Obédience : NC Loge : NC Date : NC

Le Labyrinthe

Où suis je ?

J’ai l’impression d’être dans un film Grec : Des allées avec des colonnes somptueuses, des jardins remplis d’oliviers, des temples, des palais, des maisons blanches et basses.

Je tourne à droite, à gauche, je descends, je passe dans des couloirs sombres, encore et encore des allées, des cours de marbre.

Je marche ce qui me semble des heures, il ne fait ni chaud ni froid, je suis bien.

Je ne ressens aucune sensation de faim, ni de soif, ni de fatigue.

Au détour d’une place, j’aperçois sur ma gauche un homme. Je m’approche, il m’entend arriver et me fait un grand sourire.

Il est devant une table jonchée de plans, de règle, d’équerre et d’instruments bizarres. Il est vêtu d’une toge blanche. Je m’entends lui dire « bonjour ».

« Je m’appelle Dédale me dit-il et vous ? »

« Nicolas, et…. Je ne sais pas trop ou je suis. »

Il me répond que je suis dans son labyrinthe, et commence à me raconter une histoire merveilleuse.

Pendant qu’il me parle, je le dévisage.

Il a un âge avancé, porte une barbe blanche et longue, il est grand, un peu voûté, son front est coupé de profondes rides horizontales. Ses sourcils broussailleux couvrent à demi son regard lorsqu’il tient la tête baissée  Il a le parlé lent, la voix profonde. On comprend que lorsqu’il se tait, c’est pour penser.

« Vous êtes sur l’île de Cnossos, et Minos est son roi. C’est le fils oublié de Zeus, Dieu des dieux, et d'Europe, la "sombre" fille du souverain phénicien Agénor, Minos a été  adopté par un roi de Crète, Astéricus, lorsque celui-ci épousa sa mère. Ayant à son tour accédé au trône de Crète, Minos épousa Pasiphaé, la "toute lumière", qui lui donna quatre filles (Ariane, Phèdre, Akakallis, Xénodiké) et quatre fils (Gaukos, Katreus, Deukalion, Androgeos).

La vie au palais de Cnossos fut paisible aussi longtemps que Minos put satisfaire à la requête annuelle du frère de Zeus, Poséidon, dieu de la mer dont dépendait la prospérité de l'île ; il réclamait en sacrifice des taureaux toujours plus magnifiques. Quand Minos ne trouva plus sur les îles environnantes de bêtes assez belles pour mériter d'être sacrifiées au dieu nourricier, il demanda à Poséidon de fournir lui-même la victime. Accédant à sa demande, le dieu fit surgir des flots, sur les rivages de Crète, un taureau si imposant, si immaculé, si somptueux que Minos ne se sentit pas le cœur à le sacrifier. Rendu furieux par cette ingratitude, Poséidon résolut de se venger du roi parjure en lui prenant ce qu'il avait de plus cher. S'incarnant dans l'animal qu'il venait de créer, le dieu des mers charma Pasiphaé, la femme de Minos.
Lorsque séduite, elle résolut de lui céder, la reine sollicita mon concours. Afin de satisfaire la reine infidèle, j’ai imaginé une vache de cuir et de bois dans laquelle Pasiphaé pût se glisser. Poséidon posséda la reine. De leur union naquit un monstre à corps d'homme et tête de taureau qu'on nomma le Minotaure. Lorsque le roi Minos apprit son existence, il s'abstint de punir la reine ou moi-même, afin d'éviter le scandale. A moins qu'il n'eût compris que la malédiction prenait sa source dans son propre parjure. Comme dans le pays n'existait encore aucune prison, Minos me fit construire un labyrinthe monumental sur le modèle du tombeau de Mendés, un roi d'Egypte qui venait justement de se faire enterrer à l'abri d'un enchevêtrement de corridors. Il y enferma le Minotaure  au centre ».

Je me surpris à lui demander :

« Pourquoi n’a-t-il pas tué le Minotaure, et ainsi vengé son honneur ? »

Petit rire :

« La mère de Minos, Europe, c’est un taureau qui l’avait enlevé, et Zeus se cachait en lui, ceci explique peut-être cela ? »

Dédale reprit son histoire.

« Au moment où il enferme le Minotaure dans le labyrinthe, "une autre douleur vint frapper le roi crétois : Un de ses fils, Androgéos, fut tué à Athènes, ville soumise à la toute-puissante Crète, précisément par un taureau. En guise de représailles, Minos, exigea d'Egée, roi d'Athènes, qu'il lui livrât, chaque neuvième année, sept jeunes hommes et sept jeunes filles. Le roi crétois envoyait ces victimes dans le labyrinthe où le Minotaure, mi-taureau, mi-homme, vengeant le meurtre d'un homme par un taureau, accomplissait le sacrifice en mettant les adolescents en pièces.
A la veille du troisième repas sacrificiel, Thésée, fils longtemps ignoré du roi d'Athènes, décida de se livrer lui-même au monstre pour tenter de le tuer et d'en finir avec le tribut sanglant. Il promit à Egée, son père, s'il revenait sauf, de hisser une voile blanche au mât se son bateau.
A peine arrivée en Crète avec les treize autres jeunes Athéniens sélectionnés pour le sacrifice, Thésée séduisit Ariane, une des filles de Minos et de Pasiphaé. Elle aussi, conseillée par moi, la jeune princesse remit à son amant un fil magique, censé le guider à travers le labyrinthe, et aussi, une hache et une épée. Ainsi équipé, Thésée entra, s'avança, tua le monstre et ressortit vivant du labyrinthe, rembobinant le fil magique, sauvant ses compagnons, violant ainsi le pacte sacrificiel accepté par Athènes. Sans attendre d'être rattrapé par Minos, Thésée s'enfuit à toutes voiles avec les autres Athéniens, Ariane et sa jeune sœur Phèdre, vers l'île de Naxos. Là, ayant loin derrière lui les galères de Minos, il séduisit Phèdre et abandonna Ariane, que le dieu Dionysos consola en la transformant en constellation d'étoiles. Thésée reprit bientôt la mer pour l'île de Delos où il fêta sa liberté recouvrée. 

Minos, furieux, chercha un responsable à ces désastres et me désigna moi, Dédale, coupable d'avoir prêté main-forte à Pasiphaé et à Ariane, à Poséidon et à Thésée. Il m’enferma avec mon fils Icare dans mon propre labyrinthe. Les impasses son si complexes que, depuis je n’ai pas pu retrouver la sortie. »

Mais, je n’ai pas dis mon dernier mot. Je suis en train de fabriquer des ailes en plumes collées avec de la cire d’abeille. »

« Es ce que je peux vous aider » ? lui demandai-je.

« Volontiers, me dit-il, j’ai besoin de quelqu’un pour fixer les harnais. Suivez-moi. »

Nous avons encore marché, et nous sommes arrivés devant un promontoire dominant la mer.
Pendant notre marche, je lui posais des tas de questions sur sa nouvelle invention,
Pour lui, c’était la seule solution : 
« Minos a beau gouverner toute chose, mais il ne gouverne pas les airs, le ciel, du moins reste ouvert. »
Dédale me présenta à Icare son fils.
Cheveux bouclés, grand mais un air absent.
Après m’avoir salué, il se mit à parler tout seul, replongé dans son cheminement spirituel.
«  Vers quoi tendre sinon Dieu ? Comment se diriger, ou s’arrêter….., ? »
Je le sentais très troublé et je regardais son père qui haussait les épaules. Je m’approchais de lui et lui et lui demandais : 
« Je crois que votre fils est un peu perturbé. Vous pensez qu’il est bon de partir aujourd’hui ? »
« Pauvre cher enfant, dit Dédale, il n’a pas compris que le labyrinthe est en lui, et qu’il faut qu’il en sorte par sa seule volonté. »
Je passais le harnais de cuir à son fils Icare, son père rajouta de la cire, et pendant que lui-même enfilait ses ailes, il dit à son fils : 

« Ne vole ni trop haut, sinon ou tu feras fondre la cire, ni trop bas ou alors les embruns de la mer alourdiront les plumes. La mesure mon fils, la mesure, avant toute chose, telle est la règle fondamentale du savoir. Je te préviens Icare, il faut mener ta course à une hauteur moyenne. Vole entre les deux ».

Je les aidais à s’élancer dans les airs, Dédale me fit un signe de la main, je les suivais des yeux pendant longtemps, adossé a un olivier.
Icare montait de plus en plus haut, et les paroles de son père me revinrent aux oreilles.
« Si tu vas trop haut la cire va fondre… Je vis Icare tomber en chute libre dans la mer, Dédale essayant de le rattraper. 
Je repensais aux paroles d’Icare et je me suis dit qu’il s’est laissé  grisé par cette nouvelle puissance en essayant de ressembler a Dieu.
Je m’endormis face à la mer, et je me réveillai en sueur dans mon lit.

V\M\ j’ai dit.

N\ L\


 [GFA1]Thésée, qui s’impose volontairement, pour tuer le monstre, est l’allégorie de l’homme jeune, de l’apprenti, plein de fougue et de courage qui lui donnent la victoire. Son parcours dans le labyrinthe peut être assimilé à celui de l’impétrant qui avance les yeux bandés avant l’initiation. Le labyrinthe est le chemin tortueux qui mène l’homme à la lumière et le guide vers la sagesse et la maîtrise de ses passions.
 [N.L2]Ariane, par son amour et son intuition, permet à Thésée de sortir du labyrinthe, comme l’amour et la fraternité guident l’apprenti et lui évitent de chuter.
 [GFA3]Icare est une allégorie de la jeunesse, ivre de connaissance et soucieux de s’approcher au plus vite de la lumière, sans poursuivre une démarche logique et progressive, ce qui le précipite vers la mort.

 [GFA4]
C’est l’un des mythes fondateurs de la culture occidentale. Minos, roi de Cnossos en Crète avait épousé Pasiphaé, fille d’Hélios, dieu du soleil, qui lui donna huit enfants dont Androgée, Ariane et Phèdre. Un jour, il demanda à Poséidon, le dieu de la mer de lui envoyer un animal exceptionnel à lui sacrifier et ce dernier lui envoya un grand taureau blanc, symbole de royauté. Impressionné par la magnifique bête sortie des flots, Minos préféra l’épargner et immola au dieu un taurillon de son troupeau. Irrité, Poséidon, par vengeance, suscita dans le cœur de Pasiphaé une passion dévorante et insensée pour le superbe taureau. C’est de ces amours contre nature que naquit Astérios, un enfant monstrueux au corps humain et à la tête de taureau, surnommé le Minotaure. En grandissant, celui-ci développa une force herculéenne et une sauvagerie meurtrière qui amena Minos à ordonner à son architecte Dédale, de lui construire un palais d’une conception si compliquée que le monstre ne puisse plus jamais en sortir. Le palais comprenait tant de salles, et de couloirs enchevêtrés que le réseau inextricable de leurs circonvolutions ne permettait pas d’en retrouver l’unique porte.

Par la suite, Androgée, fils de Minos, fut tué par les Athéniens ce qui amena le roi de Crète à envahir Athènes et à soumettre son monarque, Egée. Il exigea comme tribut que sept jeunes gens et sept jeunes filles lui soient envoyés d’Athènes tous les sept ans pour être livrés au Minotaure. Thésée, fils d’Egée, demanda à son père de faire partie des futures victimes pour combattre le Minotaure. Avant d’être enfermé avec les autres dans le labyrinthe, il reçut des mains d’Ariane, ébloui par la beauté du héros athénien, une pelote de fil à dérouler pour lui permettre de retrouver l’unique issue du labyrinthe. Thésée s’avança dans le labyrinthe, déroulant son fil, affronta le Minotaure en son centre et le tua, puis grâce au fil retrouva le chemin de la sortie et ses compagnons. Il s’enfuit alors entraînant avec lui Ariane vers l’île de Naxos, par peur de représailles contre elle.

 Dédale fut alors soupçonné d’avoir aidé Thésée et Ariane et il fut condamné par Minos à être emprisonné dans le labyrinthe avec son fils, Icare, encore adolescent. La porte du labyrinthe ayant été murée, Dédale imagina de s’enfuir par les airs et inventa dans ce but des ailes artificielles confectionnées de plumes collées à la cire. Tous deux s’envolèrent mais Icare, s’approchant imprudemment du soleil vit ses ailles se désagréger par la fonte de la cire et sombra dans les flots.

 

Ce mythe du labyrinthe que conçoivent les Grecs remonte au VIIIème siècle avant Jésus-Christ. Mais son origine se situe en fait dans un passé beaucoup plus lointain, celui de l’âge du bronze dans le bassin égéen, dont le souvenir fragmenté, embelli et altéré, est parvenu oralement jusqu’aux Grecs sous la forme d’une épopée héroïque. Un roi Mwinu a bien régné sur la Crète vers 1500 avant JC. Des représentations de labyrinthe et d’acrobaties effectuées avec des taureaux comme on peut en voir aujourd’hui dans les Landes, ont été retrouvées et datées de 1450 avant JC. Le taureau était l’emblème de la royauté minocéenne et la mort du Minotaure pouvait représenter pour les Grecs leur revanche et leur victoire sur la Crète.

 

Mais les tous premiers éléments semblent bien venir de l’Egypte ancienne, car ce mythe a pour origine un bâtiment égyptien appelé par Hérodote: labmrinqoz. Il s’agit du temple funéraire du roi Amenemhat III de la XIIème dynastie (vers 2000 avant J.C.), situé à Hawara, à l’est du Fayoum. Il comprend douze cours couvertes, dont les portes se font face les unes aux autres et deux étages de salles, au nombre total de trois mille. Les chemins pour accéder aux sépultures royales qu’elles contenaient, causaient par leur complexité l’émerveillement de Diodore. D’après lui, le légendaire labyrinthe de Cnossos aurait pour origine ce monument égyptien que Dédale aurait visité et qu’il aurait copié à Cnossos.  Hérodote en le visitant lui donna le nom de labyrinthe.

V\M\ j’ai dit.

N\ L\


3022-7 L'EDIFICE  -  contact@ledifice.net \