Le Temple Pythéas

En réalisant ce premier travail en loge sur le Temple en général, je vous livre ce qui me vient à l'esprit sans trop réfléchir : je pense que le temple est en moi, c'est ma carapace, ce qui sommeille en moi que je n'ai pas encore découvert parce que peut être je ne me suis jamais posé la question. C'est ma pierre brute qu'il faudra que je taille au gré des tenues afin d'essayer de la rendre belle, lisse, sans aucune aspérité. Mais y arriverais-je un jour ? Je ne sais pas, j'ai toujours à apprendre. Le temple est le ventre de ma mère dans lequel j'étais avant de naître. Le temple est ma maison, l'endroit où je me réfugiais, enfant ; la maison que j'ai construite pour ma famille. C'est un abri où je me sens en sécurité, où je reçois ma famille, mes amis ; c'est un lieu d'accueil. Tout comme l'animal qui creuse son terrier, l'oiseau qui construit son nid. L'homme a longtemps utilisé les abris naturels tels que les grottes. Dans ces grottes l'homme entrait pratiquement en rampant tant l'ouverture était étroite et basse, Elle représente pour moi la porte basse par laquelle le futur initié pénètre. Puis petit à petit l'homme a appris à construire à l'aide d'outils, il a rassemblé des pierres et a créé son abri, sa maison bien ancrée dans le sol. Ma maison me protège contre les éléments naturels : la pluie, le vent, le froid. Les hommes ont toujours cherché, pour célébrer les événements de la vie à se réunir dans un lieu spécifique pour célébrer les cultes, les baptêmes, les enterrements, les mariages...

Il représente également la maison de Dieu qui a été profanée par les marchands du Temple et que Jésus a chassés pour le rendre à sa vocation première, un lieu de culte, de sérénité, de paix. Le temple peut être également ma dernière demeure où je reposerai en paix comme les pharaons dans leurs sarcophages enfouis dans les pyramides. Mais le Temple est bien plus que cela, c'est un lieu SACRE, lorsque le Vénérable Maître prononce cette phrase « que la lumière soit », tout comme une église devient un lieu de culte lorsque la petite lumière y brille.

Le temple maçonnique, édifice de l'apprenti avec les outils, c'est celui dans lequel j'ai pénétré pour la première fois lors de mon initiation, pour mourir symboliquement au passé et renaître à une forme de vie nouvelle, comme le petit enfant entre dans une église pour la première fois, pour recevoir le sacrement du baptême. C'est sa seconde naissance. C'est là, en apprenti, en me taisant, que j'écoute, là que j'ai choisi d'être, de réfléchir, d'apprendre, de travailler, d’observer. Il faut toujours travailler même ce que l'on croit bien connaître et maitriser. Se taire ne veut pas dire être privé de parole, au contraire, je rentre dans un temple que je ne connaissais pas et mon premier devoir de maçon est d'ouvrir mes yeux, mes oreilles et d'écouter pour réfléchir à ce que j'y fais ; apprendre à écouter les autres, compagnons et maîtres qui sont là pour m'aider à grandir et c'est dans le silence que je peux absorber, intégrer le rituel, réfléchir afin de devenir un bon maçon. Je suis comme la pierre brute, comme le petit enfant qui a tout à apprendre et petit à petit j'aurai une certaine connaissance, en prenant le temps.

En me penchant sur le temple maçonnique, j'ai découvert que je n'avais jamais terminé de découvrir ses dimensions physiques et surtout symboliques et spirituelles. Il est comme le ciel, le cosmos, sans limites. Il est l'Univers, ma planète, mon refuge, ma maison, j'y suis autant chez moi que dans ma maison.

Le Premier Temple fut celui de Jérusalem réalisé par Salomon, roi d'Israël, L'architecte qu'il a appelé pour construire le temple s'appelait HIRAM, fils d'une veuve. Hiram assassiné, ce temple ne fut jamais terminé. Ce temple allait devenir le centre de ralliement des Peuples Hébreux..

J'ai lu dans un ouvrage que Salomon est également réputé avoir construit sur le territoire du Royaume de Jérusalem de nombreux autres Temples que celui de Jérusalem, élevés à la gloire de divinités autres que le Dieu des Hébreux, dieux égyptiens, grecs et autres. A l'intérieur même du Temple de Jérusalem, des statues élevées à la gloire de ces autres Dieux ne manquaient pas. Ainsi Salomon était, bien un adepte de la Tolérance.

La légende juive fait de lui le fondateur de la Cabale, dont l'origine véritable remonterait à Moïse tandis que la légende arabe fait de lui, sous le nom de Soliman le magnifique un prophète de l'Islam, et que les Bohémiens ainsi que les peuples du Voyage lui attribuent l'invention des 22 lames du Tarot, ce jeu de cartes universelles qui sert de base à la prédiction de l'Avenir et que les Magiciens continuent d'utiliser. Je n'ai pu résister au plaisir de l'insérer dans ma planche.

Le Temple est un carré long orienté par les quatre points cardinaux (comme les cathédrales, les églises, les mosquées. Elles sont orientées vers l’Est, c’est à dire vers la lumière, là où le soleil se lève, elles s'érigent vers le ciel). Dans le Temple, on entre par l’ouest pour se diriger vers l’Est. On s’assoit au Nord et au Sud. Moi, apprenti, je suis assise sur la colonne du Nord. En pénétrant dans le Temple, on passe entre les deux colonnes nommées Jakin (stabilité) et Boaz (force, sévérité) auprès desquelles se réunissaient pendant sa construction les Apprentis et les Compagnons qui recevaient leur salaire. Les colonnes se prolongent grâce aux maçons assis au Nord et au Midi. En levant les yeux, je constate que le Temple n’a pas de toit. Il est ouvert sur la Voie Lactée, sur l’univers.

Le temple est constitué de plusieurs symboles dont je décrirai succinctement leur signification pour moi :

Le pavé mosaïque où alternent des cases noires et blanches dont le nombre est identique. C'est l'alternance de la vie et de la mort, du masculin et du féminin, personne ne peut vivre sans cette alternance, la femme sans l'homme et la mort sans la vie, la mort – la renaissance. Au centre du pavé mosaïque, dans notre rite, se trouve le Naos, Le Naos est le chœur du Temple, c'est l'endroit principal de celui-ci autel où se distinguent les joyaux de la Loge, c'est à dire l'Équerre, la règle, le compas ; la lumière perpétuelle et l'encens, le fil à plomb.

L'équerre qui signifie « rendre carré », est la réunion de l'horizontal et du vertical. C'est un instrument fixe, précis, c'est un symbole d'équité, de rectitude ; lorsque nous sommes dans le temple, nous essayons d'aspirer à la droiture, de mesurer nos propos. Lorsqu'un maçon parle il est à l'ordre, c'est à dire les membres alignés en forme d'équerre afin de toujours réfléchir à la parole exprimée.

la Règle représente l'ordre, la structure, elle symbolise l'exigence et l'obéissance. C'est le symbole de la mesure, d'une idée et de la réalisation de celle-ci, exemple : la constitution d'un pays.

Le Compas dont les branches mobiles permettent de mesurer les angles, tracer des cercles, permet d'évaluer la portée et les conséquences des actes de chacun. Il peut signifier le ciel, l'univers, il symbolise l'ouverture d'esprit, l'étendue de la connaissance. Il tourne sur sa pointe pour revenir au point de départ. Il indique les bornes à ne pas dépasser, il est le symbole de la prudence, de la maîtrise .Si j'avais à choisir ce qui me représente c'est bien le compas.

Le fil à plomb est un outil constitué d'un fil lesté utilisé pour obtenir des verticales. Il donne la perpendiculaire par rapport à un plan. Il exprime une station de droiture conforme à ce qui nous relie du ciel à la terre et de la terre au ciel. Il représente également le second surveillant. Symbolise-t-il la stabilité, l’équilibre ?

Les trois piliers autour du pavé mosaïque au rite de Memphis Misraïm représentent la SAGESSE, la FORCE et la BEAUTÉ. La sagesse le vénérable maître, la Force le Premier surveillant et la Beauté le second surveillant qui donne l'harmonie, l'équilibre, la tolérance, l'égalité.

L'Autel où j'ai prêté serment, la bougie qui signifie la lumière éternelle, c'est le reflet de notre âme, l'encens purifie le lieu profane. Derrière le plateau du vénérable se trouve le Delta lumineux. Au centre du Delta, je peux interpréter un œil, cet œil pourrait être celui d'Horus, fils d'Osiris et d'Isis, incarnant le principe du bien, la victoire du bien sur le mal. Il est le Dieu de la lumière intérieure. Il est ma conscience.

Sous la voûte étoilée, l'apprenti que je suis, observe. A droite de la Voûte céleste, le symbole du Soleil rappelle le Dieu égyptien Osiris dont le nom signifie « Œil du Soleil ». Face à lui, la Lune, symbole d'Isis évoque la Lumière réfléchie, lorsque Osiris a disparu à l'horizon, il vient éclairer les Hommes. Ces trois divinités peuvent représenter notre devise, celle de la France : Liberté – Égalité – Fraternité et peuvent évoquer également dans la religion catholique la Trinité. Cette figure géométrique, le triangle relie en permanence, lorsque la parole circule, le 1 er ou le 2e surveillant demande généralement au Vénérable la parole qui est demandée par un frère ou une sœur. Ils sont le lien, les trois points comme le soleil la terre la lune, l’air l’eau le feu.

Le Livre blanc : livre sur lequel, poignard pointé sur mon cœur, j'ai prêté serment, ce fut le moment le plus fort lors de mon initiation et j'ai pris conscience de toute la valeur de cet engagement. Ce livre représente tous les livres, je peux y écrire ce que je veux, c'est la Liberté. C'est une promesse importante. Je vais m'y employer tous les jours, toutes les heures, toutes les minutes, toutes les secondes mais je suis une femme avec mes défauts et mes qualités et il me faudra du courage et de la force pour tenir ce serment et c'est une réflexion constante que de respecter cet engagement. Car l'homme est faible, c'est un combat perpétuel. Il faut se surpasser pour tendre la main à un frère ou une sœur ou tout être qui est dans le besoin, faire abstraction de jugement envers eux tout comme eux envers moi.

La corde qui entoure le Temple représente la Chaîne d'Union fraternelle qui unit tous les Frères et Sœurs à la fin d'une tenue. Les nœuds de la corde représentent les maillons de cette chaîne. Il s'agit d'une corde sur laquelle sont formés des nœuds, souvent en forme de 8. Le chiffre 8 du latin oriens, « surgir, se lever » représente deux cercles enlacés, il est le chiffre du Christ, le 8, succédant aux 7 jours de la Création, représente le "passage" à une autre vie, une renaissance et une résurrection. Jésus est ressuscité le 8^e jour. C'est pourquoi, les fonts baptismaux et les premiers baptistères étaient octogonaux (églises de Poitiers, Fréjus, Aix-en-Provence). Il représente nos mains nouées autour du Naos afin de faire passer entre tous les maçons les énergies positives. Le 8 est le Signe de la Lumière, de l'échange. En Chine, le lotus aux 8 pétales symbolise les 8 sentiers à suivre pour trouver la Voix selon Bouddha. Dans la mythologie c'est Poséidon le dieu des Mers, des Sources, et des Fleuves. C'est lui qui fait rentrer les eaux dans leur lit et avec son trident, il remet les bateaux à flot. Il rétablit l'ordre après la tempête. C'est par notre chaîne d'union que la paix peut revenir en nous, le calme et la réflexion.

Ce Temple existe, j'y suis née, j'y grandis... J'apprends au fil des tenues à m'interroger sur les symboles qu'abrite notre Temple.

Suivant le cheminement de la lumière et le rythme des travaux la dimension : c’est le temps... Celui qu’il me faut pour accomplir mes voyages, mon évolution, le changement.

Le temple, c’est ma loge, ma loge est le monde, c’est l’univers... Notre temple est celui de tous les hommes, la maçonnerie n’a pas de frontières puisqu'elle met l’homme au centre d’un temple dont les axes sont définis, mais pas les limites.

Mais qu'est ce que j'observe en silence? Quelle est ma place dans le temple ?

J'observe les rites et symboles. Un symbole ne s’explique pas, il suggère, il évoque ; il ne se vit que dans un contexte rituel et ne peut se vivre qu’individuellement ; le symbole est un moyen de connaissance que j’appellerais aussi valeurs...

La dimension spirituelle, celle des valeurs, de la conscience, valeurs de tolérance, de solidarité, de fraternité, de respect et d’humanisme. Car, l’homme a bien sa place dans le temple universel. Au cœur du temple à la fois fermé, mais ouvert vers le zénith, l’homme travaille sur lui et vers les autres.

Sur lui d’abord, car le temple est un formidable creuset pour le travail auquel je tente de me soumettre...

Par ses dimensions spirituelles et universelles, ses valeurs, notre temple est infini et, de l’apprenti au maître, nous en sommes tous les bâtisseurs...

Il faut s’ouvrir sur le monde et transporter nos dimensions hors de notre temple intérieur, hors de la loge, dans le monde ; prêt à donner et partager avec tous nos frères les hommes.

Dans sa quête initiatique l'homme recherche à reconstruire, en "rassemblant ce qui est épars", ce chemin initiatique c'est celui des Juifs en recherche d'une terre d'accueil, la recherche de la terre promise. En Franc- Maçonnerie, l'apprenti, lors de son initiation, reçoit la lumière et passe du parvis dans la première enceinte du temple: le Porche. C'est là que se tient la Loge. Il vient de mourir au monde profane et de subir sa seconde naissance, naissance à un monde spirituel.

Le Temple est également le Temple de la Lumière. Je me souviens du jour où j'ai été initiée. Debout entre les Colonnes du Temple, lorsque le bandeau qui recouvrait mes yeux est tombé, c'est l'aveuglement provoqué par la Lumière qui m'était donnée qui a troublé ma mémoire. Cette lumière intérieure est une lumière spirituelle, celle de la connaissance qui illumine notre pensée. La lumière qui m'est donnée au cours de l'Initiation n'est pas seulement un symbole, mais a la valeur d'un acte de création. Il s'agit de la création d'un être nouveau qui conduit à la lumière par la connaissance. Je terminerai en pensant que pour moi :

Le temple représente trois valeurs : la tolérance, l'amour, la fraternité et j’en ajouterai une autre La Liberté. Dans ma vie profane j’ai toujours essayé d’appliquer ces trois énergies. Elles m’ont été transmises par mes parents et j’essaie de les appliquer en maçonnerie. Pour moi la tolérance est une valeur essentielle.

La liberté de conscience, de libre-arbitre de chacun de nous est respectée et nous restons libres. Chacun peut trouver ses propres réponses et son propre chemin sans suivre un chemin dicté et imposé par une religion, par une secte. C'est à nous de trouver notre chemin, ce qui importe c'est ce qui a du sens pour nous. On ne peut rien enseigner à autrui. On ne peut que l'aider à le découvrir lui-même.

Si je m'aime moi-même, je rayonne cet Amour sur les autres. Je le donnerais, il grandira de plus en plus et il se répandra.

Tout se transforme par l’Amour ! L’Amour est Lumière, l’Amour est création, l’Amour est Énergie Universelle. Si je m'aime moi-même je pourrais pénétrer dans mon temple intérieur ! A ce moment là je serai en fusion totale entre toutes les parties de moi-même.

J'ai dit