Obédience : NC Site : http://hautsgrades.over-blog.com 18/08/2005

L’Eau

Les Philosophes chymiques se servent souvent de ce terme, non pas pour signifier l’eau commune, mais leur mercure. Ils y joignent ordinairement quelques adjectifs, comme :

EAU ANTIMONALE-SATURNIALE-MERCURIELLE. Parce que l’antimoine participe beaucoup du plomb, appelé Saturne par les Chymistes, et qu’ils disent que leur Mercure est petit-fils de Saturne.

EAU ARSENICALE. Lion vert des Philosophes. voyez ARSENIC.

EAU BÉNITE. Parce qu’ils disent que le secret pour faire ce mercure est un don du Ciel, et que c’est celle que Jacob souhaitait à Joseph dans la bénédiction qu’il lui donna. Enchyridion Physicœ.

EAU CÉLESTE. Aqua Cœlestis.
C’est l’eau-de-vie rectifiée, non l’eau-de-vie ordinaire, mais leur quintessence mercurielle.

EAU CÉLESTE et ELÉMENTAIRE.
Parce que le mercure est, selon les Philosophes, le fils du Soleil et de la Lune, et la quintessence coagulée des éléments.

EAU CORRODANTE. C’est le vinaigre et toute liqueur corrosive.

EAU D’ALREGI. C’est l’eau de chaux.

EAU D’AMOUR. Nom que Beguin, dans sa Chymie, a donné à une eau extraite du sang humain, au moyen de laquelle il prétendait composer un philtre propre à concilier et conserver l’amour entre les époux.

EAU DE BLANCHISSEMENT. Parce que c’est leur azoth, avec lequel ils disent qu’il faut blanchir le laiton, et lui ôter son obscurité.

EAU DE CÉLESTE GRACE. Parce que la science qui apprend à extraire ce mercure de sa minière est un don de Dieu et une faveur céleste.

EAU DE CHASTETÉ. Eau composée dont se servent ceux qui veulent garder la continence avec plus de facilité. On en trouve la récepte dans le livre d’Adrien Mynsïcht, p. 286.

EAU DE FEU ou IGNÉE. Parce que ce mercure contient le feu de la nature, lorsqu’il est animé, et qu’il a alors tout ce qui est nécessaire pour être cuit, digéré. et pour communiquer ensuite à l’or une vertu multiplicative que ce métal n’aurait pas par lui-même.

EAU DE LA MER SALÉE . Voyez URINE.

EAU DE LIS. Aqua Lilii. C’est l’eau d’orpiment.

EAU D’ELSABON. C’est le sel commun réduit en eau par l’humidité de l’air.

EAU DE MEGI. Voyez EAU ROUGE.

EAU DE MER ou EAU SALÉE DES SAGES . Voyez MERCURE CHYMIQUE.
Quelques Chymistes prenant ces termes à la lettre, ont cru que la matière d’où les Sages tirent leur mercure était l’eau de la mer proprement dite; mais ils doivent avoir appris que les Philosophes ne s’expriment dans leurs Livres que par similitude et par énigmes.

EAU DE MERCURE. C’est le mercure même des Philosophes.

EAU DE NITRE. Les Chymistes entendent par ces termes, tantôt l’esprit de nitre, tantôt le sel alkali, et tantôt l’eau-forte.

EAU DE NUÉES. Voyez MERCURE.

E AU D E P LUIE . Aqua Pluvialis.
C’est l’eau douce commune.

EAU DE SANTÉ. Est une eau distillée du sang humain, des fleurs de chélidoine, du miel vierge, et de plusieurs aromates. Paracelse appelle cette eau, Baume sur tout autre baume; et le recommande beaucoup dans la Médecine.

EAU DES DAMES ou DE FARD. Est une eau qui adoucit la peau, la blanchit, et donne un teint frais. Voyez Mynsicht, p. 189.

EAU DES DEUX FRÈRES EXTRAITE

DE LA SOEUR. C'est le sel armoniac philosophique.

EAU DES EAUX. Parce qu’elle est en effet une eau principe qui contient la substance des quatre éléments

EAU DE SEGI. Voyez EAU ROUGE.

EAU DES ÉQUINOXES. C’est proprement la rosée du printemps et celle de l’automne, dont les propriétés sont admirables pour la guérison de beaucoup de maladies, lorsqu’elles sont travaillées par une main habile dans la Spagyrique. Les Philosophes ont donné ce nom à leur mercure pour tromper les ignorants; quelques-uns d’entre eux ayant pris ces expressions à la lettre, ont cru que c’était la matière d’où il fallait extraire le mercure des Sages, et ont perdu leurs peines et leur argent.

EAU DES FÉCES DU VIN. C’est l’huile de tartre par défaillance.

EAU DES MICROCOSMES. C’est l’esprit de nitre. Dick Herm.

EAU DES PHILOSOPHES. VOYEZ MERCURE DES PHILOSOPHES. Quelques Chymistes ont cru mal-à-propos que c’était du vinaigre distillé, d’autres l’eau-de-vie du vin, ou l’esprit-de-vin rectifié, sur ce que Raymond Lulle dit que leur quintessence est urée du vin, et qu’il l’appelle quelquefois Vin; mais ils auraient vu leur erreur, s’ils avaient fait attention que Raymond Lulle lui-même dit qu’il ne faut pas l’entendre à la lettre, et que quand il dit que les Philosophes tirent leur mercure du vin, il ne parle que par similitude; et que ce mercure ou eau philosophique s’extrait de la mer rouge des Philosophes. Voyez le Testament de Raymond Lulle, et son traité de la Quintessence.

EAU-DE-VIE. C’est le mercure même des Philosophes, leur quintessence, et non l’eau distillée du vin. Quelquefois ils donnent ce nom à des eaux composées d’esprit de vin et de plusieurs drogues maladies propres à guérir diverses

EAU-DE-VIE DES PHILOSOPHES.
Quelques-uns, trompés par les expressions de Jean de Rupe Scissa, et de Raymond Lulle, qui parlent de leur mercure comme s’il était extrait du vin, ont cru mal-à-propos que le mercure philosophique en était une quintessence, ou un sel de tartre; mais ils auraient dû faire attention que les Anciens ne connaissaient peut-être pas l’esprit-de-vin, qui se fait par des distillations qui leur étaient inconnues, et qui n’ont été cependant inventées depuis que sur l e s receptes mal-entendues et répandues çà et là dans leurs écrits.

EAU-DE-VIE DES SAGES. Se dit aussi
de leur élixir parfait, et dans l’état qu’il doit être pour servir de médecine soit au corps humain, soit aux métaux imparfaits.

EAU DISTILLÉE. Les Philosophes Hermétiques entendent souvent par ces termes, tantôt de l’eau simple distillée de quelque matière que ce puisse être, tantôt des eaux-fortes et de dissolution. Sous les eaux simples distillées, ils comprennent certains secrets spécifiques pour dissoudre les corps sans corrosion; elles ont plus de feu et moins d’acrimonie que les eaux-fortes; telles sont les eaux ou esprits de miel, de la corne de cerf, des animaux, des plantes mêmes, comme le vinaigre distillé, l’esprit-de-vin rectifié. Les eaux-fortes sont ordinairement composées de minéraux corrosifs, et ne font jamais une dissolution radicale. Ce sont des especes de limes qui réduisent les corps en poudre, mais non en leur première matière
EAU DORÉE. Lorsque le mercure est parfait au rouge.

EAU DOUCE. A cause de sa propriété pour dissoudre l’or et l’argent sans corrosion.

EAU DU CERVEAU. Aqua Cerebri.
En termes de Chymie, c’est de l’huile de tartre par défaillance.

EAU DU CIEL . Aqua Cœlestina.
C’est leur mercure même. Quelquefois ils entendent par ce mot l’esprit de vin bien rectifié, parce qu’il est d’une nature si légère et si facile à se sublimer, qu’il semble participer de celle du Ciel. Rulland.

EAU DU MONDE. C’est le mercure dans l’opération de la médecine du premier ordre, ou la Première prépa-ration pour le magistère, de même que les eaux suivantes :

EAU ARDENTE .

EAU DE L’ART.

EAU DE FONTAINE.

EAU DE SANG.
EAU ÉLEVÉE. EAU EXALTÉE.

EAU MONDIFIANTE .EAU PREMIERE. EAU SIMPLE.
Lorsque les Philosophes ont donné le nom d’Eau à ce mercure dans le temps de la seconde préparation ou la médecine du second ordre, ils l’ont appelé :

EAU AZOTHIQUE.
EAU DE TALC. EAU DE VIE.
EAU-DE-VIE MÉTALLIQUE.
EAU D’URINE.

EAU ÉTOILÉE. EAU FEUILLÉE. EAU PESANTE. EAU PONDÉREUSE. EAU DU STYX.
Dans les opérations de la médecine du troisième ordre, ils l’ont nommé,

EAU DES NUÉES.

EAU DIVINE.

EAU D’OR.
EAU SULFUREUSE. EAU VÉNÉNEUSE.

EAU DU PHLEGETON . Préparation al-chymique du tartre. Planiscampi.

EAU ÉPAISSIE. Mercure des Philosophes, dans son état de conjonction de l’esprit avec le corps, ou tel qu’il est lorsque les Sages disent que le mercure renferme tout ce que cherchent les Philosophes. Quand l’esprit et le corps sont réunis, et qu’ils composent ce mercure, on ne les distingue plus par des noms différens, et l’on ne leur donne plus qu’un et seul nom de Mercure, parce qu’il est alors proprement le mercure animé, ou mercure des Sages.

EAU FÉTIDE. Aqua Fœtida C’est le mercure philosophique.

EAU-FORTE. Aqua fortis. Les Philosophes Hermétiques n’entendent pas par ces termes l’eau-forte commune, ni l’eau régale des Chymistes ordinaires, mais leur mercure, qui dissout tous les corps d’une dissolution naturelle, sans corrosion, et sans détruire la semence germinative des métaux et des autres corps sublunaires; paru3 qu’ils prétendent que ce mercure est le principe de ces mêmes corps.

EAU-FORTE ou DE SÉPARATION .
Lorsque les Chymistes Hermétiques disent dans leurs écrits, qu’il faut dissoudre tel ou tel corps dans l’eau-forte, ils entendent leur vinaigre très-aigre, leur eau pontique, leur mercure, et non les eaux-fortes composées par la Chymie ordinaire; parce que les Sages demandent une dissolution radicale des corps, et non une dissolution imparfaite, telle que celle des eaux-fortes ou eaux régales dont on se sert communément.

EAU HOLSOBON. C’est l’eau du sel extrait du pain.

EAU MARINE. En termes de science Hermétique, signifie leur mercure; parce qu’il est extrait de ce qu’ils appellent leur Mer rouge.

EAU MINÉRALE. Parce qu’elle est tirée du règne minéral, et qu’elle est métallique.

E A U MONDIFIÉE DE LA TERRE . Parce que le mercure en est la plus pure partie. Mais ce nom lui est particulièrement donné lorsque la matière est parfaite au blanc.

EAU PALESTINE. C’est la fleur d’airain, ou le vert-de-gris.

EAU PERMANENTE . Nom que les Philosophes Hermétiques ont donné à leur mercure.

EAU PHILOSOPHIQUE. C’est, selon quelques-uns, le vinaigre sublimé; selon d’autres, l’esprit de vin circulé, enfin leur eau permanente et mercurielle, qui ne mouille point les mains.

EAU PONTIQUE est encore un des noms du mercure des Sages, qu’ils ont appelé ainsi à cause de sa ponti-cité, qui l’a encore fait nommer Vinaigre très-aigre.

EAU PUANTE . Parce qu’elle a en effet une odeur de pourriture comme l’assa fœtida.

EAU PURIFIÉE. Magistère au blanc.

EAU QUI BLANCHIT LA PIERRE INDIENNE. Magistère au blanc.

EAU RADICALE DES MÉTAUX Parce qu’elle en est la racine et le principe.

EAU ROUGE. C’est l’eau de vitriol ou de leur soufre, qu’ils appellent aussi Aqua magi, Aqua segi.

EAU ROUGE, EAU SAFRANÉE, EAU MORTE. Eau du soufre des Philosophes.

EAU SALMATINE. C’est l’eau de mer.

EAU SATURNIENNE . Aqua Saturniana. C’est celle qui contient la nature des trois premiers principes, telle que celles des bains chauds, les eaux minérales, qui sont naturellement médicinales. Quelques-uns entendent par Eau Saturnienne, celle qui se filtre par les pores de la terre, et dont se font les pierres précieuses transparentes. Rulland.

EAU SÈCHE, qui ne mouille point les mains. A cet égard il faut faire attention que ceux d’entre les Sages qui donnent ce nom à leur mercure, suivent la voie sèche dans l’opération du magistère; parce que ceux qui suivent la voie humide, comme Paracelse, Basile Valentin, etc. appellent leur mercure Lait de vierge, à cause qu’il est en liqueur blanchâtre et qui mouille les mains; au heu que l’autre est un mercure coulant, de la nature du mercure vulgaire.

EAU SECONDE. Parce que le mercure est une espèce d’eau-forte, mais douce, et qui dissout les métaux sans corrosion.

EAU VÉGÉTABLE. C’est l’eau-de-vie, ou esprit de vin rectifié.

EAU VENIMEUSE. Lune des Sages.

EAU VENIMEUSE. Parce qu’elle semble tuer les métaux par son venin, en détruisant leur configuration extérieure et en les réduisant à leur première matière; ce qu’ils ont dit par similitude avec les venins qui tuent le corps humain, après la mort duquel ils le réduisent à ses premiers principes, qui est la cendre.

Par Dom Pernety 


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