GLFF Loge : NP 04/2006

Le Miroir

Symbolisme du miroir

Je vais ce midi m’attarder sur le MIROIR, dont on dit qu’il est le symbole des symboles.
Aussi je vais tenter de vous restituer mon ressenti individuel, intuitif mais non exhaustif.

Pourquoi parce que chacune d’entre nous, mes sœurs, avons une sensibilité personnelle face au reflet que nous renvoie cet objet.
La connaissance et la méditation que vous pouvez en avoir ne peuvent que m’aider à l’édification de mon temple intérieur.

Je vais dans un premier temps, essayer de le définir par rapport à son utilisation et sa fascination qu’il a eu et a toujours sur les hommes, car le miroir a suscité de tous temps, dans toutes les sociétés des interrogations, des réflexions et de la méditation .

Il a été la métaphore de la peinture, en effet l’œil du peintre tel un miroir a capté les images et les a recomposé.
Car n’en doutons pas le miroir est un œil ouvert sur le monde.

Présent dans toutes les civilisations, son utilisation a donné lieu à des interprétations diverses, tantôt de peur, de superstition, tantôt signe d’harmonie et de pureté.

Ce Mystérieux objet qui a captivé les philosophes grecs, les théologiens du Moyen âge, et plus tard les humanistes de la Renaissance, a été étudié en peinture, en littérature, en philosophie et même en métaphysique.

Il a nourrit les contes, les légendes, les doutes, les superstitions, le réel et l’imaginaire.

L’homme n’a cessé d’en débattre, il s’est interrogé sur son sens réel, sur le reflet qu’il nous renvoyait.

C’est dans l’eau calme et bien avant sa conception matérielle que l’homme a vu se refléter son visage mais également l’Univers. Depuis la nuit des temps, le miroir a été au centre des préoccupations de l’homme, d’ailleurs dès la plus haute antiquité cet objet mystérieux et fascinant occupe une place importante dans les arts et la littérature.

Au moyen Âge le miroir a une haute charge symbolique, à cette époque les sciences optiques sont les premières des sciences, la pensée repose sur la connaissance visuelle et sur des rapports d’analogie dont le miroir est le modèle. Connaître c’est refléter. Dieu est comparé à un miroir pur qui contient avant même qu’elles soient créées toutes ses œuvres en dehors de l’âge et du temps.

Parce que l’homme ne peut contempler la nature divine sans être ébloui, il doit regarder son Modèle à travers le miroir.

L’Epitre de Saint Paul aux corinthiens ne dit elle pas que « la connaissance de Dieu est semblable à une image obscure réfléchie par un miroir »

Au XIIIème siècle, on eut l’idée de fixer des feuilles d’étain derrière des plaques de verre avec une colle transparente et l’on obtint ainsi une réflexion des objets plus claire.

Mais le miroir a subi au cours des temps beaucoup de transformations.

Des Miroirs convexes au Moyen âge, englobant l’espace et déformant l’image, aux miroirs plans de la Renaissance aboutissant à une meilleure appréhension du reflet mais aussi au constat qu’on ne peut avoir sur ce monde illimité qu’une connaissance partielle et relative, jusqu’à l’apparition dans les Temps modernes de miroirs de grandes dimensions permettant enfin aux hommes de se voir de la tête aux pieds. Le miroir a traversé les siècles et n’a rien perdu de nos interrogations.

L’approche de ce thème n’a pas été aussi facile que je le pensais tout d’abord car il est vaste et important mais j’ai recherché au travers de son histoire quelques exemples de son utilisation,

De son interprétation dans l’art cinématographique ou des craintes qu’il pouvait susciter chez les hommes.

Dans le japon ancien, il existait une coutume : L’Otochimachi à laquelle on soumettait des Enfants de quinze ans, ils devaient poser un bol empli d’eau dans la nature et attendre que la nuit se reflétât dans l’eau du bol. Cette étape initiatique avait pour but de leur révéler leur moi intime mais il s’agissait d’une nouvelle illusion car la lune qui se reflète dans le miroir de l’eau n’est elle-même que le miroir du soleil, l’eau ne capte donc qu’un reflet de ce reflet dans un jeu de miroirs qui se succèdent en cascade.

Toujours au Japon le KAGAMI ou MIROIR est symbole de pureté parfaite de l’âme.

Chez les taoïstes il est miroir octogonal signe d’harmonie et de perfection.

Chez les Taoïstes, le miroir est octogonal, signe d’harmonie et de Perfection ; Au Japon il est le symbole de pureté de l’âme, en Perse, il servait à l’une des plus anciennes formes de Divination, dans la tradition védique, il symbolise la durée limitée et toujours changeante de êtres.

En Perse il servait à l’une des plus anciennes formes de divination, dans la tradition Védique il symbolise la durée limitée et toujours changeante des êtres.

Une légende en Iran symbolise le cœur de l’initié par un miroir qui jadis était en métal. La rouille symbolisait le pêcher et le polissage du miroir sa purification.
 
Dans les civilisations primitives les hommes et les femmes d’alors refusaient d’être pris en photo, par crainte de voir leur Ame volée, avec pour eux une conséquence grave, celle de ne plus vivre, comme tous les autres membres de la communauté.

Dans le roman de Jorde Luis Borges « Les Miroirs volés » l’auteur conte l’horreur de quelqu’un qui a peur des miroirs et qui parfois voit son visage défiguré de façon étrange. Le miroir est censé garder, par rémanence, la trace de ce qui s’y est autrefois reflété et qui peut soudain, en d’étranges circonstances se manifester.

Dans le film de Jean COCTEAU ORPHEE «  les miroirs sont les portes par lesquelles la Mort va et vient, ils s’ouvrent sur les enfers. D’un côté du miroir ce monde de chair et d’amour celui d’ORPHÉE et d’EURYDICE. De l’autre l’univers glacé de la mort et entre les deux la surface réfléchissante froide et polie de la glace.

Il existe aussi une coutume populaire qui consiste à couvrir tous les miroirs dans la pièce où un mort repose avant son dernier voyage car il est pensé que le miroir a la faculté de retenir l’âme du défunt.

En Occident le miroir signifie la mort, alors qu’en Orient, il correspond au vide, à la perfection, indifférent à ce qu’il reflète, le miroir reste pur.

.Entre le sensible et l’intelligible, entre le visible et l’invisible, le réel ou l’imaginaire, la réflexion, l’illusion ont donné une richesse symbolique à cet objet source de tous mystères.

Mais qu’est ce qu’un miroir ?

Pour le dictionnaire des symboles « Spéculum »(miroir) a donné le nom à spéculation : à l’origine spéculer c’était observer le ciel et les mouvements relatifs des étoiles à l’aide d’un miroir.

Pour le petit Robert, le Miroir est un objet constitué d’une surface polie qui sert à réfléchir la lumière, à refléter l’image d’une personne ou de chose.
En effet le miroir donne des objets et des personnes une image proche de leur réalité physique mais non exacte car cette image présente de l’autre côté du miroir n’existe nulle part ailleurs dans l’espace, elle n’est qu’une image virtuelle dans un environnement qui n’existe pas, c’est notre rétine qui la forme et nous voyons là quelque chose qui n’existe pas.

IL est la Référence amoureuse que l’on retrouve dans le mythe de Narcisse, jeune homme doué d’une très grande beauté qui surprenant son reflet dans l’eau d’une source en tombera amoureux et absorbé par la contemplation de son visage, se laissera mourir de langueur, la fleur qui poussa sur le lieu de sa mort porte son nom. D’ailleurs pour le devin Tirésias, Narcisse aurait pu vivre vieux à condition qu’il ne se regarde pas. Mais celui-ci séduit par l’image de la beauté qu’il aperçoit, s’éprend d’un reflet sans consistance, il contemple sans s’en rassasier de ses regards la mensongère image qui l’aime, il se tuera parce qu’il s’aime, ici le miroir pour satisfaire l’égo présentera des effets pervers de vanité et d’orgueil. D’ailleurs encore de nos jours Certains ne supportent pas l’image qu’ils voient, parce qu’elle évoque l’aspect éphémère des choses, tout change même son propre visage et il montre là que nous ne saurons être toujours les mêmes d’où pour certains cette difficulté à accepter l’irrémédiable, le temps passe et le reflet change.

on voit donc que le miroir occupe une position stratégique parmi les moyens de se connaître, de s’objectiver, de se regarder comme objet. Il permet de poser en face de soi même un autre soi même et de se regarder dedans. Je me connais alors en me projetant comme un autre, mais sur ces deux mêmes qui se regardent, dans cet affrontement face au miroir, il y a un piège, car à la fois dualité, dédoublement et unité, identité, c’est le même qui est deux, du moins dans la ressemblance extérieure.

Cette image que nous renvoie le miroir est elle simplement le reflet exact de notre visage, je ne le crois pas d’ailleurs l’image est toujours inversée, elle peut donc être déformée, arrangée ou dégradée. Le miroir nous rappelle que nous sommes simplement le reflet de nous même, de nos incertitudes, de nos doutes, il est l’objet de l’introspection par excellence il nous permet de faire un bilan sur nous même, de réfléchir à ce que nous sommes, avec nos qualités et nos défauts, notre façon de voir le monde qui nous entoure, il invite à la réflexion, à la méditation pour nous améliorer et nous amener vers le bien.

Il ne capte que les reflets et astreint celui qui s’y contemple à remettre en cause tous ses acquis, ces affirmations, ce n’est qu’une étape qui doit conduire le Persévérant a delà du monde des visions. Symbole de la connaissance de soi, il est pour nous toutes un repère pour nous permettre de progresser, de tendre vers la perfection.

Un philosophe romain BOECE (vers 5OO av JC) nous jette à la figure cette pensée : « Chez les créatures vivantes, l’ignorance de soi même et nature, chez l’homme, elle est vice » ainsi tout est dit.

Il est cependant un miroir qui peut nous aider à baisser le masque , c’est le regard des autres

C’est par le regard des autres que nous existons, par nos actions, par notre comportement, il nous appelle non seulement à l’introspection donc à notre intimité mais aussi qu’il existe d’autres miroirs, d’autres intimités, d’autres visions de la vérité.

Et si justement il n’était que l’œil du cœur, au centre de la personne représentant la limitation fondamentale de celle-ci, se rattachant mystérieusement à son principe transcendant, il s’identifierai alors à l’intellect, à l’œil qui voit Dieu, le cœur voit à l’extérieur le monde à travers le mental et les sens, et à l’intérieur il voit la réalité divine.

La particularité du miroir ne vaut que si il y a un peu de lumière, Il a ceci de particulier qu’il se consulte dans la lumière, point de lumière, point de reflet, car la lumière nous permet d’en voir toutes les ambiguïtés, il est comme la lune, objet réfléchissant et de réflexion.

Déjà dans le cabinet de réflexion, dans la lueur blanchâtre de la bougie, la forme que j’apercevais certes me ressembler pourtant alors que j’attendais là, je me suis posé la question : Qui suis-je, sans véritablement trouvé la réponse simplement car je n’avais pas encore commencé mon cheminement, mais déjà existait en moi cette interrogation.

j’ai depuis, de temps en temps déposé mes bagages devant ce miroir, pour me retrouver moi, pour tenter de découvrir l’être véritable que je suis, pour laisser échapper les reflets sombres de l’ignorance, de l’erreur, des préjuges et des passions et me tournait vers des reflets de lumière et d humilité.

Lorsque je m’y regarde je vois que la vie a laissé sur mon visage des traces indélébiles, mais si je me regarde sans m’attacher à ces détails, je retrouve l’enfant ou l’adolescente que j’ai été, le miroir me rappelle les rêves réalisés ou non le miroir me parle si je veux bien l’écouter.

Comme le font d’ailleurs nos rituels dans lesquels nous pouvons voir, nous voir et surtout entrevoir les lumières qu’ils nous reflètent.

Dans le vocabulaire que nous utilisons en Loge, la lumière signifie ce réel qui nous échappe. Elle est qualifiée d’éblouissante, d’aveuglante, elle brûle la rétine de l’œil et comme l’indique le mythe de la caverne, nous conduit parfois aux ténèbres. C’est sans doute pourquoi nos symboles et nos rituels nous proposent une lumière tamisée, douce, facile à voir, parfois difficile à comprendre, comme autant de miroirs qui nous cacheraient à jamais le réel.

Je crois que finalement la Franc Maçonnerie tient le rôle du miroir où je peux si je le souhaite découvrir vraiment qui je suis et non ce que je crois être. Socrate le disait bien « Connais toi toi-même et tu connaîtras les dieux ». La Franc Maçonnerie ne nous donne que des outils et chacun d’entre eux semble nous suggérer la présence du sacré. Devant ce miroir, avec humilité, avec sincérité saurons nous être le reflet de l’être divin, humain, pourrons nous garder un regard d’amour pour nous-mêmes ? Il est un juge à qui rien ne demeure caché et qui est capable de porter un jugement exact, c’est celui qui ose affronter son regard et consent à se soumettre à son verdict, celui là est sur la bonne voie.

Je voudrais pour conclure, mes sœurs vous citer quelques lignes de PADRE PIO à propos du miroir.

Il disait :
« Celui qui ne médite pas est un peu comme celui qui se regarde dans le miroir, il ne se préoccupe pas de savoir comment il est accoutré avant de sortir, et si il est sale, il ne le sait pas.
Dieu est le miroir de notre âme. Par conséquent, celui qui médite tourne son esprit vers lui, celui là cherche à connaître ses défauts, essaie de s’en corriger, modère ses impulsions et met de l’ordre dans sa conscience »
                                                                     
 
P\ B\
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