Obédience : NC Loge : NC Date : NC


Le Maçon sans tablier

Le tablier offert fin 1784 par le général de La Fayette à George Washington.

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Il m’a été demandé de vous faire part de mes réflexions autour une expression qu’il nous arrive d’entendre assez souvent dans notre respectable fraternité, à savoir celle de « Maçon sans tablier ». Quel type d’homme désignent par là ceux qui l’utilisent ?

Généralement et bien entendu dans la limite de ce que j’ai pu personnellement observer, ceux qui sont ainsi qualifiés sont des hommes de bien auxquels sont reconnues des caractéristiques qu’on attend le plus souvent d’un Franc-maçon, à savoir principalement l’altruisme et la générosité, un certain charisme, et secondairement (autant qu’éventuellement…) une propension à s’interroger sur le sens de la vie ; je reviendrai sur l’ordre dans lequel sont présentées ces critères.

Cette expression, donc, témoigne clairement d’une double confusion liée à un manque de réflexion et/ou de connaissance de celui qui l’emploie.

La première confusion tient au fait qu’on oublie que la qualité de Franc-maçon ne peut s’acquérir que d’une seule façon, par l’initiation dans une Loge juste et parfaite ; donc, soit un homme est initié et, par voie de conséquence, Maçon (avec tablier), soit il ne l’est pas.

C’est un fait qui ne souffre pas la moindre discussion, et on ne saurait qualifier de Maçon, même sans tablier, un homme qui n’a pas été initié !

A y regarder de plus près, il semble qu’il y ait en l’espèce amalgame entre l’état d’initié et le caractère d’initiable, celui qui emploie l’expression « Maçon sans tablier » mettant en outre plus souvent l’accent sur l’une des conséquences de la démarche maçonnique (l’intérêt pour l’autre) que sur son sens profond (quête spirituelle, processus d’individuation). Il y a donc là et en outre interversion entre le principal et l’accessoire, ce qui constitue une deuxième confusion. Plutôt que de « Maçon sans tablier », il serait donc plus pertinent de parler d’un homme qui serait « digne en tous points d’être notre Frère », d’un homme initiable.

C’est peut-être aussi ce qui reste à définir pour éviter d’autres confusions ; le rituel nous dit ce qu’est un Maçon : c’est d’abord un homme en quête de sagesse et de vérité (« que, rentrés dans le monde profane, on reconnaisse toujours à leur sagesse les vrais enfants de la Lumière ») ; cet objectif ne se peut atteindre que par un incessant travail sur soi (Cf. le rituel : « Nous travaillons sans relâche à notre amélioration », nous cherchons à « apprendre à calmer l’ardeur de nos passions », chacun de nous doit s’attacher à « combattre les passions qui déshonorent l’homme et le rendent malheureux, pratiquer les vertus et secourir son Frère »). Est donc initiable celui qui est en recherche de sagesse et de vérité, de compréhension profonde de l’univers qui l’entoure, et qui a notamment conscience à la fois :

-du grand mystère que cache le Principe de tout ce qui est,
-du travail qu’impose le succès de sa quête,
-de sa propre imperfection.

Celui-là pourra peut-être passer de l’état de profane à celui d’initié, mais n’aura quand même jamais été un Maçon sans tablier !

J’ai dit, V\ M\ et vous tous mes F\.


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