GODF Loge : Liberté de Conscience - Orient de Guéret Date : NC


La symbolique de l’eau

Vénérable M\  mes S\ et mes F\ en vos grades et qualités,

Les scientifiques disent de l’eau qu’elle résulte de l’union de deux molécules qui sont  très inflammables, que l’eau compose l’essentiel de notre corps, qu’elle occupe les ¾ de la surface de notre planète, que nous sommes nés de l’eau et qu’avant de naître, nous baignions dans l’eau amniotique de notre mère, que nous ne pouvons rester que quelques jours sans boire, que la vie s’est développée dans les Océans que l’eau est donc vitale et source de vie.

Comme vous le savez mes F…, le langage humain est constitué de signes et de symboles. Ces derniers, dont l’origine étymologique vient du grec sumbolon (signe) ou  symballein (mettre ensemble) possèdent au moins deux sens, un directement lié au mot (le sens littéral) un autre qui est la représentation d’une chose abstraite. La symbolique et plus particulièrement la symbolique de l’eau est une chose complexe que l’on retrouve tout au long de l’histoire des peuples et des religions.

Or si l'origine des eaux et leur cycle dans la nature ne s'éclairent pour les savants européens qu'à la fin du XVIIe siècle, les civilisations les plus anciennes, notamment à travers la religion,  ont su utiliser L'eau comme un symbole extrêmement puissant et évocateur.

Dans la civilisation Egyptienne, Le Nun était l'océan éternel qui remplissait l’univers et quand il baissa il donna naissance au soleil. Hapy est le dieu Nil et il est représenté sous l'apparence d'un personnage aux mamelles pendantes, depuis sa caverne près d'Assouan, il lance la crue du fleuve, source de vie. La symbolique de la féminité et donc de la fécondité n’apparaît-elle pas déjà à travers un dieu-fleuve pourvu de mamelle ?

Si l'eau était un don des dieux ou la source de vie chez les Égyptiens, elle est aussi très présente dans la mythologie greco-romaine, le Styx, fleuve dont les eaux glacées  symbolisent le passage de la vie à la mort avec son passeur Caron,  mais aussi symbole de puissance car ce fleuve avait également le pouvoir de rendre immortel d’après la légende du héros Achille qui y fut plongé par sa mère. Avec Narcisse, qui  s'approcha d'une source limpide et qui tomba amoureux de sa propre image, l’eau ne symbolise t-elle pas le miroir ? Le miroir de son plus proche ennemi, le miroir que l’on découvre derrière soi lors de son initiation !

Dans les religions Chrétienne et Juive, l’eau présente un caractère originel : elle symbolise la direction à suivre dans le passage de la Mer Rouge qui indique le chemin du pèlerin à travers les malheurs du monde vers la Terre Promise, elle symbolise aussi l’élément qui sauve, lave du péché originel et béni à travers le rite du baptême ou celui qui guérit (Lourdes) et enfin elle peut symboliser la destruction à travers le déluge qui signifie la mort inévitable de l'humanité pécheresse. 

De même dans l’Islam l’eau est aussi symbole de pureté avec les ablutions, de fécondité que nous pouvons découvrir dans cet extrait du Coran (Al-Qor'an L,9-11) « Nous faisons descendre du ciel une eau bénie grâce à laquelle nous faisons croître les jardins », chez les Indous, le pèlerinage dans le Gange est un des actes religieux les plus importants et l'eau est le symbole de purification. Bien que je ne pense pas que lors de notre initiation mes FF\ l’eau soit symbole de purification, le sens de ce mot présente une connotation religieuse bien trop pratique qui consiste à se laver pour oublier ou pour effacer  ce qui gène, ce qui dérange, mais semble être le symbole de la recherche d’une certaine pureté, que nous F… appelons l’épuration.

Mais mes FF\, appréhender la symbolique de l’eau vous ai-je dit est une chose complexe donc source de paradoxes :
si nous isolons l’eau des éléments qui lui sont fondamentalement rattachés (la terre, l’air et le feu), elle devient alors de part sa définition, un liquide naturel inodore, incolore, insipide et transparent, n’est-ce pas le contraire même de la vie ?

Lié à la chaîne des éléments et remis en relation directe avec l’homme, de part ses états, l’eau peut devenir glace, élément symbole du froid donc de l’impassibilité et de l’égoïsme, l’eau peut devenir aussi, au contact du feu, de la vapeur symbole humide du désir passif et de la soumission. L’eau au contact du vent s’approprie la force et le pouvoir de destruction dans les tempêtes, dans les cyclones. Au contact de la terre, elle s’octroie le droit d’inonder, de dévaster, de déchaîner les forces du torrent c’est là encore les symboles de destruction ou de force qui prévalent contraire de l’eau vive qui coule, inonde les terres arides du Nil et donne naissance à la vie végétale.

Si l’eau est symbole de pureté, la personnalisation de cet élément, notamment perceptible dans cette phrase bien connue, « il faut se méfier de l’eau qui dort », peut-être symbole de la crainte et de la traîtrise !

Si l’eau est source de vie, elle ne l’est pas seule ! Privée de lumière, dans le fond des océans la vie se fait rare voir inexistante !

Pour les poètes et les écrivains, l’eau est à la fois source de rêves et d’espoir, d’absolu et de profonde solitude, de mélancolie et de danger. Ainsi Léo Ferré commencera sa chanson « La mémoire et la mer »par ce vers évocateur
 « La marée, je l'ai dans le cœur qui me remonte comme un signe »,
Charles Baudelaire écrira  dans L'homme et la mer
« Homme libre, toujours tu chériras la mer! La mer est ton miroir, tu contemples ton âme »,
et Victor Hugo associera l’eau aux tourments de l’amour dans le poème
« Jeune fille, l'amour, c'est d'abord un miroir », 
« L'amour est charmant, pur, et mortel. N'y crois pas !
Tel l'enfant, par un fleuve attiré pas à pas,
S'y mire, s'y lave et s'y noie. »
(Recueil : Les voix intérieures, écrit le 25 Février 1837)

De part mon histoire mes frères, presque vingt années passées dans les îles, l’eau emplie du sel de la vie est un élément à la fois étrange et familier, que Victor Hugo décrit comme « un espace de rigueur et de liberté ». A l’image de l’homme elle est source de paradoxes, Vitale et essentielle elle peut s’avérer destructrice et mortelle.  Sa symbolique n’est-elle pas liée à la perception que nous pouvons avoir de cet élément aux états multiples et non constants ?

Une chose est sûre mes frères, parce que dans notre vie nous devons sans cesse la boire, l’eau étanche notre soif, notre soif de vérité, notre soif de connaissances, soif de rêves, soif d’amour, alors mes F\, nous aurons le plaisir fraternel de lever nos verres et de nous écrier, buvons, buvons « à l’eau », buvons à « l’eau de vie »…

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