Obédience : NC Loge : NC Date : NC

La loge, lieu de gestation et de transformation

A la gloire du Grand Architecte de l’Univers, Vénérable Maître et vous tous mes frères en vos grades et qualités. J’ai choisi le sujet cet été à la suite de plusieurs lectures, mon choix s’est porté sur la loge en tant qu’espace de gestation et de transformation mais surtout comme lieu unique, sacré qui m’a manqué durant ces deux mois d’été.

L’élaboration de ce travail m’a permis de réfléchir quant aux attentes que j’ai vis à vis de la loge et pourquoi ce lieu m’est d’une certaine manière indispensable aujourd’hui dans mon cheminement maçonnique.

Ma réflexion s’articulera autour des aspects suivants :

- Origine de la loge - La caverne initiatique
- Situation de la loge – Organisation de la loge
- Parole en loge – A l’angle de la loge
- Gestation – transformation.

Origine de la loge

Selon René GUENON la loge serait la caverne initiatique – rapprochement avec le sanskrit : « LOKA ». Etymologiquement, le mot « Loka » vient du sanskrit « LOK » : voir, qui veut dire aussi plus largement : « Le monde » et se représente par un caractère en forme de rectangle ou carré long, appelé aussi le « Hikal » dont la longueur est de l’orient à l’occident et la largeur est du nord au midi signifiant ainsi : le caractère spatial et cosmique du lieu.

Autre étymologie celle qui nous vient de la Perse ancienne où la loge se disait « Jehan » comme la forme de « Jean » en vieux français.

Notre loge s’appelle aussi Saint Jean, et pourquoi ?

Sans référence religieuse ou dogmatique, cette appelation se justifie par rapport aux valeurs véhiculées par ce Saint à savoir :

- Une philosophie transcendante
- Une mission spirituelle
- La perfectibilité de l’homme par l’amour et la connaissance.

Ce qui nous amène à une vraie recherche de lumière, fille de la Tradition Primordiale.

A la GLDF, notre loge s’ouvre toujours au Prologue de St Jean. La loge est marquée rituellement par les deux saints Jean : Le Baptiste et l’Evangéliste, je crois que c’est à eux que nous devons d’être « les fils de la lumière ».

N’oublions pas le message de St Jean Baptiste est celui qui permet dans le noir d’aller vers la lumière, de retrouver la parole perdue, la lumière qui est la vie et le principe.

Enfin pour les latinistes de la loge, cela a donné « Locus » c’est à dire : lieu.

Caverne initiatique

Un premier rapprochement est fait avec le « Cabinet de réflexion » car c’est le début des épreuves avant l’initiation et la descente symbolique vers une certaine mort par la rédaction du « testament philosophique ».

La caverne, comme l’a connu Abraham, aurait eu deux issues : l’une qui donne vers l’extérieur et l’autre qui emmène plus profondément dans l’obscurité pour y découvrir d’autres morts et d’autres naissances.

Le silence à soi-même n’est-il pas la porte de la renaissance ? Texte biblique dans « Isaïe » : « Ecoutez, vous qui poursuivez la justice, portez les regards sur le rocher, sur le creux de la fosse d’où vous avez été tirés ».

Situation de la loge

des premières loges est évoquée dans un des premiers rituels connus « Manuscrit d’Edimbourg - Registre House » qui date de 1696 (manuscrit découvert en 1930). Il y est dit :

- Qu’est ce qui fait une loge véritable (juste) et parfaite ?

- Sept Maîtres, cinq apprentis entrés, à un jour de marche d’un bourg, là où il n’y a ni chien pour aboyer, ni coq pour chanter.

Indication à relier avec celle des anciens qui disent que les loges sont situées dans la vallée profonde où règnent la paix, la vérité et l’union entre les 3 monts Moriah, Sinaï et Héredon. René GUENON fait le rapprochement entre ces 3 monts et la place des 3 principaux officiers de la loge : le Maître et les premier et second surveillants. Mon frère Joël m’a fait parvenir un texte qui m’a longuement interrogé – où le mot « vallée » est nommé dans le livre de Joël IV verset 3 : « Vallée de Josepha » avec une allusion biblique à la vallée de Josaphat, lieu où les nations se rassembleront et seront jugées lors du jugement dernier.

Pour moi la loge n’est pas un temple, elle est mon chemin pour construire mon propre temple intérieur et me permettre d’entrevoir ce qui n’est pas visible, en regardant au dedans, tout comme la loge qui n’est éclairée par aucune fenêtre. Dans la loge nous travaillons « couvert » ainsi les profanes ne peuvent participer et le temps maçonnique est institué dès l’ouverture des travaux.

Organisation de la loge

La loge est une microsociété particulière, modèle unique en son genre à ma connaissance car : 3 la dirigent : ce sont le Vénérable et les 1er et 2 ème surveillants 5 l’éclairent : les 3 premiers, l’orateur et le secrétaire 7 la rendent juste et parfaite : les 5 premiers, le trésorier et le Maître des cérémonies. A ces 7 fonctions maîtresses, se rajoutent 3 fonction pour parachever le modèle : Le Grand Expert, l’Hospitalier et enfin le Couvreur. Dans la pratique, se rajoutent encore le Maître de la colonne d’harmonie, le Maître des banquets et le Maître Député.

Parole en loge

La parole en loge n’est pas prise, elle est donnée, distribuée car régie par le rituel qui organise un vrai filtre par la relation triangulaire où la parole est associée à une gestuelle appropriée pour demander l’autorisation de parler. Cette démarche semble être un outils adapté contre le désert intellectuel qui me semble aller croissant, à la perte des valeurs élémentaires à une pensée lobotomisée (par les médias et les réseaux sociaux) générant une certaine violence dans la société, avec le culte de l’individu limitant toute forme de convivialité, de projet collectif et même sociétal.

Cette crise de confiance n’est-elle pas aussi la perte de nos propres valeurs ? Par sa démarche, son engagement maçonnique, le Franc Maçon, lui doit porter à l’extérieur du temple « l’oeuvre ».

A l’angle de la loge

Psaume CXVIII 22 : « La pierre que les constructeurs ont rejetée est devenue la tête de l’angle ». Lors de chaque construction d’un édifice, la « Schétiya » est la pierre fondamentale, la première pierre que l’on pose. Elle se place normalement à l’angle Nord-Est et commence le mur qui va protéger les ouvriers du vent venu du Nord.

Le Vénérable qui constitue, crée et reçoit l’apprenti n’est-il pas, lui aussi, la schétiya de la loge. Enfin abordons les termes de gestation et de transformation.

Gestation

La gestation spirituelle consiste à nourrir et à faire connaître en soi l’être radieux qui constituera notre réalisation. Dans beaucoup de mythes, il y a évocation de la reproduction ou de la nutrition spirituelle ou matérielle. L’alimentation matérielle est une image de l’alimentation spirituelle, et en ce sens, nous trouvons une équivalence symbolique entre matrice et bouche. Cette équivalence fait aussi référence à un passage. Un mot, une prase, un poème, une histoire sont si riches d’évocation, si justes qu’ils me rappellent, parfois, de quoi je suis fait et répond partiellement à ma quête et à mon questionnement profond avec la sensation d’approcher d’autres états de l’être, c’est une forme de ressort intérieur.

Transformation

Dans un langage hermétique, la transformation désigne un passage « au delà de la forme ». Selon René GUENON : « C’est un accés à un état supra-individuel, non formel, par le dépassement des conditions limitatives de l’existence humaine. Cette transformation doit pouvoir amener le Franc Maçon à pénétrer le centre de son propre être et, par là même jusqu’à la connaissance « Totale » ; Celle-ci permet de participer à l’unité du principe même ».

La transformation n’est-elle pas un dialogue de soi à soi que l’on peut trouver qu’au fond de notre coeur ? C’est une résonnance à l’acronyme de VITRIOL. Elle devient une invitation à rechercher le « soi » à l’état pur, la sagesse et la lumière.

Dans notre loge « Terre d’Etoiles » avec vous mes frères, j’espère vous avoir apporté quelques éclaircissements mais surtout d’autres questionnements pour enrichir nos échanges à venir.

Vénérable Maître et vous tous mes frères, j’ai dit.

D\ B\


3018-P L'EDIFICE  -  contact@ledifice.net \