Obédience : NC Loge : NC 10/1994


Sous le tablier la plage

Il m'avait été reproché lors d'un travail précédent un ton trop acide et voulant tenir compte des remarques fraternelles qui m'avaient alors été dispensées, comprenant enfin, qu'il n'est plus de mon âge de scandaliser le bourgeois et d'effaroucher la paroissienne j'ai décidé d'adopter désormais un ton plus caustique. Et comme je vais tenir des propos salés puisque je vais vous parler de sexe, j’espère, mes F. que cela va vous mettre l'eau à la bouche. Nous pourrons ainsi vérifier l'excellente équation de Berthelot acide plus base donne sel plus eau.
Pourquoi ce titre sous le tablier la plage ?

Parmi les slogans qui couvraient les murs du beau mois de mai 68, il en est un qui me séduisait particulièrement « sous les pavés la plage » car il me paraissait rassembler dans une formule poétique l'esprit même de 68.
Le pavé de la révolte, de l'action parfois violente et la plage du rêve, des vacances qui n'allaient pas manquer de venir.

Quelques années après je pense aussi que ce slogan pourrait parfaitement exprimer la quintessence de la Méthode Maçonnique que je crois être une valse à quatre temps.
D'abord constater les faits, faire preuve d'objectivité : les pavés sont bien posés sur un lit de sable. Ensuite ne pas se contente de la surface des choses, soulever le pavé pour trouver le sable.
La recherche de la vérité n'est pas la nôtre principale raison d'être ?

J'aime à espérer que les M. soient des chiens maigres aux yeux de Céline, juges d ‘instruction Rennais avides de vérité au point d renverser les poubelles pour trouver leur pitance plutôt que des mâtins pansus entravés par la chaîne des convenances.
Mais il peut y avoir une maçonnerie molle celle qui consiste à se donner bonne conscience en ajoutant à un Humanisme baveux quelques exercices d'onanismes intellectuel.
Après cela mesurer la fragilité de l'édifice Humain, comme le plus souvent les cathédrales les pavés reposent sur un matériau fragile et meule- C'est la une invitation à la prudence dans l'affirmation, à l'humilité dans la démonstration, un avertissement aussi à ne pas se prendre trop au sérieux.

Se prendre au sérieux, croire que l'on fait partie d'une élite et que l'on dispose d'un pouvoir temporel sont des risques permanents pour le maçon.
J'y ajouterai aussi le risque de devenir des bigots, d'être des coincés, chevaliers de la fesse triste, confondant rituel maçonnique et avalage de parapluie.
Nietsche avait écrit au dessus de sa porte : je me ris des maîtres qui ne rient pas d'eux-mêmes. Peut-être devrions nous broder cette inscription sur nos cordons ?
J'aime à penser qu'à la façon d'un Rabelais, un raisonnement philosophique puisse être ponctué d'un pet sonore ou d'un rôt et qu'à la façon d'un Shakespeare on puisse alterner le tragique et le rire.

Je n'aime pas les gens qui ne rient jamais, disait Alain, ils ne sont pas assez sérieux.
Le rire décapant c'est la aussi un excellent moyen de polir la pierre en répandant à sa surface de l'acide ironique I4NH3, moyen élégant et plus économe en énergie que de taper comme un sourd avec ciseau et maillet.
Enfin la plage c'est une invitation à la rêverie poétique, à la créativité, à la sensualité, Sea, Sun and Sex, nous y voilà déjà.

Puisque voilà une bonne méthode, partons à la recherche d'un bon sujet ! Comme ces personnages de Pirandello qui recherchaient leur auteur.
Et d'ailleurs qu'est qu'un sujet maçonnique ?
Ceci pour rappeler ce classique du Baccalauréat, qu'est ce qu'un sujet philosophique ?
Ma démarche avait été d'aborder une réflexion sous cet angle, en procédant à une compilation des bulletins Edilrépi et en procédant à une analyse Thématique et Statistique des sujets abordés en tenue.
Mais c'est là un travail considérable que je me réserve de faire quand j'aurai plus de loisirs, à moins que cela n'inspire un des frères ici présents.

J'ai donc pensé traiter le sujet à l'envers, qu'est ce qui n'est pas sujet maçonnique, de quoi ne parle pas les maçons et pourquoi n'en parlent ils pas ?
Une rapide investigation me permets d'aboutir à trois sujets : l'argent, le sexe, et Dieu.
Bien sûr j'aurai pu les traiter dans une seule planche intitulée : sous le tablier; la bourse le sabre et le goupillon.
Mais craignant d'être trop long, j'ai préféré me concentrer sur un sujet qui retiendrait d'emblée votre attention : le sexe.

En effet si selon le bon Docteur Freud tout notre être peut s'expliquer par la pulsion Libidinale et ses différents refoulements, force est de constater que l'on ne parle pas de sexe en maçonnerie, du moins pendant les tenues, car j'ai pu constaté que le sujet pouvait être évoqué en salle humide, particulièrement vers la fin des agapes.

Il faut reconnaître qu'il y a une difficulté générale et non maçonnique à parler de sexualité, soit que le sujet soit abordé sous l'angle de la gaudriole afin de l'évacuer, soit qu'il le soit sous l'angle de la froide terminologie médicale. Mais parler de sexualité tranquillement, poétiquement, ou philosophiquement est une œuvre difficile.
Les maçons n'y arrivent pas non plus.
Pourquoi ce silence ? Que cache-t-il ? Que nous apprends il sur nous-mêmes en tant que Francs-maçons et en tant qu'hommes ?

Voilà les réflexions que je souhaite partager avec vous mes FF\ au travers de cette planche.
J'aborderai successivement les points suivants
- La Sexualité dans la tradition des bâtisseurs de cathédrales.
- Sexualité et féminité dans la symbolique Maçonnique.
- Travail et Sexualité.
- Sexualité et Masculinité.
- La peur des femmes dans les obédiences masculines et la place de la féminité dans les obédiences mixtes et féminines.

Enfin je terminerais cette planche en parlant de la plage, c'est à dire de la place de la sexualité dans l'utopie Maçonnique.
Bien sur ce chapitre sera traité sous l'angle du fantasme, afin de permettre à tous de vivre pleinement cette soirée.

1°.La sexualité et l’œuvre des constructeurs de cathédrales.
S'ils étaient des esprits fervents,nos maîtres vénérés qui construisaient des cathédrales aimaient aussi à se divertir aux dépens des donneurs d'ouvrages ecclésiastiques, en parsemant ici et la les cathédrales de figures qui n'incitaient pas directement à la réflexion chrétienne.
Sur le fronton de la cathédrale de Salamanque on peut ainsi voir (avec des jumelles) un pèlerin évoquant Onan plutôt que Saint Sébastien.

Dans la Basilique de Saint-Pol de Léon, derrière un pilier un pieux paysan breton s'agenouille en même temps qu'il baisse culotte.

Le Canard Enchaîné avait organisé il y a plusieurs années un concours de photos intitulé : traquons le porno sacré, ce qui avait amené une multitude d'exemples des facéties dont se divertissaient nos bien aimés prédécesseurs.
Certains maîtres imagiers poussaient d'ailleurs le souci de l'ésotérisme jusqu'à recouvrir leurs lubriques créations d'une feuille d'acanthe ou d'une dentelle de pierre, de manière à réserver le secret de leur plaisanterie à quelques initiés voire à eux seuls.

Peut-on imaginer mes FF\ en quelle haute considération nos maîtres tenaient l'art du canular pour pouvoir ainsi consacrer plusieurs semaines d'efforts dans l'unique but de se moquer discrètement d'un évêque.
Hélas à la paillardise du moyen-âge devaient succéder des siècles de puritanisme et l'héritage des maçons opératifs a oublié de transmettre le goût de la plaisanterie libertine qui aurait pu égaye nos rituels et décorer nos temples.

2° Pour autant et ce sera la le 2éme point, n'y a t il aucune place pour la Sexualité dans le symbolisme maçonnique actuel ?
En d'autres mots puisque tout est symbole en maçonnerie, y a-t-il des sexes symboles ?
S'il n y a pas de symboles à proprement parler sexuels, il y a néanmoins quelques symboles sexués.

On observera notamment la symbolique du soleil et de la lune qui recouvre les notions de masculin et de féminin. Il faut noter qu'à ces deux symboles sont associés les archétypes des vertus propres à chaque sexe : énergie pour le soleil, douceur pour la lune.
Les colonnes Jet B sont également des symboles sexués.
La colonne J, Jachim, correspond selon Oswald Wirth au masculin car elle est symbole de masculinité.

A l'inverse la colonne B, Boaz, correspondant à la deuxième lettre de l'alphabet hébraïque Beth, apparaît comme essentiellement féminine car son nom signifie maison, habitation, d'ou l’idée de caverne, d'utérus.
La colonne J est donc masculine active, la colonne B féminine Passive.
Le symbolisme des couleurs exige en conséquence que la première soit rouge et la seconde blanche ou noire.

Il est frappant de constater que dans le symbolisme maçonnique, le féminin s'opposent et se différencient, alors que dans la symbolique Chinoise du Yin et Yang, une partie de féminin est inclue dans le masculin et vice versa. Ce qu'exprime d'ailleurs Lao Tseu lorsqu'il dit: Celui qui connaît la virilité mais contient la féminité deviendra un bassin où s'accumule toute la force du monde.
Si l'on parcourt encore le temple on découvrira dans les entrelacs de la Corde à Nœuds les lacs d'amours hérités du vocabulaire galant du 18° siècle.
En dehors des symboles affichés, il faut prendre en compte la symbolique de la Veuve présente à différents grades.

La Veuve est sur le plan profane, un symbole ambigu, à la fois femme meurtrie et donc à protéger, mais aussi femme libre de l'esclavage marital, et donc à prendre pour qui saura briser l'interdit, source même du plaisir.
Etymologiquement, la veuve, en latin viuda c'est le vide, un vide dont bien sûr la nature humaine raffole.

La littérature érotique abonde d'histoires de veuves lubriques et initiatrices.
V\M\ mes FF\ je voudrai rendre hommage à une femme admirable, longtemps méprisée à l'instar de Bécassine.
C'est en effet avec une profonde émotion, et en pensant à tous mes camarades péris en mer, que je voudrai évoquer la Veuve Poignet.
Combien de marins, combien de capitaines, qui partirent Joyeux pour des mers lointaines trouvèrent auprès de cette bonne mère le secours qui leur ferait attendre Cythére.
Seul Socrate lui rendit hommage en convainquant ses disciples que l'onanisme est la forme de sexualité la plus compatible avec le travail philosophique.

Quel dommage d'ailleurs que beaucoup de nos nouveaux philosophes aient pu en déduire que l'on pouvait confondre masturbation intellectuelle et raisonnement !
Il faut aussi parler de la veuve tronc ; une brave femme aussi celle la, car malgré son handicap qui nécessite la présence permanente à ses côtés d'un agent hospitalier, elle arrive encore à soulager de nombreux frères, deux fois par mois.

Masculin, Féminin, Amours chastes, Veuves, nos symboles sont bien prudes ; les murs du temple auraient ils suffit à repousser les vagues libidinales qui selon les psychanalystes agitent l'humanité ?
Il faut, si j'ose dire, descendre au niveau du Tablier pour découvrir une dimension clairement sexuelle dans nos symboles.

En effet le tablier s'il permet de protéger le corps des dérapages possibles des outils ou de l'éclat de la pierre, est souvent défini par la plupart des auteurs maçonniques comme ayant une fonction à contrario de protection du maçon contre les excès de la passion dont l'origine bien sur se trouve dans la zone génitale recouverte par le tablier.
Ce sera mon troisième point.
Car c'est précisément dans cette opposition travail pulsion sexuelle que l'on peut retrouver la dimension la plus signifiante de la place de la sexualité dans l'univers maçonnique.
Cette opposition rejoint un certain nombre de réflexions philosophiques et psychanalytiques.
Montesquieu dans la théorie des climats distinguait déjà la sensualité épanouie des peuples du Sud de celle beaucoup plus limitée des peuples laborieux du Nord.

Jouir ou manger n'est-ce pas toujours un des dilemmes géopolitiques actuels ?
Plus tard Paul Lafargue, gendre de Karl Marx et auteur du merveilleux « Droit à la paresse » cite dans son avant-propos Monsieur Thiers qui déclarait devant la commission de l'instruction primaire en 1849 :
« Je veux rendre toute puissante l'influence du clergé, parce que je compte sur lui pour propager cette bonne philosophie qui apprend à l'homme qu'il est ici bas pour souffrir et non cette autre philosophie qui dit au contraire à l'homme : Jouis ».

Plus prés de nous c'est Herbert Marcus, psychanalyste à la mode dans les années 68 qui théorisa dans Eros et Civilisation sur la construction de la société industrielle décrite comme reposant sur le refoulement de la pulsion libidinale.
Selon sa théorie Thanatos, l'instinct de mort se confond avec les valeurs du travail pour s'opposer à Eros.

Herbert Marcus explique comment la société capitaliste récupère la pulsion érotique, notamment dans la communication publicitaire pour enfermer l'homme dans le besoin de consommer, donc de travailler.

Le culte du travail, valeur maçonnique par excellence, correspond à une période historiquement courte de la société : celle de l'erre industrielle; alors qu'à d'autres époques c'était la glorification du non-travail qui était considéré comme une valeur par les classes supérieures.
En dehors de la symbolique du tablier y a-t-il d'autres domaines de l'univers maçonnique qui pourraient relever d'une lecture sexuelle ?
Cela nous renvoie à réfléchir à la masculinité dans la vie maçonnique.

Dans notre obédience, l'identité maçonnique se superpose à l'identité masculine.
Mais qu'est ce que l'identité masculine ?
Pour Elisabeth Badinter c'est un phénomène culturel, alors qu'elle décrit la féminité comme un phénomène naturel. La féminité s'acquiert alors que la masculinité se construit. Elle démontre ainsi que l'identité masculine se construit par le refus de la part de féminin qui est innée dans la personnalité masculine.

La peur de faire fille, fait partie des angoisses fondamentales de l'enfant et de l'adolescent.
Pour la plupart des sociétés traditionnelles c'est au travers d'une initiation cruelle que l'on devient Homme.
L'initiation maçonnique reprend une partie de ces rituels et comporte d'ailleurs des mécanismes d'identification masculine. Le fait de découvrir la poitrine de l'impétrant par exemple est souvent décrit comme un moyen de s'assure de son sexe.
Bien sur ce n'est pas l'objectif premier de nôtre Ordre que d'être un club d'hommes; mais je crois qu'il faut toujours distinguer dans la sociologie des associations le mobile fondateur et les bénéfices secondaires.

Pour beaucoup de Maçons le plaisir de se retrouver entre hommes fait partie de l'attachement à la pratique maçonnique et il n'y a en cela rien de ridicule et rien de scandaleux.
On rencontre ainsi souvent des FF\ qui ne participent pas aux banquets familiaux car ils considèrent que la Maçonnerie c'est leur jardin secret, leur Men'Club et qu'ils ne souhaitent pas le partager avec leur épouse.
Cette espace de liberté, c'est aussi un espace de pouvoir, d'autant plus important lorsque l'intéressé en est frustré sur le plan professionnel, politique, ou familial.

Combien de vénérables maîtres, de très illustres frères, et autres grands puissants commandeurs, après s'être fait appeler de la sorte toute une soirée, doivent ils prendre les patins pour traverser la salle à manger ?

L’identité masculine en maçonnerie c'est aussi une certaine méfiance vis à vis de l'homosexualité. Bien sur il n'y a pas d'ostracisme déclaré et nous connaissons tous des FF\ qui tiennent leur épée de la main gauche et occupent des postes de responsabilité sans que cela semble poser problème. Il y a même un Atelier où leur proportion semble supérieure au taux de 10 pour cent établis par les sexologues américains. Mais on trouve ici et la des coinçages surprenant sur le sujet.

Un frère me rapportait qu'aux obsèques de son vénérable décédé du Sida, plusieurs frères de l'atelier avaient assisté à la cérémonie religieuse par respect pour le défunt, mais avaient refusé d'assister à la cérémonie Maçonnique car ils considéraient que son mode de vie n'était pas conforme à leurs valeurs personnelles et maçonniques.
Mais c’est surtout dans la peur des femmes que se développe le plus clairement l'identité masculine maçonnique.

Il faut reconnaître que la peur de la femme, de Téhéran à Jérusalem en passant par Rome est le dénominateur commun de tous les intégrismes avec bien sur la barbe, symbole de virilité, comme insigne du Club.
On peut s'interroger sur les racines psychanalytiques de la peur de la femme perçue comme un risque de trouble de la réflexion et de l'élévation spirituelle.

Je crois que fondamentalement la femme renvoie à la vie dans ce qu'elle a de biologique, et qu'en cela elle gêne tous ceux qui se réclament d'une conception spiritualiste du monde.
«  Homo naquit inter feces et urinas » l'homme n’ait au milieu des excréments disait Saint-Augustin quand il s'opposait à une conception trop platonicienne de la doctrine catholique, et qu'il chercher à étaler son immense culture Gréco-Latrine. Cette peur de la femme, c'est aussi le sentiment œdipien vis à vis de la mère, chaos fondamental qui traverse notre personnalité.
La peur de la femme c'est enfin la peur de l'impuissance dans tous les sens du terme : peur de ne pas séduire, peur de ne pas faire jouir, et quelque part peur de soi-même.
Je trouve amusant et agréable de faire partie d'une Obédience masculine. J'y trouve un bonheur simple un peu rétro. J'y vois surtout une manière un peu anar de résister au sexually correct venu d'Amérique et qui plus fort que la Loi Toubon oblige les journalistes à parler de Camera Person plutôt que de Camera Man.

Il y a un vrai bonheur à être un peu Macho. Des soirées Poker Tequila aux plaisanterie de garçon de bains échangées sous la douche après un bon jogging pourquoi se refuser ces plaisirs ?
Mais grands Dieux n'allons pas chercher de justifications à nos petits plaisirs ! Il n'y a dans le souci d'identité Maçonnique masculine rien de fondamentalement philosophique et je suis persuadé que dans quelques siècles les jeunes maçons et maçonnes qui fréquenteront ce Temple penseront que nous étions les derniers des Brontosaures.
J'avoue mal comprendre l'opinion de nombreux FF\ qui pensent que la présence de SS.\ pourrait gêner nos travaux.

Souvent cette opinion est exprimée par des FF\ très honorables et j'avoue que je ne ressens pas sur moi les effets annoncés. Peut être est ce du au Bromure absorbée pendant mes années de Marine Nationale et il faudra sûrement que j'aille consulter un sexologue !
En tout cas on ne dira jamais assez les sacrifices des FF\ qui après avoir supporté les affres de nôtre tenue mixte annuelle, doivent dés le lendemain matin sans avoir eu le temps de reprendre Haleine dicter un courrier à leur secrétaire !

Ayant fréquenté en Bretagne un Atelier qui recevaient régulièrement des SS\, j'ai pu observer qu'il n'y avait pas de phénomènes sexuels particuliers mais que la présence de nombreuses SS\ épouses rétablissait le Matriarcat qui caractérise la famille Bretonne avec pour conséquence de rendre les agapes plus sages qu'il ne le fallait. Certains FF\ compensaient d'ailleurs cette pratique en visitant régulièrement la G.L afin d'avoir en quelque sorte une soirée à eux.
Dans un domaine différent, je n'ai pas observé dans un Atelier du DH que j'ai visité régulièrement les phénomènes torrides que pouvaient faire craindre la cohabitation de personnes de sexes différents, tout au plus ai je pu assister à un débat, hors tenu il est vrai, sur la longueur des jupes d'une S\ que d'aucuns trouvaient peu compatible avec la solennité des Tenues. Il est vrai qu'il s'agissait de la S\ Hospitalière ; voilà au moins un risque que vous ne courraient pas avec moi; mes FF\.

La fréquentation moins régulière des Ateliers de la GLFF, m'inspire moins de commentaires. Le port de l'aube noire me parait toutefois autant une démonstration de refus de la féminité qu'une volonté d'égalité, et évoque irrésistiblement une sorte de Tchador Maçonnique.
On peut également constater dans les Ateliers féminins la présence de Mères Maçonnes qui établissent une relation mère-fille un peu condescendante avec des SS\ plus jeunes.
Enfin l'identité Maçonnique Féminine étant aussi une réalité, il m'a était rapporté que dans certains Ateliers des SS\ avaient animé de vifs débats afin de remplacer nôtre acclamation habituelle par celle de Liberté, Egalité, Sororité.

Mes FF\ voici l'heure venue de nous rendre à la plage pour goûter les plaisirs du sable que recouvre nôtre tablier.
Comment en effet parler de sexe en étant totalement sérieux ?
La sexualité c'est aussi le rêve, le fantasme, la créativité.
Quelle part peut elle prendre dans la construction de nôtre projet Maçonnique ?
En cette fin de siècle de désespérance idéologique, il convient de faire soigneusement le Marketing de ses Utopies afin d'être sûr d'être dans un créneau porteur. Celui de l'achèvement Nitchéen d'un homme nouveau me parait particulièrement indiqué.

Elisabeth Badinter définit l'homme Abouti comme étant l'homme enceint celui qui accepte sa part de féminité en étant capable de se concevoir intellectuellement comme porteur d'un enfant. Quel beau projet !
Dans cet esprit nos Temples deviendraient des cours d'Amours à l'image de celles des Comtes de Toulouse. On y parlerait d'amour courtois, d'une sensibilité nouvelle au respect de soi même et des autres. On y agirait bien sûr pour l'abrogation de la loi Phallique.
L'heure de la vraie libération aurait enfin sonné !

Bien entendu comme l'a parfaitement compris Willem Reich, nous ferions profiter les Obédiences étrangères de nôtre savoir faire au travers du CLIPSAS, je veux parler du Comité Interobédientielle pour la Satisfaction des Aspirations Sexuelles.
Le clou de cette action serait un congrès mondial avec un grand spectacle organisé par les Folies Bergères dont chacun appréciera qu'elles se trouvent près de la rue Cadet. On y verrait les BlueBell Girls porter les décors maçonniques de la manière la plus ravissante et la plus naturelle qui soit. Le bouquet final serait un envol de tablier propre à permettre à tous de refaire le plein de fantasmes pour mieux passer l'hiver.

Voilà enfin qui reléguerait dans le panthéon Maçonnique La Flûte Enchantée au rang qu'elle n'aurait jamais du quitter : celui d'un spectacle de patronage. On ne dira jamais assez que c'est parce qu'il payait toujours ses Capitations en retard que nôtre F\ Mozart fut contraint par son Vénérable d'écrire un spectacle divertissant pour les frangins gâteux de l'hospice des vieux de Salzbourg, il s'en acquitta de fort mauvaise humeur en essayant de copier un spectacle de Chantal Goya, comme l'ont parfaitement compris ces metteurs en scène modernes; et particulièrement ceux du dernier Festival d'Aix en Provence.

Bien sûr cette action libératoire mobiliserait les T.I.F du Conseil de l'Ordre qui pourraient ainsi réaliser un vieux fantasme, non sexuel, d'autorité temporelle et d'extériorisation. Ces derniers affublés de casquettes de Rapeurs iraient taguer les murs des banlieues de l'inscription : Maçonnique ta mère ! afin de montrer leur connaissance du langage des jeunes, d'annoncer la fin de la fracture œdipienne, et leur compréhension de tous ceux qui ont des fins de Sur-Moi difficiles.

Enfin last but not least notre revue Humanisme cesserait d'avoir l'attrayante maquette du bulletin paroissial de Charleville-Mézières le jour de la Toussaint pour s'inspirer de la revue Play Boy.
Car ce qui est le centre de l'union n'est ce pas cette pulsion vitale qui rapproche hommes et femmes et assure la perpétuation de l'espèce ?

Mes FF\ il se fait tard, la marée monte et recouvre la plage. La demie de 7 heures vient de sonner au clocher de Porspoder. Les Korrigans se préparent à envahir la lande. Noz mad bruderian, bonne nuit mes FF\.

Ce soir toutes les fées de l'armorique vous conduiront au pays du plaisir éternel. Votre nuit sera si blanche que toutes les promesses de l'aube seront tenues.

J'ai dit.

G\ N\


3003-8 L'EDIFICE  -  contact@ledifice.net \