GODF Loge : Le Réveil Anicien  - Orient du Puy en Velay Date : NC
Les Liens vers plus de 25 Travaux sur ce sujet, sont au sommaire du Recueil R147 : Le Pavé Mosaïque

Le Pavé Mosaïque


Dans le Temple, lieu sacré, se trouve dessiné sur le sol un damier noir et blanc .

Ce damier, le pavé mosaïque, est une pierre tombale, une sépulture qui semble maintenir enfoui un secret.
Le pavé mosaïque est un espace sacré sur lequel on ne marche jamais. On le contourne, on tourne autour de lui. Jamais les pieds ne le foulent.

Les déplacements, lors du rituel, s’organisent et s’harmonisent autour du pavé mosaïque.
Les déplacements lents, les arrêts, les changements de direction réalisent une construction de l’action au sein du rituel.
Le pavé mosaïque devient l’axe créateur du rythme et de l’harmonie des déplacements rituéliques.

Au sein de la Loge, notre marche, notre démarche sont communes. Nos actions ne doivent pas être anarchiques, désorganisées. Notre chemin, nos avancées sont reliés dans le même sens, autour du même axe, pour le même but.
Ce tombeau sacré, mystérieux noir et blanc est le principe créateur de l’organisation harmonieuse de nos actions.
Il est le rythme. Il est la musique de nos pas et nos pas sont à l’unisson.

Sur ce tombeau se trouve une épitaphe secrète, cryptée en noir et blanc. Il va falloir progressivement apprendre à lire ce message.

Peut-être qu’à certains moments, la pierre tombale nous livrera partiellement et graduellement son secret.
La première impression que nous pouvons avoir en regardant le damier, est l’image de l’opposition entre le noir, absence de couleur, et le blanc, somme de toutes les couleurs.

Cette opposition peut représenter notre pensée rationaliste qui nomme, sépare et oppose les choses et les êtres.
Toute tentative de définir, de connaître une chose entraîne une dissection, une catégorisation, un éclatement de ce que nous voulons connaître.

Cette pensée, est la pensée de la désunion, la pensée qui crée les opposés et qui laisse en son centre un abîme où nous perdons notre âme.

Mais l’épitaphe est le résumé, le visible de ce qui est enfoui. Les opposés sont donc ensevelis, réunis en un même lieu. Le tombeau devient alors le lieu unificateur des opposés créant équilibre, harmonie et paix.
C’est d’ailleurs, autour du pavé mosaïque, que nous réalisons ce moment précieux de la chaîne d’union où, dans le silence et la méditation, naît un amour intense.

Le damier noir et blanc, ne représenterait plus alors l’opposition du noir et du blanc, mais le tissage qui réalise l’étoffe de l’Etre.
Chaque être est sacré avec ses ombres et ses lumières. Nous possédons tous cette lumière créatrice, cette lumière incréée. La lumière n’est pas visible, elle donne à voir.

Dans le noir de notre corps, de nos pensées, de nos jugements, brille pour l’éternité la lumière d’amour.
Le noir est visible, parce qu’il nous a été donné la lumière. Le noir et le blanc sont indissociables l’un de l’autre. Nos ténèbres ne pourront jamais détruire la lumière originelle dont nous sommes issus.

Lorsque nous nous évertuons à trouver, à chercher les défauts, les imperfections chez notre voisin, nous devenons aveugles et oublions qu’il existe au plus profond de lui une lumière qui est beauté et bonté.
C’est cette lumière qu’il faut s’attacher à trouver dans chaque être.
Le noir nous guide vers le blanc.
Dans le pire, il y a toujours le meilleur.

Au Nord-Est du pavé mosaïque, il  y a une porte ouverte. Porte permettant à chacun de prendre place et de laisser exprimer sa lumière.
Cet « Autre », si différent de nous, avec ses noirs et ses blancs va pouvoir venir prolonger le pavé mosaïque et participer à l’union.
Le pavé mosaïque est alors l’expression de l’acceptation et de la reconnaissance de l’autre tel qu’il est, avec toutes ses différences et ses particularités.

Créer le pavé mosaïque, c’est unir nos multitudes, c’est vivre avec nos différences et nous réchauffer à notre lumière commune.
Vivre en Amour, c’est regarder son frère comme il est et non comme nous voudrions qu’il soit. C’est accepter ses carrés noirs, mais c’est aussi s’émerveiller de sa lumière blanche.

Plus la lumière sera intense et blanche, plus l’ombre sera noire. »L’ombre des pins dépend de la clarté de la lune. » disent les moines zens.

Le pavé mosaïque nous invite alors à l’humilité et à l’introspection. Plus nous serons capables de nous laisser éclairer par la lumière de nos frères, plus nos ombres seront visibles.

Alors nous pourrons débuter un travail sur nous-mêmes pour nous perfectionner, nous améliorer, nous rectifier. Il peut être douloureux de s’ouvrir à la lumière de l’Autre, mais c’est le seul chemin qui puisse exister pour effacer les mensonges, les illusions que nous nous faisons. C’est en me laissant inonder de ta lumière, que je pourrai orienter le travail de polissage de mes noirceurs. Cette acceptation de l’Autre dans sa totalité, ce travail de perfectibilité que nous offre le pavé mosaïque génère l’harmonie.
A chaque tenue, le pavé mosaïque nous livre un fragment de son secret, en fonction du degré auquel on appartient, en dévoilant le tapis de Loge décoré des symboles et des outils qu’il nous faudra utiliser pour atteindre la réalisation. Une fois déroulé, le tapis de Loge efface en presque totalité les ombres. Il est lumière et nous unit tous dans le même travail d’édification.

Le pavé mosaïque nous donne aussi un avertissement : A trop vouloir chercher la lumière dans les ténèbres, nous pouvons nous laisser abuser par l’illusion de la lumière. Dans la nuit, la lune brille. Mais la lune n’est pas lumière, elle n’est que le reflet de la lumière solaire.
Au milieu de nos doutes, de notre nuit obscure, de notre quête, ne nous laissons pas piéger par la fausse lumière du charlatanisme spirituel.
L’alouette se tue au reflet du miroir. Le reflet détourne la lumière afin de mieux masquer l’obscurité mortelle.

 

Enfin, le pavé mosaïque nous enseigne l’équanimité.
Étymologiquement, le pavé est une surface de terre battue, nivelée.
Le noir et le blanc sont au même niveau, il n’y a pas de supériorité de l’un sur l’autre. L’un et l’autre nous sont donnés et nous devons les recevoir de la même manière.  Le désir et l’aversion sont à l’origine de nos souffrances. En acceptant les choses telles qu’elles sont, sans vouloir garder le blanc et rejeter le noir, nous développerons la patience et l’amour bienveillant. Cette réception équanime des choses permet d’unir les opposés et de découvrir ainsi la voie du non-attachement, la voie du milieu, la voie de la non-souffrance.
 

Les Liens vers plus de 25 Travaux sur ce sujet, sont au sommaire du Recueil R147 : Le Pavé Mosaïque
3015-2 L'EDIFICE  -  contact@ledifice.net \