Obédience : NC Loge : NC Date : NC

La pierre Brute

Lors de mon initiation, j’ai été invité à tailler symboliquement la pierre brute à l’aide du maillet et du ciseau ce qui m’a fortement rappelé le temps où j’étais maçon opératif. D’où la résultante d’une forte émotion.

Pour défini ce terme, je vais m’appuyer sur une définition énoncée par RAGON : La Pierre Brute symbolise les imperfections de l’esprit et du cœur que le maçon doit s’appliquer à corriger.

Le nouveau maçon est une Pierre Brute qui doit travailler de lui-même et sur lui-même pour un travail constant et intérieur. De ce fait, la Pierre Brute est attribuée aux apprentis afin de la dégrossir, de la dépouiller de ses aspérités et de la rapprocher d’une forme en rapport avec sa destination. Cette Pierre Brute se situe sur la colonne nord, où se trouvent les apprentis.

Le travail du maçon consiste à dominer ses passions, soumettre sa volonté, opter pour les meilleurs choix, mettre en œuvre sa raison, ses sentiments pour conquérir la maîtrise de soi-même afin de progresser dans le chemin maçonnique.
 
Pour que la pierre prenne forme, l'apprenti doit accomplir un travail cohérent, il doit avoir un modèle de référence ; il le trouvera au sud et à l'opposé de la pierre qu'il est en train de tailler. Cette pierre cubique, toute notre vie de franc-maçon nous sera nécessaire pour essayer de s’en rapprocher sachant quand tant qu’apprenti, nos gestes sont encore incertains et maladroits avec des outils que nous ne maîtrisons pas, il faudra peaufiner et polir sa pierre.

Le symbole fondamental de la Pierre Brute est qu’il faut la tailler pour en faire disparaître les aspérités et ainsi la rendre lisse. Dans la formation de l’apprenti maçon que je suis l’acquisition de connaissances nouvelles n’a de portée que dans la mesure où elle sert à perfectionner ma moralité et à donner un diapason plus élevé à ma vie. De ce fait, je me reconnais parfaitement dans cette dernière.

Connais-toi toi-même, c’est-à-dire prends contact avec ta véritable personnalité, venant de ton origine, ton milieu, ton éducation, ta position sociale ; cherche dans l'homme, ce qu’il y a de plus fondamental en lui. Le maçon n’aura pas seulement à manier les instruments de travail maçonnique pour se corriger de ses erreurs, de son ignorance, de ses superstitions, de ses vices, de ses défauts. Le maçon n’aura pas seulement à se libérer des servitudes qui viennent du dehors, mais de celles qui viennent de lui-même, la routine, la vanité, l’étroitesse d’esprit, le scepticisme, la convoitise, la cupidité, la colère, la brutalité. Le maçon doit faire un travail de rectification « Rectificando » pour atteindre la maîtrise de son Art.

Il en est tellement ainsi que les théories n’ont pas tellement d’importance, un maçon qui aurait toujours sur les lèvres les mots de fraternité et d’humanité, mais qui dans sa vie privée ne poursuivrait que son plaisir ou son intérêt, sans souci du prochain, oublierait qu’il doit sans cesse faire l’effort de polir ses aspérités individuelles, il serait l’exact équivalent du chrétien qui ; l’Evangile sur les lèvres, aurait pour seul objectif ses propres satisfactions.

Comme beaucoup, j’ai depuis mon plus jeune âge connu des souffrances intimes que je préfère laisser dans l’intimité. Certains souvenirs et blessures anciennes personnelles sont remontées en surface. Ce que je peux en dire c’est que l’impossibilité à agir sur les circonstances et l’impuissance à changer les choses est génératrice de souffrance. Certaines parties meurtries de notre histoire sont parfois touchées si fort que l’énergie négative réapparaît. Emplie de frustrations, d’amertume et d’agressivité, je l’ai fait payer aux personnes qui sans le savoir ont fait ressortir mes blessures du passé.

Rompre avec un fonctionnement de victime suppose d’opérer un retour sur soi pour considérer les blessures du passé, essayer de comprendre comment elles m’ont conduit à endosser un rôle qui ne me correspondait pas pour tenter de renouer avec mon individualité profonde.

Faire la paix avec moi-même est́ loin d’être facile. Emporté par les exigences du quotidien, j’avais le sentiment de m’être perdue en route. Néanmoins, si j’avais pu être l’artisan inconscient de mon malheur, je pouvais devenir l’artisan conscient de mes bonheurs. J’ai compris qu’il y avait plusieurs étapes importantes pour me reconstruire.

Dans un 1er temps, iI faut reconnaître et identifier les blessures de la vie. Avant d’aller vers toute reconstruction, il est essentiel d’identifier ce qu’il m’arrive. Quelles sont les émotions rattachées à cette situation ? Pourquoi cette situation se présente-t-elle maintenant, dans ma vie ? Quelle en est la source, la provenance ? Quelle est ma propre responsabilité face à cette situation ? Beaucoup de questions me direz-vous. Peut-être, mais néanmoins, essentielles.
 
Ensuite, le fait d’accepter l’événement, permet qu’il ait moins d’emprise sur moi. Souvent, le fait de ne pas accepter nous amène dans la zone négative de la situation et cela joue contre nous. Il est toutefois normal et humain de nier. La négation est le 1er stade, selon moi, de l’acceptation. C’est souvent l’égo qui réagit. Tout doucement, l’acceptation se fait.  On s’ouvre à la « réalité ». Cette « réalité » qui est là, en quelque sorte, pour nous permettre de guérir afin de retrouver notre liberté.

Puis, vient l’étape du pardon qui est selon moi la plus importante. Tout le processus de guérison et de reconstruction arrive dans une phase essentielle. Se pardonner. Pardonner aux autres. Pardonner ne veut pas dire oublier. Pardonner signifie se donner la liberté. Par le pardon, on arrive à se détacher de l’événement et de ses composantes.

Enfin, Il faut faire de nouveaux choix. C’est l’étape où j’ai changé la programmation inscrite en moi. C’est à ce stade où j’ai recréé une nouvelle identité. C’est à ce stade que la Franc-Maçonnerie prend tout son sens. J’ai mis en place de nouvelles croyances, de nouvelles connaissances, de nouvelles valeurs. Je me suis ouvert à une nouvelle vie. Je fais preuve de patience, de courage et de persévérance. Certains jours, je marque des points, j'avance. D’autres, je recule. C’est normal. L’important, c’est de se souvenir que si je suis arrivé à tailler un peu ma pierre, et même si je fais encore quelques pas en arrière, je sais que je peux faire du « copier/coller » et reprendre le terrain.

En cours de route, la vie me testera, me sondera. Tout cela pour m’aider à mesurer où je me suis rendue dans mes nouveaux choix. Mes nouveaux points de repères, mes nouvelles balises sont-elles bien ancrées ? Je suis le créateur de ma vie. Je ne dois jamais oublier d’où je suis parti. Parfois, et c’est humain, je regarderai ce qui reste à tailler de ma pierre mais je n’oublierai pas les petites victoires. Celles qui font que je progresse.

Pendant de longues années, je pensais que le changement incombait aux autres. En réalité  tout changement doit commencer par soit même. Pourtant j’ai l’impréssion de me connaître que trop bien. Je ne crois guère me tromper sur mes défauts, mes points faibles, je vois bien où pointer le ciseau en priorité. Mais que ma pierre brute me semble coriace, le maniement du maillet et du ciseau étant encore bien délicat.

Cette pierre, je l’ai découverte, le jour de mon initiation celle-ci m’étant complètement insignifiante avant ma venue en loge, lorsque le vénérable maître m’a invité à mettre un genou à terre et outils en main à exécuter mon 1er travail, par 3 coups de maillet et de ciseau, pour commencer symboliquement le travail sur moi même. Ce jour-là, l'apprenti que je suis à pris conscience qu'il était la pierre, une pierre à mille facettes d'une forme inutilisable pour l'édifice d'un temple maçonnique, il me faudra tailler cette pierre, en séparer les parties grossières et inutilisables que le jeune initié que je suis aura pu acquérir dans le monde profane.

Cette derniere qui est indifféremment matière et esprit, je devrai m’efforcer de lui donner une forme acceptable de façon à s'incorporer harmonieusement dans l'édifice du temple. Cette tâche délicate se fera sans bruit car la pierre est intérieure, elle ne changera pas l'aspect extérieur, mais elle transformera profondément mon être. Mes pensées, mes réflexions seront plus approfondies, mon esprit plus réceptif, plus ouvert, mes actes prendront le temps de la réflexion.

Ce travail m’est grandement facilité par mes frères qui m’ont ouvert les portes de la Loge et qui m’ont fait découvrir ce magnifique atelier de tailleurs de pierre, m’ouvrant ainsi le chemin vers la connaissance et la lumière.

Il me faudra certainement beaucoup de temps, de persévérance, mais je suis tout à fait conscient que cette démarche me mènera vers un univers que je ne soupçonnais pas et suis ravi d’être parmis mes frères qui m’entourent et me font progresser. Je suis bien dans mon fond intérieur et souhaite que la pierre brute que je suis devienne avec le temps une belle pierre polie.

J’ai dit.

G\ D\ D\ A\


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