GLNF Loge : Les Gardiens de la Citadelle - Orient de Sisteron Date : NC


La chaîne d’union

C’est depuis Port au Prince en Haïti que je vous transmets ces quelques lignes.

Déjà, alors que je servais en Irak, mes planches étaient lues par notre regretté F\ C\ V\  passé à l’O\ éternel. Tu nous manques Claude.

Mon départ précipité m’aura enlevé le désir de vous lire le poème de R. Kipling : « La Loge mère » qui pour moi restera le texte qui symbolise mon éloignement d’une part et l’attachement d’autre part à vous tous mes F\.
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Mes frères, n’oublions jamais que l’amour fraternel est la base, la pierre angulaire, le ciment et la gloire de notre vieille confrérie. Que nos cœurs se rapprochent en même temps que nos mains, que l’amour fraternel unisse tous les maillons de cette chaîne formée librement par nous. Comprenons que la grandeur et la beauté de ce rite ancestral, pénétrons nous de son sens profond. Cette chaîne nous unit à tous nos frères heureux ou malheureux répandus sur la surface de la terre. En elle sont toujours présents ceux qui la formaient hier. Qu’elle soit l’emblème de la tradition que nous avons régulièrement reçue, que nous maintenons sans faillir et que nous  transmettons dans sa plénitude aux générations à venir. Elevons notre esprit vers le GADL’U qui est Dieu, origine inconnue des mondes et jurons de travailler sans relâche, en bons et fidèles francs-maçons, au grand œuvre de la fraternité universelle.

Voici la lecture du rituel à la clôture des travaux. Il n’est pas inutile de la citer, tant l’importance de ce passage est capitale et grande de symboles.

C’est de cette exhortation d’une haute spiritualité sur l’amour fraternel que je me propose de travailler.

En tentant de définir ses origines et sa symbolique, je rebondirai sur les thèmes adjacents de la cordelière à houppes et de ses lacs d’amour, pour magnifier l’égrégore, cette communion intemporelle et universelle entre Dieu et tous les frères maçons, d’hier, d’aujourd’hui et de demain.
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« La chaîne d’union est la figure formée par l’ensemble des F\ Réunis, et se tenant par la main de façon à former une chaîne se refermant sur elle-même »

Ce début de définition donné par le dictionnaire thématique illustré de la F\ M\  ( Lhomme-Maisondieu-Tomaso aux Ed. de Lodi)  Donne une illustration très schématique du symbole, objet de cette planche.

Physiquement, elle s’exécute « ouverte » ou « fermée ». On observera, selon les rites et le nombre de participants cette façon différente d’observer la chaîne.

Fermée, ses participants croisent les bras, le droit par-dessus le gauche, la main droite « offrant » est positionnée vers le bas. La main gauche « recevant » se place paume vers le haut.


Ouverte, les participants se tiennent par la main, les bras le long du corps.

Dans les deux cas, la chaîne est un cercle ou autre figure qui est continue et close. Elle part du Très Vénérable pour lui revenir.
Elle s’effectue mains dégantées, afin que le fluide transmis circule sans entrave.
Après cette brève description, nous pouvons nous rapprocher de sa signification.

La chaîne d’union représente la Fraternité sans bornes qui unit tous les frères maçons. Elle démontre la solidarité et l’amour que nous avons les uns envers les autres.

Elle pourrait prendre son origine chez les compagnons bâtisseurs au moyen âge.

Toujours est il que ce qu’elle transmet reste et demeure un fondement de l’ordre : l’amour mutuel et l’égrégore que l’on atteint à ce moment fort de la Tenue.

Qu’il s’agisse de transmission de données techniques chez les opératifs ou de fraternité et d’union chez les spéculatifs, le fluide qui circule entre nous se symbolise par ce geste explicite.

Mais la forte symbolique de la chaîne d’union est à rattacher à d’autres thèmes très présents en loge, qui sont: La Bordure dentelée et la Cordelière à houppe.
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La bordure à houppes constituée de triangles alternativement blancs et noirs règne sur les quatre faces du dallage. Dans la Maçonnerie ancienne on la disait faite de fils enroulés, mais aujourd’hui c’est une bordure échancrée ou dentelée. Au commencement du dix-huitième siècle, nous dit-on, les symboles de l’Ordre étaient tracés à la craie sur le plancher et ce diagramme était alors encerclé d’une corde onduleuse, ornée de houppes, d’où le nom  "the indented tassel", devenu par corruption "the tesselated border". La traduction française est la houppe dentelée qui est décrite comme une corde nouée en lacs d’amour, qui entoure le tableau de la Loge.

Le rituel de la Maçonnerie en fait l’emblème de la muraille protectrice de l’humanité, composée d’adeptes ou d’hommes qui dans les siècles et les millénaires passés se sont approchés de la perfection de l’évolution humaine. Ils entourent l’humanité dans ce que certain appellent les mondes invisibles, indéfinissables scientifiquement mais expliqués dans la plupart des théosophies, pour préserver l’humanité de misères et de douleurs infiniment plus grandes que celles dont elle souffre. Il existe une double interprétation des quatre houppes qui se trouvent dans les angles de la bordure. Les symbolistes y voient généralement la tempérance, le courage, la prudence et la justice; on leur donne toujours un sens éthique.

La bordure dentelée qui entoure tout le Tableau sépare du monde profane l’espace de la Loge, qui est sacré tant que s’y poursuit le travail maçonnique.

La Corde à Noeuds ou Houppe Dentelée

Chez les opératifs ou maçons du métier on trouve l’utilisation de la chaîne d’arpenteur ou de la corde nouée dès qu’il est question de tracer les plans d’un édifice sacré. Dans les opérations d’arpentage, la mesure est prise au moyen d’une corde nouée qui fournit des mesures en même temps que des rapports de proportion.

Pythagore (Samos, Asie Mineure VIe siècle avant J.-C.) fut le premier à en établir la démonstration. Et cette découverte a paru si importante que 100 boeufs furent sacrifiés à cette occasion. Ce lien entre un fait géométrique, l’angle droit, et une relation de mesure entre les côtés du triangle était déjà bien connu des anciens Babyloniens, 2 000 ans avant J.-C.

Le triangle de Pythagore, associant les nombres successifs TROIS, QUATRE et CINQ se trouve chargé d’une symbolique fondamentale. Il s’agit du seul triangle rectangle où les côtés s’expriment par des nombres entiers. Sur les rives du Nil, deux mille ans avant J.-C., la légende raconte que les Egyptiens se servaient d’une corde à treize noeuds donc de 12 unités pour tracer des angles droits. Ainsi muni de cette bonne équerre, ils pouvaient reconstituer chaque année les limites des champs rectangulaires que les crues du Nil avaient fait disparaître en apportant le limon fertile. Les Egyptiens étaient de grands fabricants de cordes auxquelles ils accordaient une grande valeur. Un rouleau de corde soigneusement tressé fut l’un des trésors trouvés dans la tombe de Toutankhamon.

Chaîne d’Union, Symbole de Fraternité

Lorsqu’on apprend au récipiendaire qu’il vient d’être admis dans la Franc-maçonnerie, on l’invite à entrer dans la Chaîne d’Union. Le nouveau Frère découvre intuitivement dans cette cérémonie rituelle plus qu’un signe, il reçoit la révélation d’un message de fraternité universelle transmise par ses Frères. La fraternité implique selon moi les notions de partage, de loyauté, de fidélité et d’amour entre les êtres humains, entre les membres d’une société en particuliers la nôtre. La fraternité n’est pas forcément innée mais la structure de la loge maçonnique est favorable à l’épanouissement fraternel et, par conséquent propice aux développements des qualités, telles que la charité, l’indulgence, la fidélité, la tolérance. Le Frère Apprenti studieux parviendra à assimiler, à perfectionner ces valeurs en travaillant assidûment à la taille de sa pierre brute. Pour y parvenir, il lui faut faire preuve d’abnégation, abandonner ses convictions pour se mettre entièrement à l’écoute de l’autre et se remettre constamment en question pour progresser, d’abord lui-même, pour le rayonnement de sa Loge et de la Franc-maçonnerie.

Ce qui précède m’instruit au sujet de la notion suivante : l’Apprenti doit tailler sa pierre brute pour enlever les scories accumulées lors de sa vie profane. Sa personnalité, son psychisme ainsi lavé pourra rayonner. C’est-à-dire émettre de l’énergie à travers l’espace. Le Dr Gérard d’Encausse dit Papus (La Corogne, Espagne y. 1865-1916) parle de courants fluidiques. D’après moi, l’esprit serait connecté à un espace éthérique où tous les esprits seraient reliés entre eux. li en va de même pour la matière où le physicien cherche à mettre en une même équation tout l’univers. On parle de la théorie des champs unifiés. Or en Franc-maçonnerie nous pouvons créer cette unification de ces corpuscules d’énergie autrement dit l’unification de l’énergie des Frères par le geste rituel de la Chaîne d’Union. En effet, si lors d’une tenue une énergie, une atmosphère déjà se dégage par l’orientation du Temple et la disposition des Frères selon leur fonction, celle-ci s’accentuera lors la Chaîne d’Union où tous les Frères se donne la main en formant idéalement un cercle symbole d’unité. Il se dégage une puissante énergie. Cette énergie incalculable mais vécue est pour moi i’Egrégore. Pierre Mabille (Reims, France y. 1904—1952) dit à propos de l’égrégore  "J'appelle égrégore le groupe humain doté d’une personnalité différente de celle des individus qui la forme "


Je suis réservé sur la théorie qui dit que la Chaîne d’Union est fragilisée par le maillon le plus faible. Elle serait vraie d’un point de vue mécanique mais à comprendre différemment d’un point de vue énergétique car les maillons, c’est-à-dire les Frères transmettent leur énergie un peu comme en physique les particules dans un accélérateur de même chaque Frères apporte sa propre énergie en même temps qu’il reçoit celle de ses Frères.

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La chaîne d’union nous représente. Elle est la Maçonnerie. Elle a transmis la tradition. Elle représente la communion entre les hommes qui seuls ne sont rien, mais si forts ensemble.

J’ai dit Très Vénérable.

T\ A\


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