Obédience : NC Loge : NC 01/09/2009


La Pierre brute

Ces quelques minutes de symbolisme au 1° degré, je les voulais originales, aussi, je vous propose de donner la parole à la Pierre Brute.
Avant de vous parler des choses maçonniques, permettez-moi de me présenter : Je suis une Pierre au milieu d’un monde chaotique et je n’aurai eu aucun espoir d’être autre chose que Pierre, un caillou informe, un produit grossier de la nature, si je n’avais eu la chance de naître dans une carrière.
Certes j’aurai pu être issue d’une famille aristocratique telles que celles qui figurent dans le bottin mondain, comme les Topaze, les Emeraude, les Saphir etc… ; mais, je ne plains pas de ma condition, car j’aurai pu aussi naître chez les Gallet, les Gravier ou les Roche.
J’ai eu aussi la chance d’avoir des lignes parallélépipédiques car chez nous, les Pierre, il est aussi important, pour notre destinée future, d’avoir des arêtes perpendiculaires que pour une femme d’avoir des formes avantageuses.
Malgré cela, j’étais seule dans mon coin, je m’ennuyais et rêvais des Cyclades, ces îles de la mer Egée, formant un cercle autour de l’île Delos, où la lumière anime le minéral d’une intense vie spirituelle.
J’aurai pu rester encore des siècles et des siècles à lézarder au soleil si je n’avais rencontré un jeune Apprenti maçon, qui s’était engagé à approfondir mon état, à me façonner le mieux possible, à m’assembler à des gens de la même famille que la mienne et peut-être, un jour, à devenir Temple.

A mon nouveau et inséparable compagnon de route, je m’efforçai de lui faire comprendre que notre destinée était unie à jamais.
Certes, d’autres symboles lui furent proposés lors de son initiation, il fut alors de mon devoir de lui rappeler qu’il ne tarde pas trop à les étudier, car par expérience, je sais qu’en matière de symbolisme les retards se prennent facilement.
Je peux en témoigner et affirmer que de ma place en Loge, sur la colonne du septentrion, au pied de l’Orient, je n’ai jamais compris pourquoi des Maîtres conféraient le deuxième grade à des Apprentis qui n’avaient pas compris, durant leurs années d’apprentissage, qu’ils étaient à la fois : la Pierre et l’Ouvrier qui taille cette pierre, qu’ils étaient à la fois LE SUJET et L’OBJET.
Je m’efforce de faire comprendre à mon Apprenti que nous sommes dans une société initiatique et qu’une élévation ne peut-être justifiée qu’au mérite et non par l’ancienneté comme dans certains cas dans la vie profane.
Je tente, aussi, de lui expliqué que nous travaillons au REAA et que l’étude de ce rite lui est indispensable pour comprendre, plus tard, le véritable sens de sa démarche.
Je lui rappelle qu’il est venu nous rejoindre de sa propre et libre volonté et que si, par hasard, il ne désirait pas partager notre travail initiatique, s’il désirait rester imprégné du monde et de la vie profane, il ne lui restait qu’à retourner dans ce monde.

Vous voyez, je suis sévère avec mon Apprenti et je lui interdit de me traiter à grands renforts de citations, de jouer sur les correspondances, de déraper sur la Pierre Philosophale et surtout de conclure par une énormité entendue maintes fois en affirmant que : « la Pierre cesse d’être brute, lorsqu’elle est taillée. »  

En toute modestie, je suis un symbole élémentaire, je n’ai pas le charisme du Soleil, de la Lune ou du Delta Lumineux, mais je peux vous assurer que celui qui me comprend à tout compris de la vie maçonnique.
Je sais, mon ami Apprenti que tu essayes de te pénétrer de mon silence de Pierre, mais je vois aussi que tu es impatient que les choses avancent.
Je devine que tu penses qu’il faut commencer par le plus facile et qu’en tant qu’Apprenti, tu n’as droit qu’à une symbolique rudimentaire.
Je perçois qu’il te tarde d’affronter des sujets d’un niveau plus élevé et je crois comprendre, que dans ton fonds intérieur, cette philosophie du 1°degré, te paraît simplette.

Et bien, permet-moi de te dire que tu te « plantes » lamentablement, que ton approche du 1°degré n’est pas simplette, elle n’est même pas simple.

Saches qu’il te faudra des années d’assiduité dans notre Loge pour transformer ton rapport avec les hommes et modifier ta vision des choses.
Je peux t’affirmer que cette acquisition tu ne la feras pas à l’aide d’une réflexion intellectuelle, mais uniquement de ton travail sur la Pierre Brute.

Je tiens, aussi, à t’avertir que ce travail va t’apparaître comme un effort à effectuer sur toi-même, je sais également que tu vas le comprendre très rapidement, mais de grâce, ne t’en tiens pas là.

Ne vient jamais en Tenue en « amateur » y écouter des frères abordant des sujets divers et instructifs, ne vient pas pour y apprendre à t’exprimer et à t’armer en vue de combats que tu auras à aborder dans la vie profane.
Saches, avant tout, que le travail sur la Pierre Brute n’a de sens et de portée que s’il est compris comme un cheminement initiatique.

Moi, Pierre Brute, matériau de construction, je prétends symboliser à la fois, sans les dissocier, le Maçon et l’Apport du Maçon à la construction commune.

Alors, il te faudra du temps, de la patience et de l’humilité, beaucoup d’humilité pour t’accepter PIERRE BRUTE.
Il te faudra  aussi de l’ambition pour te vouloir un destin personnel, pour passer du « Connais-toi, toi même » au « Découvre à quoi tu sers » en gardant à l’esprit que nous sommes avant tout une tradition de constructeur.

Notre destin est identique, notre but est le même et puis ne sommes-nous pas unis à jamais ; alors il faut nous améliorer, nous parfaire et peut-être que tous les deux nous irons vers les Cyclades.

J\ A\
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