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La Fraternité Maçonnique, Mythe ou Réalité ?

La force d'une association réside essentiellement dans la cohésion de ses membres. Plus ils sont unis, et plus ils sont puissants. En maçonnerie, l'union n'est point l'effet d'une discipline imposée, elle ne peut naître que de l'affection que ressentent les initiés les uns pour les autres. Il est de la plus haute importance de contribuer par tous les moyens à resserrer les liens qui unissent les Maçons.
                                                                                                          Oswald WIRTH

La fraternité implique les notions de tolérance, d'affection, et aussi dans une certaine mesure : de charité, d'indulgence, de fidélité et de communion.
De manière concrète elle se manifeste par une attention profonde d'un frère à l'égard de son semblable. Une écoute respectueuse de propos que l'on ne partage pas forcément, une aptitude à prononcer une parole réconfortante, à agir avec un élan d'affection au moment opportun. Savoir proposer sans vouloir imposer, savoir être présent sans jamais être pesant.
La structure de la loge maçonnique est favorable à l'épanouissement du comportement fraternel. Les bons sentiments d'un jeune initié vis à vis de ses frères se transformeront vite, s'il entend bien l'art, en véritable sentiment fraternel. Mais cette affection ne peut être immédiate, il faut laisser le temps agir pour que les liens s'établissent.

Les liens ainsi créés vont nous rapprocher les uns des autres. Nous ne serons plus des étrangers car nous aurons pris le temps de nous connaître. Mais cela ne suffit pas pour faire de nous des frères. Il nous faudra faire preuve d'humilité, car les différences apparaîtront et il faudra bien les accepter pour aller de l'avant dans l'échange de relations fraternelles. Les accepter sans les juger, car les jugements prennent souvent un caractère définitif, et toutes choses « définitives » créent des limites qui ont pour effet de réduire la liberté de chacun.
Il faut parfois abandonner nos convictions pour nous mettre entièrement à l'écoute de l'autre, il faut accepter que notre frère ne soit pas ce que nous aurions souhaité qu'il soit, il faut renoncer à notre propre idéal de la fraternité pour reconnaître qu'il en existe d'autres, différents, mais ayant tout autant leurs raisons d'être.

Cette disponibilité soudaine vis-à-vis de personnes venues d'ailleurs et que nous avons acceptées comme frère est génératrice de sentiments de bien-être. Ces sentiments sont sécurisants et nous font réaliser que tous les hommes, quels qu'ils soient et d'où qu'ils viennent sont nos frères.

Les Stoïciens de l'antiquité l'avaient bien compris. En condamnant l'esclavage, ils reconnurent la communauté d'origine des hommes et leur participation à l'universelle raison. Les Chrétiens, en associant fraternité et charité, ont développé le coté sentimental de la fraternité. Plus sélective et élitaire : la chevalerie moyenâgeuse, avec la « Fraternité d'armes », a mis en exergue les liens tissés par ceux qui ont lutté pour la même cause. Il s'agissait d'un engagement à se défendre l'un l'autre envers et contre tout, à se garder une foi inviolable et à tout faire pour mériter cette foi.

Ce dernier exemple est frappant car il fait état d'une fraternité absolue et sans limites. Cette fraternité-là serait-elle un mythe ?

En Maçonnerie, nous avons l'habitude de donner une mesure à toutes choses et à refuser les dogmes. La fraternité Maçonnique est bien une réalité mais elle a, comme toute manifestation, ses propres limites.
Ces limites, nous les fixons nous-mêmes, elles dépendent de la sincérité de notre engagement. La maçonnerie propose et l'homme dispose : libre à chacun de progresser, libre à chacun d'accepter ou de refuser les richesses qui lui sont offertes, libre à chacun de collaborer à l'accroissement du patrimoine commun et de son propre patrimoine.

La loge sera ce que nous en ferons, chacun est responsable de ce qu'elle deviendra par sa propre participation positive ou négative. Agir pour l'intérêt de tous, travailler individuellement pour tenter de créer un idéal de vie. Il faut apporter pour recevoir, continuellement se remettre en question pour conserver le caractère initiatique de notre démarche, se souvenir que notre fierté est de créer l'unité dans la diversité et pour ce faire, utiliser le langage du coeur, persévérer dans notre démarche et ne pas oublier que nous avons des outils pour nous aider à rechercher la vérité. Le rayonnement de la loge dépendra de notre volonté de persévérer dans la recherche de la connaissance, afin d'être présent sur la scène de l'action. Rester humble, agir sans passion, ne pas démolir, mais transformer et construire, ne pas mal juger, mais aimer, agir pour le bien de tous. Nous hériterons de la loge que nous construirons, nous hériterons du monde que nous construirons...

Pour agir dans cet esprit, la fraternité doit demeurer notre acte de foi afin de donner un sens à notre démarche. De la participation active de chacun des Frères dépend l'importance de la notion de réalité qui caractérise les relations fraternelles établies au sein de l'atelier.


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