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Le croissant de Lune
 
 
Tout reposait dans UR et dans JERIMADETH.
Les astres émaillaient le ciel profond et sombre
Le croissant fin et clair parmi les fleurs de l’ombre
Brillait à l’Occident et Ruth se demandait
 
Immobile, ouvrant l’œil à moitié sous ses voiles
Quel Dieu, quel moissonneur de l’éternel été
Avait, en s’en allant, négligemment jeté
Cette faucille d’or dans le champ des étoiles
 
 
J’ai choisi les extraits de ce poème de Victor Hugo tiré de la légende des siècles comme introduction tant il fait référence à l’histoire, à la rêverie, à ce croissant de lune lequel a été depuis la nuit des temps, quels que soient les peuples, observé, un objet de curiosité, de vénération car ce satellite de notre terre, omniprésent, mais changeant a permis à l’humanité de chiffrer l’espace-temps, un aspect changeant dans sa forme, sa couleur mais non dans la force de sa luminosité, laquelle réfléchie, liée à celle du grand luminaire qu’est le soleil.
 
J’aurai pu introduire cette planche différemment en faisant référence à ABRAHAM, lequel avec ses proches quitta UR, capitale de SUMER, ville où les habitants polythéistes adoraient le Dieu lunaire suprême, le Dieu SIN.
 
JOSUE s’adressant aux Israélites, n’avait-il pas dit "voici ce qu’a dit Jéhovah, le Dieu d’Israël : c’est de l’autre côté du fleuve qu’ont habité autrefois vos ancêtres, Terah, le père d’Abraham et le père de Nahor, et ils servaient d’autres Dieux, et maintenant craignez Jéhovah et servez-le avec intégrité, écartez les Dieux que vos ancêtres ont servi de l’autre côté du fleuve et en Egypte et servez Jéhovah".
 
Nous pourrions indéfiniment poursuivre avec ALLAH adoré à la Mecque par le père de MAHOMET, adorateur de ce Dieu lunaire d’où le nom qu’il porta ABDALLAH et de façon plus ancienne faisons référence à ARTEMIS coiffé du croissant lunaire tout comme SIN, tout comme DIANE chez les Romains.
 
Ce croissant dès lors faucheur de vie peut conduire avec DIANE à l’au-delà, peut être sur une barque croissant de lune horizontal sur laquelle est MARIE, mère du Christ, horizontal est le croissant cela de plus en plus si nos regards approchent vers l’équateur.
 
Si le croissant de lune est en quelque sorte emblème de l’Islam, cette figure ne saurait être exclusive, j’en veux pour preuve les petites armoiries de Bordeaux qui sont trois croissants entrelacés qu’on appelle aussi le chiffre de Bordeaux, également le drapeau du Groenland qui se présente avec deux demi-lunes accolées avec des couleurs différentes.
 
Remarquons que le croissant est associé le plus souvent à une lune décroissante sur la plupart des drapeaux musulmans seul le drapeau du Turkménistan met en évidence un croissant de lune croissante.
Le caractère de lune croissante définit un P si l’on rejoint par une droite les deux extrémités de celui-ci et un D alors il s’agira d’une lune décroissante.
 
La couleur du croissant est aussi variable en référence peut-être à l’échelle des degrés initiatiques de la tradition islamique.
 
Quittons le monde de l’observation à caractère profane pour entrer dans celui du symbolisme prélude à celui de la construction de nous-même et cela en perpétuel mouvement.
 
Le mouvement, cette rotation de la lune, a une durée sensiblement égale à celle de la révolution autour de la terre, c'est pourquoi elle présente toujours la même face.
 
Illustration oh combien flagrante que le NON DIT, le NON VU est aussi important, voire plus, que le NON MANIFESTE !
 
Il a fallu attendre 1989 avec la sonde spatiale Galiléo pour voir la face cachée de notre satellite.
 
Si les jours de la semaine ont été associés aux astres mobiles, les cinq planètes visibles et les deux luminaires, le Soleil et la Lune, cette lunaison de 29 jours qui voit un croissant identique après 29 nuits, n'oublions pas que l'humanité a toujours compté par le nombre de nuits !
 
Les Dieux de la Genèse "Elohim est un pluriel" Genèse 1.5. Il y eu un soir et il y eut un matin : ce fut le premier jour !
 
La nuit est matrice de tout.
Symbole du renouveau serait cette lune figurée par le croissant, celui de l'immortalité, cet astre tantôt vu à l'aube, en plein jour puis à l'aurore et bien sûr en pleine nuit, serait-il pour d'autre l'annonciateur de l'espérance, de temps meilleurs d'où ces valeurs de réceptivité, de fertilité, de féminité, astre régisseur de nos automatismes corporels et psychiques ?
 
Prélude à la clairvoyance, nos rêves éclairés par cet astre, bien interprétés, constructeur de notre conscient vrai !
 
Et en Loge, la représentation de ce croissant est-il toujours identique, au même endroit ?
La réponse est NON.
 
Certes le croissant est de lune croissante en notre Loge tout comme à Montpellier ou à Saint-Brieuc mais ce n'est pas le cas dans la Loge Vendôme à Reims comme observé sur certains tabliers de Maîtres du XIXème siècle, observé dans l'ouvrage également dans le document de Wirth "L'apprenti" page 213.
 
Croissant unique le plus souvent, voire double, je pense au temple de Benjamin Franklin rue Puteaux à Paris, croissant quelque fois associé à un profil de visage, toujours à l'Orient de Vendôme à Reims ou sur une polychromie à Marseille.
 
Si sa couleur est le plus souvent jaune, elle est argentée en Loge de Saint‑Brieuc, blanc fondu dans une gaine noire dans une autre loge.
 
Présent certes à l'Orient, il est aussi sur le pavé mosaïque mais pas toujours sur la colonne du septentrion référence sur un tapis de Loge du XVIIIème (point de vue initiatique 158) ou sur un tablier de Maître écossais 1850 (référence le F\M\ en habit de lumière).
 
Croissant parfois associé à des étoiles, fondu dans un cercle ou pas.
 
Ces divers aspects témoignent oh combien que les émotions ressenties dans ces différentes Loges sont multiples, reliées cependant au fil conducteur qui est celui du témoignage de changement permanent, orchestré par le Grand Architecte, ce delta lumineux qui préside au temps et n'empêche nullement une éclipse de notre satellite bien que placé entre le grand et le petit luminaire.
 
Car si nous les voyons à l'Orient, ils ne sont pas sur le même plan et de plus n'oublions pas les courses différentes tant bien sûr de la terre mais aussi celle du soleil et de la lune.
 
Une tenue serait-elle synonyme de rêve éveillé, question qui jadis fut l'objet d'une de mes planches, rêve éclairé par cet astre lequel permet de voir les étoiles au firmament, non visibles le jour bien que présents, aveuglés que nous sommes peut-être par le rayonnement dominateur du soleil synonyme de passions non contrôlées, aveuglés que nous sommes ne percevant pas les réalités, les soi-disant vérités trop vite acceptées.
 
D'autre part, il est trop facile, classique, d'attribuer au seul soleil les énergies dispensatrices et l'opposer à la passivité de la lune et des croissants qui se succèdent.
 
L'avenir pourra contredire ces affirmations, évoquons l'hélium 3, molécule uniquement lunaire qui associé au deutérium présent de façon inépuisable sur terre, présent dans les océans, serait pour les scientifiques une source énergétique d'un futur, cela dès 2050.
 
Chacun comprend que le regard porté sur le Croissant enrichi par l'historicité portée par toute l'humanité passée sur son graphisme conduit à une lecture symbolique à facettes où chacun selon sa sensibilité privilégiera tantôt la notion de fécondité, d'immortalité, les cycles croissants et décroissants, tantôt la nécessité d'une introspection pour chacun comme en témoigne la nouvelle lune, invisible mais prélude à la naissance du croissant, nécessité d'un murissement prélude à une construction individuelle jamais achevée, ce croissant psyché pour d'autres, rêverie s'il fait référence à Victor Hugo.
 
L'on peut citer aussi IBN AL-MOTTAZ, arabe du IXème siècle lequel écrivait :
 
"Regarde la beauté du croissant qui venant de paraitre déchire de ses rayons de lumière les ténèbres comme une faucille d'argent qui parmi les fleurs brillant dans l'obscurité, moissonne des narcisses"
 
Que nos travaux éclairés ainsi par ce croissant commencé à midi et finissant à minuit tout comme le temps imparti au premier quartier nous amène sérénité et clairvoyance.
 
J'ai dit             V.'.  M.'.

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