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Pourquoi le pavé mosaïque ?


Pourquoi le pavé mosaïque. Pourquoi choisir ce symbole. Et bien pour deux raisons dont une qui m’est propre.

La première, c’est que le pavé est central dans le temple. C’est une chose qui frappe la première fois qu’on entre. Surtout chez nous, puisque notre sol complet est un pavé mosaïque. Cependant, en sont centre une ligne délimite celui dont je vais parler.

La seconde est la plus importante à mes yeux, est que je peux dire que je m’identifie à lui. J’ai l’impression qu’en le voyant la première fois je me suis dit : ‘’ce symbole c’est moi : soit noir soit blanc, pas de demi-mesure’’.
Mais j’ai appris tout autre chose sur lui, ce qui m’a fait travailler sur moi-même, même si mon caractère, ma personnalité reste encore parfois, tout blanc ou tout noir. Mais, maintenant, je sais que je peux être l’un et finalement admettre être l’autre ou être les deux pourquoi ne pas être binaire ? Ou alors ni blanc, ni noir mais l’entre deux...le ternaire.
 Je suis dans l’incertitude, je cherche le chemin et le pavé mosaïque m’a ouvert les yeux, non pas sur le chemin mais les chemins possibles car il y en a une multitude.
Parler d'un symbole, m'a-t-on dit, c'est l'observer sous tous les angles, c'est savoir ce que j'en fais, dire ce qu'il m'inspire. C’est ce que je vais essayer de faire.

Une  première approche du pavé mosaïque consiste donc à  y voir une ambivalence de nos vies : je veux, je ne veux pas ou les deux en même temps.  J’avance, je recule et  je m’étonne de ne pas avancer, d’être mécontent, frustré et insatisfait. La vie n’est pas statique mais intensément dynamique. Le pavé pourrait paraître statique, d’ailleurs il est statique. Mais c’est ce qu’on en fait, ou ce que l’on en perçoit qui fait sa dynamique. Le pavé mosaïque montre cette dualité qui caractérise tous les hommes, qui me caractérise. C’est l’opposition des contraires, sous tous ses aspects : le féminin et le masculin, le beau et le laid, l’intelligence et la bêtise, le positif et le négatif, le bien et le mal, l’ombre et la lumière, la matière et la pensée, la haine et l’amour...

Ces carrés finalement ne sont pas différents, ils sont mêmes identiques quand nous les regardons. Cette similarité représente la notre, celle que nous avons puisque nous sommes entré en maçonnerie avec les mêmes valeurs ou aspirant aux mêmes valeurs. Cependant nous sommes différents avec nos pensées, nos personnalités nos choix mais les valeurs maçonniques nous les avons. Le pavé mosaïque montre cela, des idées, des points de vues différents mais une valeur commune qui nous unis et surtout la tolérance.  Collé l’un à l’autre tout en acceptant l’idée de l’autre qui peut être différentes de nous et qui peut, selon les cas, nous faire évoluer, avancer. Blanc, noir, gris tout y est, nous y sommes.
L’évidence m’apparaît, tel une pierre brute,  je suis dans la dualité aussi.  Il y a moi et ces choses que je dois affronter, moi et ces résistances que je dois vaincre, moi dans l’affrontement continuel de ma volonté et des événements qui surviennent. Ça c’est la vie, c’est le pavé mosaïque.
 
La plupart de nos outils et symboles se conjuguent par deux et n’ont plus la même utilité l’un sans l’autre : détacher l’un de l’autre retirerait toute efficacité à l’outil. Poussons cette réflexion plus loin. Tous les outils ne fonctionnent pas par deux effectivement me direz vous et c’est vrai. Mais l’outil sans l’artisan, sans l’homme qui s’en sert ne sert à rien ! Le pavé mosaïque n’est pas un outil, c’est un symbole et bien non pas pour moi. C’est un outil car il me fait travailler. Le pavé mosaïque seul, et bien, ce n’est rien. Le pavé mosaïque avec l’homme qui le regarde, qui veut en faire quelque chose comprendra beaucoup. Je suis l’artisan, le pavé est et sera mon outil encore bien longtemps.
Les carrés blancs et les carrés noirs (les couleurs peuvent être différentes), tous deux sont nécessaires pour faire le Pavé Mosaïque, qui est un symbole à lui tout seul : thèse, antithèse et synthèse, ainsi le binaire débouche sur le ternaire, enfin c’est ce que j’ai appris au fur et à mesure de mon travail. Le Franc-maçon devrait constamment se préoccuper de la question : "les choses sont elles ou ne sont elles pas telles qu’elles paraissent être?", et pas seulement le franc maçon mais l’Homme.

Toutes ces forces opposées créent des frictions d’où se dégagent une grande énergie souvent destructrice mais souvent aussi très constructive. Entre ces extrêmes existe une voie du milieu, qui peut être aussi celle de la sagesse et de la raison. Alors le deux devient créatif, car, en percevant la nécessité des oppositions, je relie ce qui est épars, je me comprends mieux, ça me pousse à m’élever, à grandir et me perfectionner sans cesse. Me direz vous, le joint n’est il pas celui qui est le moins impliqué ? Pour moi non pas forcement, c’est simplement une autre possibilité, une autre forme d’idée. Le maçon doit avoir des idées bien tranchées, prendre position, et bien la voie du milieu et une idée car dans la vie tout n’est pas forcement noir ou blanc, ce n’est pas que binaire ! Je ne dis pas que le joint serait la pensée à avoir mais, c’est simplement une possibilité. Et si le PM était les maçons avec leur différences et leurs similitudes, le joint, le liant pourrait être la fraternité mais pourrait représenter le V.°.M.°., ce liant, ce qui rassemblerait ce qui est épars. Je ne dis pas avec certitude que ce joint même invisible serait notre V.°.M.°. mais pourquoi pas ?

Le Pavé Mosaïque est utilisé dans nombre de jeux. Qu’il soit échecs, dames ou autre précurseurs ou variantes des ses jeux, ces pions et cases sont porteurs d’une symbolique vitale. Chaque coup demande réflexion, pourquoi jouer tel coup, quelles conséquences ? La décision d’un joueur peut modifier totalement la partie, pas parce qu’il peut avancer un pion gagnant mais aussi car il peut commettre une erreur irréparable. Le jeu représente plus qu’une bataille, il est à mon sens une belle image de notre vie.

Le pavé mosaïque ne serait il pas en fait un labyrinthe ? Notre labyrinthe intérieur ? Et bien pour moi, si. Nous cherchons notre chemin, nous découvrons au fur et à mesure le chemin qui nous conduira inéluctablement, un jour à la sortie du labyrinthe de la vie. C’est amusant finalement de voir que les symboles me poussent toujours dans mon fort intérieur. Ils me parlent peu les premiers instants et pourtant m’intéressent. Après réflexion, je me rends compte qu’ils me conduisent au fond de moi-même, ce que, finalement le fils à plomb me montre par sa position très expressive au sein  de notre  temple. C'est-à-dire au centre même de notre pavé mosaïque délimité par le rectangle que j’ai évoqué plus haut. Pour moi c’est le point centrale, la ou nous descendons au fond de nous même, là ou nous sommes assis la première fois. Certains disent qu’il ne faut pas fouler le PM car il représente le centre primordiale, le lieu privilégié de l’univers, mais loin de moi cette pensée. Pour moi le PM peut être foulé, doit être foulé. Pour double preuve, notre sol est un PM et même notre délimitation sous le fil à plomb est foulé des la première entrée. Nous nous asseyons sous le fils à plomb, dans cette délimitation  de PM. C’est notre plancher, notre dimension horizontale sur laquelle nous allons prendre appui pour essayer de nous élever. Il est le soutien de nos pas mes FF.°. J’aime beaucoup la phrase de POZARNICK qui dit que «  le PM est le monde intermédiaire, situé entre les profondeurs de la terre où s’ancrent les fondations et le ciel ». Voilà la raison pour laquelle foulé le PM n’est pas un mal bien au contraire.

Depuis le début de ce travail, j’évoque ce à quoi il m’inspire. Ces inspirations, elles m’amènent à ce qu’il m’a procuré. Je vous dirais volontier ce qu’il m’a procuré et bien c’est la vision des joints. Ces joints gris qui relient chaque carré de couleur entre eux, ce sont des chemins au bord duquel j’hésite cherchant la vérité et, je tente d’avancer pour me rendre au bout de mon chemin sans faillir. A chaque pas, on peut basculer dans l’ombre ou dans la lumière. C’est entendre par là que toute vie ne va pas sans risque, que toute vie est risquée. Toutes sortes de chemins existent donc,  il y en a que nous sommes sûrs de vouloir emprunter, d’autres que nous hésitons à découvrir et une multitudes d’autres qui nous sont inconnus et s’offrent à nous au détour d’un virage, d’un carrefour et qui nous ouvre un horizon qu’on n’avait pas imaginé et pourtant qui nous convient, qui nous fait avancer.

Toutes ces bifurcations, ces lignes croisées, ce sont des choix. Il faut choisir les bonnes. Parfois, il y a un chemin sur le côté, gauche ou droit, sentier de pierre, ou chemin reposant. A chaque fois la réflexion. Continuer tout droit, prendre ce chemin là plutôt que celui-là. Quitter ce chemin qu’on emprunte depuis déjà quelques temps ?
Dans nos vies, même si la carte est tracée par avance, ce que je ne crois pas, nous hésitons et parfois nous restons plutôt que nous changeons. Parfois nous changeons pour un chemin qui semble t’il est plus agréable, plus attirant. Bon choix ? Mauvais choix ? Comment savoir sans aller au-delà du carrefour ? Nous marchons, nous choisissons un parcours, quitte à rebrousser notre chemin, apprenant par-là même les bons et les mauvais endroits. Mais parfois il est trop tard, donc nous apprenons de nos mauvais choix. Nous sommes dans l’incertitude perpétuelle… Mais sans ce changement, sans oser ce changement comment savoir?
Les hommes ont horreur de se remettre en cause et de reconnaître qu’ils ne savent pas grand chose.

Chaque fois que nous hésitons, penchons nous vers ce qui résonne le plus intimement avec ce que nous sommes à l’intérieur, loin des regards. C’est à force de faire des choix sincères, des choix authentiques, qu’on trouve peut être l’issue du labyrinthe de notre vie.
Autrement dit, c’est nous qui décidons de notre avenir, du chemin à prendre. Bien sur nous ne décidons pas de tout mais de l’essentiel. Nous décidons de notre vrai bonheur ou de notre vrai malheur. Nous décidons du sort, de ce qu’il y a de plus précieux et de plus immatériel en nous. Nous décidons de l’avenir de notre âme. Parfois dans ce labyrinthe, au détour d’un chemin, il y a une rencontre ou des rencontres qui nous permettent de nous révéler et de faire des choix. Donc je dirais merci aux personnes que j’ai croisées, aux personnes que je croiserais car les chemins sans personne ne seraient que vides de sens et d’apprentissages. D’ailleurs le pavé mosaïques et vu aussi comme l’union de tout les frères. Effectivement durant notre cheminement évoqué ci-dessus, dans notre parcours nos frères seront importants par le fait que l’on soit tous différents et finalement complémentaire par nos différences.

En fait cette planche c’est ma pensée profonde. C’est ce qu’il y a dans ma tête en continue. Toute construction est le produit d’une dualité, celle de la matière et de l’esprit, cette dualité n’est pas un conflit entre un bien et un mal, mais la condition même de la vie. Opposer l’esprit et la matière c’est rester dans la séparation. Mais notre démarche initiatique nous fait percevoir les deux polarités, leur opposition comme leur complémentarité, ce qui nous permet de constituer l’unité, de trouver le ternaire.
J’ai une amie qui me dit souvent que je ne suis pas tout seul dans ma tête, elle a raison. Sincèrement raison. Je suis là avec mes chemins, mes doutes, mes craintes, mes choix, parfois je dirais il y a l’Anthony le kamikaze, l’Anthony le raisonné, l’Anthony le courageux, le fainéant, la grande gueule et bien d’autres. Finalement, ce n’est pas que je ne suis pas « tout seul », mais simplement là, avec ma personnalité d’être humain qui je pense n’est pas si loin de beaucoup de monde et même oserai je dire de tous ! Le pavé mosaïque n’est autre que le cheminement de ma vie, de nos vies.

J’ai dit

A\ D\ 

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