Obédience : NC Loge : NC 19/12/2007


La Pierre Brute

Introduction musicale : pendant que le maître des Cérémonies me conduit vers l’Oratrice.

Vénérable Maître à l’Orient, mes Sœurs et mes Frères, en vos grades et qualités.

Le thème de ma 2° planche s’intitule la Pierre Brute
Pour ma 2ème planche, au grade d’apprentie, le symbole  que j’ai choisi de traiter est la Pierre Brute.

Je ne vous cacherai pas les difficultés que j’ai rencontrées à écrire cette 1ère planche symbolique, préférant je l’avoue les planches sociales et ne voyant pas très bien ce que je pourrais apporter de nouveau en particulier aux plus anciens des maîtres de cette loge rompus au maniement des symboles.

Pour définir ce terme, je vais m’appuyer sur une définition énoncée par RAGON : La Pierre Brute symbolise les imperfections de l’esprit et du cœur que le maçon doit s’appliquer à corriger.

Le symbole fondamental de la Pierre Brute qu’il faut tailler pour la rendre propre à la construction est pourtant d’une clarté à nulle autre pareille En conséquence, tailler la pierre, ce n’est pas la garnir d’ornements, c’est en faire disparaître les aspérités, tendre vers la rendre conforme à un plan idéal, et faire d’une masse informe un figure géométrique régulière. Dans la formation d’un maçon, l’acquisition de connaissances nouvelles n’a de portée que dans la mesure où elles servent à perfectionner sa moralité et à donner un diapason plus élevé à sa vie. Il en est tellement ainsi que les théories n’ont pas tellement d’importance, l’acquisition de l’art, du métier est le principal. Un maçon qui aurait toujours sur les lèvres les mots de fraternité et d’humanité, et mais qui dans sa vie privée ou publique ne poursuivrait que son plaisir ou son intérêt, sans souci du prochain, oublierait qu’il doit sans cesse faire l’effort de polir ses aspérités individuelles serait l’exact équivalent du chrétien qui ; l’Evangile sur les lèvres, aurait pour seul objectif ses propres satisfactions, ce qui importe, ce n’est pas l’étiquette qu’on affiche, mais l’œuvre qu’on poursuit.

Le but profane est de faire acquérir à l’élève un certain nombre de connaissances ; le but de l’instruction maçonnique est de perfectionner les hommes et de donner le maximum de culture à leurs facultés. Le savoir est précieux pour un maçon, mais à condition d’être pour lui un moyen de pouvoir mieux agir. L’instruction universitaire n’est pas toujours une garantie de moralité ; comme disait un auteur dont j’ai oublié le nom « science sans conscience n’est que ruine de l’âme… ». Notre langage du Moyen Age avait un joli mot : « sapience » qui réunissait à la fois la science et la sagesse en une seule expression verbale. Si l’on veut que notre civilisation brillante au point de vue matériel et technique, ne soit pas un simple décor couvrant mal une réelle régression vers une bête perfectionnée, l’œuvre de notre époque est de traduire « sapience » dans notre vie moderne, en maintenant le sens vivant et fécond dans des esprits nourris par de la science moderne.

Il faut être un platonicien impénitent pour croire que Mais connaître le bien ne suffit pas à c’est le mettre nécessairement en pratique : il me semble qu’ le connaître fait faire le 1er pas ; mais pour parcourir la route, il faut « aimer » le bien, le pratiquer, en prendre l’habitude. Cela ce n’est pas l’œuvre de l’intellect, c’est l’œuvre de la conscience morale et du sentiment. Or, Tout homme, y compris dans la vie profane, peut se façonner à cette œuvre, c’est à dire utiliser dans le sens du bien son caractère, ses passions, ses aptitudes. Mais, seule la maçonnerie poursuit l’amélioration intellectuelle et morale de ses membres, et leur donne comme programme d’action de pratiquer sur eux-mêmes le travail de tailleurs de pierres, et de commencer par construire « le Temple intérieur », pour se rendre ensuite capables et dignes d’édifier le « Temple extérieur », car on ne bâtira fera une société plus juste et plus fraternelle qu’avec des hommes qui se seront faits plus justes et plus fraternels eux-mêmes.

Tout Etre initié, c’est commencer une nouvelle existence en recevant  c’est recevoir la lumière, donc il est être éclairé avec l’aide de ses Frères pour quitter quant jusqu’alors on était dans les ténèbres ; c’est De la sorte , il prend l’engagement d’apprendre le métier, qui est l’Art Royal, et dont la maçonnerie nous confie les outils.

Le travail d’un maçon consiste à dominer ses passions, soumettre sa volonté, et progresser dans la maçonnerie, mettre en œuvre sa raison et ses sentiments pour conquérir la maîtrise de soi-même. Le maçon doit acquérir les sciences et les vertus, c’est à dire, comme je vous en ai parlé tout à l’heure, la « sapience ».

Le passage du profane dans le cabinet de réflexions n’est pas une simple formalité. Il donne à l’homme un 1er enseignement vécu dont la portée fondamentale deviendra peu à peu plus visible et plus salutaire. Sur les murs du cabinet de réflexions, il figure un mot « VITRIOL » «Visita Interiora Terrae, Rectificando Invenies Occultum  Lapidem » qui signifie Visite l’intérieur de la terre et en rectifiant, tu trouveras la Pierre cachée » c’est à dire : rentre en toi-même, fais le recensement, l’inventaire de tes facultés, de tes sentiments, de tes passions

Connais-toi, toi-même, c’est-à-dire prends contact avec ta véritable personnalité, sous la personnalité transitoire et variable dont t’ont revêtu ton origine, ton milieu, ton éducation, ta position sociale ; sous l'homme particulier, cherche l’homme général, la mentalité humaine par excellence, ce qu’il y a de plus général, de plus permanent, de plus fondamental dans la qualité d’homme. Le maçon n’aura pas seulement à manier les instruments de travail maçonnique pour se corriger de ses erreurs, de son ignorance, de ses superstitions, de ses vices, de ses défauts. Le maçon n’aura pas seulement à se libérer des servitudes qui viennent du dehors, mais de celles qui viennent de lui-même, la routine, la vanité ou l’étroitesse d’esprit, l’engoûment ou le scepticisme, la jalousie ou la convoitise, la cupidité ou le désordre, la colère ou le manque d’énergie, la brutalité ou la perfidie. Le maçon doit faire un travail de rectification « Rectificando » pour atteindre la maîtrise de son Art et transformer le plomb vil de ses buts personnels en or pur d’un grand idéal moral à réaliser.

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Il m’a fallu beaucoup de temps pour comprendre et accepter ce qui m’apparaissait comme une contradiction, à savoir le fait de devoir vous présenter un travail qui s’adressait avant tout à moi-même et il m’a fallu également du temps pour comprendre le réel but de la Franc-Maçonnerie. Avant mon initiation, la Franc-Maçonnerie était pour moi un cercle de réflexion un peu comme le rotary ou le lions club : une sorte de confrérie. Un cercle où l’on pouvait élargir son cercle d’amitié et progresser intellectuellement.

Heureusement depuis mon initiation j’ai compris l’importance nécessaire de la durée dans le grade d’apprentie Le polissage de ma pierre brute était un travail que j’avais bien du mal à commencer puisque j’en saisissais mal le sens et la portée.

Et puis avec le temps (je comprends mieux maintenant la durée de la formation des apprentis) la lumière est progressivement venue éclairer mon chemin maçonnique. A partir de ce moment, mon travail de la pierre brute a pu commencer.

Une réflexion sur ma propre vie, sur mon chemin et sur celui dans la société dans laquelle je vie m’est devenu possible.

 Comme n’importe qui j’ai, depuis mon plus jeune âge, connu des souffrances intimes que je préfère laisser dans l’intimité Certains souvenirs et blessures anciennes personnelles sont remontées en surface. Ce que je peux en dire c’est que l’impuissance à agir sur les circonstances et l’impuissance à changer les choses est génératrice de souffrance. Certaines parties meurtries de notre histoire sont parfois touchées si fort que l’énergie négative réapparaît dans  qui est réveillée est rediriger vers notre environnement immédiat. Emplie de frustrations, d’amertume et d’agressivité conservés que j’ai gardé bien loin au fond de moi, j’ai l’ai fait payer à la 1ère personne qui sans le savoir, a fait ressortir mes blessures du passé.

Rompre avec un fonctionnement de victime suppose d’opérer un retour sur soi pour considérer avec bienveillance les blessures du passé, essayer de comprendre comment elles m’ont conduite à endosser un rôle qui ne me correspondait pas, pour tenter de renouer avec mon individualité profonde.

Faire la paix avec moi-même a été loin d’être facile. Emportée par les exigences du quotidien, j’avais le sentiment de m’être perdue en route. Néanmoins, si j’avais pu être l’artisan inconscient de mon malheur, je pouvais devenir l’artisan conscient de mes bonheurs. J’ai compris qu’il y avait 4 étapes importantes afin de me reconstruire. Si j’ai décidé de vous parler de ceci, c’est que je crois que les mêmes étapes peuvent parfois s’appliquer à d’autres situations.

Dans un 1er temps, iI faut reconnaître et identifier les griffures de la vie. Avant d’amorcer toute reconstruction, il est essentiel d’identifier le quoi. Qu’est qui m’arrive ? Quelles sont les émotions rattachées à cette situation ? Pourquoi cette situation se présente-t-elle maintenant, dans ma vie ? Quelle en est la source, la provenance ? Suis-je la seule concernée ? Quelle est ma propre responsabilité face à cette situation ? Beaucoup de question me direz-vous. Peut-être, mais néanmoins, essentielles.

Ensuite, il faut accepter. Car, par l’acceptation, l’événement a déjà moins d’emprise sur moi. Souvent, le fait de ne pas accepter, nous amène dans la zone de la négation de la situation et cela joue contre nous. Il est toutefois normal et humain, de prime abord, de nier. La négation est le 1er stade, selon moi, de l’acceptation. C’est souvent l’égo qui réagit. Tout doucement, l’acceptation se fait. On apprivoise la situation. On s’ouvre à cette dimension de notre « réalité ». Cette « réalité » qui est là, pour en quelque sorte, nous permettre de la guérir afin de retrouver notre liberté et rompre avec les chaînes. Freiner cette roue.

Puis, il faut pardonner. C’est l’étape la plus importante. Tout le processus de guérison et de reconstruction arrive dans une phase essentielle. Dans les relations que j’ai pu avoir avec autrui, j’ai contre toute logique fais t en sorte de provoquer l’abandon tant redouté. Il me semblait impossible de faire autrement dans une relation qui prenait de l’importance. Provoquer l’abandon avant d’être abandonnée un peu comme l’avaient fait les adultes, responsables de prendre soin de moi durant mon enfance.
Se pardonner. Pardonner aux autres. Pardonner, ne veut pas dire oublier. Pardonner signifie veux dire se donner la liberté. Par le pardon, on arrive à se détacher de l’événement et de ses composantes.

Enfin, Il faut faire de nouveaux choix. C’est l’étape où j’ai changé la programmation inscrite en moi. C’est à ce stade où je recrée une nouvelle identité. C’est à ce stade que la Franc-Maçonnerie a pris tout son sens. J’ai mis en place de nouvelles croyances, de nouvelles connaissances, de nouvelles valeurs. Je me suis ouvert une nouvelle vie. Je fais preuve de patience, de courage et de persévérance. Certains jours, je marque des points, j'avance. D’autres, je recule. C’est normal. L’important, c’est de se souvenir que si je suis arrivée à tailler un peu ma pierre, et même si je fais encore quelques pas en arrière, je sais que je peux faire du « copier/coller » et reprendre le terrain.

En cours de route, la vie me testera, me sondera. Tout cela pour m’aider à mesurer où je me suis rendue dans mes nouveaux choix. Mes nouveaux points de repères, mes nouvelles balises sont-elles bien ancrés ? Je suis la co-créatrice de ma vie. Je ne dois jamais oublier d’où je suis partie. Parfois, et c’est humain ma foi, je regarderai ce qui reste à tailler de ma pierre mais je n’oublierai pas les petites victoires. Celles qui font que j’ai progressé.

Pendant de longues années, je pensais que c’était les autres qui devaient changer. En réalité tout changement doit commencer par soi-même. Ce qui est important, c’est de changer le monde et pour ce faire, chacun d’entre nous doit changer.

Se connaître soi-même. Pourtant, j’ai l’impression de ne me connaître que trop bien. Je ne crois guère me leurrer sur mes défauts, mes points faibles ; je vois bien les endroits où pointer le ciseau en priorité. Mais que ma pierre me semble coriace. Le maniement du maillet et du ciseau me semble bien délicat. Encore englué par le souvenir de dans mes épreuves de profane, façonnée par les souffrances de mon enfance. Que d’efforts sont nécessaires pour trouver un sens plus profond à ma propre existence.

Après mon initiation, je cherchais en vous une recette, un mode d’emploi, un moule tout fait, je n’avais pas compris que la taille de la pierre exclut le technique du moulage.

Pour m’aider à cheminer, je me suis appuyée  L’interrogation sur le sens du VITRIOL Visite l’intérieur de la Terre et en Rectifiant, tu trouveras la pierre cachée. Rentre en toi-même, recense tes sentiments, facultés et passions puis rectifie-toi, améliore-toi, découvre et cultives ce que tu as de meilleur  m’a éclairée.

Il faut traverser le désert pour connaître la spiritualité disait notre sœur Armelle lors d’une de ses conclusions. Je partage son sentiment.

A la différence des artistes qui doivent s’arrêter à moment donné de travailler sur son œuvre. Le travail sur soi laisse place à l’erreur parce que la pierre des apprentis que nous sommes n’est jamais totalement dégrossie.

Que de persévérance me sera encore nécessaire pour que ma pierre finisse par trouver sa place dans l’œuvre commune avant de redevenir poussière. Mais j’y travaille avec patience

J’ai dit Vénérable Maître

M\ V\

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