GLSA Loge : Fidélité et Prudence - Orient de Genéve - Suisse 2003

La Voûte étoilée

  Thème d'étude 2002

Depuis la nuit des temps, et quelle que soit la latitude sous laquelle il réside, l’homme regarde et interroge cette voûte lointaine qui paraît coiffer la terre, quel que soit l’orient vers lequel il se retourne.

Cette attirance plus particulière pour l’élément occupant la plus haute position vient peut-être du fait que, dans certaines mythologies anciennes, ciel et terre se trouvaient initialement unis. Leur séparation aurait été l’un des actes primordiaux du Principe lorsqu’il entama le processus de Création.

L’invention de cette phase mythique des origines se justifie par le fait que l’homme éprouve irrésistiblement une profonde nostalgie pour tout ce qui s’éloigne de son environnement immédiat et qui devient de plus en plus hors de portée. Pour pallier cette apparente séparation, la Tradition nous invite à croiser les symboles. C’est-à-dire faire monter la terre afin de réaliser un ciel de terre, et faire descendre le ciel afin d’obtenir une terre céleste. Cette pratique permet de faire que le haut soit comme ce qui est en bas pour répondre au précepte de la Table d’émeraude.

A noter la symbolique maçonnique dévolue au ciel et à la terre. Le temple est couvert par la voûte étoilée. La terre, incluse dans le pavé mosaïque, reflète en partie les étoiles tracées sur cette voûte. A partir de cette proposition, le “voyageur” doit évoluer à la manière égyptienne du neter Chou (représentant l’air) et trouver comment ouvrir ses perceptions à une dualité de construction qui trouve sa résolution vers un orient éternel, et donc dans un éternel recommencement.

Pour ces Égyptiens, le ciel était du genre féminin. Le neter Nout était la Ciel, la mère céleste. Leur riche iconographie livre une représentation symbolique très évocatrice du mystère initial de la séparation du ciel et de la terre par la puissance d’un espace de vie. Geb, le Terre, est allongé reposant sur un coude. Nout, pieds et mains en appui au sol, forme une voûte de son corps arqué. Chou, bras écarté et tendus vers le haut, la soutient apparemment sans effort. Par cette séparation, Chou, neter de l’espace entre ciel et terre, participe à la création du monde. Il est àla fois l’air, le souffle vital, l’espace “vide”, porteur de toutes les potentialités créatrices.

Entre autres fonctions, Nous avait pour mission d’avaler le soleil à son coucher et de le restituer, par sa vulve, pour son lever. Elle assurait ainsi la naissance permanente de la lumière.

Le couvercle du sarcophage, intérieurement orné de l’image de Nout, permettait au défunt momifié de gagner le ciel. En fait, elle reposait sur lui de telle manière qu’il l’épousait à la manière des noces posthumes d’Osiris et d’lsis.

Partant d’une plus pure idée d’élévation constante de leur quête, les Égyptiens, après avoir conçu des pyramides à degré, firent des pyramides aux parois lisses dont les faces triangulaires unissaient les orients terrestres au sommet pour y recevoir l’influx céleste.

La fonction de la pyramide est en effet d’établir un axe entre ciel et terre, capable de projeter l’âme du pharaon dans la voûte céleste. Elle était en outre un moyen de propagation des rayons ascendants et descendants.

Contenu et contenant échangent leurs modalités propres afin de constituer un noyau indissociable. La résolution de ces deux phases est exemplaire en Egypte. Car on peut lire sur son sol la projection d’une carte du ciel, ponctué par la Voie lactée (la vie). Cette carte est dessinée par les étoiles que sont les pyramides et les temples. Toute la volonté des sages de ce pays était d’en faire une terre célestielle. Il faut encore noter que I’hiéroglyphe représentant une pyramide se lit mer et signifie amour.

En conclusion, il ne faut pas construire pour atteindre le ciel selon le plan humain, mai faire descendre le ciel sur la terre. Au lieu de participer à la création de langages différents, nous devons trouver le dénominateur commun qui unit et non qui sépare. C’est l’éternelle alternance de donner et recevoir, de l’infini et du fini. Tout cela s’opère dans le champ vibratoire permanent qui relie ciel et terre.

A noter également que le tracé d’un tableau de loge, ou les inscriptions sur les tombeaux ou cénotaphes, ont pour but de symboliser cette “descente” ou plutôt cette union des deux natures.

Comment relier Ciel et Terre? Toutes les mythologies ont proposés leur moyen. Beaucoup d’entre eux se rejoignent. En fait, toute proposition n’a d’autre objet que de nous faire rejoindre le Un.

Loge Fidélité et Prudence


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