Obédience : NC Loge : NP 15/12/2007



La Chaîne d’Union

Vénérable Maître, et vous tous mes Sœurs et mes Frères en vos grades et qualités
 
Voici près de deux ans, que je suis avec vous,  et c’est déjà aujourd’hui qu’est venu le moment de vous présenter mon premier travail.
 
C’est pour moi un moment important, et j’avoue que je le redoute depuis quelques temps. Ce premier travail est en fait beaucoup plus difficile que je ne l’avais imaginé.

D’une part, pour moi, professionnel de l’insertion de jeunes, manager d’une équipe de professionnels, la formation passe principalement par des temps de stages plus ou moins longs et par des séminaires ou colloques… Hors, ici, c’est à chacun d’entre nous, aidé bien entendu par des soirées d’instruction animée par notre Sœur deuxième surveillant, de rechercher et de comprendre les symboles du grade.
D’autre part, il me fallait trouver un sujet, j’ai longtemps tourné autour de l’idée de jeter sur le papier des idées concernant la fraternité. Mais après en avoir discuté avec ma Sœur deuxième surveillant, elle me rappela que la planche d’augmentation de salaire de l’apprenti doit traiter d’un sujet symbolique. Le thème de la fraternité était certainement plus une préoccupation du profane, alors que initié je devais m’attacher aux connaissances fondamentales se rapportant aux Mystères de tous les temps. Il me fallait donc trouver un autre sujet.

Rapidement, c’est le thème de la chaîne d’union qui s’est imposé.

Mais d’abord qu’est-ce qu’un symbole ?

Le Larousse 2007, nous donne cette définition du mot symbole : mot d’origine grecque sumbolon, qui veut dire : signe figuratif, être animé ou chose, qui représente un concept, qui en est l’image, l’attribut, l’emblème.
Il donne comme exemple : le drapeau symbole de la patrie et la balance symbole de la justice.
Cette définition me semblant trop succincte, peu profonde, j’ai commencé à lire des ouvrages tous plus compliqués les uns que les autres. Certains dictionnaires se refusant même, à donner une définition, parce que définir le symbole serait revenu à rallier de manière trop exclusive tel ou tel courant des sciences humaines contemporaines, telle ou telle position de la tradition hermétique, telle ou telle philosophie religieuse qui ont toujours eu tendance à annexer le symbole pour le réduire à leur visée propre.
En effet, le symbole n'est pas appréhendé, compris, «expliqué» dans les mêmes termes, selon la même logique et à partir des mêmes présupposés, par les psychanalystes [Freud ou Jung] ; par les experts de la science des religions [Dumézil ou Walter Otto] ; ou à l'intérieur du christianisme [par Karl Barth ou Balthasar VON URS].

A partir de mes recherches et de mes lectures, je peux tenter de vous présenter une synthèse, « ma » définition, qui a l’avantage de me donner de nouvelles clefs, de nouvelles portes à ouvrir.

Le sens étymologique du mot symbole veut dire réunir deux parties séparées. La possession de chacune des deux parties par deux individus différents leur permet de se rejoindre et de se reconnaître. Le symbole a donc pour fonction première de lier.
Pour qu’un sujet, objet ou événement soit symbole il faut qu’il est une signification dans différentes époques, différentes civilisations. Le symbole a une signification universelle, et ne connaît aucune limite culturelle, sociale ou raciale.  C’est ce qui le différencie du signe ou de  l'emblème. Le drapeau français représente la France uniquement pour les personnes concernées ou qui l'ont appris. Si l'on montre ce même drapeau à un aborigène d'Australie, il perd sa signification car il n'a qu'une valeur emblématique. Alors que le soleil est bien un symbole. Il représente la chaleur et la lumière pour tous, quels que soient l'époque et le milieu.  Il est aussi, en tant que représentation symbolique, l'expression de la divinité, voire la divinité elle-même, du fait qu'il dispense et assure la vie sur terre et préside ainsi aux destinées humaines.


La compréhension des symboles n’est donc pas chose simple.
Je découvrirais la part qui m'intéresse dans les différentes significations qui me sont offertes, selon mon humeur ou mon envie de faire ou non un choix au terme d'une réflexion, et, en même temps, les différentes significations doivent m’amener à considérer le symbole comme une image vivante avec laquelle il faut développer un dialogue.

Le symbole ne peut donc se découvrir seul. Le symbole repose sur une dimension collective. Pour comprendre le monde, pour trouver la Lumière, je dois être dans une union fraternelle. C’est la participation à la vie de la Loge, ceux sont les séances de travail en Loge qui me permettront cette relation de fraternité.

Un symbole de cette Fraternité : la Chaîne d’Union.

La Chaîne d’Union est un symbole de l'union fraternelle des francs-maçons. Elle occupe une place centrale dans le travail maçonnique même si elle se forme à la clôture des travaux de la Loge. La chaîne d'union justifie en quelque sorte les paroles et gestes qui l'ont précédé, elle forme à la fois une conclusion et une ouverture.
On se dégante pour former un cercle. La chaîne peut être courte ou longue. Dans une chaîne courte les Sœurs et les Frères croisent leurs bras devant eux et prennent la main gauche de leur voisin de gauche avec leur main droite. Dans une chaîne longue on prend la main droite du voisin de gauche dans la main gauche.
Doigts et paumes apportent et transmettent une confiance qui anime le cercle. Ainsi, au terme d’une tenue qui nous a demandé un effort d’attention, voilà que la chaîne d’union exige de chacun un effort encore plus grand, un recueillement actif et une réflexion d’autant plus profonde qu’elle sera de courte durée ! Mais l’on s’en souvient longtemps après la sortie du temple…
Il n’est pas inutile de rappeler que si la chaîne d’union s’enracine dans le carré long de nos rencontres et nous concerne en premier lieu, elle doit aller plus loin et englober l’humanité, où trop d’êtres ont besoin de fraternité, ne serait-ce qu’en pensée. Pour cela nous devons absolument croire au pouvoir des ondes bienfaisantes.

La chaîne d'union est aussi symbolisée par la corde à noeuds qui figure sur le tapis de Loge. Cette corde est nouée en entrelacs, à intervalles réguliers, dit " lacs d’amour ", en forme de huit [8]. Elle figure aussi sur de nombreuses gravures illustrant des scènes maçonniques, ou brodée sur des accessoires vestimentaires comme les tabliers de maîtres. Elle indique que nous sommes tous des maillons appartenant à la même chaîne.

Lors de l’initiation, lorsqu’on apprend au récipiendaire qu’il vient d’être admis dans la Franc-maçonnerie, on l’invite à entrer dans la Chaîne d’Union.
Il me semble que c’est un moment clé de toute initiation. Il l’est en tout cas pour moi.
La nouvelle sœur ou le nouveau Frère découvre intuitivement dans cette cérémonie rituelle plus qu’un signe, il reçoit la révélation d’un message de fraternité universelle transmise par ses Frères et ses Soeurs.
La fraternité implique selon moi les notions de partage, de loyauté, de fidélité et d’amour entre les êtres humains, entre les membres d’une société en particuliers la nôtre.
La fraternité n’est pas forcément innée mais la structure de la loge maçonnique est favorable à l’épanouissement fraternel et, par conséquent propice aux développements des qualités, telles que la solidarité, l’indulgence, la fidélité, la tolérance. Le Frère Apprenti studieux parviendra à assimiler, à perfectionner ces valeurs en travaillant assidûment à la taille de sa pierre brute. Pour y parvenir, il lui faut se mettre entièrement à l’écoute de l’autre et se remettre constamment en question pour progresser, d’abord lui-même, pour le rayonnement de sa Loge, et de la Franc-maçonnerie.
L’Apprenti doit tailler sa pierre brute pour enlever tous les mauvais aspects de sa vie profane. Sa personnalité, son psychisme ainsi nettoyé pourra rayonner à travers l’espace où tous les esprits seraient reliés entre eux. En Franc-maçonnerie, le geste rituel de la Chaîne d’Union, nous permet de créer cette unification de l’énergie des Soeurs et des Frères. En effet, si lors d’une tenue, une énergie, une atmosphère déjà se dégage par l’orientation du Temple et la disposition des Sœurs et des Frères selon leur fonction, celle-ci s’accentuera lors la Chaîne d’Union où tous se donne la main en formant idéalement un cercle symbole d’unité. Il se dégage alors une puissante énergie. Cette énergie incalculable, mais vécue, est pour moi certainement un des aspects les plus important, les plus enrichissant de la vie en loge.

La Franc-maçonnerie est aussi une société d’entraide. Nous devons soutenir nos Frères et nos Soeurs dans le besoin et tout faire pour aider les maillons les plus faibles à résister, à contrario de certains jeux télévisés, symboliques d’une société frénétique, brutale et féroce, cherchant toujours à éliminer les plus fragiles, ceux qui entravent la course au profit des plus forts.
La Chaîne est fragilisée par le maillon le plus faible ? Cette théorie peut être vraie d’un point de vue mécanique, mais à comprendre différemment d’un point de vue énergétique car les maillons, c’est à dire les Frères et les Sœurs, transmettent leur énergie et de même chacun apporte sa propre énergie en même temps qu’il reçoit celle des autres. Il y a donc amplification et accélération. Dans une chaîne énergétique chaque maillon, faible ou fort, renforce la chaîne.
La chaîne d’union est ce lien mystique puissant qui nous fait instantanément aimer de parfaits étrangers, c’est à ce moment là où véritablement nous nous sentons d’avantage Frères et Sœurs. Puisse cette chaîne s’allonger à l’infini…

Je terminerais ce premier travail en deux points.
Le premier est la force de la Chaîne d’Union qui permet d’accumuler de l’énergie partagée et positive.
Le deuxième concerne l’utilisation de cette force, pour mon travail intérieur, mon bien-être personnel et dans le monde profane.

Mes mains et celles de mes Frères se serrent, nos êtres se fondent. Ce contact énergétique crée une sorte de fluide qui se répand dans la Chaîne. C’est un partage, reçu par la main gauche et donné par la main droite, qui permet de transmettre l’énergie et par conséquent me renforce.
Ce fluide qui circule, qui nous aspire vers le haut est l’Amour. Or cet amour, qui vibre universellement en chacun de nous, nous relie à toutes nos Sœurs et tous nos Frères habitants sur la surface de la terre mais aussi, avec ceux qui ont gagné l’Orient Céleste.
Cet amour se densifie par cette fusion rituelle et collective qui nous entraîne vers la Lumière. Cette Lumière révélée lors de mon Initiation m’éclaire sur le chemin qui mène vers la connaissance, et le geste rituel de la Chaîne d’Union me donne la force pour tailler ma pierre brute.

Cette énergie positive accumulée grâce à vous tous ne saurait être seulement utilisée que pour mon bien-être personnel, elle doit aussi rayonner dans le monde profane. C’est, me semble-t-il, la condition sine qua non vers un monde meilleur, peut-être parfait. L’utilisation de ces deux adjectifs me permet, sans être moralisant de travailler dans les buts de notre communauté empreinte d’amour fraternel.

Nous sommes contraints à étendre notre Chaîne d’Union, à en faire une plus longue dans l’ère de la mondialisation, dépassant les frontières géographiques, où chacun d’entre nous doit pouvoir faire rayonner cette énergie positive et la répandre dans le monde profane qui risque de s’écrouler, afin de sauver ce monde et le mettre sur les rails de la perfection.

à IMAGINE [John LENNON]

J’ai dit, Vénérable Maître.

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