Thécel-pharès, inscrit sur le mur, voulait dire : Pesé-Compté-Divisé (ton compte est réglé) : symbole de la trilogie : Poids-Nombre-Mesure.

Mais j'ai suffisamment abusé de votre patience et m'excuse de cette incursion dans la numérologie. C'était seulement pour attirer votre attention sur le nombre qui nous est cher, le nombre Trois, pour que vous puissiez, lorsqu'on vous traitera de Frères Trois Points, relever la tête et comprendre toute la noblesse de ce titre. Et je veux, pour terminer cet exposé déjà long, examiner enfin le symbolisme du nombre 3 appliqué à notre Ordre et à notre Rituel.

Les trois pas de l'Apprenti (en partant du pied gauche - côté du coeur et des passions) ne permet à l'allant d'observer que trois points cardinaux - celui placé derrière n'étant jamais visible. Il salue devant lui, puis à sa droite et enfin à sa gauche.

Dans la batterie simple, on frappe trois coups dans la paume de la main. A ce sujet il y a une remarque curieuse à faire. Au Rite Ecossais, on frappe trois coups égaux (ooo) (mesure à trois temps : ooo); au Rite Français, usité au Grand Orient), le rythme est :

oo o (deux -I- un) (me­sure à deux temps : oo o). Si l'on se rappelle que trois points forment un triangle, cette figure géométrique peut se représenter par un triangle équilatéral où le 1 constitue le sommet, le 2 l'angle de gauche et le 3 l'angle de droite; c'est un triangle dont la base est horizontale et le sommet dirigé vers le haut vers la spiritualité, parce que 3 signi­fie alors 1 + 2. En frappant 2 puis 1, on évoque un triangle dont la pointe est en bas, donc attirée vers la matérialité; c'est une nuance, mais elle est symbolique !

Les Trois coups frappés à la porte ne veulent pas - comme au théâtre - indiquer le lever du rideau, mais marquent un rythme précis et voulu. Un seul coup surprendrait; deux coups laisseraient en suspens; trois indiquent une volonté arrêtée et un rythme établi selon une convention et un ordre. Rappelez-vous le désordre de celui qui frappe en profane là la porte du Temple, lors de l'initiation.

Les Trois libations au moment du serment qui comprend Trois parties : une invocation au Grand Architecte, une promesse et une imprécation; la coupe d'eau sucrée, emblème de la facilité; la coupe d'eau salée, indice de l'amertume et de la difficulté, la troisième d'eau pure et fraîche, sym­bole de la sagesse retrouvée.

Les Trois coups d'épée de la consécration : le premier sur la tête, le second sur l'épaule gauche, côté du coeur, emblème du sentiment, le troisième sur l'épaule droite, symbole de la rectitude et de la raison.

Les Trois voyages, avec leur sens ambulatoire symbolique : le premier étant l'ascension droite des ténèbres du cabinet de réflexion vers la lumière recherchée de la Loge, et qui se termine par la purification par l'eau; le 2e voyage, allant de l'Oc­cident à l'Orient en passant par le Midi, indique encore la recherche de la lumière, comme les pla­nètes dont le mouvement réel va du Couchant au Levant; le 3e voyage, où le profane est mené de l'Occident vers l'Orient en passant par le Nord, qui symbolise le mouvement du ciel qui se meut de l'Orient à l'Occident, mais d'où le soleil, source de lumière, se rapproche à l'heure de midi, heure de l'ouverture de nos travaux, preuve que la Loge est bien une réduction du Cosmos. 

On pourrait encore évoquer les 3 lumières, qu'il ne faut pas confondre, comme on le fait souvent avec le Vénérable et les deux Surveillants, ni avec les 3 colonnes qui sont Force, Sagesse et Beauté mais qui sont plus vraisemblablement l'Equerre, le Compas et la Règle ou le Livre sacré posés sur l'autel, trinité indispensable dans une Loge parfaite et régulière, puisqu'ils symbolisent la Matière l'Esprit et le Créateur.

Après avoir rappelé l'âge de 3 ans, symbole peut-être des trois états de la vie, je voudrais en venir aux trois acclamations, qui sont la base, les trois principes fondamentaux de notre Ordre - devise adoptée par la Révolution et la République : Liberté - Egalité - Fraternité, qui rappelle dans sa trinité abstraite la triade bardique où retentit déjà cet irrépressible besoin d'indépendance humaine quand elle dit :

« Trois choses sont primitivement contemporaines, c'est-à-dire ayant existé de toute éternité étroitement unies et indivisibles, et ne se peuvent concevoir l'une sans l'autre, comme les trois côté du triangle.

Trois choses sont primitivement contemporaines, donc nées ensemble, unies à jamais par 1 nombre 3 : l'Homme, la Liberté, la Lumière. »

C\ T\ (Par)
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