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Tablier et gants blancs

J’ai choisi le tablier en peau d’agneau ou cuir blanc et les gants blancs car cela correspond pour moi à la 1ère sensibilisation de notre cheminement d’apprentie et demeure gravés dans ma mémoire comme les 1ers symboles de notre admission dans un ordre initiatique. Cette remise du tablier et des gants blancs constitue pour la nouvelle apprentie, les insignes distinctifs de son engagement. Le tablier et les gants blancs sont appelés décors, mais sont en réalité les véritables insignes maçonniques du travail, contrairement à la médaille qui n’est qu’un ornement.      
 
Le tablier : le tablier des tailleurs de pierre était en peau, assez long et enveloppant. Les représentations anciennes de gravures du XVIII ème  siècle, représentant une tenue d’admission d’un profane témoignent de la même chose. Ainsi qu’il est expliqué dans les anciennes instructions, le tablier est la marque distinctive du maçon. Sa peau d’agneau, d’une blancheur éclatante symbolise la pureté, l’état de virginité virtuellement recouvré par le néophyte . Il est aussi le symbole du travail et de labeur durant toute notre vie maçonnique ; sa blancheur nous démontre la candeur de nos mœurs, et l’égalité qui doit régner entre nous. Aussi, un maçon doit toujours se présenter en loge avec son tablier. Il nous rappelle sans cesse que l’homme est condamné au travail et qu’un maçon doit mener une vie active et laborieuse.
 En réalité au XVIIIème siècle beaucoup de tabliers différaient tant par leur forme que par leur ornementation ; certains étaient très onéreux et savamment décorés, au gré des fantaisies et fortune de leur détenteur. Il fallut l’Union des Grandes Loges des Anciens et des Modernes de 1813, pour que les tabliers maçonniques soient codifiés en fonction des grades pratiqués, et que cette codification officielle soit respectée.
Aussi, aujourd’hui dans le tablier maçonnique, trois éléments méritent d’être analysés pour en percevoir le sens : sa couleur, sa matière et sa forme.

Sa couleur tout d’abord : le tablier doit être uniformément blanc et sans tache. Cette couleur, si tant est que le blanc soit une couleur, est considérée, comme emblème d’innocence et de pureté (sans aucune inscription aux grades d’apprentie et de compagnonne, qui sont là pour apprendre). Ces nobles qualités expliquent que certains vêtements des prêtres juifs devaient être blancs et que de même, dans les Mystères anciens, le candidat était toujours vêtu de blanc. Le blanc synthétise toutes les couleurs, il a la propriété de diffuser la totalité du flux lumineux qu’il reçoit de la source.

Sa matière : le tablier doit être en peau d’agneau. En peau pour nous rappeler que la peau a toujours été considérée comme un matériau protecteur, un isolant efficace contre certaines influences. Il s’agit donc, en quelque sorte, par le port du tablier, de mettre à l’abri une région du corps, non pour la retrancher, mais pour orienter son efficience vers d’autres domaines.
Le tablier en loge, protège donc et met à couvert une région du corps qui n’a pas à participer au travail maçonnique. Cette région du corps, où siègent et s’animent les passions, étant circonscrite symboliquement par le port du tablier, les travaux de loge pourront ainsi se dérouler avec d’autant plus de sérénité et de profit qu’ils ne subiront pas les interférences nuisibles inhérentes aux agitations passionnelles. Cette région doit être subordonnée et éclairée par l’intelligence spirituelle qui seule, doit participer à la construction du temple. Toutes les passions profanes doivent être progressivement exclues du travail de chacun.

Sa forme : le tablier de l’apprenti a  cinq côtés (bavette relevée). Il est constitué de deux parties de formes géométriques différentes : une triangulaire, qui est la bavette relevée au grade d’apprenti, symbole du Principe spirituel, de l’écoute et de l’élévation vers le haut. Puis une partie quadrangulaire (carré ou rectangle) symbole de la terre, du cabinet de réflexion. La première partie se juxtapose à la deuxième sans la pénétrer, délimitant ainsi la zone d’activité de l’influence spirituelle. Ces figures géométriques rappellent que le quaternaire de la matière est surmonté du ternaire de l’esprit, représentant lui, le sommet de la conscience humaine. Au grade  de compagnon, la bavette est rabattue.

Le rôle symbolique de notre tablier est de nous protéger durant notre travail de nos émotions et d’éviter de nous blesser par les éclats qui se détachent de notre pierre brute au fur et à mesure de notre apprentissage. Ces éclats sont symboliquement considérés comme des imperfections, des vices et des passions. Le tablier participe donc à tout le cycle du travail maçonnique et l’humilité nécessaire. Il est une preuve évidente de l’engagement de la maçonne et de la consécration qui en a été la réponse.
Ainsi, insigne et vêtement de travail de l’apprenti maçonne, le tablier nous donne accès au chantier du Grand Œuvre de la Franc-maçonnerie.

Les gants :  ils sont considérés comme le complément indispensable du tablier dans la tenue maçonnique. Tous deux ont la même signification et suggèrent les exigences de la purification. A la différence du tablier, quel que soit le grade de la maçonne et du maçon les gants blancs sont universels en maçonnerie. Les gants, par leur blancheur, nous avertissent de la candeur qui doit toujours régner dans l’âme d’une maçonne, et la pureté de nos actions. Les gants blancs sont ainsi symbole de pureté, de respect et d’universalité maçonnique.

La qualité principale d’un gant est sa souplesse et sa capacité à adhérer à la peau comme un étui léger ; cet accessoire vestimentaire est utilisé dans de nombreux proverbes et métaphores. Sous l’Ancien régime, le port des gants obéissait à une codification très stricte. Jeter le gant signifiait pour un noble, défier quelqu’un en duel ; le relever, c’était accepter la provocation.
Avant le XIIème siècle, les évêques et les cardinaux dans la liturgie catholique, étaient les seuls admis au privilège du port des gants blancs, symbole de la pureté des œuvres et du cœur.
Et aujourd’hui encore les gants blancs sont présents dans de nombreuses cérémonies profanes religieuses ou non.

En maçonnerie,  les gants blancs doivent servir lors de toutes les tenues. Ces gants suggèrent aussi que les mains d’une maçonne doivent rester pures de tout acte blâmable, et que sa conscience s’efforcera de proscrire tous sentiments vils. Ils sont un symbole, mais aussi un objet rituel ; reçus le jour de l’initiation, ils rappelleront les engagements solennellement prêtés. Les gants marquent avant tout la pureté exigée par tout travail rituel. On les porte parce que les mains qui auront à manier les symboles sacrés ne peuvent être celles qui manient les objets profanes dans la vie quotidienne : le sacré doit être préservé de toute profanation.
Les gants blancs de la maçonne sont portés pendant toute la durée des travaux en loge, à l’exception des moments consacrés à la chaîne d’union, où toutes les mains s’uniront ; elles seront alors dénudées pour favoriser la circulation des subtiles énergies chargées de fraternelles intentions cordiales.
Les gants blancs ne peuvent être portés rituellement que par quelqu’un qui s’est purifié avant de pénétrer dans le temple : « aux purs tout est pur, où qu’ils aillent » Mackey Albert. C’est l’affirmation extérieure d’un état intérieur. Les mains étant le symbole des actions humaines, les mains pures font des actes purs.

Aussi, l’unité de l’ensemble tablier et gants blancs, porté avec dignité lors des travaux en tenue, dégage une impression de calme et de sérénité propice à la qualité de nos travaux. Ils représentent à mes yeux les deux premiers symboles importants des apprenties que nous sommes et resteront et nous permettent de travailler dans l’humilité et le respect.

J’ai dit Vénérable Maîtresse
 
M\C\ M\  

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