Obédience : NC Loge : NC Janvier 2014

Le Labyrinthe de BAYEUX

Dans cette Normandie pleine de mystères et de sortilèges, comme des j’teux de sort ou des toucheurs (magnétiseurs) et même des sorciers plein de malice, sans oublier les exorcistes, il y a aussi des Loges Maçonniques. Ce qui explique cela, c’est le bocage et la multiplicité des routes chemins et autres sentiers, environ cinq mille kilomètres. Tout ceci favorise le mystère et l’imaginaire. Je suis certain, qu’en cherchant bien derrière les haies, on trouverait des lutins espiègles.

Dans une Loge de Caen, il y avait un Frère, dont la seule ambition, depuis qu’il était entré en maçonnerie, c’était de devenir 33ème ; en fait il avait choisi de paraitre et non d’être. C’était son choix…! Opiniâtre et persévérant, il avait réussi son parcours, et c’est avec une certaine suffisance, qu’il venait deux fois par mois en Loge, paradant sur les Colonnes, surtout auprès des App… Cela avait le don d’énerver certains M\ M\ ; l’étalage de son appartenance aux « Hauts Grades » était sa seule et unique participation à la vie de la Loge. Comme dans toutes les Loges de France et de Navarre, la Loge recevait des visiteurs dont, un qui intrigua les F\ F\ de la Loge, son accoutrement tranchait avec la vêture des F\ F\, en un mot un homme du 18ème siècle au milieu de l’habillement du 21ème siècle. Mais il présenta toutes les garanties sur son appartenance à l’Art Royal et de plus il n’intervenait pas dans les débats, observant simplement le comportement des uns et des autres, mais personne ne savait ce qu’il pensait.

Un soir après la Tenue et pendant les agapes, il s’approcha de notre 33ème, le prit à part, personne ne sut ce qu’il dit à notre frère…

Bien plus tard et dans le monde profane, le Frère, se rendit à Bayeux et plus précisément, à la cathédrale de Bayeux, il resta un moment à regarder le tympan de la Cathédrale, curiosité ou méditation, on ne sait pas…

Il finit par entrer, il marcha sisnistrum vers la Pierre de Décharge, située sur le premier pilier, après le parvis, par trois fois il toucha de sa main gauche la fameuse Pierre, afin de se purifier. Au transept, il fit face à la rosace centrale, puis observa une petite chapelle, située après le cœur de la cathédrale, enfin il se dirigea vers la sacristie.

Notre Maçon énigmatique le reçu : « je t’attendais mon Frère, mais que viens-tu faire dans ce lieu sacré ? »
« Vaincre mes passions et progresser dans l’Art Royal ! »
« Bien voici une clef, tu vas descendre dans la crypte, tu trouveras le labyrinthe, et tu devras atteindre le centre ».

Le Frère pensa que la chose était facile et que le mystérieux personnage se moquait de lui. Il prit la clef et se dirigea vers la porte de la crypte, il fut surpris de constater que la clef avait de la difficulté pour prendre sa place dans la serrure, tellement l’ajustage était parfait, il comprit qu’il avait en main la fameuse clef de Marseille, perdue depuis longtemps, il entreprit d’agir avec lenteur pour chasser l’air de la serrure, afin de pouvoir ouvrir la porte.

Dans le vestibule, devant lui un escalier en hélice, sur le côté droit un lutrin et dessus un parchemin. Il prit le parchemin afin de lire les recommandations qui y figuraient, attentif à bien comprendre ce qu’il devait faire.

Dans l’escalier, il réfléchit à ce qu’il faisait car depuis bien longtemps, il n’avait obéi qu’à sa propre volonté, et maintenant, il faisait ce qu’un autre lui avait imposé, mais sans contrainte et il fut surpris d’avoir accepté ?

Un fois dans la crypte, faiblement éclairée, il distingua à terre le labyrinthe, avec toutes les entrées possibles. Il choisit la neuvième entrée, fit trois pas, et devant lui il se heurta à une porte sur laquelle étais inscrit les mots suivants : arriviste, ambitieux. Il fit trois pas dans le labyrinthe, et il se heurta à une nouvelle porte, qui elle aussi mit en avant les défauts de notre Frère : bavard et arbitraire. Cinq pas plus loin, une troisième porte interrompit sa marche. Une nouvelle sentence balisait sa démarche : cassant et censeur ! L’égo de notre maçon était rudement mis à l’épreuve.

Au lieu de se rapprocher du Centre, il s’en éloigner en restant sur la périphérie de labyrinthe, son orgueil étant mis à mal, il se dirigea vers une autre entrée, en pensant que la tâche serait plus aisée. Mais la sixième possibilité d’atteindre le Centre le conduisit dans un cul de sac. Il commença à se décourager, pensant que tout cela n’était qu’un rêve, quant il vit devant lui notre énigmatique maçon qui lui dit ceci : « tu peux encore t’arrêter, si c’est ton choix et si tu penses que l’épreuve est trop difficile pour toi ! »

Faisant demi-tour, il reprit sa quête et se dirigea vers la septième possibilité ; un nouvelle porte et une nouvelle inscription : individualiste !impatient ! Il ouvrit la porte mais devant lui il y avait un obstacle, un cercueil qui prenait toute la place, l’empêchant de continuer son chemin. Lui qui depuis des années, ne prenait ni décision, ni responsabilité, sans hésiter il enjamba le sépulcre et fut surpris de voir devant Lui Hiram l’Architecte en Chair et en Os avec dans les mains le Maillet, l’Equerre et le Compas, qui lui tint les propos suivants : « Mauvais Compagnon, tu n’as pensé qu’à toi, sans rien construire, tu n’as fait que fortifier ton Ego, alors que tu avais tous les outils pour construire ton Temple intérieur pour servir le GADLU et être un exemple pour les jeunes maçons, j’accorde la Liberté De Passer, mais saches que si tu ne corrige pas ta Pierre Brute ; tu ne trouveras jamais le centre du labyrinthe ! »

Pour notre 33ème, tout devint noir, tâtons, les yeux écarquillés il finit par apercevoir, une faible lueur, il prit la direction de ce point lumineux. Face à la huitième porte une voix lui indiqua qu’il avait l’éternité pour se construire, mais qu’il devait commencer maintenant.

Il décida de revenir à la neuvième porte, avec l’intuition que cette dernière épreuve aboutirait au Centre du labyrinthe ; il n’y avait plus de porte, mais flottait dans l’air une sentence ; ici nous élevons des Temples à la Vertu el si tu viens par curiosité, passes ton chemin…!

Intuitivement, il comprit qu’il devait agir dans le bon sens. Face à la dernière porte avant le Centre, il fit 27 pas, de façon à faire virtuellement le chiffre huit, et là la dernière porte s’ouvrit. Restant ébahi sur le parvis, il contempla le centre du labyrinthe, les yeux grands ouverts, il vit son propre cœur en majesté, puis tout devint flou, et il se retrouva dans la crypte, seul avec lui-même. Dans le calme et le silence de la Cathédrale, il se dirigea vers la sortie ; dehors un beau soleil lui fit les honneurs de ses rayons…

Plus tard, ses Frères virent un profond changement dans l’attitude de notre 33ème, plus aucune exubérance, moins de vanité et plus de respect pour les valeurs maçonniques. On peut, sans exagérer le propos, parler de transfiguration, simplement il avait compris le sens de l’Initiation.

L’énigmatique Maçon du début de cette nouvelle, revint une fois dans la Loge concernée, et encore une fois, pendant les agapes, il prit langue avec notre 33ème, et les oreilles qui trainent, n’ont entendu que cette phrase : « Vas, tu es sur le chemin ! »

P\ L


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