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A Partir… de la Voûte Etoilée

Je voudrais vous faire partager mes réflexions « à partir de la voûte étoilée. »

Le choix de ce sujet fait suite à une remarque d’une sœur, alors que mon regard s’était arrêté sur ce symbole lors d’une de nos tenues : « les étoiles ne sont pas disposées là par hasard. »

En fait, aucun symbole n’est placé là par hasard. Peut-être le sont-ils par nécessité.

L’apprentissage maçonnique repose sur l’interprétation des symboles qui jonchent notre route.

Quel rôle joue tel ou tel outil? 
Il est des outils communs à tous les degrés, généralement constitutifs du temple et des outils de travail dont on acquiert la maîtrise progressivement.

L’étude d’un symbole pour un symbole est un exercice intellectuel qui me satisfait sur un plan hédonique mais m’apporte moins dans mon enrichissement humaniste.
Ce qui me semble plus intéressant à ce niveau, ce sont les réflexions qui naissent de l’interprétation  du  symbole.

Le symbole  sert  de tremplin à une réflexion philosophique nous permettant de nous élever ou à une application dans la vie de la cité, dans le monde profane laïque. C’est pourquoi la distinction entre planches symboliques, philosophiques et  laïques me semble arbitraire et purement didactique. Seul, le point de départ de notre réflexion est différent.

On peut dire que le symbole est à la croisée des chemins entre la verticale et l’horizontale, au sommet de l’équerre.

Pour comprendre un symbole il faut le disséquer sur un plan analytique : son nom, son aspect, sa place, et sur un plan analogique, sa résonance en nous.

C’est ce que je vais essayer de vous faire partager « à partir de la voûte étoilée. »

Beaucoup de nos symboles se composent de deux mots juxtaposés donnant un sens particulier à l’un et l’autre : delta lumineux, pierre brute, pierre taillée, pavé mosaïque, houppe dentelée... et voûte étoilée.

Notre Temple reproduit le Temple de Salomon et comme celui-ci ne possède pas de toit mais est à ciel ouvert, respectant ainsi les principes de Vitruve. En son premier Livre d’Architecture Vitruve mentionne la bienséance comme l’une des cinq caractéristiques de l’art de construire. Par bienséance l’illustre Romain entend que tout bâtiment (et le temple en particulier) sera conçu et réalisé de façon que ses utilisateurs puissent y mettre en oeuvre les énergies spirituelles nécessaires. Ainsi, déclare Vitruve: «on ne fera pas de toit au Temple de Jupiter tonnant, ni à celui du Ciel, non plus qu’à celui du Soleil et de la Lune : ils seront découverts, parce que ces divinités se font connaître en plein jour et par toute l’étendue de l’univers».

Ce ciel ouvert à l’aspect d’une voûte, c’est-à-dire, si  nous reprenons la définition du dictionnaire Robert d’un « Ouvrage de maçonnerie, cintré, fait de pierres spécialement taillées servant en général à couvrir un espace en s’appuyant sur des murs dits pieds droits ou des piliers. »
Le mot voûte vient du Latin « volvere » tourner dans le sens de révolution.

De nombreux édifices, où l’on échange des propos d’ordre spirituel, ont pour toit des dômes, des voûtes à l’arc boutant plus ou moins arrondi, du roman au gothique flamboyant, comme si ces édifices voulaient rejoindre le ciel pour mieux y puiser la force. (Eglises, mosquées, académie française où se rassemblent les sages…)

Mes différentes lectures donnent de nombreuses interprétations à cette voûte.

On perçoit en général le ciel comme une couverture de la terre, le tout formant une espèce de grotte.
Certains voient donc dans  « La voûte » un rappel de la grotte de la naissance de Dieu descendu sur terre, bien que d’autres disent qu’il est né dans une étable, voire le rappel de la forme de l’utérus gravide.
D’autres comme FRANÇOIS PERRET-GIOVANNA (Revue maçonnique suisse: décembre 2003) rapprochent la voûte céleste de la voûte du palais dans la bouche, organe par lequel s’émettent pensées, sentiments et opinions d’où la nécessaire mise au silence des apprentis et de la voûte crânienne où s’élabore tout ce que nous exprimons.

Deux idées dans ces interprétations :
La première est une nécessité de protection par rapport au Monde extérieur, par des parois rigides ou épaisses, qui  toutes fois ne laissent pas filtrer la lumière et se différencient donc de notre voûte étoilée.
La notion de grotte évoque plus le Nadir que le Zénith de la voûte étoilée bien  qu’il s’agisse d’une verticalité celle de la voûte suggère une ascension.

La seconde est celle d’une une naissance, d’une renaissance de l’être que permet la quiétude du lieu sécurisé.

Je ne retiens personnellement que la seconde partie de cette interprétation.
C’est parce que nous sommes dans un microcosme où règne la concorde et la grâce, parce que le Temple est couvert extérieurement et que nous avons déposé nos métaux à la porte, que nous sommes portés par le rituel et que nous sommes Libres et de Bonnes mœurs, que nous pouvons capter l’énergie céleste  par l’intermédiaire du fil à plomb qui descend ce cette voûte  grâce aux invocations de la V.M, que naît  une réflexion productive.

Mais ceci serait également possible avec un ciel étoilé et non une voûte.

Alors, pourquoi une voûte ?

Une image télévisée vue 21 Janvier 2008 lors de l ‘arrivée de Francis JOYON à Brest, (Trophée Jules Verne) montrait l’horizon où se rencontraient l’arc maritime de notre planète Terre, et l’arc céleste.  La notion de voûte me sembla plus évidente. C’est l’arc de cercle que nous voyons à un moment donné, c’est un arc-en-ciel qui permet une verticalisation ascendante.

Cette image est- elle bien réelle ? Est ce une image construite par notre œil et reproduisant la forme du globe oculaire ?  Est-elle propre à l’Homme ?
J’ai alors essayé de comparer notre vision à celles des animaux en arrivant à la conclusion que seul l’homme est capable de regarder le ciel grâce à sa courbure cervicale. Il lève volontairement la tête vers le ciel pour le contempler à la recherche d’un guide, d’une réponse, de la connaissance.
Quel est le lien entre l’anatomie de l’Homme et son intelligence, sa capacité d’analyse et d’interprétation ?

D’où l’idée d’un  déterminisme singulier : l’Homme a une courbure cervicale pour regarder le ciel car il est le seul à se  poser des questions sur le rôle et l’origine de celui-ci.  L’Homme  s’est redressé pour regarder le ciel, décrivant ainsi une voûte ascensionnelle.
En s’élevant, l’Homme prend du recul et sa vision devient plus acérée.

Cette verticalité ascensionnelle  qui apporte une amélioration de l’individu ne peut apporter à l’humanité que dans l’échange, dans le rôle laïc du F. M. Ce qui se fait au-dedans du temple doit se poursuivre, rejaillir au-dehors.

Cette notion de continuité, de révolution, de renaissance est également donnée par la couleur de la voûte. La voûte étoilée fait cohabiter le jour et les astres de la nuit en disposant des étoiles sur un ciel bleu non pas bleu nuit, mais bleu des loges bleues, bleu de la régénération ou de la formation spirituelle de l’Homme. On retrouve cette cohabitation des astres du jour et de la nuit à l’Orient où siègent la Lune et  le Soleil.
Nous travaillons de Midi à Minuit.
Notre travail rejaillit sur le Monde comme la Lumière née de l’Orient éclaire nos travaux.
C’est ce que nous avons vécu dans le Monde profane qui enrichit notre réflexion en Loge et c’est ce que nous avons éclairé en Loge qui se réfléchit dans le Monde Profane.

Mais pourquoi des étoiles ?

Je ne saurai dire si leur disposition est liée au hasard où répond au strict respect d’un rituel qui a placé ici les principales constellations qui servent de guide à l’Homme depuis les temps éloignés et qui ont fait naître tant de légendes. Le ciel contient des signes, c'est-à-dire qu'il est signifiant, qu'il possède un sens. Aujourd'hui ce sens est perdu car il est caché dans des symboles avec lesquels nous ne sommes plus familiers, les figures de la mythologie grecque, Orion, Cassiopée, Ursa Major et Minor. Le ciel, comme notre route maçonnique, est une carte au trésor, où les repères sont inscrits dans une langue initialement inconnue.
Sans doute est-ce une représentation d’un ciel de solstice d’été, de la Saint Jean d’été reprenant à nouveau cette notion d’énergie descendante, de mort et de renaissance.

Une étoile est un objet compact, en un seul morceau, qui doit sa cohésion aux forces de gravité, opaque, émettant de la lumière par ses propres moyens. Une étoile n’est pas lumineuse parce qu’elle est éclairée par un autre astre. Un étoile émet sa propre lumière. Chaque étoile est un petit soleil.
La Lumière du Delta Lumineux est transmise à la V\ M\ sous la forme d’une étoile qu’elle diffuse aux deux surveillantes, pour diriger la Loge.
C’est la Force issue de l’invocation, qui descend de la voûte étoilée par l’intermédiaire du fil à plomb, la Lumière salvatrice qui en plein Midi nous délivre des ténèbres, ouvre le chemin de la connaissance, nous libère du Moi  et fait apparaître le Soi.

Chaque F\ M\ qui a rejoint l’Orient éternel est représenté dans les étoiles de la voûte.

Le temple reste inachevé, mais le travail est déjà en cours. L’homme ne peut faire table rase de son histoire et  grandit en l’assimilant évitant de reproduire les erreurs du passé tout en conservant son esprit d’initiative, sa liberté d’entreprendre, sa puissance créatrice. Le travail de chacun vaut ce qu’il vaut. Chaque F\ M\ transmet ce qu’il reçoit et apporte ce qu’il peut. Aucune limite ne peut- être mise à la recherche de la Vérité. Point de toit car point de dogme : ni philosophique, ni scientifique ni social.

A l’échelon de l’atelier, chaque travail est consigné comme un évènement marquant qui fait date, le temps est rapide, à l’échelle humaine.
Au niveau de la GLFF notre travail est beaucoup plus dilué et passe inaperçu. C’est pourquoi notre organisation reste pyramidale et que tant que la base est solide le sommet ne s’en préoccupe que peu. Par contre, si l’ordre vient à être troublé et les fondations menacées la pierre discordante fera réagir l’ensemble.
Et que représente la GLFF au sein de la maçonnerie, celle-ci dans notre civilisation, la France dans le Monde et le Monde terrestre dans l’Univers ?
Tel un grain de sable dans le désert qui ne s’individualise qu’au fond de ma chaussure, l’individu ne devient entité que lorsqu’il dérange l’ordre établi. 

Nous retrouvons ici les notions d‘infiniment grand et d’infiniment petit, dont l’opposition engendre l’angoisse. Pour la juguler, tel Janus, acceptons la relativité des choses.

Trois idées dominent ici : la relativité des choses, la relativité du temps, l’horloge du microcosme n’est pas réglée à celle de la rotation des étoiles, les différents aspects de la Lumière : lumière séparation : jour/nuit et saisons, Lumière génération : ascendante et descendante permet la Renaissance, Lumière harmonie : opposant ordre et chaos, Lumière orientation : étoile guide, Lumière illumination qui fait sortir des ténèbres de l’agonia, Lumière créatrice : année de vrai lumière.

En conclusion
Pour moi, la voûte étoilée est le plus riche de tous les symboles du Temple.
Il reprend les notions de la dualité, au même titre que le pavé mosaïque, de relativité des choses, du continum de la révolution temporelle et de la genèse de la vie, de la verticalité.
Le fil à plomb qui part de la voûte étoilée pour la transmission de l’énergie cosmique est alors un signe d’espoir.
 
J’ai dit

Hélène P\

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