Obédience : NC Loge : NP Date : NC


La Pierre Brute
 
Depuis la nuit des temps la pierre a toujours été sous les pas de l'homme, mais le jour où elle glissa dans le creux de sa main, elle fut d'une importance capitale pour la civilisation entière.
L'homme lui a fait prendre diverses utilisations, outils pour martelet, pour couper, comme armes pour chasser, celle-ci leur a permis de se nourrir et de survivre. 
En empilant ces pierres, les homes ont créé des défenses, les protégeant contre les invasions.
Derrière ces murs, ils ont bâti leurs demeures, et ce regroupement a contribué aux rassemblements de la population, la pierre fut souvent un marche pied à l'évolution de l'homme, ils l'ont donc vénérée, dressée, érigée et lui ont porté un certain culte, de l'admiration, elle les a accompagnés sur le chemin de la civilisation.
Dans un temps beaucoup plus proche de nous, une corporation d'ouvriers maçons est arrivée à travailler cette matière, qu'est la pierre, avec une telle dextérité, que bâtir est devenu un art, et leur a permis ainsi d'arriver à des œuvres pour ainsi dire parfaites, à la beauté éclatante, unissant la force et la finesse dans une architecture et une géométrie au savoir incontestable, qui, à notre époque, nous laisse encore admiratif et contemplatif devant ces chefs d'œuvres, que l'homme a su façonner et travailler, et qui ont bravé les siècles.
 
Mais pour cela la main de l'homme était indispensable, et la connaissance du métier incontournable, pour arriver à cette maîtrise, il fallait transmettre aux générations à venir le geste et le savoir, il fallait initier des hommes que l'on nomma apprentis francs maçons.
 
En plongeant ses racines historiques dans les loges des tailleurs de pierre, la franc-maçonnerie spéculative utilise aussi la symbolique des outils et le rituel, des maçons opératifs, c’est donc avec le même rituel que les maîtres de notre époque allaient donc eux aussi symboliquement extraire les pierres de cette carrière.
 
Cette carrière représentative du monde profane, du monde extérieur, est composée de matière différente plus ou moins utilisable en maçonnerie, il faudra savoir faire un choix en écarter, les blocs plus ou moins douteux et l'œil averti du maître saura desceller de cette masse celles qui seront les plus à même de contenir les meilleures pierres.
3 observations plus tard et après acceptation de l'ensemble de la loge, la pierre a été choisie, pour son aspect général,  ses bonnes perspectives et sa capacité à être transformé, cette pierre aux surfaces brutes et non travaillées est la matérialisation de l'apprenti au sens spirituel.
Cette pierre, l'apprenti franc-maçon la découvrira le jour de son initiation celle-ci lui étant complètement insignifiante avant sa venue en loge, il la découvrira lorsque le vénérable maître l'aura invité genou à terre et outils en main a exécuter son 1er travail, par 3 coups de maillet et, de ciseau, il dégrossira sa pierre, (toujours très symboliquement comme nous dit notre vénérable maître ne cassons pas le matériel).
L'apprenti, ce jour-là, prendra conscience qu'il est la pierre, une pierre à mille facettes d'une forme inutilisable pour l'édifice d'un temple maçonnique, il faudra tailler cette pierre, en séparer les parties grossières et inutilisables que le jeune initié a pu acquérir dans le monde profane.
Tout ce que la société lui a apporté d'artificiel et de mauvais en soi, il faut en prendre conscience, apprendre à se connaître, s'interroger, ne garder que l'essentiel, éliminer le superflu en nous allégeant d'une charge qui serait trop pesante sur le chemin de la connaissance et qui ne ferait qu'en allonger la distance.
Cette pierre qui est indifféremment matière et esprit, l'apprenti devra lui donner une forme acceptable de façon à s'incorporer harmonieusement dans l'édifice du temple.
Un travail quotidien du ciseau et du maillet devra être donné avec parcimonie, judicieusement choisi pour ne pas affaiblir la matière et ébranler l'édifice.
Cette tâche délicate se fera sans bruit car la pierre est intérieure, elle ne changera pas l'aspect extérieur, l'enveloppe de l'initié mais elle transformera profondément son être.
Ses pensées, ses réflexions seront plus approfondies, son esprit plus réceptif plus ouvert, ses actes prendront le temps de la réflexion.
Le grand travail pour aplanir les surfaces de la pierre a commencé.
La pierre s'embellit, se forme au contact des autres pierres de la loge, un polissage va s'effectuer lui donnant un éclat, une brillance que l'apprenti emportera en quittant les murs de la loge, car si la taille de la pierre est un travail personnel, son exposition doit être universelle.
Nous ne devons pas ressembler à une belle pierre sur un mont de cailloux mais être prêt à servir de mur de soutènement, retenant les chutes désordonnées de roches que les pentes de l'humanité inclinent dangereusement.
Cet ensemble de pierre de composition et de qualité différente permet de varier la structure de l'édifice, de la rendre plus esthétique, de donner plus de caractère à l'architecture, et d’en renforcer ses fondations.
Toutes ces diversités ne peuvent être que bénéfiques à la construction du temple, au travail de notre pierre, à notre renaissance.
Pour que la pierre prenne forme l'apprenti doit accomplir un travail cohérent, il doit avoir un modèle de référence, il le trouvera à l'orient et à l'opposé de la pierre qu'il est entrain de tailler.
Cette pierre cubique, toute notre vie de franc-maçon nous sera nécessaire pour essayer de s’en rapprocher sachant quand tant qu’apprenti, nos gestes sont encore peu sûrs, et maladroits avec des outils que nous ne maîtrisons pas, il faudra peaufiner et polir sa pierre.
 
Cet ouvrage nous est grandement facilité par nos frères qui nous ont ouvert les portes de la Loge et qui nous ont fait  découvrir ce magnifique atelier de tailleurs de pierre, nous ouvrant ainsi le chemin vers la connaissance.
Nous avons conscience qu'il fallait se mettre au travail même si cette tâche nous paraît être colossale.
 
La réponse d'un de nos frères sculpteur de métier à un journaliste, me laisse entrevoir une lumière (permettez-moi de le citer et de le lire)
Notre frère BORGLUM, Gutzon ayant appartenu à la loge Howard No 35, New York City célèbre pour les sculptures des têtes des présidents américains sur la roche du Mont Rushmore dans le Dakota du Sud, près de Rapid City
À la question d'un journaliste qui lui demandait comment il avait fait pour faire une sculpture aussi réaliste et gigantesque il lui répondit ;
 
" C’est la chose la plus simple au monde. Je frappe simplement avec un marteau et un ciseau sur la pierre que je n'ai pas besoin et l'oeuvre apparaît, car la statue était déjà dans la pierre  "
 
J’ai dit Vénérable Maître

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