GLSA Loge : Fidélité et Prudence - Orient de Genève - Suisse Date : NC

La Chaîne d'Union
Planche du Frère Apprenti Serge S\ pour son augmentation de salaire

 

Introduction

Depuis que je suis parmi vous et avec le degré d’ouverture que vous m’avez permis d'acquérir, avec la lumière que je perçois et qui graduellement augmente d’intensité, je vous remercie. Toi tout d’abord, mon Frère A\ : notre Vénérable Maître en Chaire qui est aussi mon Parrain, toi mon Frère préparateur Jean-Sven, et vous tous mes Dignes et Bien-aimés Frères, pour la chaleur de vos sentiments et pour votre connaissance avec laquelle vous incitez vos nouveaux Frères à trouver leur voie. La chaleur et la connaissance sont l’une et l'autre des caractéristiques de la Lumière, Lumière que je suis venu chercher en Loge.

Vous m’avez ouvert la voie en me donnant comme thème de travail le symbole de la Chaîne d’Union. Mais qu’est-ce qu’un symbole?

 

Définition du mot Symbole

Le Larousse 2004, nous donne cette définition du mot symbole : mot d’origine grecque sumbolon, qui veut dire : signe figuratif, être animé ou chose, qui représente un concept, qui en est l’image, l’attribut, l’emblème. Il donne comme exemple : le drapeau symbole de la patrie. La balance symbole de la justice. Cette définition me semble succincte et peu appropriée au cadre maçonnique qui implique une certaine profondeur. Aussi, la définition trouvée dans le livre, «Nouveau vocabulaire de la dissertation et des études littéraires » de Henri Bénac, me semble plus pointue et a l’avantage de me donner de nouvelles clefs, de nouvelles portes à ouvrir afin d’y explorer ce qui s’y cache. Je vous en donne sa définition : en grec, « signe de reconnaissance » formé par les deux moitiés d’un objet qu’on approche. Nous trouvons la confirmation de cette définition dans le thème d’étude 2001 de notre juste et parfaite Loge Fidélité et Prudence, le langage des symboles : Le sens étymologique du mot symbole veut dire réunir deux parties séparées. La possession de chacune des deux parties par deux individus différents leur permet de se rejoindre et de se reconnaître. Il semble qu’historiquement cette définition nous vienne d’Isidore de Séville (Bétique, y. 530-636) qui a écrit les « Etymologies » auxquelles les auteurs et les imagiers du Moyen Age ont volontiers fait recours. Isidore de Séville, interprète l’étymologie grecque du mot symbole, le saisit comme un signe donnant accès à la connaissance. En grec le mot sumbolon désigne aussi la tessère, autrement dit la tablette dont la moitié était donnée aux hôtes afin de pouvoir les reconnaître. Les villes l’employaient avec les visiteurs et les premiers chrétiens s’en servaient également comme signe de ralliement. Une telle interprétation n’est pas éloignée de celle du philosophe grec Jamblique (Chalcis, Coelésyrie y. 250-330) qui définit le symbole en montrant qu’il présente un signe, et que ce signe établit un rapport. Jamblique spécifie encore que ce terme désigne une convention secrète chez les Pythagoriciens. Les auteurs modernes n’apporteront pas de précisons plus essentielles sur le sens de ce mot, mais ils auront l’avantage d’en signifier l’emploi et l’utilisation. Mircea Eliade (Bucarest, Roumanie y. 1907-1986) dira que le symbole révèle certains aspects de la réalité qui défient tout moyen de connaissance. Il existe d’autres définitions qui me sont encore incompréhensibles car les discours, comme ceux de Cari Gustav Jung (KesswiIl, Thurgovie y. 1875-1961) me sont encore peu familiers.

A partir de mes recherches et de mes lectures, je peux tenter de présenter la synthèse suivante : le symbole se présente comme un signe. Il est le signe de l’invisible, du spirituel, du lointain. Le symbole révèle le mystère tout en le protégeant du regard indiscret et il a aussi pour fonction de créer une symbiose entre le sacré et l’humain et de relier le haut et le bas, le macrocosme et le microcosme.

 

Histoire et Symbolique de la Chaîne d’Union

La première description maçonnique de la chaîne d’union semble apparaître en 1696 dans ces lignes du Manuscrit des archives d’Edimbourg:

«Mais pour (être) un maître maçon ou compagnon du métier, il y a plus à faire, et c’est ce qui suit. Tout d’abord tous les apprentis doivent être conduits hors de la compagnie, et il ne doit rester que des maîtres... Alors les maçons se murmurent l’un à l’autre le mot en commençant par le plus jeune... après quoi le nouveau maçon doit prendre la posture dans laquelle il doit recevoir le mot... Alors le maître lui donne le mot et il lui serre la main à la manière des maçons, et c’est tout ce qu’il y a à faire pour faire de lui un parfait maçon»

Bien évidemment, la Chaîne d’Union a de nos jours une toute autre signification car par sa ressemblance formelle avec les lacs d’amour ornant la houppe dentelée, la Chaîne d’Union, qu’on trouve d’ailleurs évoquée en 1723 dans une chanson maçonnique imprimée à la fin des Constitutions d’Anderson, est identique à la houppe dentelée et à ses lacs d’amour représentant la solidarité et l’amour qui unit chacun des Frères de la Chaîne.

Cette Chaîne puissante de fraternité qui unissait les Compagnons bâtisseurs du Moyen Age explique comment les monuments édifiés en Europe sont d’une grande ressemblance. Beaucoup des constructeurs de cette époque avaient acquis leurs connaissances à une même école celle de l’université de Cordoue où les musulmans apportèrent leurs richesses culturelles dans des domaines aussi variés que la littérature, la poésie, les sciences exactes et l’architecture. Ils observaient les mêmes lois de l’architecture et de la géométrie. lis dirigeaient leurs travaux et leurs constructions d’après des principes et des traditions ésotériques. Grâce à leur Chaîne d’Union fraternelle, les maçons disséminés dans toute l’Europe étaient toujours en contact les uns avec les autres. Ils transmettaient leur art et ces améliorations connues, de cette manière ils étaient intégrés aux techniques de toute la corporation. Ce bel exemple d’échanges des Francs-maçons opératifs du Moyen Age a permit la construction des édifices que nous admirons. ils se sont unis pour construire une œuvre commune et leur pierre comme la notre va s’insérer dans une construction : Le Temple Idéal de I’ Humanité.

Une symbolique complexe et riche est rattachée à cette Chaîne d’Union qui regroupe également: “Bordure dentelée”, “Corde à noeuds ou Houppe dentelée”. Je vous fais part de ce que je comprends au sujet de ces découvertes.

 

La Bordure Dentelée

La bordure à houppes constituée de triangles alternativement blancs et noirs règne sur les quatre faces du dallage. Dans la Maçonnerie ancienne on la disait faite de fils enroulés, mais aujourd’hui c’est une bordure échancrée ou dentelée. Au commencement du dix-huitième siècle, nous dit-on, les symboles de l’Ordre étaient tracés à la craie sur le plancher et ce diagramme était alors encerclé d’une corde onduleuse, ornée de houppes, d’où le nom  "the indented tassel", devenu par corruption "the tesselated border". La traduction française est la houppe dentelée qui est décrite comme une corde nouée en lacs d’amour, qui entoure le tableau de la Loge.

Le rituel de la Maçonnerie en fait l’emblème de la muraille protectrice de l’humanité, composée d’adeptes ou d’hommes qui dans les siècles et les millénaires passés se sont approchés de la perfection de l’évolution humaine. Ils entourent l’humanité dans ce que certain appellent les mondes invisibles, indéfinissables scientifiquement mais expliqués dans la plupart des théosophies, pour préserver l’humanité de misères et de douleurs infiniment plus grandes que celles dont elle souffre. Il existe une double interprétation des quatre houppes qui se trouvent dans les angles de la bordure. Les symbolistes y voient généralement la tempérance, le courage, la prudence et la justice; on leur donne toujours un sens éthique.

La bordure dentelée qui entoure tout le Tableau sépare du monde profane l’espace de la Loge, qui est sacré tant que s’y poursuit le travail maçonnique.

 

La Corde à Noeuds ou Houppe Dentelée

Chez les opératifs ou maçons du métier on trouve l’utilisation de la chaîne d’arpenteur ou de la corde nouée dès qu’il est question de tracer les plans d’un édifice sacré. Dans les opérations d’arpentage, la mesure est prise au moyen d’une corde nouée qui fournit des mesures en même temps que des rapports de proportion.

Pythagore (Samos, Asie Mineure VIe siècle avant J.-C.) fut le premier à en établir la démonstration. Et cette découverte a paru si importante que 100 boeufs furent sacrifiés à cette occasion. Ce lien entre un fait géométrique, l’angle droit, et une relation de mesure entre les côtés du triangle était déjà bien connu des anciens Babyloniens, 2 000 ans avant J.-C.

Le triangle de Pythagore, associant les nombres successifs TROIS, QUATRE et CINQ se trouve chargé d’une symbolique fondamentale. Il s’agit du seul triangle rectangle où les côtés s’expriment par des nombres entiers. Sur les rives du Nil, deux mille ans avant J.-C., la légende raconte que les Egyptiens se servaient d’une corde à treize noeuds donc de 12 unités pour tracer des angles droits. Ainsi muni de cette bonne équerre, ils pouvaient reconstituer chaque année les limites des champs rectangulaires que les crues du Nil avaient fait disparaître en apportant le limon fertile. Les Egyptiens étaient de grands fabricants de cordes auxquelles ils accordaient une grande valeur. Un rouleau de corde soigneusement tressé fut l’un des trésors trouvés dans la tombe de Toutankhamon.

 

Chaîne d’Union, Symbole de Fraternité

Lorsqu’on apprend au récipiendaire qu’il vient d’être admis dans la Franc-maçonnerie, on l’invite à entrer dans la Chaîne d’Union. Le nouveau Frère découvre intuitivement dans cette cérémonie rituelle plus qu’un signe, il reçoit la révélation d’un message de fraternité universelle transmise par ses Frères. La fraternité implique selon moi les notions de partage, de loyauté, de fidélité et d’amour entre les êtres humains, entre les membres d’une société en particuliers la nôtre. La fraternité n’est pas forcément innée mais la structure de la loge maçonnique est favorable à l’épanouissement fraternel et, par conséquent propice aux développements des qualités, telles que la charité, l’indulgence, la fidélité, la tolérance. Le Frère Apprenti studieux parviendra à assimiler, à perfectionner ces valeurs en travaillant assidûment à la taille de sa pierre brute. Pour y parvenir, il lui faut faire preuve d’abnégation, abandonner ses convictions pour se mettre entièrement à l’écoute de l’autre et se remettre constamment en question pour progresser, d’abord lui-même, pour le rayonnement de sa Loge et de la Franc-maçonnerie.

Ce qui précède m’instruit au sujet de la notion suivante : l’Apprenti doit tailler sa pierre brute pour enlever les scories accumulées lors de sa vie profane. Sa personnalité, son psychisme ainsi lavé pourra rayonner. C’est-à-dire émettre de l’énergie à travers l’espace. Le Dr Gérard d’Encausse dit Papus (La Corogne, Espagne y. 1865-1916) parle de courants fluidiques. D’après moi, l’esprit serait connecté à un espace éthérique où tous les esprits seraient reliés entre eux. li en va de même pour la matière où le physicien cherche à mettre en une même équation tout l’univers. On parle de la théorie des champs unifiés. Or en Franc-maçonnerie nous pouvons créer cette unification de ces corpuscules d’énergie autrement dit l’unification de l’énergie des Frères par le geste rituel de la Chaîne d’Union. En effet, si lors d’une tenue une énergie, une atmosphère déjà se dégage par l’orientation du Temple et la disposition des Frères selon leur fonction, celle-ci s’accentuera lors la Chaîne d’Union où tous les Frères se donne la main en formant idéalement un cercle symbole d’unité. Il se dégage une puissante énergie. Cette énergie incalculable mais vécue est pour moi i’Egrégore. Pierre Mabille (Reims, France y. 1904—1952) dit à propos de l’égrégore  "J'appelle égrégore le groupe humain doté d’une personnalité différente de celle des individus qui la forme "

Je suis réservé sur la théorie qui dit que la Chaîne d’Union est fragilisée par le maillon le plus faible. Elle serait vraie d’un point de vue mécanique mais à comprendre différemment d’un point de vue énergétique car les maillons, c’est-à--dire les Frères transmettent leur énergie un peu comme en physique les particules dans un accélérateur de même chaque Frères apporte sa propre énergie en même temps qu’il reçoit celle de ses Frères.

 

Conclusions

Le thème de cette conclusion, ce trouve résumé en deux points avec leurs interactions.

Le premier est la force de la Chaîne d’Union.

Le deuxième concerne les possibilités d’utiliser cette force, pour mon travail intérieur et par extension, dans le monde profane.

Mes mains et celles de mes Frères se serrent, nos êtres se fondent. Ce contact énergétique crée une sorte de fluide qui se répand dans la Chaîne. Cet un partage reçu par la main gauche et donné par la main droite qui permet de transmettre l’énergie et par conséquent me renforce.

Ce courant me réchauffe, me réconforte, m’apaise à l’instar des mains qui bénissent, baptisent, bâtissent ou guérissent. Ce fluide qui circule, qui nous aspire vers le haut est l’Amour. Or cet amour, cette immense compassion, qui vibre universellement en chacun de nous, nous relie à tous nos Frères habitants sur la surface de la terre mais aussi, ne l’oublions jamais, avec nos Frères qui ont gagné l’Orient Céleste. Cet amour se densifie par cette fusion rituelle et collective qui nous entraîne vers la Lumière.

Cette Lumière révélée lors de mon Initiation n’est cependant pas acquise mais elle m’éclaire sur le chemin ô combien difficile qui mène vers la connaissance, et le geste rituel de la Chaîne d’Union me donne la force pour tailler ma pierre brute.

Or, cette énergie positive accumulée grâce à vous tous mes Frères ne saurait être seulement utilisée que pour notre bien-être mais elle doit aussi rayonner dans le monde profane. Cette interaction entre le monde intérieur et le monde extérieur est, me semble-t-il, la condition sine qua non vers un monde meilleur, peut-être parfait. L’utilisation de ces deux adjectifs n’est pas hasardeuse mais elle me permet en évitant d’être moralisant de travailler sans relâche dans les buts de notre communauté empreinte d’amour fraternel.

Serge S\ 

 

 

Ouvrages consultés

Bénac, Henri    Nouveau vocabulaire de la Dissertation et des études littéraires       Paris   Ed. HACHETTE    1972

Boucher, Jules,   La Symbolique maçonnique     Paris   Editions DERVY  2003

Collectif,      Encyclopédie de la  Franc-maçonnerie    Paris   Ed. LIVRE DE POCHE      2001

Encausse, Gérard        Traité élémentaire de Science occulte  St-Jean-de-Braye Editions DANGLES

Login, J.P.,    L’Apprenti ou le mythe de la pierre brute    Paris   Editions A.V.S. 1991

Guénon, René,   Symboles de la Science sacrée   Paris   Editions GALLIMARD      2002

Mainguy, Irène, La Symbolique maçonnique du troisième millénaire       Paris   Editions DERVY  2003

Négrier, Patrick,       Les Symboles Maçonniques d’après leurs sources      Paris   Editions TÉLÈTES  2000

Plantagenet, Edouard,    Causeries initiatiques pour le travail en Loge d'Apprentis Paris   Editions DERVY  1985

Spaeth, Marcel,     Le Symbolisme de la Chaîne d’Union  Paris  Ed. DETRAD A.V.S       1998

Wirth, Oswald,  La Franc-maçonnerie rendue intelligible ses adeptes  L'Apprenti  Laval  Ed. LE SYMBOLISME  1962

                           Le Symbolisme occulte de la Franc-maçonnerie    Laval   Ed. LE SYMBOLISME

3005-1 L'EDIFICE  -  contact@ledifice.net \